- Émetteur d'Issoudun
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L'émetteur d'Issoudun est un centre émetteur de radio en ondes courtes géré par TDF et installé depuis 1950 dans la région d'Issoudun (dans le département de l’Indre et la région Centre), sur le territoire de la commune de Saint-Aoustrille, où il diffuse, principalement, les programmes de Radio France internationale vers l'étranger.
Sommaire
Historique
Le démarrage
L'histoire du Centre TDF d'Issoudun-Saint Aoustrille s'inscrit dans la longue aventure de la présence de la France sur les ondes courtes, qui a commencé en 1931.
En 1936, le gouvernement du Front populaire annonce le lancement des travaux pour la construction d'un émetteur Grandes Ondes/Ondes longues à Allouis (cher), en marge de cette installation, sera implanté un émetteur ondes courtes.
En 1939, Allouis commence ses émissions en grandes ondes et en ondes courtes, le gouvernement prévoit d'installer des émetteurs ondes courtes supplémentaires, mais la place manque à Allouis. Après avoir réfléchi à créer un centre spécifique pour les ondes courtes dans le Maine-et-Loire, c est finalement en relation directe avec Allouis, qu'il est choisi de le positionner à quelques kilomètres d'Issoudun, à St Aoustrille.
La Seconde Guerre mondiale stoppe le projet, celui-ci renaît pendant la reconstruction du pays à la fin des années 1940.
En 1950, création du Centre A et quelques années plus tard du centre B, premier centre doté des antennes rideaux (pylônes non rayonnants qui soutiennent une armature métallique, qui forme l'antenne à proprement parlé).
La RTF et l'ORTF
En 1964, inauguration du Centre RTF C (au nord de la route de Levroux, D 8), avec huit émetteurs de 100 kW associés à un champ d'antennes rideaux. Ces émetteurs resteront en fonction jusqu'en 1997. Le Centre C a été vendu par TDF, et il est toujours visible, les antennes ont été démontées, après la réalisation du programme Alliss.
En 1972, répondant à la volonté de Georges Pompidou et après la perte du Relais ORTF de Brazzaville, l'ORTF inaugure ses émetteurs de 500 kW (Centre E), au nombre de huit, là aussi, associé à un champ d'antennes en Y au sud de la route de Levroux (D 8), et parfaitement visible de la route nationale 151 (Issoudun-Châteauroux).
Les antennes sont en Y afin d'obtenir une diffusion mondiale. Le centre E en comporte trente-six divisées par « branche ». Étant fixes, elles sont orientées soit vers des régions ou des capitales mondiales. Chaque branche d'antennes comprend au moins trois antennes, capables d'effectuer une diffusion permanente au long de la journée. Ces antennes sont également réversibles, permettant d'émettre devant ou derrière l'antenne, ce qui en limite notablement le nombre. Les antennes Alliss suppriment ce problème en effectuant une rotation complète de 360°, il est en effet très simple avec Alliss de placer l'une des deux faces de l'antenne, face à la région visée au degré près.
TDF
Les années 70
Georges Pompidou décède le 2 avril 1974. Son successeur Valéry Giscard d'Estaing n'a pas une vocation mondialiste bien prononcée. Il est plutôt spécialiste des économies. Il dissout l'ORTF en sept sociétés et les émissions en ondes courtes diffusées depuis Issoudun sont redirigées totalement ves l'Afrique, en français (15h30), anglais (1 heure), allemand (1 heure) et espagnol (1 heure). En 1974, Issoudun diffusait en vingt-huit langues, une trentaine d'heures de programmes par jour (l'utilisation des émetteurs par différents programmes permettant facilement de dépasser les 24 heures quotidiennes).
La France plonge dans la profondeur du classement des radios internationales (50e position).
En 1976, Raymond Barre, qui à son poste de secrétaire d'état au Commerce extérieur, avait demandé une augmentation des budgets pour RFI, devient Premier ministre. Fin 1976, c'est l'arrivée de RFI en Amérique du Nord de 12 h 27 à 18 h 12 avec le relais de la chaîne nationale France Inter.
1977, c'est la diffusion de RFI vers l'Europe centrale et orientale (le vocable d'« Europe de l'Est » est étrangement inutilisé sur l'antenne et dans la communication de la station). La France remonte en 1978, à la 28e position du classement mondial des radios sur ondes courtes.
Les années 80
En janvier 1981, le gouvernement de Raymond Barre décide la construction d'un centre émetteur ondes courtes en Guyane française à Montsinéry.
En février 1981, le centre TDF d'Issoudun commence à travailler en commun avec celui de Moyabi (Gabon) qui appartient à la SOFIRAD, afin d'améliorer la couverture de l'Afrique occidentale (de Dakar à Lagos). Les deux centres émettent sur la même fréquence (celles-ci sont rares à cette époque), mais on s'aperçoit vite que le signal issoldunois arrive avant celui du Gabon, provoquant un effet d'écho désagréable pour l'écoute. Le signal gabonais arrivant par satellite, on doit compter sur le temps de parcours. Mi-1981, pour pallier ce problème, les techniciens de TDF installent une ligne à retard sur les émissions à destination de l'Afrique.
À partir de septembre 1981, François Mitterrand, devenu Président de la République, fait relancer par son gouvernement, l'action extérieure de l'audiovisuel.
Petit à petit, le centre retrouve une activité 24 heures sur 24. Des nouvelles langues arrivent, polonais, roumain, russe... D'autres ne seront diffusées à partir d'émetteurs loués par RFI dans le monde entier, et non depuis Issoudun (laotien, mandarin, créole, khmer, vietnamien, etc).
En septembre 1982, c'est le retour d'Issoudun vers l'Amérique latine, après huit ans d'absence, le centre issoldunois fonctionne ainsi de 5 h à 2 h (heure française). Il ne manque plus que trois heures pour assurer la jointure du 24 heures sur 24. Celle-ci sera réalisée le 28 mars 1986, par l'extension des émissions vers l'Amérique Centrale et vers le Proche-Orient. Du fait du décalage horaire, l'Amérique centrale se couche, à l'heure où le Moyen-Orient se lève. Il est d'ailleurs fréquent d'entendre certains animateurs de RFI accueillir leurs auditeurs d'un « bonjour, bonsoir ».
Entre 1982 et 1986, se pose le problème des émetteurs, les vingt émetteurs d'Issoudun et d'Allouis doivent supporter toute la charge des nouvelles émissions. Le gouvernement pense pouvoir installer un centre-relais à Djibouti et en Nouvelle-Calédonie. Fort de cette idée, François Mitterrand repousse la proposition d'Helmut Kohl, de construire en commun un centre émetteur au Sri Lanka. Deutsche Welle (La Voix de l'Allemagne) construira seul son centre émetteur... Les projets français seront annulés, suite aux problèmes de Nouvelle-Calédonie. Une géopolitique instable n'est pas en effet bonne conseillère, quand il s'agit d'engager plusieurs centaines de millions de francs.
1989 marque un virage historique pour les ondes courtes. La fin des régimes communistes est-européens marque la nécessité de réorienter les émissions en ondes courtes. Petit à petit, l'Europe de l'Est disparaît des programmes de RFI et des ondes courtes issoldunoises.
Les années 90
À la même époque, il faut penser à renouveler les émetteurs ondes courtes de 1964, qui arrivent à bout de souffle, et manquent de puissance avec leurs 100 kW. Un contrat d'objectifs est lancé par RFI, TDF et Thomson pour créer un nouveau concept d'antennes modulables. Cela deviendra Alliss (Allouis-Issoudun), le bon de commande pour seize antennes est signé en 1991.
Le principe d'Alliss étant d'installer l'émetteur à la base de l'antenne, qui elle-même est orientable à volonté. Contrairement à l'ancien système qui séparait tous les éléments sur de grandes étendues, rien n'empêche d'installer les Alliss « où l'on veut », un câble pour l'arrivée du programme, une arrivée d'eau pour climatiser l'émetteur, une (solide) prise de courant pour l'énergie, suffisent. La télé-exploitation peut se faire d'Émetteur d'Allouis ou de Romainville, seule une équipe de maintenance reste sur Issoudun.
Les travaux commencent en 1992, câblage de la zone en fibre optique après détermination de l'emplacement de chaque Alliss, renforcement de la station d'énergie qui reçoit les lignes électriques d'Eguzon. Au printemps 1993, le premier socle sort du sol, le premier mât tubulaire gris et blanc est érigé, les premières armatures métalliques rouges et blanches sont installées. La première antenne est Volga, non loin de la RN 151, où elle est inaugurée en novembre 1993, et commence immédiatement ses diffusions vers Dakar sur 15 300 kHz. Du même côté, on arrête le premier émetteur de 1964 dans le Centre C, marquant ainsi un passage de génération à TDF. C'est un enchaînement qui va se poursuivre pour Danube, Mekong, Tigre, Amour, Oural, Mississippi, Senegal, Nil, Gange, Saint-Laurent.
L'antenne Gange (voir photo ci-dessous), est assez particulière, elle se démarque des autres par une esthétique discutable, mais cela est obligatoire pour des raisons techniques. Elle doit son côté étrange à sa diffusion dans les fréquences des 75 m (la célèbre fréquence de 3 965 kHz vient de Gange), pour la zone européenne et du Maghreb.
L'activité du Centre TDF est surveillée de près par le gouvernement. C'est un lieu stratégique et la fin de la guerre froide, permet de libéraliser le centre, dans le sens où TDF peut rechercher des nouveaux clients afin de compenser le départ partiel du locataire historique, Radio France internationale qui se tourne de plus en plus vers le satellite et la modulation de fréquence, pour desservir les capitales du monde.
Mais ce phénomène est globalement européen, donc on se retrouve très rapidement, dans l'Europe entière, avec un nombre important d'émetteurs en ondes courtes inutilisés.
Ce retrait partiel de RFI aura aussi pour conséquence la limitation du nombre d'Alliss à treize au lieu de seize, et la fin du Centre ondes courtes TDF d'Allouis.
1996 voit l'abandon de l'indicatif « Nous n'irons plus au bois » qui annonçait la mise en ondes des émetteurs, c'était le seul programme diffusé depuis Issoudun, avant que Paris ne reprenne évidemment le relais.
1997 voit la fin du service Ouest-Européen sur 6 175 kHz, seule fréquence totalement audible en France.
Depuis, le centre TDF accueille plusieurs radios internationales (exemples : Chine populaire et Chine Libre « Taïwan », Libye, Radio Japon). BBC World Service (Service mondial) de BBC utilise les émetteurs TDF de la Guyane française.
Les années 2000
En 2007, RFI est devenue la 4e radio mondiale.
Depuis le début de l'année 2008, TDF diffuse depuis le centre émetteur d'Issoudun, Radio Nederland (la radio internationale des Pays-Bas) et sur un modèle horaire assez élargi (4 h à 17 h UTC), ce qui fait d'Issoudun le centre émetteur principal de cette station européenne. Les émissions sont effectuées en langues néerlandaise et anglaise.
En plus de ces radios, le centre émetteur diffuse depuis 2009 les programmes de Radio Alger International et quelques programmes pour Radio Pologne ainsi qu'une radio religieuse asiatique[Laquelle ?].
Ce centre comprend vingt émetteurs de 500 kW, dont treize antennes tournantes dites « Alliss ». Alliss pour « ALLouis-ISSoudun » bien qu'Allouis n'ait jamais reçu les quatre antennes qui lui étaient dévolues. Ce centre est géré, depuis janvier 1975, par la société Télédiffusion de France (TDF).
Le centre émetteur procède actuellement à des essais de transmissions numériques en norme Digital Radio Mondiale (DRM), qui doit à terme remplacer la diffusion analogique.
TDF a décidé de concentrer en trois lieux, sa diffusion en ondes courtes, à Nauen (Allemagne), Montsinéry (Guyane Française) et à Issoudun. Le centre émetteur de Pori (Finlande), propriété de TDF, a transféré ses trois émetteurs OC vers Issoudun durant les années 2009/2010.
L'écoute exige la possession d'un récepteur ondes courtes (OC/SW), et de se situer dans un rayon de 20 km autour de Issoudun/St-Aoustrille, au-delà le signal devient inaudible jusqu'aux régions visées (Afrique, Amérique, Asie).
Équipements de radiodiffusion
Voici une présentation visuelle de quelques équipements de radiodiffusion en ondes décamétriques :
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Centre nodal D situé à quelques centaines de mètres du bâtiment E et des antennes Alliss. Ce nodal reçoit les programmes de Radio France internationale via des liaisons satellite, un secours de transmission est assuré par faisceaux hertziens comme on peut le voir sur le pylône. À noter que ce nodal distribue les programmes de RFI vers les douze antennes Alliss par un réseau de fibres optiques souterrain.
Description technique des antennes Alliss
Chaque antenne Alliss fait environ 80 m de haut et 60 m de large. Le fut principal peint alternativement en rouge et blanc pour la sécurité aéronautique, supporte l’ensemble de la structure.
À la base du fut se trouve le bâtiment technique qui abrite le bloc émetteur d’une puissance de 500 kW ainsi que le système de rotation de l’antenne rideau.
Le système de rotation est constitué d’une couronne dentée solidaire du fut. Cette couronne est mise en mouvement par deux puissants moteurs électriques via un réducteur d’engrenage et un pignon agrippé à la couronne. Un frein à disque associé à chaque moteur permet de positionner avec une grande précision l’orientation de l’antenne. Les deux moteurs d’entraînement sont diamétralement opposés sur la couronne principale afin de réduire l’effort mécanique.
Le bloc émetteur conçu par le groupe Thales est constitué des éléments techniques suivants :
- un étage BF transistorisé recevant le programme de RFI ;
- un étage pilote à quartz générant la porteuse HF ;
- un étage HF transistorisé de préamplification de la HF non modulée ;
- un amplificateur RF final de puissance de 500 kW PAR ;
L’étage RF final est équipé d’une unique tétrode de puissance pouvant développer jusqu’à 550 kW dits PAR (puissance apparente rayonnée) c’est-à-dire incluant le gain de l’antenne et les pertes du feeder. La tétrode est le modèle TH576 construit par Thales Electron Devices, la dissipation thermique s’effectue par hypervapotron avec un rendement situé entre 60 et 80 %. Voici les caractéristiques électriques de cette tétrode :
- tension de cathode : 19 V AC ou CC
- courant de cathode : 950 A
- gain d’amplification : 5
- tension d’anode : 14,5 kV
- courant d’anode : 41 A
- tension de la grille G1 : - 700 V
- courant de la grille G1 : 2 A
- tension de la grille G2 : 1,2 kV
- courant de la grille G2 : 7 A
- puissance maximale : 550 kW
En sortie de la tétrode, le signal RF modulé est adapté à la nature du feeder par une cellule de symétrisation. Un ensemble de selfs et de condensateurs ajustent l’impédance et la syntonisation des étages.
Le feeder principal symétrisé qui monte dans le fut de l’antenne distribue la puissance sur les innombrables dipôles du rideau tous en polarisation horizontale.
Chaque antenne Alliss est desservie en souterrain par une alimentation électrique venant du poste source de la RTE, une fibre optique venant du nodal D qui achemine le programme audio de RFI et une canalisation d’eau pour le refroidissement hypervapotron.
L’exploitation des antennes Alliss s’effectue à distance via les fibres optiques depuis le site ondes longues de France Inter d’Allouis ou depuis le nodal national de TDF situé sur la commune des Lilas près de Romainville en Seine-Saint-Denis (la tour est implantée sur le fort de Romainville).
Articles connexes
Lien externe
Catégories :- Émetteur français de radiofréquences
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