Étienne Copel

Étienne Copel

Étienne Copel (né le 14 septembre 1935) est un général de brigade aérienne de l'armée de l'air française. Il fit une brillante carrière d'officier et a été en 1981 le plus jeune général français en exercice[1],[2],[3]. Il fut l'un des trois pilotes d'avion de chasse qui ont effectué le largage d'une bombe atomique pour des essais à Moruroa[2] (plus connu sous le nom de Mururoa[4]), en 1973. Il se rendit célèbre en 1984 en démissionnant de son poste de sous-chef d'état-major de l'armée de l'air[1],[2],[3], afin de pouvoir exprimer librement sa conception de la politique de défense de la France[2],[3] et publier son premier livre.

Il continue à faire connaître, par ses livres et ses conférences, ses points de vue sur ses sujets de prédilection comme la Sécurité civile, les choix politiques en matière de Défense en particulier sur la Force de dissuasion nucléaire française, et les dangers du terrorisme[2].

Sommaire

Carrière militaire

Entré à l'École de l'air de Salon de Provence en 1954, il en sort major en 1956[1]. Il est breveté pilote de chasse en 1957. Il effectue deux séjours sur le théâtre des opérations en Algérie, qui lui valent quatre citations.

En 1969, il commande la première escadre nucléaire tactique[1].

Alors lieutenant-colonel, commandant de la 4e Escadre de chasse à la base de Luxeuil (B.A 116)[5],[6], il expérimente le 28 août 1973, à Mururoa, sur le Mirage III E (no 617 immatriculé BE)[6], en présence du ministre de la Défense Robert Galley, le largage de la première arme nucléaire tactique AN 52[6]. Il s'agit du 53e tir français (nom de code : Tamara). Il est alors le deuxième pilote à réaliser cet essai en vraie grandeur depuis un avion, mais le premier à le faire en solo[6]. Le premier essai de ce genre eut lieu à Fangataufa le 19 juillet 1966, sur Mirage IV avec deux personnes à bord, et le troisième et dernier essai depuis un avion fut réalisé le 25 juillet 1974 également en solo, à Mururoa, sur Jaguar A[6]. Les trois seuls pilotes français à avoir effectué un essai nucléaire sont issus de l'École de l'air de Salon de Provence[6].

La même année (1973), il est reçu major à l'École supérieure de guerre aérienne.

De 1977 à 1979, le colonel Copel commande la base aérienne de Reims (B.A 112). En 1978, il y accueille, en particulier, des MiG-23 soviétiques dans le cadre des échanges du Normandie-Niémen[1].

Le 1er septembre 1981, à l'âge de 46 ans, il est nommé général de brigade aérienne. Il commande alors le Centre d'opérations de la Défense aérienne à Taverny. En 1983 il est nommé sous-chef d'état-major de l'armée de l'air[1], chargé des opérations.

Étant en désaccord avec les choix politico-stratégiques de l'époque concernant la Défense nationale, il démissionne de ce poste le 10 mars 1984 afin de pouvoir exprimer ses points de vue publiquement[1].

Carrière civile

Publications

Son premier livre, Vaincre la guerre (tiré à 100 000 exemplaires) qui paraît en 1984 est une remise en cause des options de l'époque dans de nombreux domaines militaires, en particulier la vision classique de la dissuasion nucléaire. Il y dénonce également le service national, qu'il juge dépassé, dans sa forme d'alors. Il prône un service bref suivi de quelques périodes de réserve très courtes, dans le but de construire une garde nationale destinée à la protection du territoire en cas, par exemple de grave danger terroriste.

Il publie son deuxième ouvrage en 1986 : La Puissance de la liberté, dans lequel il prévoit la chute de l'Empire soviétique.

En 1991, paraît : Le Nécessaire et l'inacceptable, où il explique et défend l'énergie nucléaire, en particulier pour lutter contre l'augmentation de l'effet de serre, tout en dénonçant la vulnérabilité des centrales nucléaires, en particulier en raison du risque d'écrasement d'un avion gros porteur aux mains d'un pilote suicide[2],[3]. Il y préconise un certain nombre d'améliorations des centrales actuelles.

Puis en 2003, il publie : Prévenir le pire, éviter les catastrophes terroristes, livre dans lequel il explore les pistes possibles afin d'éviter les catastrophes d'origine terroriste[3] et dans lequel il critique « l'obsolenscence de la politique de défense française[3] » et, entre autres, le remplacement du M45 par le M51.

Il renouvelle ces critiques en 2004 dans différentes interviews[7],[8] ainsi que le format de la FOST à quatre SNLE[2]. Selon lui, « remplacer les M45 par les M51 [...] n'est pas un progrès. C'est une régression. Qui nous coûtera environ 15 milliards d'euros »[9]. Il justifie la critique de la dissuasion nucléaire par des motifs économiques (« défense civile, modernisation des armées et réduction du déficit de l'État ») et stratégiques :

« [...] La première est que les missiles M45 qui sont en train d'équiper nos sous-marins nucléaires sont de véritables bijoux. Ils bénéficient de toutes les aides à la pénétration les plus modernes, leur portée est telle qu'un seul sous marin pourrait menacer, en même temps, à la fois New York, Alger et Moscou, leur fiabilité est excellente [...]. La deuxième raison qui montre que nous n'avons aucune raison de changer nos missiles est que, depuis l'effondrement du monde soviétique, personne ne dispose de système d'interception de missiles balistiques. Mieux, personne ne développe de tels systèmes. Même pas les Américains pour faire face à des missiles nettement moins sophistiqués que nos missiles M45. Certes, les États-Unis ont assez régulièrement des projets de défense antimissiles, mais ils ne passent pas à l'acte, tant il est difficile et coûteux d'intercepter un missile balistique arrivant de la stratosphère à plusieurs milliers de mètres par seconde [...]. Dans ces conditions, il est clair qu'il n'y a aucune raison opérationnelle de dépenser des milliards pour remplacer nos missiles M45 par de nouveaux missiles M51 [...] dont on ne pourra même pas tester les têtes nucléaires, puisque c'est maintenant interdit ! [...][7] »

En novembre 2007, il donne raison au roi du Maroc, Mohammed VI, d'avoir choisi les avions F-16 américains, au détriment du Rafale français, pour les Forces aériennes royales de son pays[10].

Engagement politique

De 1992 à 2004, il est élu UDF au conseil général de l'Aube.

Il a été président du Parc naturel régional de la forêt d'Orient.

Il a été conseiller municipal de Troyes, 2001-2008 (majorité municipale)

Activité bénévole

Depuis 1987, il est vice-président du Haut comité français pour la défense civile[11],[2] fondé par le général Billotte et Maurice Schumann. Dans ce comité il est actuellement président du collège des experts[12].

Titres

Il est ingénieur de l'École de l'air et titulaire d'une maîtrise de Droit.

Décorations

Ouvrages

  • Vaincre la guerre, une autre défense, une autre armée,  éd. Lieu Commun, coll. « Documents », 1984, (réimpr. 2006), 246 p. (ISBN 2-86705-024-3 et 978-2867050244).
  • La Puissance de la liberté, les chances d'une défense de l'Europe,  éd. Lieu Commun, coll. « Documents », 1986, (réimpr. 2006), 224 p. (ISBN 2-86705-059-6 et 978-2867050596).
  • Le Nécessaire et l'inacceptable, centrales nucléaires, terrorisme...,  éd. Balland, coll. « Essais Document », 1991, 235 p. (ISBN 2-7158-0841-0 et 978-2715808416).
  • Prévenir le pire, éviter les catastrophes terroristes,  éd. Michalon, coll. « Essais », Paris, 2003, 203 p. (ISBN 2-84186-217-8 et 978-2841862177).

Notes et références

  1. a, b, c, d, e, f et g « Spécial Défense – Le dogme nucléaire, le danger chimique, le service militaire – Un général s'insurge », L'Express, no 1706, 16-22 mars 1984, 1re de couverture et p. 19-28 : Jérome Dumoulin, « Un général s'insurge » ; entrevue avec Yves Cuau et Jérome Dumoulin, « Étienne Copel : « Je ne jette pas mes étoiles sur la table » ; « Cinq experts lancent le débat : François de Rose, L'iconoclaste – Mgr Jullien, La morale et la bombe – Pierre Gallois, Des idées archaïques – Jean-Pierre Chevènement, Politique d'abord ! – Michel Aurillac, Incertitude et dissuasion ».
  2. a, b, c, d, e, f, g et h Alain Mathieu, « Crédits militaires – Sarkozy a raison : des économies sont possibles – Entretien avec le général Étienne Copel », dans Société Civile, no 39, septembre 2004.
  3. a, b, c, d, e et f « Étienne Copel », sur le site des éditions Michalon, consulté le 8 mars 2010.
  4. Le Petit Larousse 2008, éd. Larousse, Paris (ISBN 978-2-03-582503-2), p. 1542.
  5. Ministère de la Défense, Base aérienne 116 - Luxeuil – « Historique de l'escadron de chasse 02.004 », sur le site ba116.air.defense.gouv.fr.
  6. a, b, c, d, e et f « Histoire-Stratégie : « TAMARA » Essai réel en vol de la première arme nucléaire tactique », Revue des anciens élèves de l'École de l'air, Le piège, no 181, juin 2005.
  7. a et b Étienne Copel, « Économiser sur le nucléaire », dans Le Figaro, no 18576, 27 avril 2004.
  8. « Faut-il réduire les dépenses nucléaires ? Étienne Copel : « Des économies pour financer les besoins de défense civile », propos recueillis par Christian Makarian, L'Express, 18 octobre 2004, sur le site lexpress.fr, consulté le 29 janvier 2010.
  9. « Essai réussi pour le nouveau missile nucléaire français contesté », Le Monde, 27 janvier 2010.
  10. Étienne Copel, « F16 : Pourquoi M6 a eu raison », Jeune Afrique, no 2443, 4 au 10 novembre 2007.
  11. « Étienne Copel », revue Défense nationale, sur le site defnat.com, consulté le 19 janvier 2010.
  12. Haut Comité Français pour la Défense Civile.

Liens externes



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