- Bandes dessinées franco-belges
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Bande dessinée franco-belge
Le terme de bande dessinée franco-belge désigne les bandes dessinées francophones publiées par des éditeurs français ou belges et plus spécifiquement l'ensemble de styles et des contextes éditoriaux communs aux bandes dessinées belge et française.
Tentative de définition
La bande dessinée franco-belge est comme l'indique son étymologie réalisée par des auteurs d'origines géographiques et culturelles françaises et belges.
Jusqu'à la fin des années 1960 la bande dessinée franco-belge est caractérisée par des albums presque exclusivement destinés à la jeunesse. Ces albums sont cartonnés, en couleur et comportent en moyenne une quarantaine de pages. Les exemples les plus connus sont Tintin de l'auteur Hergé, précurseur de la ligne claire, Astérix le Gaulois des auteurs Uderzo et Goscinny, dans un style "gros nez" plus caricatural, ou Spirou, créé par RobVel et popularisé par André Franquin, grand représentant de l' "école Belge", ou "école de Charleroi", ou encore "de Marcinelle", lancée par Joseph Gillain dit Jijé.
Cependant, à partir des années 1960, sous l'influence des nouvelles revues comme Hara-Kiri, Pilote, Métal hurlant ou (A SUIVRE) et grâce à des maisons d'éditions comme Casterman, Les Humanoïdes Associés et Futuropolis, la bande dessinée franco-belge s'ouvre à des publics adultes et s'exprime à travers des formats et des styles graphiques très différents.
Histoire de la bande dessinée franco-belge
L'origine de la bande dessinée franco-belge peut commencer en 1833, avec le premier album d'un non-français, ni d'un belge, mais d'un Suisse francophone Rodolphe Töpffer.
La bande dessinée franco-belge au début du XXe siècle
En 1929, en Belgique, dans le journal Le Petit Vingtième paraissent les aventures de Tintin, le célèbre reporter à la culotte de golf.
Les années d'après-guerre
Au debut de la seconde moitié des années 1940, de nombreux magazines pour jeunes voient le jour (voir page d'accueil du site des Editions de l'Elan). En lançant Le Journal de Tintin (en 1946), l'éditeur Raymond Leblanc remporte un grand succès éditorial et contribue à faire de la Belgique le centre de gravité de la bande dessinée francophone. Une autre publication belge, Spirou (créé en 1938 mais interrompu à cause de la guerre), lui apporte une concurrence sérieuse, ainsi que l'hebdomadaire Bravo. Le terme de Bande dessinée franco-belge prend alors tout son sens, du fait de l'imbrication des univers professionnels de ces deux pays. A la grande époque du Journal de Tintin, des auteurs comme Jacques Martin, Tibet ou Jean Graton, viennent travailler en Belgique et sont, bien que français, associés à la bande dessinée belge. Pilote, publication française viendra progressivement concurrencer ses deux aînés (à partir de 1959) et attirer à son tour chez des éditeurs français des auteurs belges comme (entre autres): Morris, Maurice Tillieux, Hubinon, Charlier, Mitacq et Greg.
Alors que la bande dessinée francophone belge (bande dessinée wallonne et Bruxelloise) accède au marché français dans les années 1950, les auteurs renoncent à tout référent belge trop visible pour proposer à leur lecteur des histoires plus "universelles". Les différentes maisons d'édition wallonnes et bruxelloises imposent aux auteurs dès les années cinquante un standard français pour des raisons commerciales (...) les uniformes et les panneaux de signalisation adoptent des critères hexagonaux... [1] Toutes les références à la Belgique disparaissent, par exemple, des rééditions en couleur des premiers albums de Tintin.
Vaillant, devenu ensuite Pif gadget, diffuse en France une bande dessinée tout aussi populaire, bien que les éditions en albums de ses séries soient plus rares. Ces publications permettent à la bande dessinée de rencontrer le grand public, surtout la jeunesse de cette époque. Jusqu'aux années 1960, la bande dessinée restera pour beaucoup associée à un public jeune ou enfantin et sera l'objet de peu d'études sérieuses. Cependant, cette jeunesse bercée par la bande dessinée sera celle qui fera évoluer la bande dessinée franco-belge vers des récits plus adultes en même temps que cette génération avança elle-même dans les âges.
Parmi les dates importantes, les professionnels s'accordent à dire qu'il y a un avant et un après Pilote. Astérix, notamment, est considéré à bien des égards comme ayant provoqué un intérêt du grand public pour la bande dessinée en France et en Belgique francophone. Plusieurs grandes séries prendront alors toute leur ampleur à partir des années 1950-60 :
- Gaston Lagaffe de André Franquin
- Spirou et Fantasio créé par Rob-Vel et repris par Franquin.
- Tintin de Hergé
- Les Schtroumpfs et Johan et Pirlouit de Peyo
- Gil Jourdan de Maurice Tillieux
- Timour de Sirius
- Lucky Luke de Morris
Années 1970 et 1980
Les années 70 sont, en BD, le temps de la découverte, et de l'exploration. Exploration de styles graphiques et narratifs. Quelques éditeurs d'aujourd'hui continuent par ailleurs de vivre sur ces acquis, comme les Humanoïdes Associés (créé par des auteurs de BD, à la fin des années 70). Leur catalogue actuel reste fort influencé par des auteurs de ces années (Jodorowsky, Moebius pour ne citer qu'eux).
Les magazines emblématiques de cette époque sont Métal Hurlant (Les Humanos) ou encore (A SUIVRE) des éditions Casterman.
Les nouveaux styles de ces années là définissent pour certains éditeurs leur ligne éditoriale.
Les éditeurs de BD ont d'ailleurs pour la plupart une ligne éditoriale ou plusieurs. Cela signifie que les directeurs de collection définissent le style de dessin et le genre d'histoire qu'ils souhaitent publier, et cela à travers différentes collections.
Les années 80 voient l'apparition de nouveaux éditeurs, futurs grands de l'édition :
- Soleil Productions, éditeur toulonnais qui a connu un fort succès avec l'univers du Monde de Troy
- Delcourt lancé par Guy Delcourt en 1986
Certains éditeurs ont des lignes éditoriales très larges, de multiples collections, s'autorisant tous les genres et toutes les expériences alors que d'autres éditeurs ont des lignes beaucoup plus ciblées, et souvent basées sur une série à gros succès.
Ligne éditoriale basée sur le fanstastique et l'aventure :
- Éditions Soleil : fantasy (axée sur le succès de la série Lanfeust de Troy et son univers), aventure, science-fiction
- Éditions Delcourt : science-fiction (Collection Neopolis), fantasy (Collection terre de légendes)
- Éditions les Humanoïdes Associés : science-fiction (axée sur l'univers de l'Incal), fantasy
Ligne éditoriale basée sur l'humour :
- Éditions Bamboo : collections Job, Sport
- Éditions Dupuis : axée essentiellement sur l'héritage de grandes série à succès (Spirou et le petit Spirou, les Schtroumpfs, Gaston Lagaffe, etc.)
- Éditions Glénat : grâce au succès de Titeuf
Ligne éditoriale basée sur le policier :
Parfois les dessins animés sont aussi utilisés pour créer des bandes dessinées. Pour cela, on utilise des images extraites du dessin animé que l’on met en page, et sur lesquelles on rajoute le dialogue. Mais cela reste une pratique encore assez rare en bande dessinée franco-belge. Parallèlement aux bandes dessinées, on peut trouver des recueils d'illustrations, en général en couleur, d'images originales, qui incluent parfois des histoires courtes. On parle alors d'art-book par analogie avec ce qui se fait aux États-Unis.
Les années 1990 : bande dessinée alternative et mangas
Au début des années 1990 apparaissent de nombreuses petites structures qui, sur le modèle de Futuropolis, Magic Strip, et de l'undergroundaméricain, passent outre les contraintes habituelles de format, de pagination, de colorisation (déjà mises à mal par les albums issus d'(A SUIVRE) pour laisser la première place aux œuvres. Se revendiquant de la littérature (L'Association, Cornélius, etc.), des arts plastiques (Amok, Fréon), de l'underground (Les Requins Marteaux), elles diversifient grandement un paysage francophone dominé par la bande dessinée de genre. Au-delà du renouveau formel, la bande dessinée assiste à un renouveau thématique : la bande dessinée autobiographique connait ses premières œuvres majeures, la bande dessinée de la vie quotidienne devient un genre à part entière, les adaptations littéraires se multiplient. Les succès d'auteurs tels que Lewis Trondheim, Joann Sfar, Marjane Satrapi ou encore Manu Larcenet permettent à la bande dessinée d'accéder plus facilement à la presse culturelle parisienne. On évoque de nouveau une « nouvelle bande dessinée ».
Parallèlement à cela, de nombreux éditeurs s'intéressant à la bande dessinée de genre voient le jour ou se développent dans les années 1990 : Clair de Lune, Akileos, Emmanuel Proust éditions, Joker éditions, et surtout Soleil, qui connaît un très fort développement dès le début des années 1990 grâce au succès de Lanfeust de Troy, deuxième grand succès de la bande dessinée d'heroic fantasy française après La Quête de l'oiseau du temps. Chez les grands éditeurs, la politique de genre continue elle aussi à récolter les succès, avec des séries comme Largo Winch ou Titeuf.
Les années 2000 : accentuation des tendances et internet
À partir du début des années 2000, suite aux succès des éditeurs « indépendants » (L'Association, Cornélius, etc.), les grands éditeurs diversifient leurs politiques éditoriales en créant de nombreuses collections aux formats et paginations plus originales que le traditionnel « 44 pages couleurs », valorisant les auteurs lancés par ces petits éditeurs, ou des auteurs qui s'en inspirent, telles que « Écritures », « Carrément BD », etc[2]. D'autres, en gardant un format traditionnel, donnent à ces jeunes auteurs l'opportunité de bousculer les traditions, comme « Poisson pilote ». Bien que de nombreux grands éditeurs aient déjà tenté de telles créations auparavant (tel Dargaud et ses « romans BD » au début des années 1990), l'aspect massif de cette évolution fait dire à de nombreux petits éditeurs, derrière Jean-Christophe Menu, qu'il y a là une entreprise de récupération mercantile d'audaces dues à d'autres[3].
De nouveaux auteurs influencés par le manga, ou des styles plus cartoon sont publiés par les éditeurs. De plus, un nouveau terme est apparu en 2005 : le manfra, qui désigne en quelques sortes des BD réalisées par des auteurs francophones, publiés dans un format « Manga » (taille du livre, nombre de pages, etc.), et dont le style et la narration en est fortement inspirée. Des éditeurs français de manga ont publié eux-mêmes des manfras (Pika Édition).
Le classique 46 planches de BD est omniprésent depuis de nombreuses années, mais beaucoup d'éditeurs tentent, souvent dans des collections particulières, d'utiliser d'autres paginations (Collection Cosmo chez Dargaud (2005) par exemple). Certains éditeurs comme L'Association ont été créés entre autres dans le but de casser certains codes de la bande dessinée franco-belge comme le nombre de pages formaté. Ce nombre de pages imposé amène les auteurs à rationaliser au maximum le message qu'ils veulent faire passer et le découper sur plusieurs volumes. À l'opposé d'autres types de bande dessinée comme le manga jouent sur l'aspect feuilletonnesque car le mode de production est frénétique avec une vingtaine de planches à livrer par semaine à son éditeur. Mais les auteurs laissent plus souvent place aux silences ou aux plans de décors, là où le franco-belge se concentre plus sur les personnages et l'action. On rapproche plus souvent le manga du cinéma alors que la bande dessinée franco-belge est plus assimilée à la littérature.
De plus en plus d'auteurs et d'éditeurs se libèrent de la contrainte 46 planches et tendent à absorber les usages d'autres courants de bande dessinée dans le monde. Il existe même des BD Franco-Belge dont le nombre de pages avoisine les 150 ou 200 pages, mais sont souvent en noir et blanc (avec ou sans couleurs grises, avec ou sans tramage).
La bande dessinée franco-Belge dans le monde
Les bandes dessinées de type Franco-Belge ont influencé quelques auteurs américains, japonais ou européens.
Les auteurs français et belges connus et reconnus dans le monde :
Les auteurs de manga influencés par le franco-belge :
Économie de la bande-dessinée franco-belge
- à faire
Principaux éditeurs
- à faire
Casterman, Delcourt, Soleil Productions, Dupuis, Lombard, Dargaud, Glénat, Vents d'Ouest, Futuropolis, etc.
Petits éditeurs belges (d'albums rares)
- (disparus et actifs)
- Michel Deligne, Editions Chlorophylle, Editions de l'Elan, Editions Jonas, Serge Algoet, Editions Distri-BD
Principales revues de bande dessinée franco-belge
Les revues de bande dessinée sont généralement destinées à un public ou à une catégorie d'âge, mais elles sont le plus souvent éditées par une maison d'édition pour prépublier leurs séries :
- Spirou
- Le Journal de Tintin (disparu)
- Pilote
- (À Suivre) (disparu)
- Tchô, le magazine : Titeuf, Malika secouss, et autres BD pour les jeunes
- Lanfeust Mag
- Fluide Glacial
- L'Echo des Savanes
- Circus (disparu)
- Charlie Mensuel (disparu)
Ces mêmes maisons d'éditions publient pour certaines des journaux mensuels ou hebdomadaire présentant une "avant première), les quelques premières pages, de leurs nouveautés. Il ne s'agit pas ici de prépublication.
- Suprême dimension (Soleil Productions)
- Pavillon Rouge (Delcourt)
- Vécu (Glénat)
Enfin, les magazines rédactionnels d'information, de critiques, d'enquêtes, d'interviews sur la BD : Il s'agit de magazines édités indépendamment, ou par des groupes de presse n'ayant aucun lien avec les éditeurs.
- Bédéka (disparu)
- BoDoï (maintenant exclusivement sur Internet)
- dBD (anciennement les Dossiers de la Bande Dessinée)
- Casemate
- Psikopat
Festivals de bande dessinée franco-belge
En Belgique et en France, de nombreux festivals de bande dessinée existent depuis maintenant une vingtaine d'années. Ces festivals permettent aux différents publics (simples curieux ou fans de BD franco-belge, manga ou comics) de se rencontrer ou de rencontrer des auteurs et des professionnels du marché dont les maisons d'édition. Durant ces festivals, il est possible de discuter avec des auteurs, d'avoir des dédicaces. Les festivals les plus importants proposent même des ventes de livres (neuf ou occasion), quelquefois des projections, des spectacles alliant musique et image, des démonstrations de dessinateur, des conférences sur un sujet touchant à la bande dessinée avec quelques auteurs établis, une réalisation de BD en direct par plusieurs auteurs, des jeux, des spectacles de cosplay etc. et souvent complétés par un forum où se côtoient professionnels (magasins de livres et autres produits).
On compte parmi les festivals les plus connus en France :
- le Festival International de la bande dessinée d'Angoulême au mois de janvier
- Quai des Bulles à Saint-Malo, fin octobre ou début novembre
- Festival de Blois
- Festival de Longwy (Lobede) (frontière franco-belge) (Tous les deux ans)
En Belgique :
- Le festival de la BD de Coxyde, au mois de juillet (à la côte belge)
- Festival de BD de Durbuy en Ardennes (en été) (Interrompu, mais reprise annoncée)
- Festival de la BD de Ganshoren, au mois de mai
En Suisse :
- Festival de Lausanne
Voir aussi
Articles connexes
- Bande dessinée belge
- Liste d'albums et séries de bande dessinée
- Dessins animés
- Oubapo
- Liste d'auteurs de bande dessinée
- Liste de héros de bande dessinée
- Liste d'albums et séries de bande dessinée
- Liste des éditeurs de bande dessinée
Liens externes
- Centre Belge de la Bande Dessinée, site d'un grand musée de Bruxelles.
- Lambiek Comiclopedia, liste de biographies d'auteurs de bande dessinée.
- Hyphen, société spécialisée dans la gestion des droits d'auteurs de BD.
- Brussels BD tour, site du Parcours BD de Bruxelles: entretiens, biographies, dessins et dédicaces.
- Editions de l'Elan Page d'accueil : historique succinct de la BD à l'époque de l'Age d'Or, La BD belge et Franco-Belge et Maurice Tillieux.
Éditeurs
- Dupuis: catalogue complet des séries et des artistes, avec des biographies d'auteurs.
- Le Lombard: catalogue des publications et des auteurs.
- Dargaud: liste des séries, interviews et redirection vers des sites dédiés.
- Les intégrales Dargaud: site dédié à quelques séries cultes.
Bibliographie
- Jean-Christophe Menu, Plates-Bandes, L'Association, coll. « Éprouvette », 2005
Notes et références
- ↑ Arnaud Pirottte, Paysage mental et patrimoine wallon, in L'imaginaire wallon dans la Bande dessinée, pp.65-71, p.65
- ↑ Jean-Philippe Martin, « De l'esprit des “spéciales” », dans , dans 9e Art n°10, Centre national de la bande dessinée et de l'image, octobre 2004, p. 35-39
- ↑ Menu (2005)
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