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Albert Samama-Chikli
Portrait d'Albert Samama-Chikli
Données clés Nom de naissance Albert Samama Surnom Samama-Chikli Naissance 1872
Tunis, TunisieNationalité Tunisie Décès 1934
Tunis, TunisieProfession cinéaste Films notables Zohra (1922)
Aïn el Ghazal (1934)Albert Samama-Chikli (ألبير شمامة شيكلي), de son vrai nom Albert Samama, dit Samama-Chikli, né en 1872 à Tunis et mort en 1934 à Tunis, est le « premier cinéaste tunisien »[1] selon Férid Boughedir.
Pionnier du cinéma national, il est aussi l'un des plus anciens cinéastes du monde[2].
Sommaire
Biographie
Né dans une famille aisée d'origine juive espagnole, son père, banquier, aide de camp de Sadok Bey, a fait fortune dans le commerce[3]. Albert connaît très tôt la vie mondaine dans les palais de Tunis[3]. Il poursuit ses études auprès de Charles Martial Lavigerie, puis chez les Jésuites à Marseille[3]. Il voyage beaucoup, notamment au cap Horn, en Chine ou en Australie[3]. Il tient son surnom « Chikli » de la confrérie des Pompiers de l'île de Chikli, une petite île sur le lac de Tunis où Albert Samama organise parfois des fêtes[1].
En 1896, il rentre en Tunisie et projette dans la capitale les premières images cinématographiques[3] avec le photographe Soler[4]. Correspondant des frères Auguste et Louis Lumière[3], il diffuse notamment lors de cette projection les films La Sortie de l'usine Lumière à Lyon et L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat[4]. Passionné par la photographie et le cinématographe, mais aussi par toutes les sciences et techniques nouvelles[3], il est ainsi le premier à introduire en Tunisie la bicyclette, le télégraphe sans fil et le premier appareil à rayons X dans un hôpital tunisois[1]. Il tourne aussi les premières vues aériennes de la Tunisie en 1908, en ballon entre Hammam Lif et Grombalia[4],[1]. Il filme le séisme de 1908 à Messine et, en 1909, effectue des prises de vue sous-marines[3]. En 1910, il filme une Pêche au thon en Tunisie pour le prince de Monaco[1].
Il développe alors un goût prononcé pour le documentaire et le reportage et commence à couvrir des événements dans toute la Tunisie pour les maisons Pathé et Gaumont et les journaux Le Matin et L'Illustration[3]. Reporter de qualité, il filme également la cour beylicale, réalisant aussi bien des prises de vue anecdotiques — comme une sortie solennelle d'Hédi Bey sur le perron du Bardo — qu'historiques, comme les obsèques de Naceur Bey[3].
En 1911, il est chargé de couvrir la guerre italo-turque qui a lieu en Tripolitaine[3]. Il réalise également des images documentaires, comme La Pêche aux éponges ou Trafic d'armes au large de Douara[3]. Il s'engage lors de la Première Guerre mondiale à la section photographique et cinématographique des armées françaises et fait partie des douze reporters dirigé par Abel Gance[3] qui filment les tranchées de la bataille de Verdun[1]. Dans les années 1920, alors que le tourisme commence à se développer, il effectue quelques photographies et documentaires pour le compte de revues de voyage et de guides touristiques[3]. Il travaille en 1922 comme caméraman dans le film Les Contes de mille et une nuits du réalisateur russe Victor Tourjansky[5].
Par la suite, il tente de réaliser une sorte d'« encyclopédie en images de la vie tunisienne »[3]. C'est pourquoi il se rend à la campagne et passe de longues semaines aux côtés des populations rurales[3]. Dans son premier court métrage de fiction, Zohra (1922), le premier film tunisien de fiction[4], Samama-Chikli rend hommage à ces tribus en racontant l'histoire d'une jeune naufragée française, tombée d'un avion, qui va être recueillie par des Bédouins tunisiens et qui va vivre pendant un temps avec eux[3],[1]. Ce film rencontre un grand succès lors de sa présentation au cinéma Omnia Pathé de Tunis[3]. Il donne à sa fille, Haydée Tamzali, le rôle principal, elle qui deviendra sa première interprète féminine[3] et sa scénariste[6].
Samama-Chikli tourne ensuite L'Éclipse puis, en 1923-1924, Aïn el Ghazal ou La Fille de Carthage. Drame de la vie arabe[3], premier long métrage de Tunisie réalisé par un Tunisien[1]. Réalisé avec le soutien d'Habib Bey qui assiste au tournage à Tunis, ce dernier fournit son palais et tous les figurants dont Samama-Chikli a besoin[3]. Mélodrame, le film raconte l'amour impossible entre un instituteur et une fille dont le père l'a promis au fils du cheikh[3].
Il meurt en 1934 à Tunis. On peut lire cette épitaphe sur sa tombe : « Inlassable dans la curiosité, téméraire dans le courage, audacieux dans l'entreprise, obstiné dans l'épreuve, résigné dans le malheur, il laisse des amis »[1].
Il a acquis la nationalité française et sa femme, une Italienne, et sa fille Haydée, se sont convertis à l'islam[5].
Héritage
Mahmoud Ben Mahmoud réalise en 1996 un court métrage de 29 minutes intitulé Albert Samama Chikli, ce merveilleux fou filmant avec ses drôles de machines où il retrace la vie de ce pionnier, notamment à travers des images de ces deux films de fiction, Zohra et La Fille de Carthage, et des témoignages de sa fille[6].
Bibliographie
- Guillemette Mansour, Samama Chikly. Un Tunisien à la rencontre du XXe siècle, éd. Simpact, Tunis, 2000 (ISBN 9973360001)
Références
- (fr) [PDF] Férid Boughedir, « La communauté juive dans le cinéma tunisien », Confluences Méditerranée, n°10, printemps 1994
- ISBN 2-84586-060-9) Association des trois mondes, Les cinémas d'Afrique. Dictionnaire, éd. Karthala, Paris, 2000, p. 82 (
- ISBN 9782845868021) François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, éd. Karthala, Paris, 2008, p. 863 (
- (en) Luke McKernan, « Albert Samama Chikly », Who's who of Victorian cinema, février 2004
- ISBN 9780748618637) Linda Badley et Steven Jay Schneider, Traditions in world cinema, éd. Edinburgh University Press, Édimbourg, 2006, p. 146 (
- Présentation du film Albert Samama Chikli (Alif Productions)
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