- Bataille du cap Matapan
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Bataille du cap Matapan Informations générales Date 29 mars 1941 Lieu Près de Ténare, Grèce Issue Victoire britannique Belligérants Royaume-Uni Royaume d'Italie Commandants Andrew Cunningham Angelo Iachino Seconde Guerre mondiale Batailles Seconde Guerre mondiale-Méditerranée et Europe du Sud
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Guerre en Asie et dans le Pacifique
modifier La bataille du cap Matapan qui se déroula le 29 mars 1941 fut une bataille navale entre la marine italienne et la Royal Navy au large du Ténare (ou cap Matapan) dans le sud du Péloponnèse. Ce fut la première grande bataille navale de la Seconde Guerre mondiale et la seule hors du théâtre du Pacifique[1] qui mit en exergue la supériorité du porte-avions sur le cuirassé et marque de fait une transition entre la bataille navale de la Première Guerre mondiale où le cuirassé était roi et la bataille navale de la Seconde Guerre mondiale où le porte-avions allait bientôt démontrer sa supériorité.
Sommaire
Prélude
La marine italienne constitue pour Benito Mussolini sa seule fierté, son aviation et son armée de terre étant dépassées technologiquement. Ainsi, il veut démontrer que l'Italie est la puissance dominante en Méditerranée. Il tente de prendre l'Égypte où il échoue, tout comme dans son invasion de la Grèce où il sera contraint d'appeler à l'aide le Troisième Reich. À l'époque la Regia Marina possédait 4 cuirassés, 9 croiseurs, 120 contre-torpilleurs et torpilleurs, 117 sous-marins [1]. La faiblesse de cette marine était son absence de porte-avions : le Duce considérait que les bases aériennes italiennes seraient suffisantes pour assister sa Marine, une aviation cependant bien faible.
De leur côté, les Britanniques étaient inférieurs en nombre dans cette Mare Nostrum et leurs navires étaient plus anciens que ceux des Italiens. Mais l'Amirauté y avait transféré un porte-avions et les cuirassés ainsi que les croiseurs anglais étaient dotés de radar, moyen de détection moderne qui démontra bientôt son utilité. Même si les navires anglais avaient bien souvent besoin de refonte, leurs équipages bénéficiaient d'une tradition maritime forte et étaient rompus aux exercices maritimes là où les marins italiens manquaient d'expérience[2]. La Mediterranean Fleet britannique se trouvait basée à Alexandrie jugée plus sûre que Malte.
Situation du théâtre d'opération
Cela fait déjà plusieurs mois qu'a commencé le siège de Malte : considérée comme un porte-avions incoulable par l'Amirauté britannique, l'île est une épine dans le pied de l'Axe qui y voit une base navale et aérienne dangereuse pour ses convois à destination de la Libye. Elle multiplie donc les raids aériens contre l'île qui ne peut être ravitaillée que par voie maritime, voie dangereuse car la mer Méditerranée est une mer fermée où tous les endroits sont susceptibles d'être menacés par l'aviation ou les sous-marins. Mais le 27 mars 1941, la Marine italienne doit faire face aux débarquements de matériels et d'hommes en Grèce qui viennent aider le peuple hellène dans sa lutte contre l'Italie, le pays agresseur (27-28 octobre 1940). Après la sacrifice des aviateurs allemands au-dessus de Malte et les raids contre le port d'Alexandrie, elle doit démontrer sa puissance et se résout à tenter d'intercepter un convoi qui fait route d'Alexandrie au Pirée. Le commandement allemand espère ainsi empêcher les convois britanniques d'arriver en Grèce étant sous la double menace de l'aviation et de la marine.
La flotte italienne qui appareilla était la suivante :
- Italie : (Amiral Angelo Iachino) à bord du cuirassé Vittorio Veneto tout neuf, 35 000 tonnes
- 3 croiseurs : le Fiume, le Pola et le Zara
- 4 contre-torpilleurs : l'Alfredo Oriani, le Giosue Carducci, le Vincenzo Gioberti et le Vittoro Alfieri.
Elle appareille donc le 26 mars. La flotte est divisée en deux groupes, le premier comprend le cuirassé et les croiseurs Trento, Trieste et Bolzano avec 7 destroyers. L'amiral Sansonetti commandait 3 contre-torpilleurs et les 3 croiseurs. L'autre groupe était commandé par l'amiral Cattaneo et comprenait les croiseurs Zara, Fiume, Pola, Abruzzi et Garibaldi soutenus par 6 escorteurs. Le groupe de Iachino devait patrouiller aux alentours de l'île de Ghavdo, Cattaneo devant lui patrouiller en mer Égée.
La flotte se fit repérer par un hydravion britannique à 150 km au sud-est de la Sicile[3]. Ainsi la situation italienne se complique, l'amiral Andrew Cunningham dirigeant la Mediterranean Fleet est au courant de cet appareillage en force de la Marine italienne. Il fait alors appareiller pour intercepter l'adversaire le 26 mars les navires suivants :
- Grande-Bretagne : (Amiral Andrew Cunningham)
- 1 porte-avions : le Formidable
- 3 navires de ligne : le Barham, le Valiant et le Warspite
- 9 destroyers : le Greyhound, le Griffin, le Havock, le Hotspur, le Janus, le Jervis, le Mohawk, le Nubian et le Stuart.
À la suite de ce repérage, Iachino sait qu'il devra se mesurer à la flotte britannique, pour lui la partie s'annonce serrée. En effet, le haut-commandement lui a demandé de n'attaquer qu'avec une situation extrêmement favorable et avec un soutien de l'aviation qu'il ne peut obtenir que sur demande. Respectant le grand principe de non-dispersion des forces, Iachino demande à Cattaneo de le rallier.
Les Britanniques eux face à la menace ont non seulement fait appareiller la flotte, mais ils ont aussi vidé la mer des convois. Les cuirassés britanniques tout comme les croiseurs souffraient de leur ancienneté et le Barham n'avait jamais été modernisé depuis la bataille du Jutland[4]. Ils étaient de plus pénalisé par une vitesse inférieure. Le porte-avions Formidable embarquait lui 27 avions dont les vieux Swordfish et Albacore. Même les destroyers qui égalaient les Italiens par leur calibre ne pouvaient rivaliser en termes de vitesse (35 nœuds contre 39)[5].
La bataille
Le 28 mars
En cette journée du 28 mars, 3 croiseurs britanniques (Vittorio Veneto ouvre le feu à 20 000 mètres sur les Britanniques. Les Britanniques sont moins rapides que les Italiens et Cunningham se trouve encore à plus de 150 km des Italiens, avec seulement quatre croiseurs, l'amiral Pridham n'a aucune chance de s'en sortir. Le chef de la Mediterranean Fleet apprenant le drame qui se joue envoie une escadrille composée de deux Fulmar et six Albacore. Deux Junkers Ju 88 sont abattus et les avions britanniques ont le champ libre. Le cuirassé se trouva la cible des avions mais il évolue et réussit à éviter les torpilles des Britanniques qui s'étaient pourtant divisée en deux sections, une à bâbord et l'autre à tribord. Les croiseurs britanniques eux s'enfuient et les Italiens font demi-tour, ils ont compris que le porte-avions Formidable risque de faire basculer le sort de la bataille du côté des Britanniques. L'amiral Iachino met le cap au Nord-ouest.
L'aviation en action
L'amiral Cunningham lui est en confiance et il décide de lancer à l'avant de sa flotte le porte-avions et deux destroyers. De nouveau, trois Albacore sont chargés de l'attaque sur le cuirassé italien qui évite les torpilles. L'aviation italienne est appelée à l'aide et un peu avant 13h, deux SAvoia 79 lancent deux torpilles sur le porte-avions mais sans réussite, il faudrait plus d'avions pour saturer la défense britannique. À 14 h, les Britanniques étaient de nouveau réunis, Iachino continuait de fuir, les Italiens malgré une flotte plus puissante que la Kriegsmarine avaient une peur viscérale de la Royal Navy, maîtresse des mers depuis déjà plusieurs siècles. Le seul avantage qu'ils possèdent est leur vitesse légèrement supérieure à celle des Britanniques (31 nœuds contre 30). Pour Cunningham, la seule chance de remporter un succès est d'appeler la RAF qui lance ses bombardiers Blenheim basés à terre. Leurs bombes n'obtiennent aucun résultat[7].
Le Formidable lance alors ses avions torpilleurs Albacore couverts par les Fairey Swordfish, toutes les attaques échouent sauf celle du commandant Stead qui dirige la flottille et lance à 900 m du cuirassé avant de s'écraser en mer, touché par la DCA. Sa torpille est lancée de tellement près qu'elle est inévitable, elle explose au-dessus de l'hélice bâbord. Le cuirassé doit stopper et prend une légère gîte, une fois que les moteurs sont relancés, il ne peut avancer qu'à une vitesse de 12 nœuds (22 km/h). La situation est critique pour les Italiens qui risquent de perdre leur navire-amiral. Les cuirassés britanniques sont à peine plus rapide et malgré des machines poussées au maximum, la nuit approche et la mer reste désespérément vide d'ennemis. Le cuirassé se situe à 85 km en avant. Cunningham se voit alors obliger de lancer en avant ses cuirassés rapides qui obtiennent un contact radar à 19 h 25. Les six Albacore et les deux Swordfish du Formidable décollent en direction de l'adversaire. La DCA oppose un barrage qui contraint les Britanniques à se disperser. Les canonniers italiens perdent de leur efficacité en tirant dans tous les sens et bientôt le croiseur Pola est obligé de stopper, une torpille a explosé et noyé ses machines.
Le combat de nuit
Face à ce nouveau drame, Iachino détache la 1re division de croiseurs pour aider le Pola en détresse. Tous les radars britanniques repèrent alors la flotte ennemie. Grâce à cet outil remarquable, les Britanniques peuvent ouvrir le feu sur une flotte prise par surprise. Les canons de 381 mm des cuirassés causent un massacre. Le croiseur Pola est achevé et les croiseurs Zara et Fiume sont eux aussi coulés avec deux torpilleurs. Mais la nuit sauvera le cuirassé italien qui s'enfuit, les avions britanniques n'ont pas retrouvé leur porte-avions, ils doivent se poser sur les aérodromes crétois. L'amiral Iachino arriva ainsi à Tarente et là, étonnamment, apprit par la radio qu'il avait perdu cinq navires.
Conclusion
Cette bataille est une victoire totale pour les Britanniques qui ont démontré leur supériorité avec notamment l'utilisation de l'aviation navale qui allait être la future grande composante de la guerre sur mer. Elle a permis aux Britanniques de ralentir les Italiens sur le point de s'échapper en endommageant deux navires. Quant aux cuirassés, ils ont démontré qu'ils n'étaient pas encore périmés, bien que cela devait arriver bientôt, car grâce à la nuit et au radar qui montra son efficacité, ils purent causer de lourdes pertes à une marine italienne dépassée d'un point de vue non seulement stratégique mais aussi technologique. Les Britanniques ont eu à déplorer la perte d'un seul avion mais il avait pu torpiller le cuirassé. Les Italiens, eux, ont eu à déplorer la mort de 2 400 de leurs marins, ces pertes ayant été limitées puisque les Britanniques avaient appelé un navire-hôpital italien au secours des naufragés ; à ce moment, Cunningham et sa flotte se trouvaient sous le danger de la Luftwaffe qui avait été étonnamment absente lors de cette bataille et qui n'intervint que trop tardivement et sans réussite.
Les Italiens avaient perdu trois croiseurs et deux destroyers ; les Britanniques un hydravion.
Les Italiens avaient des croiseurs modernes, plus rapides que les cuirassés britanniques, tandis que les cuirassés de la Royal Navy, datant de la Première Guerre mondiale, n'avaient été qu'améliorés entre les deux guerres. Cependant, les cuirassés britanniques disposaient du radar, contrairement aux Italiens. Les Britanniques pouvaient également compter sur un porte-avions.
De jour, les avions du Formidable réussirent à toucher l'un des croiseurs italiens, ce qui eut pour effet de le ralentir. l'amiral Iachino décida alors de garder toute la force italienne groupée et ralentit donc sa vitesse pour ne pas distancer et isoler le croiseur endommagé.
Ceci permit à la flotte britannique de gagner du terrain sur la flotte italienne qui tentait de retourner en Italie. Grâce au radar, la flotte britannique rattrapa la flotte italienne à la nuit tombée. La flotte italienne ne vit jamais les Britanniques approcher. Ces derniers allumèrent leur faisceaux lumineux sur les croiseurs italiens pris complètement par surprise et les canonèrent à bout portant. Les trois croiseurs, qui comptaient parmi les meilleurs de la flotte italienne, furent promptement coulés.
Notes et références
- Grands combats navals, William Koenig, p.183
- Grands Combats Navals, William Koenig,p.184
- La Bataille de Malte, Jean-Jacques Antier, p.448
- Grands combats navals, Richard Koenig, p.186
- Un nœud est égal à 1,8km/h à peu près
- La Bataille de Malte, Jean Jacques Antier, p.448
- La Bataille de Malte, Jean-Jacques Antier, p.450
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