- Éthique de réciprocité
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L’éthique de réciprocité ou « règle d'or » est une morale fondamentale dont le principe est trouvé dans pratiquement toutes les grandes religions et cultures, et qui signifie simplement : « traite les autres comme tu voudrais être traité » ou « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse ».
C'est sûrement la base essentielle pour le concept moderne des droits de l'homme.
Sommaire
Interprétation
Cette éthique n'a aucun sens si elle est prise sans empathie, c'est-à-dire sans prendre en compte les besoins et les sentiments de l'autre personne. Une autre façon d'écrire la règle serait "traite les autres comme tu voudrais être traité si tu étais à leur place." Ce n'est donc pas une règle pour imposer un système de pensée particulier, autrement il en résulterait des actions non-éthiques. Elle implique la tolérance et l'universalisme (une application de cette règle à tous les hommes et pas seulement au groupe dont on fait partie, l'ingroup).
L'éthique de réciprocité ne doit pas être confondue avec le principe de non-agression "Fais ce que tu veux tant que cela ne nuit pas aux autres" même si logiquement elle obtient ce même résultat de non-violence.
L'éthique de réciprocité s'oppose à la vengeance ou loi du talion ("Fais aux autres ce qu'ils t'ont fait").
Dans les religions et philosophies
Les principaux philosophes et religions de l'histoire ont énoncé l'éthique de réciprocité de différentes manières:
- Bouddhisme : « Ne blesse pas les autres de manière que tu trouverais toi-même blessante. » - Udana-Varga 5:18 (environ -500)
- Christianisme : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » Jésus de Nazareth (environ -5/32) (Mt 22. 36-40), « Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur, vous aussi, de même ; car c’est là la loi et les prophètes. » Jésus de Nazareth (Mt 7. 12), et aussi Matthieu 22:39, Luc 6:31, Luc 10:27.
- Confucianisme : « Ce que tu ne souhaites pas pour toi, ne l'étends pas aux autres. » - Confucius (environ -551 - -479)
- Hindouisme : « Ceci est la somme du devoir; ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'ils te fassent. » Mahabharata (5:15:17) (Environ -500)
- Islam : « Aucun d'entre vous ne croit vraiment tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même. » Mahomet (570-632), Hadith 13 de al-Nawawi.
- Jaïnisme : « Rien qui respire, qui existe, qui vit, ou qui a l'essence ou le potentiel de la vie ne devrait être détruit ou dirigé, ou subjugué, ou blessé, ou dénié son essence ou son potentiel. Pour renforcer cette vérité, je vous pose une question : est-ce que le désespoir ou la douleur sont quelque chose de désirable pour vous ? Si vous répondez oui, ce serait un mensonge. Si vous répondez non, vous exprimez la vérité. Juste comme le désespoir et la douleur ne sont pas désirables pour vous, il en est de même pour tout ce qui respire, ou existe, vit ou a l'essence de la vie. Pour vous et pour tous, ceci n'est pas désirable, et douloureux, et répugnant. »[1]
- Judaïsme : « Tu ne te vengeras pas, ou tu ne porteras aucun grief contre les enfants de ton peuple, tu aimeras ton prochain comme toi-même : Je suis le seigneur. » Torah, Lévitique 19:18. (environ -1280/-650).
- Cette règle est ainsi présentée par Hillel (vers le début de l'ère chrétienne, avant les enseignements de Jésus de Nazareth) : « Ce que tu ne voudrais pas que l'on te fît, ne l'inflige pas à autrui. C'est là toute la Torah, le reste n'est que commentaire. Maintenant, va et étudie. » (Talmud de Babylone, traité Shabbat 31a.), à un homme qui lui demande de lui expliquer le sens de la Torah, « le temps de rester debout sur un pied ».
- Taoisme : « Regarde le gain de ton voisin comme ton propre gain, et la perte de ton voisin comme ta propre perte » T'ai Shang Kan Ying P'ien, « Le sage n'a pas d'intérêt propre mais prend les intérêts de son peuple comme les siens. Il est bon avec le bon ; il est également bon avec le méchant, car la vertu est bonne. Il est croyant avec le croyant ; il est aussi croyant avec l'incroyant, car la vertu est croyante. » - Dao De Jing (environ 600 av. J.-C), Chapitre 49.
- Zoroastrisme : « La nature est bonne seulement quand elle ne fait pas aux autres quoi que ce soit qui n'est pas bon pour soi-même. » - Dadistan-i-Dinik 94:5 (environ -700).
Voir aussi
- Impératif catégorique
- Théorie du conflit
- Pardon (action)
- Droits inaliénables
- Karma
- Universalisme moral
- Droits naturels
- Autrui
- Altruisme réciproque
- Réciprocité (psychologie sociale)
- Assertivité
- Coproduction conditionnée
- Vacuité
Références
- (en) Hermann Jacobi, Ācāranga Sūtra, Jain Sutras Part I, Sacred Books of the East, Vol. 22., 1884 [lire en ligne] Sutra 155-6
Liens externes
- Charter For Compassion initiative de Karen Armstrong visant à propager l'usage de la règle d'or dans le monde
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