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École de Nancy (art)
Pour les articles homonymes, voir École de Nancy.L’École de Nancy est le fer de lance de l'Art nouveau en France dont l'inspiration essentielle est dans les formes végétales (ginkgo, ombelle, Berce du Caucase, nénuphar, chardon, cucurbitacée…) et animales (libellules…). Cette alliance s'appuie sur une recherche d'utilisation poussée dans la verrerie, la ferronnerie, l'acier, le bois pour mettre le beau dans les mains de tous et ainsi faire entrer l'art dans les foyers.
Sommaire
Objectifs
Les fondateurs définissent l'École de Nancy comme l'« alliance provinciale des industries d’art, sorte de syndicat des industriels d’art et des artistes décorateurs, s’efforçant de constituer en province, pour la défense et le développement des intérêts industriels, ouvriers et commerciaux du pays, des milieux d’enseignement et de culture favorables à l’épanouissement des industries d’art ».
Leur objectif est donc de faire rayonner la Lorraine, riche de ses nombreuses industries (aciéries, etc.) et artisanats d'art (cristalleries, ébénisteries, travail du verre, du bronze d'art, de la faïence et de la céramique) au filtre d'un sentiment patriotique issu de l'immigration de nombreux Français originaires d'Alsace et de l'actuelle Moselle qui, toutes deux, étaient occupées par les Allemands depuis la Guerre de 1870. L'École de Nancy se voulait un art total par la collaboration de tous les corps de métiers (architecture, ameublement, arts décoratifs).
Principes
Ses promoteurs se fixent comme but de promouvoir les arts décoratifs. À la croisée de l'art et de l'industrie, cette école investit ainsi les domaines de l'architecture et du mobilier par l'intermédiaire des techniques les plus diverses.
Les ateliers conjuguent la création de pièces uniques avec une production en série qui se veut à destination d'un public le plus large possible.[1].
Disciplines
Les membres de cette École se sont illustrés dans de nombreuses disciplines notamment l'architecture, la verrerie et la cristallerie, le vitrail, la ferronnerie, l'ébénisterie, le papier-peint, la typographie, l'imprimerie, la reliure d'art. On peut citer également d'autres terrains d'investigation, tels la broderie (Fernand Courteix), l'orfèvrerie (André Kauffer), le dessin, l'estampe, l'affiche publicitaire, la photographie... [2].
Influences
Au sein du style Art nouveau, l'école de Nancy se distingue par une réhabilitation du gothique flamboyant et du rococo[1].
La nature est une source d'inspiration importante. Elle s'inspire des décors floraux du moyen-âge pour en faire le sujet premier de nombreuses oeuvres[1]. C'est ainsi qu'Emile Gallé fréquente l'école Forestière de Nancy et collabore avec le naturaliste Dominique Alexandre Godron. Il publie plusieurs articles scientifiques[3]. Cette inspiration est facilitée par le fait que Nancy abrite un centre d'horticulture reconnu[4].
La présence du Japonais Hokkai Takashima à Nancy, de 1885 à 1889, aura un impact sur le thème oriental de nombreuses œuvres[5].
Histoire
L'activité de cette École se déroule principalement à Nancy et s'avère reconnue lors de l'Exposition universelle de Paris de 1889 où Émile Gallé et Louis Majorelle voient leur talent reconnu, jusqu'en 1909 où le mouvement connaît sa dernière manifestation collective à Nancy, dans le cadre de l'Exposition internationale de l'Est de la France. Par la suite, le style évolue lentement vers ce qui constituera l'une des impulsions de l'Art déco Français.
Contexte
L'Art nouveau
L'Art nouveau, né en Angleterre avec le mouvement Arts & Crafts, se généralise en Europe durant la décennie 1870–1880. Il atteint des villes importantes comme Paris, Bruxelles, Munich, Prague… Le nouvel intérêt des artistes et des artisans pour la vie quotidienne rencontre l'attrait du public pour la modernité, que se soit dans les décors urbain ou à l'intérieur des maisons[6]. Émile Gallé expose dès 1889 à l'exposition universelle de Paris. Les artistes nancéiens se font connaître lors du salon de la Société nationale des beaux-arts de Paris en 1891 et 1893[4].
Nancy
Après le rattachement à la France au XVIIIe siècle, Nancy a perdu une grande partie de son attractivité et, en 1850, elle ne possède que 40 000 habitants. Les constructions du canal de la Marne au Rhin en 1851, et de la ligne de chemin de fer reliant Paris à Strasbourg en 1856, permettent le développement des industries chimique et sidérurgique en entraînent un nouvel essor de la ville[7]. Des activités traditionnelles comme la céramique et le travail du verre trouvent un nouveau regain[1].
Mais c'est l'annexion de 1870 qui fait de Nancy la capitale de l'est de la France. L'afflux d'Alsaciens-Mosellans fuyant l'annexion allemande entraîne le développement de l'activité économique et la construction de nouveaux quartiers. L'Art nouveau sert de ciment culturel pour ces optants qui on trouvé refuge à Nancy[8].
Cependant, la pression croissante sur les loyers entraîne la relégation des classes populaires dans les quartiers de la vieille ville et du canal[7].
Fondation de l'école
En 1894, une exposition d'arts décoratifs et industriel lorrain est organisée dans les galeries Poirel par l'architecte Charles André. Les membres de la commission de cette manifestation fondent alors la Société des arts décoratifs lorrains. C'est la première foi que les artistes nancéiens exposent ensemble[9].
En 1900, Emile Gallé, Louis Majorelle et les verreries Daum présentent leurs travaux à l’Exposition Universelle de Paris[10].
En 1901, Emile Gallé rédige une lettre ouverte, publiée le 11 janvier dans le quotidien l’Étoile de l’Est et le 15 dans la revue la Lorraine-Artiste. Dans cet article, il propose de créer un groupement visant à la promotion du développement d'une industrie d'art en Lorraine[10].
L’Association de l’École de Nancy ou Alliance Provinciale des Industries d’Art est créée le 13 février 1901[11]. Elle a pour but[12]:
- de promouvoir le rayonnement culturel de la ville de Nancy ;
- de trouver des pratiques et thèmes propres à unir les les productions des membres de l'association, tout en préservant leur autonomie ;
- de valoriser les industries d'art en créant une école, un musée, des expositions...
Elle regroupe des artistes et artisans mais aussi des entrepreneurs, des journalistes, des amateurs d'arts[12]…
En 1902, faute de financement, seuls Majorelle et Daum peuvent participer à l'exposition des Arts Décoratifs de Turin[9].
En 1903, l'École expose au pavillon de Marsan, dans le palais du Louvre, à l'initiative de l'Union centrale des arts décoratifs[9].
Une nouvelle exposition est organisée dans les galeries Poirel en 1904.
Déclin
Gallé décède le 23 septembre 1904, Victor Prouvé le remplace à la tête de l'association.
En 1909 est organisée, à Nancy, l'Exposition internationale de l'Est de la France. Les artistes de l'École de Nancy, regroupés dans un pavillon du parc Sainte-Marie, exposent ensemble pour la dernière fois.
Marginalisation
La guerre de 1914 puis le développement du mouvement Art déco par exemple par Daum, Gruber ou Majorelle, marginalisent l'Art nouveau[13]. Comme dans le reste de l'Europe, le style est dédaigné jusqu'au début des années 1980[2].
Le musée de l'École de Nancy est inauguré en 1964[14].
Dans les années 1970, des opération d'urbanisme comme celle du quartier de la gare entraînent la destruction de nombreux bâtiments appartenant à ce courant. La verrière de Jacques Gruber, située dans l'actuel bâtiment Crédit Lyonnais, est menacée de destruction en 1976. Elle est sauvée par le service des monuments historiques[15].
Redécouverte
En 1999, est célébrée l'année de l'École de Nancy. Cet anniversaire est l'occasion de restaurer et d'exposer des œuvres qui étaient jusque-là conservées dans les réserves du musée. Entre 1998 et 2000, on réalise une opération de restauration et de mise en valeur de près de 350 ouvrages d'architecture[2].
Aujourd'hui, les œuvres de l’École de Nancy participent à l'identité de la ville et sont un vecteur de communication.
Membres du mouvement
Article détaillé : Membres de l'École de Nancy.L'École est créée formellement le 13 février 1901 par Émile Gallé, Victor Prouvé, Louis Majorelle, Antonin Daum et Eugène Vallin, ils constituaient le bureau. Ils participent aussi au comité directeur avec :
- Charles André, Émile André, Henri Bergé, Oscar Berger-Levrault, Albert Bergeret, Charles-Désiré Bourgon, Ernest Bussière, Paul Charbonnier, Alfred Finot, Émile Friant, Charles Fridrich, Camille Gauthier,Émile Goutière-Vernolle, Jacques Grüber, Louis Guingot, Henry Gutton,Henri Gutton, Herborn, Louis Hestaux, André Kauffer, Jules Larcher, Lombard, Henri Morot, Émile Nicolas, Henri-Paul Royer, Save, Schwartz, Paul Souriau, Steinheil, Thiria, Lucien Weissenburger, Lucien Wiener, Hokkai Takashima.
Après la mort d'Émile Gallé, la responsabilité de l'École de Nancy a été assumée par Victor Prouvé qui est élu président le 10 décembre 1904.
Quelques œuvres architecturales majeures
Symbole de progrès, le fer, puis l'acier, donnèrent à l'Art Nouveau, les moyens techniques nécessaires au renouvellement des formes, tant souhaité par Viollet-le-Duc, et parfois même les suscitèrent. L'ensemble des réalisations de l'architecture 1900, à Nancy, nous montre à quel point la diversité des matériaux utilisés est grande. La pierre d'Euville, le grès, la meulière, la céramique, la brique, le bois, le verre, et bien sûr le fer, sont à la disposition de l'architecte ou du décorateur. Le métal a toutefois une place à part: c'est le matériau le plus apte à s'adapter à la fois à la structure et au décor architectural. Sa nature ambivalente lui permet de transcender l'antagonisme existant entre ces deux systèmes, et d'en faire une synthèse harmonieuse.
Sur les 250 bâtiments recensés[16] par le ministère de la culture, une cinquantaine de bâtiments son classés par les monuments historiques[2], tels que :
- la Villa Majorelle
- le Quartier de Saurupt et ses villas
- la Brasserie Excelsior
- la Chambre de commerce et d'industrie de Meurthe-et-Moselle
- le Musée de l'École de Nancy qui présente la riche collection léguée par Eugène Corbin, principal mécène du mouvement.
- le Musée des Beaux-Arts de Nancy présente une riche collection Daum dans une muséographie originale.
Références
- ↑ a , b , c et d L'Ecole de Nancy, François Loyer
- ↑ a , b , c et d Célébrations nationales 1999 : l'École de Nancy 1899 François Loyer, www.culture.gouv.fr
- ↑ Émile Gallé, botaniste et scientifique François Le Tacon, octobre 2005 in médecine/sciences n° 10, vol. 21
- ↑ a et b Thomas V, Nancy à la fin du XIXe siècle, les conditions du renouveau, Dossier de l'art n° 163, mai 2009, p17-21
- ↑ http://edn.nancy.fr/web/index.php?page=hokkai-takashima
- ↑ L'école de Nancy p25 Robert Florentin, Frédéric Maguin, Rémi Malingrëy, Bernard Ponton 2000 ISBN 2913966004
- ↑ a et b Florentin p26
- ↑ L'Art nouveau: passerelle entre les siècles et les arts p. 130 Sylvie Mazaraky, Jos Vandenbreeden, (ISBN 2873864133)
- ↑ a , b et c L'École de Nancy à l’Exposition Internationale de l’Est de la France Anne-Laure Dusoir 22 octobre 2005
- ↑ a et b Emile Gallé et l’association École de Nancy (1901-1904)[pdf] Valérie Thomas, Annales de l'Est 2005
- ↑ Statuts de l’École de Nancy[pdf] Émile Gallé , 12 février 1901
- ↑ a et b Florentin p28
- ↑ Beaux-Arts magazine hors série Nancy, Art Nouveau 1999
- ↑ http://www.toutnancy.com/generation-v2/index.php?idpage=1473&iddom=2&first=1&t=Le%20mus%C3%A9e%20de%20l%27Ecole%20de%20Nancy
- ↑ http://www.nancy-guide.net/index.php/Tourisme/Un-week-end-a-Nancy/3)-Ville-Neuve-et-Art-Nouveau
- ↑ http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/archixx/pann/p42.htm
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- École de Nancy : peinture et art nouveau, Réunion des musées nationaux, Paris, 1999, 159 p. (ISBN 2711838390)
- L'École de Nancy, 1889-1909 : art nouveau et industries d'art, Réunion des musées nationaux, Seuil, Paris, 1999, 357 p. (ISBN 2711838439)
- L'École de Nancy, fleurs et ornements : ma racine est au fond des bois, Réunion des musées nationaux, Paris, 1999, 141 p. (ISBN 2711838447)
- François Loyer (dir.), L'École de Nancy et les arts décoratifs en Europe, Serpenoise, Metz, 2000, 277 p. (ISBN 2876924471) (actes du colloque)
- Jean-Claude Vigato, L'École de Nancy et la question architecturale, Messene, Paris, 1998, 64 p. (ISBN 2911043642)
Liens externes
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