Église d'Angleterre

Église d'Angleterre
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L’Église d'Angleterre (en anglais, Church of England) est l’Église chrétienne officiellement établie en Angleterre. Son érection comme église indépendante de la papauté au XVIe siècle est à l'origine de l'anglicanisme, branche du christianisme occupant une position intermédiaire entre catholicisme et protestantisme. L'Église d'Angleterre est l'« Église mère » de la Communion anglicane.

Son primat est l'Archevêque de Cantorbéry, fonction occupée par Rowan Williams depuis 2003. Le Gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre est le souverain du Royaume-Uni en tant que Souverain d'Angleterre, c'est donc Élisabeth II qui porte ce titre depuis 1952.

L'assise territoriale de l'Église est l'Angleterre, l'île de Man (Diocèse de Sodor et Man), les îles Anglo-Normandes (partie du Diocèse de Winchester). Plusieurs communautés anglicanes en Europe, en Russie, en Turquie et au Maroc constituent le Diocèse de Gibraltar en Europe. Jusqu'en 1920, les diocèses du Pays de Galles faisaient partie de l'Église d'Angleterre ; ils ont pris depuis leur autonomie, formant l'Église au Pays de Galles.

L'Église d'Angleterre se présente comme à la fois catholique et réformée[1]:

Sommaire

Histoire

Les préliminaires de la rupture avec Rome

À la fin du Moyen Âge, l'Église d'Angleterre ne semblait guère appeler des bouleversements aussi profonds qu'en Europe. Cependant, notamment depuis que John Wyclif avait dénoncé la décadence du pouvoir spirituel, nombreuses étaient les critiques qui circulaient sur l'Église, et plus encore sur le pape. Par ailleurs, dans ce pays aussi l'humanisme entretenait l'idée d'une réforme fondée sur la Bible. Ainsi William Tyndale, par la suite disciple de Martin Luther, avait-il traduit en anglais le Nouveau Testament. Sa traduction servira à la suite de base du Nouveau Testament de la version dite « du roi Jacques » ou « autorisée »[3].

La Réforme

Dès avant la Réforme, le roi d'Angleterre exerçait une influence prépondérante sur l'Église anglaise. Cela explique pourquoi, dans ce pays, la Réforme fut le fait non pas d'un mouvement religieux issu de la base ou de quelques individualités, mais des souverains. Le rôle d'Henri VIII fut ici capital. Ce prince, à l'origine destiné à une carrière ecclésiastique, avait reçu une formation théologique. Au début de son règne, il se montra fils obéissant de l'Église romaine. Il défendit les sept sacrements contre Martin Luther, ce qui conduisit le pape à lui conférer le titre de « Défenseur de la Foi ». Avec son Lord chancelier Thomas More, il s'opposa aussi avec vigueur à la traduction de la Bible de William Tyndale.

La rupture avec la papauté

Le motif de rupture avec la papauté fut le désir du roi Henri VIII de « divorcer » de Catherine d'Aragon pour épouser Anne Boleyn. Le pape Clément VII refusa d'annuler le premier mariage du roi. En 1531, le roi rompit les liens avec le pape, ce qui fut l'origine de l'indépendance de l'Église anglicane.

En 1534, Henri VIII fait rédiger l'Acte de suprématie qui fait du roi et de ses successeurs « le chef unique et suprême de l'Église d'Angleterre ».

En 1539, le Bill ou acte des Six Articles organise l'Église anglicane, et en 1562, Élisabeth Ire fit promulguer la confession de foi de l’Église.

Lorsque l'anglicanisme devint la religion officielle, les catholiques furent gravement persécutés dans leurs droits. Les quarante martyrs d'Angleterre et de Galles rappellent ces persécutions anticatholiques.

Doctrine et liturgie

Article détaillé : Anglicanisme.

Les églises de la communion anglicane ont des positions très proches aux plans doctrinal, liturgique et sacramentel : c'est pourquoi on peut parler d'anglicanisme (terme forgé au XIXe siècle) pour parler de la foi de ces églises, et notamment de l'Église d'Angleterre.

Les diocèses sont dirigés par des évêques, mais le gouvernement de l'église, à tous les niveaux, est confié à des synodes auxquels participent également des laïcs élus. La discipline ecclésiastique est distincte de celle de l'Église catholique puisque les clercs séculiers (prêtres et évêques) peuvent se marier et avoir des enfants, que ce soit avant ou après leur ordination.

Le dimanche (et parfois en semaine), on célèbre l’Eucharistie, selon la même structure que dans les autres Églises traditionnelles. Selon la tradition de l’Église primitive, les fidèles communient sous les deux espèces.

Un large éventail de positions doctrinales et liturgiques

C'est au sein de l'Église d'Angleterre que sont nés les grands courants spirituels qui structurent l'anglicanisme :

  • l'anglo-catholicisme, succédant en grand partie au mouvement Haute Église historique, est marqué par une doctrine sacramentelle et une liturgie qui se rapprochent du catholicisme romain ;
  • l'évangélisme (aussi appelé Basse Église) met plus l'accent sur la prédication ;
  • le courant libéral (Broad Church, Large Église) qui critique la notion de tradition et qui se veut très ouvert.

Chacun d'eux forme toujours une composante importante de cette église, même si ces courants s'interpénètrent en partie et se déclinent en une grande variété d'attitudes individuelles en matière de doctrine et de liturgie.

Il y a ainsi des divergences quant au nombre et la nature des sacrements, ou quant à l'existence et aux modalités de la présence du Christ dans l'eucharistie.

La communion anglicane ne possède pas de liturgie uniforme, cependant le livre de la prière commune a longtemps servi de référence commune. Sous l'influence du mouvement liturgique, l'Église d'Angleterre a introduit en 1980 un concurrent au livre de la prière commune, l'Alternative Service Book dont l'usage s'est rapidement répandu dans les paroisses, avant d'être lui-même remplacé à partir de 2000 par une série de livres intitulés Common Worship.

Parallèlement, certaines paroisses anglo-catholiques utilisent des traductions du missel romain convenablement adaptées : ce sont le missel anglais et le missel anglican. Certaines liturgies anglo-catholiques sont très proches du rite romain, ou de son ancienne forme (rite tridentin), voire du rite de Sarum antérieur à la Réforme.

La question des femmes prêtres ou évêques

Les premières ordinations de femmes au diaconat se produisent en 1987. Depuis 1994, l'ordination des femmes au sacerdoce est également possible. Lors de son adoption par le synode général, cette mesure a été accompagnée de provisions particulières pour les paroisses qui y sont opposées en conscience. À leur demande, ces paroisses peuvent bénéficier de l'accompagnement pastoral et sacramentel d'un visiteur épiscopal provincial (ou « évêque volant »), tout en restant sous la juridiction de l'évêque territorialement compétent[4].

Le Synode Général d'York en juillet 2008 a décidé d'entériner le principe des femmes évêques[5]. Cette décision n'est toutefois que le début d'un long processus et ne devrait pas être opérante avant 2014 en Angleterre[6]. L'extinction du régime d'exception des "évêques volants" est envisagée lors du synode général de 2010[7]. D'importantes dissensions se manifestent alors, alors que plusieurs solutions de compromis sont successivement rejetées car elles auraient entraîné des restrictions à la juridiction des futures évêques femmes[8],[6]. Certains députés s'inquiètent du risque d'un échec du vote final sur l'acceptation des femmes évêques et envisagent de forcer la main à l'Église[9].

Mode d'organisation

Les deux provinces et les 44 diocèses de l'Église d'Angleterre. Les parties grisées relèvent de la juridiction d'autres églises.
Le diocèse de Gibraltar.

L'église d'Angleterre est constitué deux provinces ecclésiastiques, la Province de Cantorbéry et la Province d'York, se répartissant les 44 diocèses s'éparpillant sur tout le territoire anglais… et européen, puisqu'on notera que toute l'Europe continentale ne constitue qu'à lui seul un diocèse (dit « de Gibraltar en Europe ») dépendant directement de la Province de Cantorbéry, et n'étant pas organisée en Églises autonomes.

Chacune des deux provinces sont administrées par deux archevêques métropolitains : celui de Cantorbéry et celui d'York qui sont tout deux « primat d'Angleterre », mais l'archevêque de Cantorbéry dispose d'une certaine préséance sur celui d'York, par le fait qu'il est titré « Primat de toute l'Angleterre ».

C'est le prélat de Cantorbéry qui préside notamment les conférences de Lambeth, réunion en conseil de l'ensemble des évêques anglicans du monde, mais il n'e dispose d'aucun pouvoir sur les Églises sœurs de la communion anglicane.

Aujourd'hui

En Angleterre, à la suite d'une importante immigration en provenance de pays catholiques comme la Pologne[10], le nombre d'anglicans pratiquants serait désormais inférieur au nombre de catholiques pratiquants[11], ce que conteste l'Église anglicane[12].

L'anglicanisme reste néanmoins majoritaire avec près de 25 millions de baptisés en Angleterre et au Pays de Galles, pour 4,2 millions de catholiques et moitié moins de musulmans[10]. Les conversions au catholicisme de certains anglicans, comme la spectaculaire conversion de l'ancien premier ministre Tony Blair, ou des évêques anglicans de Londres, de Chichester et auxiliaire de Newcastle, sont, de leurs propres aveux, très majoritairement consécutives aux divisions sur le mariage homosexuel, l'ordination des femmes et des homosexuels en tant que prêtres au sein de l'Église anglicane.

Relations actuelles avec le catholicisme

L'Église anglicane ne se considère pas comme protestante, mais plutôt comme une Église catholique non romaine. Toutefois, le pape Léon XIII ne lui a pas reconnu cela : l'encyclique Apostolicae Curae déclare que l'Église anglicane n'a pas la succession apostolique ni la validité légale des ordinations.

Une distinction importante de l'anglicanisme par rapport au catholicisme romain est le droit qu'ont les clercs (prêtres et évêques) de se marier et d'avoir des enfants. Dans la plupart des Églises anglicanes, il est aussi possible pour des femmes d'être ordonnées prêtres.

Le 20 octobre 2009, une annonce conjointe à Rome et à Londres a laissé entendre que la Papauté préparait un statut particulier pour les anglicans souhaitant rejoindre les rangs de l'Église catholique romaine tout en conservant leur spiritualité et leur liturgie anglicanes. La conférence de presse s'est tenue sous l'égide de l'archevêque catholique de Westminster, et du Dr Rowan Williams, primat de l'Église d'Angleterre. La constitution apostolique Anglicanorum Coetibus est publiée le 9 novembre suivant (signée le 4), qui prévoit la création d'ordinariat particuliers [13]. Le premier ordinariat d'Angleterre et Pays de Galles est érigé le 15 janvier 2011 sous le nom d'Ordinariat personnel de Notre-Dame de Walsingham, en même temps que l'ordination sacerdotale comme prêtres de trois anciens évêques anglicans [14].

Notes et références

  1. (en) What it means to be an Anglican, sur le site officiel de l'église.
  2. a et b (en) Description des articles de foi.
  3. on a calculé que cette dernière version, rédigée en 1611 et toujours officielle, contient 80 % du texte de Tyndale.
  4. (en) Episcopal Ministry Act of Synod 1993 sur le site de l'évêque d'Ebbsfleet
  5. L'Église anglicane approuve le principe de l'ordination des femmes évêques, in Le Monde d'après les agences AFP et AP, le 08/07/2008, article en ligne
  6. a et b (en) Riazat Butt, Anglican traditionalists left to consider options after vote on women bishops, The Guardian
  7. (en) Article du Times : Trads left in cold by plans for women bishops, Bishop to disclose.
  8. (en) Women bishop row compromise plan fails in synod vote, BBC News, 10 juillet 2010
  9. (en) Jonathan Wynne-Jones, Church must make women bishops, say MPs, The Telegraph, 30 janvier 2011
  10. a et b Ruth Gledhill, « Catholics set to pass Anglicans as leading UK church », Times online, 15 février 2007.
  11. En moyenne, à la messe dominicale, environ de 850 000 fidèles contre 862 000 d'après Christian Research cité par Jonathan Petre, cf. infra.
  12. Jonathan Petre, « Anglicans: England is not a Catholic nation », Telegraph.co.uk, 24 décembre 2008.
  13. Voir le texte.
  14. Voir le site d'info du Vatican.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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