- Banc Giulia-Ferdinandea
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Ferdinandea
Ferdinandea
Dessin de Ferdinandea lors de l'éruption de 1831 d'Empédocle.Géographie Altitude -8 m Massif Empédocle (Champs Phlégréens de la mer de Sicile) Longueur km Largeur km Superficie km2 Coordonnées [1] Administration Pays Italie ' ' Géologie Âge Roches Type Mont sous-marin Géolocalisation sur la carte : Italie modifier Ferdinandea est un haut-fond situé en Italie, entre la Sicile et les côtes tunisiennes, et qui constitue le sommet du volcan sous-marin Empédocle faisant partie des champs Phlégréens de la mer de Sicile[2]. Actuellement situé à huit mètres de profondeur, ce haut-fond a émergé par trois fois en 1701, 1831 et 1863 à la faveur d'éruptions d'Empédocle[3],[2].
Sommaire
Toponymie
Ferdinandea est aussi appelé « banc Ferdinandea », « Giulia-Ferdinandeo », « banc Giulia-Ferdinandeo », « banc de Graham », « île Graham », « Corrao », « Hotham », « Nerita » ou encore « Scircca »[1],[2],[4].
Les Italiens baptisèrent le 17 août 1831 l'île nouvellement formée « Ferdinandea » en l'honneur de Ferdinand II, roi des Deux-Siciles à l'époque[5].
Les toponymes « banc de Graham » et « île Graham », en anglais Graham Bank et Grahama Island, datent de 1831 lorsque le capitaine britannique Humphrey Le Fleming Senhouse débarqua sur l'île temporaire, baptisant cette nouvelle terre en l'honneur de Sir James Robert George Graham, le premier Lord Commissioner of the Admiralty[6].
Les Français ont quant à eux baptisé l'île « Julia », en italien Giulia[5], en référence au mois de juillet pendant lequel l'île a émergé lorsque Derussat planta un drapeau français sur le sommet de l'île[4].
Géographie
Ferdinandea est situé dans le centre de la mer Méditerranée, plus précisément dans le canal de Sicile, entre les côtes tunisiennes et l'île italienne de Pantelleria au sud-ouest et la Sicile distante d'une vingtaine de kilomètres au nord-est[2],[6]. Faisant partie des champs Phlégréens de la mer de Sicile situés dans une dépression sous-marine à 1 000 mètres de profondeur[2], Ferdinandea est le nom donné au sommet du volcan sous-marin Empédocle. Actuellement situé à huit mètres sous le niveau de la mer, ce sommet a formé une île temporaire à trois reprises en 1701, 1831 et 1863 lorsqu'Empédocle est entré en éruption[2],[3].
Lorsque l'île émergea en 1831, elle atteignit une taille relativement conséquente[4]. De forme grossièrement circulaire, sa circonférence était de l'ordre de cinq kilomètres et sa hauteur maximale était d'environ 65 mètres[4],[6]. Ce point culminant se trouvait dans le Nord-Est de l'île, sur le rebord du cratère de 184 mètres de diamètre qui constituait la partie Nord de l'île[4]. Le centre et le Sud de l'île formaient une plaine de huit mètres et demi d'altitude[4]. Du cratère était éjecté de la lave depuis deux bouches éruptives qui fonctionnaient par intermittence[4]. Lorsque ces deux bouches éruptives ont cessé d'émettre de la lave, de l'eau de mer s'est infiltrée, formant deux petits plans d'eau dont le plus grand mesurait vingt mètre pour une profondeur de deux mètres[4]. Cette eau salée s'est réchauffée jusqu'à rejeter de la vapeur d'eau et s'est chargée en sulfate ferreux et en sulfure d'hydrogène qui la teintèrent en rouge[4]. L'île s'érodera rapidement sous l'action des vagues : son périmètre s'est réduit de 700 mètres le 29 septembre, son altitude n'est plus que d'un mètre à la fin d'octobre et l'île est sur le point de totalement disparaître début décembre[4]. Le 12 août 1863, une courte éruption donne naissance à un petit îlot rapidement englouti par la mer[4].
Histoire
Ferdinandea est actuellement considéré comme étant en Italie[2] en raison de sa proximité avec les côtes siciliennes distantes d'une vingtaine de kilomètres ce qui permet son inclusion dans les eaux territoriales italiennes[6]. Mais sa souveraineté est disputée lorsqu'il émergea pour former une île temporaire le 2 juillet 1831 à la faveur d'une éruption d'Empédocle commencée 28 juin[2],[3],[6],[4]. Le royaume des Deux-Siciles mais aussi la France, le Royaume-Uni et l'Espagne s'approprient alors cette nouvelle terre, provoquant une crise diplomatique[2],[6],[5]. Le 2 août, l'amiral britannique Humphrey Le Fleming Senhouse débarque sur l'île et y plante un Union Jack en proclamant l'île comme partie intégrante de l'Empire britannique[5],[4]. En réaction, le roi de Naples Ferdinand II ordonne à un de ses navires de guerre de retirer ce drapeau[5] qui sera remplacé par une bannière italienne le 17 août[4]. La France revendique elle-aussi cette île et le scientifique Derussat y débarque le 29 septembre et y plante un drapeau tricolore[5],[4]. La position de Ferdinandea dans le canal de Sicile reliant les parties orientales et occidentales de la mer Méditerranée explique ces tensions entre ces nations[6],[5]. En effet, le royaume des Deux-Siciles entoure Ferdinandea avec la Sicile et l'île de Pantelleria, les Britanniques sont déjà présents non-loin dans l'archipel de Malte, les Français sont établis en Algérie devenue colonie française un an auparavant et les Espagnols sont bien implantés en Méditerranée occidentale. Aux alentours du 11 août, l'éruption d'Empédocle cesse et l'île est érodée en quelques semaines jusqu'à disparaitre sous les flots après six mois d'existence le 12 janvier 1832, mettant ainsi un coup d'arrêt aux revendications territoriales[3],[7],[6],[5].
Mis à part ces revendications et prises de possession, l'île fut étudiée et visitée par de nombreux scientifiques tels Karl Hoffmann, les Allemands Schultz et Philippi, les Britanniques Davy et Smyth, les Français Edmond Jonville et Constant Prévost ainsi que les Italiens Domenico Scinà qui publia Effeméridi Sicilians en 1832 et Carlo Gemmellaro, professeur de géologie à l'université de Catane, qui publia Actions of the Gioenia Academy of Catania[4]. Des curieux, notamment britanniques, firent aussi le voyage afin de visiter l'île[4].
Ces revendications ressurgissent près de 170 ans après l'apparition de l'île lorsqu'une légère activité sismique et volcanique est détectée sur Ferdinandea[6],[5]. L'Italie mène alors une expédition afin d'y planter un drapeau, ceci afin de prévenir toute nouvelle revendication par un autre État, notamment le Royaume-Uni, dans le cas d'une prochaine émersion[6],[5]. En 2001, Domenico Caluso qui se prétend être le descendant de Ferdinand II organise une cérémonie au-dessus de Ferdinandea où il dépose une plaque de marbre de 150kg avec l'inscription « Ce morceau de terre, autrefois Ferdinandea, appartenait et appartiendra toujours aux Siciliens » mais qui sera retrouvée brisée six mois plus tard[8].
D'autres éruptions d'Empédocle se sont traduites par une activité volcanique sur Ferdinandea comme ce fut le cas vers 253 av. J.-C. pendant la Première Guerre punique, en 1632, peut-être en 1701 et le 12 août 1863, les deux dernières ayant entraîné l'émersion de Ferdinandea[2],[3].
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) Global Volcanism Program - Champs Phlégréens de la mer de Sicile
- (it) Istituto Nazionale di Geofisica e Vulcanologia - Ferdinandea
- « Ferdinandea, l'immense volcan sous-marin qui dort au large de la Sicile », dans Le Monde, 23 juin 2006 [résumé]
Bibliographie
- Constant Prévost, « L'exploration de l'île de Julia », dans Bulletin de la Société Géologique de France, 1831 [texte intégral]
- « Rapport sur les travaux de la société en 1831 », dans Bulletin de la Société Géologique de France, 1831
- Bruno Fuligni, L'île à éclipses : Histoire des apparitions et disparitions d'une terre française en Méditerranée, Les éditions de Paris - Max Chaleil, Paris, 93 p. (ISBN 2-84621-046-2)
- Alexandre Dumas, Le Speronare, vol. IX : L'Etna, 1842
Références
- ↑ a et b (en) Global Volcanism Program - Bouches éruptives des champs Phlégréens de la mer de Sicile
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i et j (en) Global Volcanism Program - Champs Phlégréens de la mer de Sicile
- ↑ a , b , c , d et e (en) Global Volcanism Program - Histoire éruptive des champs Phlégréens de la mer de Sicile
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m , n , o , p et q (en) Grifasi Almanacco Siciliano - Ferdinandea
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i et j (en) The Gardian - Bourbons surface to retake island, article du 13 novembre 2000
- ↑ a , b , c , d , e , f , g , h , i et j (en) news.bbc.co.uk - Volcano may emerge from the sea, article du 26 novembre 2002
- ↑ (en) Global Volcanism Program - Illustrations sur les champs Phlégréens de la mer de Sicile
- ↑ (en) « Underwater volcano discovered off Sicily », dans BNET, 24 juin 2006 [texte intégral]
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