- Île Longue (Finistère)
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Île Longue
Enez Hir (br)Géographie Pays France Localisation Rade de Brest (océan Atlantique) Coordonnées Superficie 1,10 km2 Point culminant non nommé (42 m) Géologie Île continentale Administration France Région Région Bretagne Département Finistère Commune Crozon Autres informations Découverte Préhistoire Fuseau horaire UTC+1 Îles de France L’île Longue, en breton Enez Hir, est une presqu'île bretonne située dans la rade de Brest qui sert de base à la Marine nationale française pour ses sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE).
Sommaire
Géographie
L’île Longue est une presqu'île située en rade de Brest, dans le Finistère, sur le territoire de la commune de Crozon. Elle est rattachée à la presqu'île de Crozon, et sépare la baie de Roscanvel de l'anse du Fret. Son altitude était de 42m avant les travaux de terrassement de 1967-1972.
L'isthme reliant l'île Longue au continent était à l'origine un cordon sablonneux, uniquement franchissable à marée basse. Parcouru d'un chemin empierré au XIXe siècle, l'isthme a été élargi et rendu insubmersible lors des travaux de construction de la base opérationnelle. Aujourd'hui, c'est un vaste parking.
La presqu'île se composait d'un plateau rocheux, ceinturé de falaises abruptes dans lesquelles de nombreuses carrières ont été exploitées. Des sources se trouvaient sur le territoire, qui de ce fait a été habité : la presqu'île comprenait au XIXe siècle trois hameaux : Kernalleguen, situé à moins d'un kilomètre de l'isthme, Kermeur, à un kilomètre et demi, et Bothuelc'h, légèrement plus au nord.
Description de l'Île Longue en 1895
« L'Île Longue a près de 2 km de longueur sur moins d'un kilomètre de largeur. C'est un haut plateau de cultures où des terres très fertiles produisent des céréales et des légumes abondants. De grands champs de choux et des prairies révèlent un bétail assez nombreux. Mais les hameaux sont misérables et la route qui relie entre eux Bot-Huelch, Kermeur et Kernaliguen est un fossé boueux presque impraticable. La plupart des habitants travaillent sur la côte occidentale de l'île où d'immenses carrières de pavés ont été créées, elles emploient deux cents ouvriers et produisent de grandes quantités de cubes de pierres, employés dans toute la Bretagne et jusqu'à Paris. Au sud, l'île est fermée par un retranchement bastionné appelé le « mur », une porte donne accès sur la grève que traverse le chemin du Fret[1]. »
Les carrières
L’exploitation du « porphyre », un microgranite dont est constitué l’île Longue, existait depuis le XVIIIe siècle. À la fin du XIXe siècle, près de 500 000 pavés sont expédiés chaque année pour le pavage des quais des arsenaux de Brest et Rochefort et des rues de villes. Près de onze carrières ceinturaient l’île Longue, dont la plus grande, à l’ouest de Kermeur, s’appelait Vengleuz Braz.
Les fortifications
L'île Longue, constituée d'un plateau rocheux, muni de sources, protégée de falaises et accessible par un cordon sablonneux uniquement franchissable à marée basse, a attiré les yeux de Vauban et de Dajot, qui décidèrent de la fortifier afin de
- rendre intenable le fond de la rade pour une escadre qui aurait franchi le goulet et voudrait bombarder l'arsenal de Brest ;
- permettre une contre-offensive de flanc contre un débarquement ennemi qui chercherait à se saisir de la rive sud du goulet et attaquerait les lignes de Quélern.
Le fort
L'ingénieur Dajot fait construire un fort au sommet de l'Île Longue vers 1776, constitué d'une batterie basse avec un parapet en demi-cercle, abritant de petits bâtiments protégés par une gorge rectiligne brisée en son centre par un bastion formant saillant, et enjambée par un pont-levis.
Le rempart
En 1879, un rempart est construit au sud de l'île Longue, côté terre, avec une porte à pont-levis, défendue par une casemate, et protégée par deux bastions. Les vestiges de la porte, de la casemate et du mur d'escarpe sont encore visibles (aux personnels autorisés) aujourd'hui.
Le camp de prisonniers allemands
Appareillé le 23 août 1914 de New York, avec à son bord 1500 passagers, dont 400 sujets allemands et 250 autrichiens, le paquebot Nieuw Amsterdam est intercepté le 2 septembre 1914 par la 2e escadre légère française et dérouté sur Brest.
Du 3 au 23 septembre, les 1500 passagers sont enfermés au fort de Crozon et à Brest, avant d'être internés dès le 5 novembre sur l'Île Longue dans un camp aménagé à cet effet. Les derniers prisonniers seront libérés le 31 décembre 1919.
Le camp était le siège d'une activité intellectuelle et culturelle importante, incluant l'édition d'un journal, des représentations théâtrales…
« On accède à ce camp : d'une part par la mer, en utilisant un débarcadère aménagé sur une pointe rocheuse située au nord du camp et à l'ouest de l'île, à l'origine d'une rampe empierrée construite sur le flanc de la falaise et qui conduit à l'entrée du camp ; d'autre part, par la terre au moyen d'un chemin carrossable empierré, traversant l'île du nord au sud et la reliant au continent dans la presqu'île de Crozon. » (état descriptif des lieux du 24 août 1916).
L'occupation allemande
En 1940, l'Occupant implante dans l'ancien camp de prisonniers une batterie anti-aérienne, active jusqu'en 1944. Des monuments mégalithiques sont détruits lors de la construction de blockhaus.
La base opérationnelle
Choix du site
En 1965, lors de sa visite inaugurale à l'École navale, le général de Gaulle décide de faire de l'île Longue, presqu'île voisine, la base opérationnelle des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) français. Les fermiers qui y vivent sont expropriés, d'après la procédure d'extrême urgence d'utilité publique, « dans des conditions qui ne seraient heureusement plus possibles aujourd'hui », d'après l'ingénieur chargé des constructions, Pierre Pommelet[2].
Le choix s'est porté sur ce lieu, à la fois proche de l'arsenal de Brest mais suffisamment éloigné pour limiter l'impact en cas d'accident, et facile à contrôler, de par sa configuration en presqu'île.
Travaux
Commencés en 1967, les travaux vont durer cinq ans. Ce chantier qui sera à l'époque le chantier « le plus important d’Europe » va demander 300 000 m³ de béton coulés, 6 000 tonnes d’acier pour les charpentes des bassins, 110 hectares de plate-formes, 11 000 m² de jetées et de quais.
Ils vont remodeler en profondeur l'aspect de la presqu'île : élargissement de l'isthme, construction de terres-pleins sur l'ensemble de son périmètre (la presqu'île gagne 30ha, pour atteindre 123,9ha), creusement de deux bassins de radoub, d'ateliers et de bâtiments annexes, clôture et système de surveillance…
La masse de béton à couler est telle qu'il est envisagé d'utiliser à cette occasion la ligne ferroviaire entre Châteaulin et Le Fret du réseau breton mais cette solution ne fut pas retenue. Le blockhaus central qui sépare les deux bassins aura nécessité 100 000 tonnes de béton précontraint afin de résister à l'explosion accidentelle d'un missile[3].
Utilisation
En 1972, le premier SNLE français, Le Redoutable, part en patrouille. Depuis lors, l'île Longue est la base opérationnelle de la force océanique stratégique française (FOST).
À ce titre, l'île Longue assure la maintenance des sous-marins entre deux patrouilles et l'entreposage des éléments nucléaires (têtes des missiles, combustible des réacteurs) associés. La pyrotechnie « annexe » de Guenvénez, située à 4km, accueille les corps des missiles nucléaires et les missiles classiques, mais est libre de toute matière nucléaire.
En 2009, l'accueil et le soutien des SNA est pérennisé sur la base navale de Toulon, tranchant la question de leur transfert vers l'île Longue, évoqué dès 1997[4],[5].
Actualité
L'île Longue subit en 2006 d'importants travaux de préparation à l'accueil du futur missile MSBS M-51.
Polémique
Au cours de l'année 2005, une polémique a éclaté au sujet de cette zone et de Google Earth. En effet, sur ce site Internet il était possible de visualiser des images satellite de bonne qualité de cette zone sensible. Cependant, la prise de photos est interdite par les autorités depuis les côtes environnantes[6].
Liens externes
- Dossier sur l'île longue du Ministère de la Défense.
- La France nucléaire: matières et sites: la Presqu'île de Crozon
Bibliographie
L'Île Longue : Histoire d'un site exceptionnel, Quimper, Palantines, 2010, 192 p. (ISBN 978-2-35678-037-9)
Notes et références
- Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, Voyages en France : Les Îles de l'Atlantique : 2. D'Hoëdic à Ouessant, t. 4, Paris, Berger-Levrault, 1895 [lire en ligne (page consultée le 4 mars 2011)]
- L'Ingénieur général Pierre Pommellet se souvient.
- http://www.marianne2.fr/blogsecretdefense/Ile-Longue-C-etait-le-plus-grand-chantier-de-France--raconte-Le-Telegramme-actualise_a49.html
- (fr) Charles Cova et Jean-Noël Kerdraon, « Rapport d'information no 3302 » sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale, 3 octobre 2001. Consulté le 3 mars 2009
- (fr) Décision sur defense.gouv.fr, Ministère de la Défense français, 20 février 2009. Consulté le 23 février 2009
- (fr) Arrêté no 1970/004 sur premar-atlantique.gouv.fr, Préfecture maritime de l'Atlantique, 29 avril 1970. Consulté le 3 mars 2009
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