- Église Saint-Aspais de Melun
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Église Saint-Aspais de Melun
Chevet de l'église Saint-Aspais.Présentation Culte Catholique romain Type Église paroissiale Rattaché à Diocèse de Meaux Début de la construction 1506 Fin des travaux 1555 Style(s) dominant(s) Gothique flamboyant Protection Classé MH (1914) Géographie Pays France Région Île-de-France Département Seine-et-Marne Ville Melun Coordonnées Géolocalisation sur la carte : France
modifier Saint-Aspais est l'une des églises paroissiales de la ville de Melun, située sur la rive droite de la Seine. C'est un édifice gothique flamboyant qui a été classé au titre des monuments historiques le 21 février 1914[1].
Sommaire
Histoire
L’église Saint-Aspais de Melun fut construite de 1515 à 1555 à Melun. Jehan de Félin, architecte de la Tour Saint-Jacques à Paris en est l’architecte. Le nouveau chœur, trop haut, donc coûtant trop cher, mécontente les marguilliers qui lui intentent un procès en 1519. L’architecte, puis sa veuve, sont condamnés à réparer les fautes et les malfaçons. Jehan François, un architecte melunais, reprend les travaux et surélève la nef bâtie en 1506. Pour garder une cohérence de style, Jehan François reprend les plans de Jéhan Félin. La construction de l'ensemble de l'édifice est de style gothique flamboyant.
La porte au coq, actuelle entrée située sur la façade sud, à droite, faisait à l’origine face à l’hôtel du coq (aujourd'hui disparu). Portail flamboyant.
Ce portail, et celui de gauche, ont pu être les œuvres d’un atelier parisien, auteur des retables du bas côté Nord. La nef est en pierre de Saint-Leu ; elle s’écroule à cinq reprises, entre 1605 à 1703. L’église souffre fortement de bombardements américains effectués en 1944. La flèche du clocher est détruite, et l’incendie fait fondre les cloches, tandis que l’orgue construit au XVIIIe siècle ne survit pas aux flammes. L’édifice est en partie reconstruit entre 1945 et 1956. Une cloche est refondue après la guerre et deux nouvelles cloches ont été fondues en 1996.
L'édifice
Architecture
Plan
Qualifié d'informe et bizarre, le plan est très irrégulier. L'église s'élargit de la façade occidentale (24 m) au chevet oriental (31 m). La longueur est sensiblement égale à la largeur (30,70 m). La raison en est l'impossibilité de construire un édifice rectangulaire symétrique par manque de terrain. Il en résulte un édifice à cinq nefs de cinq travées, celle du centre étant terminée par une abside peu profonde.
La nef centrale, légèrement inclinée sur la gauche, comporte quatre travées droites et une travée absidiale. Dans le bas-côté nord la première nef latérale a cinq travées ainsi que la seconde. Dans la nef latérale la plus au nord les quatre dernières travées forment des chapelles séparées par des murs de refend. Dans le bas-côté sud le plan est totalement irrégulier. La première nef latérale est plus large que sa correspondante au nord et va en s’évasant vers le sud. La seconde nef latérale s'évase encore plus avec un mur latéral complètement en biais. Les deux suivantes s'élargissent vers la droite. La dernière, enfin, est aussi vaste que sa voisine du premier collatéral sud. Des murs de refend séparent les chapelles.
Extérieur
Façade occidentale
Cette façade très étriquée date du XVIe siècle. Elle aurait disparue si les nefs avaient été prolongées. Le portail est couronné d'une accolade à deux contre-courbes. Semée de crochets, de chiens accroupis terminée par un fleuron, elle est de style flamboyant. Le tympan est orné d'une baie vitrée à peu près triangulaire. La porte est à deux vantaux.
Jusqu’en 1735 un trumeau portait une statue de Saint Aspais coupant le portail en deux.
Depuis sa restauration, un pignon triangulaire couvert d'ardoises remplace un ancien plan en bois revêtu de plâtre.
Façade orientale
La partie centrale correspond à l'abside. Les hautes baies sont séparées par des contreforts étroits et plats dont une décoration d'arc tréflés rompt la raideur. En haut une balustrade ceinture le toit. Au sud-est de l'abside une tourelle permet l'accès aux combles. Les bas-côtés sont surmontés de balustrades à flammes et de gargouilles.
Deux portes donnent accès à l'intérieur. Celle du bas-côté nord, fermée en 1877 appelée autrefois Porte du Coq, a été rouverte en 1951 pour donner accès à la partie de l'église accessible après les premiers travaux de restauration. Celle du bas-côté sud, entièrement maçonnée en 1616, a été rouverte en 1963. Divisée en deux par un trumeau, le vantail de gauche s’ouvre sur un tambour donnant dans l'église, l'autre dans la petite sacristie de l'abside. Ces portes sont encadrées de portails flamboyants.
Les deux portails orientaux, postérieurs d'une vingtaine d'années à ceux de la façade occidentale sont d'une exécution plus recherchée. Les remplages d'une fenêtre basse complètent la décoration.
Façades latérales nord et sud
Leur aspect est très différent.
Au sud la quatrième travée comporte une petite porte inutilisée. Les contreforts sont peu saillants. Cette façade sans harmonie résulte, sans doute, du plan très irrégulier imposé.
Au-dessus du bas-côté nord a été utilisée la technique des combles transversaux qui couvrent les chapelles des nefs latérales. Les murs de refend se prolongent au dessus des bas-côtés. Ornés de pinacles, ils sont munis d’une double rangée de gargouilles et servent de culées aux arcs-boutants de la nef centrale.
Une balustrade court au-dessus de la corniche du toit principal au nord et à l’est.
Le clocher
Partie la plus ancienne de l'église, il date de la fin du XVe siècle et occupe la première travée ouest du bas-côté nord.
La partie supérieure a, au cours du temps, présenté trois aspects : de 1480 à 1671 la tour était couverte d'un toit en bâtière avec balustrade ajourée et petite tourelle au-dessus de l'escalier ; de 1671 à 1869, elle était surmontée d'un dôme accompagnée d'un lanternon. De 1869 à 1944 elle était dominée par une flèche couverte d'ardoises. La plateforme se situe à 31 m, la pointe de la flèche atteignait 75 m.
Incendiée au cours de bombardements de la Libération, la flèche n'a jamais été reconstruite malgré le souhait de quelques nostalgiques. La tour est, aujourd'hui, quasiment dans son état primitif.
Une porte percée dans le bas du clocher permet l'accès à l'intérieur de l'église.
La sacristie
Elevée en 1868, elle remplace des bâtiments accolés jusque là à l'édifice. D’une utilité incontestable elle imite jusqu'à l'excès le style flamboyant avec ses pinacles, crochets, fleurs et balustrades.
Intérieur
La nef
La nef centrale a une élévation de deux étages. La hauteur totale est de 19,30 m avec une largeur entre les piles de 5,50 m. Les cinq piles séparant la nef centrale des bas-côtés sont ondulées. Leurs bases très hautes ont le même profile ondulé. Les grandes arcades en arc brisé sont surmontées d'un mur nu très étroit.
Les fenêtres hautes occupent la plus grande partie des murs. Elles sont composées de quatre lancettes séparées par trois meneaux (sauf dans la cinquième travée).
Les voûtes quadripartites de la nef centrale sont portées par des arcs ogives accompagnés de liernes et de tiercerons. Des clés ouvragées pendantes garnissent les points de jonction des nervures.
Trois fenêtres allongées et étroites éclairent les trois pans de l'abside, celle du milieu étant de largeur double.
Le mur ouest a conservé son allure du début du XVIe siècle avec une porte d'entrée à deux vantaux le mur étant percé d'une rosace remplaçant une horloge détruite lors des bombardements de 1944.
Les bas-côtés
Les bas-côtés présentent trois modèles différents de piles en usage au XVe siècle et XVIe siècle. La plupart sont du même modèle que la nef. Certaines se prolongent par des filets séparant de profondes cannelures. Dans le bas-côté nord deux piles massives en partie encastrées soutiennent la partie méridionale du clocher.
Toutes les fenêtres des bas-côtés présentent la même mouluration et les mêmes bases que dans la nef centrale. Au nord les quatre fenêtres sont dissemblables. Au sud les fenêtres partent d'un niveau plus bas qu'au nord. Elles sont à trois meneaux et quatre lancettes.
A l'ouest deux fenêtres hautes à un seul meneau éclairent chaque première nef collatérale. A l'est le second collatéral sud est éclairé par une fenêtre à quatre lancettes semblable à sa voisine du mur sud.
Quatre retables de pierre sont adossés aux murs de refend. A la troisième et quatrième travée nord les deux retables sont de style flamboyant. A la cinquième travée nord un troisième retable est de style renaissance. Le quatrième retable, placé dans la première chapelle du bas-côté sud est du style de la seconde moitié du XVIe siècle.
Dans le bas-côté sud trois piscines gothiques sont presque identiques mais placées à des niveaux différents. Dans le bas-côté nord une autre piscine de style renaissance est de type profane.
A l'extrémité ouest du bas-côté nord un massif de maçonnerie contient l'escalier qui monte au clocher, une porte à la hauteur des fenêtres permettait d'atteindre la tribune de l'orgue.
Au coin sud de l'abside débouche l'escalier de la tourelle. Une petite sacristie lui a été accolée au début du XVIIe siècle.
Vitraux
Saint-Aspais de Melun conserve des vitraux du XVIe siècle, la plupart ayant été classés.
- dans le chœur : la Création du monde à gauche, les Apparitions du Christ au centre, l'histoire d'Adam et Ève à droite, verrière classée le 29 décembre 1906[2].
- dans la nef, deux fenêtres-hautes, côté nord : l'histoire de Joseph[3] et la vie de Saint-François d'Assise[4], verrières classées le 29 décembre 1906.
- au chevet du collatéral nord : Saint-Michel et Saint-Nicolas[5].
- dans une chapelle du collatéral gauche, au dessus de la porte de la Sacristie : vitrail de 1527 représentant la vie de Saint Loup. Ce vitrail, classé[6], a été financé par la confrérie des bouchers. Le château de Melun y est partiellement figuré.
Mobilier et reliques
Maître autel : monolithe de travertin d’Italie de six tonnes avec une plinthe en marbre rouge dessiné par l’architecte Jean Creuzot.
Christ du chœur : œuvre du XVIIe siècle anciennement dans la nef en face de la chaire.
Fonts baptismaux : placés dans la première travée sud derrière une grille en fer forgé de l’école de Jean Lamour, datés de 1753 en marbre rouge œuvre du Melunais Bierjon. Couvercle moderne en cuivre (1960).
Dalle funéraire : située dans la quatrième travée sud elle a été utilisée comme table d’autel jusqu’en 1865. Destinée à un administrateur de l’Hôtel-Dieu Saint Jacques au XIVe siècle.
Stalles : datant de 1740, il n’en subsiste que quatre.
Lampe de sanctuaire : placée à gauche du maître-autel en cuivre repoussé, doré et argenté offerte en 1840 par une paroissienne.
Chemin de Croix moderne : offert par le ministre Marc Jacquet il est fait d’émaux grand feu sur des plaques de lave polychromées.
Peinture La Cène : sur le mur de la petite sacristie près du chœur. De la fin du XVIe siècle elle est attribuée à l’école de Fontainebleau.
Peinture Le miracle des trois enfants dans la fournaise : toile du XVIIe siècle (quatrième travée du bas-côté sud). Elle représente Nabuchodonosor suivi de trois cavaliers et qui pardonne à trois adolescents.
Peinture Triptyque espagnol : du XVIIIe siècle placé dans la deuxième travée sud il représente Saint Augustin, le Christ en Croix et Saint Nicolas.
Peinture Sainte Rose de Lima : œuvre de Cristobal Guerrero de 1767 placée dans la deuxième travée sud.
Peinture Triptyque flamand : copie d’une œuvre flamande du début du XVIe siècle à partir d’un tableau du trésor de la cathédrale de Meaux placée dans la deuxième travée sud.
Statue de Saint Pierre : placée dans le bas côté nord à côté d’un grand Christ de mission (XIXe siècle) elle date du XVIIe siècle.
Statue de Sainte Thérèse de Lisieux : placée dans le bas-côté sud, œuvre moderne en bois du sculpteur Chavigny.
Médaillons : six médaillons en marbre blanc placés dans le chœur proviennent de la maison-mère des Frères de la Doctrine Chrétienne. Exécutés en demi-bosse ils datent de la fin du XVIIIe siècle.
Médaillon de Jeanne d’Arc : à l’extérieur au chevet, œuvre du sculpteur Henri Chapu inauguré en 1868.
L'église abrite le cilice de Saint Louis. Il s'agit d'un des trois vêtements royaux du XIIIe siècle conservés en France. Le reliquaire de Saint Aspais, en bois, date de 1806.
Notes
- Notice no IA77000405, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- Notice no IM77000093, sur la base Palissy, ministère de la Culture
- Notice no IM77000097, sur la base Palissy, ministère de la Culture
- Notice no IM77000096, sur la base Palissy, ministère de la Culture
- Notice no IM77000094, sur la base Palissy, ministère de la Culture
- Notice no IM77000095, sur la base Palissy, ministère de la Culture
Bibliographie
- Collectif, Le guide du patrimoine. Île-de-France., Éditions Hachette, Paris, 1994, 750p., (ISBN 2-01-016811-9), p.424-426.
- André Barrault, L'église Saint Aspais de Melun, Editions Moussy, Gruot et Bonne, Meaux, 1964
Ressources externes
Catégories :- Melun
- Église de Seine-et-Marne
- Monument briard
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