Zaouia

Zaouia

Zaouïa

Une zaouïa, également orthographiée zawiya ou zawiyah (arabe : زاوية), est un édifice religieux musulman. En turc, il est appelé zaviye.

Sommaire

Description

Dans un premier temps, ce terme désigne un emplacement ou un local réservé à l'intérieur d'une structure plus vaste où les soufis (mystiques) pouvaient se retirer comme le laisse entendre le sens de la racine du mot arabe (angle ou recoin).

Par la suite, le mot désigne un complexe religieux comportant une mosquée, des salles réservées à l'étude et à la méditation ainsi qu'une auberge pour y recevoir les indigents. On y effectue les pratiques spirituelles et on y enterre les saints fondateurs des confréries soufies.

La communauté soufie (رابِطة [rābita]) se regroupe dans un ribat (رِباط [ribāt]) parfois fortifié. Au Maghreb, ces communautés se sont développées dans le cadre urbain sous la forme des zaouïas. Les membres de ces confréries se font parfois appeler marabouts (مَرْبوط [marbūt] ou مُرابِط [murābit]).

La colonisation française, belge et anglaise a quelque peu abimé certaines zaouïas et influencé d'une manière profonde la continuation de rites et cérémonies. En Algérie, des phénomènes tels que la conquête française, les soulèvements d'Algériens contre l'occupant, la guerre d'indépendance et ensuite la guerre civile des années 1990 ont énormément éprouvé ces rites.

Au Maghreb, au sens historique, une zaouia fut plus qu'une simple confrérie recrutant des adeptes. Les zaouïas, qui connurent au Maghreb une naissance et une propagation avec des adaptions de culte populaire entre le XIe et le XIIIe siècle, vont se faire, pour la plupart d'entre elles, promotrices de la vie sociale. Surtout dans les espaces ou la pensée régionaliste est forte, c'est-à-dire, sensiblement en Tunisie, légèrement en Algérie et fortement au Maroc.

Au Maroc, les zaouïas vont commencer à préparer, façonner la société marocaine. Déjà, vers la fin de l'ère almohade, au moment où le Maroc passait une phase de dislocation féodale, où l'idée du chérifisme montait en force dans les villes ayant un prestige par son enseignement religieux (tel que Fès, Marrakech, etc...).

Où le particularisme religieux fut fortement imprégné du malékisme mélangé à un passé kharijito - chiite révolu. Les zaouias donneront leurs définitions dans leurs buts et leur champs d'action.

Par ce particularisme, les zaouïas ne redéfinissent pas l'islam, comme l'entendent les idéologies musulmanes puritaines et rigoristes intransigeantes en la matière, mais réadaptent un islam aux besoins populaires.

Ainsi, on assiste aux cultes des saints, aux fêtes liées à un événement relatif au bonheur populaire, prenons l'exemple du moussem. Les zaouïas vont représenter au Maghreb et plus précisément au Maroc, une force propres aux volontés populaires. Ce seront eux qui canaliseront le combat, le jihad populaire au XVIe siècle, lorsque les Espagnols et les Portugais prendront des places côtières (Badis , Azemmour, etc, ...), ce seront eux qui vont faire barrière forte lorsque le sultan alaouite, moulay Slimane, tenta pour ses propres intérêts, d'implanter le wahhabisme dans les années 1790.

Mais le désavantage principal de cette attitude réside dans le fait que les zaouïas doivent trouver une certaine crédibilité via le chérifisme et donc se procurer une ascendance noble. Et par conséquent représentait, en plus d'une force populaire, un obstacle à tout contact avec l'extérieur, pensons à la période où le Maroc fut isolé de la scène internationale entre les années 1750 - 1850.

Actuellement, les zaouias n'ont plus qu'un rôle essentiellement folklorique, dans différentes occasions, fêtes, mariages , etc ...

Organisation des confréries au sein des zaouias

Cheikh

Au sommet de la hiérarchie est placé le cheikh, directeur spirituel et temporel de l'ordre, homme omnipotent et omniscient, favorisé du Dieu clément et miséricordieux, qui a étendu ses bienfaits sur sa personne en lui déléguant une étincelle de sa toute puissance (la baraka), qui en a fait son intermédiaire obligé auprès des êtres humains. C'est l'homme qui a une connaissance parfaite de la loi divine, qui est arrivé au degré de perfection dans l'art de connaître les infirmités et les maux dont les âmes sont affligées, les remèdes propres à les guider dans la voie de Dieu. C'est un véritable pontife, héritier ou fondateur de l'enseignement spécial à la tariqa, le seul qui en possède tous les secrets, qu'Allah a honoré de tous les titres divins (ouali, soufi, kotob, ghout, etc.). Personnage magnanime, austère, synthétisant toutes les vertus, toutes les sciences, ayant le don des miracles ; en un mot, le vrai continuateur de la tradition que tant d'hommes célèbres ont illustrée par leur piété et leur savoir soufi, derouich, marabout.

Le cheikh ne reconnaît d'autre puissance, au-dessus de la sienne, que celle de Dieu et de Mahomet ; ne s'inspire d'autres pensées que de celles que lui suggère Dieu lui-même ou son initiateur tout puissant assis, dans l'autre monde, à côté du trône souverain et imbu des sentiments de l'Être suprême. Tel est au sens mystique du mot, le cheikh ainsi que le conçoivent les croyants, adeptes ou serviteurs de la confrérie placée sous son patronage.

Le calife

Au deuxième rang se trouve le calife (khalifa) ou lieutenant du cheikh son coadjuteur dans les pays éloignés, investi d'une partie de ses pouvoirs, son délégué auprès des fidèles. On le désigne parfois sous le nom de naïb, intérimaire, mais alors, le naïb, comme son nom l'indique, exerce tous les pouvoirs du khalifa sans être officiellement investi de ce titre.

Moqaddem

Au-dessous du khalifa est placé le moqaddem (prepositus, pl. moqaddim), sorte de vicaire cantonal, exécuteur fidèle des instructions que le cheikh lui donne, oralement ou par des lettres missives, son délégué auprès du vulgaire, le vrai propagateur des doctrines de la tariqa, l'âme de la confrérie, tantôt missionnaire, tantôt directeur d'un couvent, professeur (a'lem) lettré ou ignorant, il est l'initiateur du commun qui sollicite son appui.

Il remplit, en cela, le rôle du daï des ismaélites, a les mêmes attributions, les mêmes droits et les mêmes devoirs. Le moqaddem non encore titularisé porte, comme le khalifa, le titre de naïb (intérimaire) (vicarius alterius, pl. nouèb).

Les moqaddim ont généralement des agents spéciaux, sortes d'émissaires montés (rakeb, au pl. rokkab), spécialement chargés de prévenir les adeptes du jour de l'arrivée du maître, de donner connaissance aux frères assemblés des instructions, écrites ou verbales, que le moqqadem leur fait parvenir de temps à autre, et d'assurer les relations des adeptes avec le chef de l'ordre. Dans certaines confréries (Rahmaniya, Taïbiya, Hansaliya), ces auxiliaires portent le nom de chaouch.

Les khouans et autres adeptes

Enfin, vient, au dernier échelon de la hiérarchie, la masse des adeptes qui sont différemment qualifiés, suivant les confréries auxquelles ils appartiennent : leur nom générique est khouan (frères), dans l'Afrique septentrionale, et derouich en Orient ; mais, en réalité, ces qualifications, qui rappellent sans cesse à l'affilié le lien intime qui l'attache à ses coreligionnaires alimentés à la même source divine, la Tariqa, ne sont employées la première, que dans les ordres dérivés des khelouatiya, particulièrement dans celui des Rahmaniya, et la seconde dans ceux issus des doctrines chadéliennes, principalement dans celui des Derkaoua.

Les Qadiriyas et leurs dérivés ont conservé le nom illustre de adjir (locataire). Les Tidjaniyas appellent leurs adeptes as'hab (compagnons) et les confréries locales (Cheikhiya, Ammariya, Sellamiya ou Soulamiya, Boualiya), ayant, généralement, un marabout comme patron, les nomment Khoddam (serviteurs). Les adeptes des confréries sont parfois désignés, par les autres musulmans et par leurs supérieurs eux-mêmes, sous le nom « d'as'hab » les compagnons, les amis ; souvent aussi ils complètent cette désignation en disant As'hab-el-fetoua, compagnons de la décision ; As'hab-el-bissat, compagnons du tapis ou de la natte (servant à la prière) ; As'hab-et-Tariqa, compagnons de la voie ; As'hab-ech-Chebd compagnons du zèle, du lien à la même foi As'hab-el-ied, compagnons de la main. Ils disent aussi, pour l'ensemble de l'ordre, Ahl-el-Tariqa, les gens de la voie, etc.

Les faveurs célestes auxquelles aspirent les adeptes d'une confrérie, à quelque degré de la hiérarchie qu'ils appartiennent, ne sont pas exclusivement réservées aux hommes : les femmes bénéficient aussi de la mâne bienfaisante que répandent le cheikh fondateur et ses disciples ; comme conséquence, elles obtiennent leur affiliation à l'Ordre de leur rêve et parviennent même jusqu'au grade de moqaddem, féminin, moqaddemat. On les désigne sous le nom générique de khaouniat ou khouatat, féminin pluriel de Khouan.

Quelques zaouïas au Maghreb

Algérie Algérie

  • Sidi Ahmed Benyoucef Errachidi (Miliana)
  • Si ben Alî Chrif (Akbou)
  • Sidi Bel-Ezrag
  • Zaouia de Sidi Benamar (Fillaoussenne)
  • Zaouïa Boudarga.
  • Sidi Moulebhar.
  • Zaouïa de Si Tayeb Al Mahaji (Zaouia Derkaouia Mahajia) à Oran M'dina-Jdida (Tahtaha), appelé par la suite la Mosquée Cherifia en l’honneur des Chorafas d’Al Mahaja.
  • Zaouïa El Alaouia, Sidi Ahmed Ben Alioua le fondateur de la tarika El Alaouia de Mostaganem (1867-1934) - Cheikh Al Alawi eut pour successeur Cheikh Hadj Adda Bentounès (M-1952) auquel il maria sa nièce Lala Kheira Benalioua (1928-1975).
  • Zaouïa Chadhiliyya
  • Zaouïa Qadiriya, De la fin du XIVe au début du XVe siècle une célèbre confrérie fit son apparition en Algérie : c’est celle de la Kadriya. C’est Sidi Mahieddine Abou Mohammed Abdelkader El Ghilani (1079-1166) qui donna naissance à la confrérie Kadriya qui porte son nom. Les Kadriyine se fixèrent à Mascara et à Tlemcen.
  • Lalla Rahmaniya, Fondateur Sidi M'hamed Bou Qobrine (Alger et Bounouh)
  • Sidi M'hand Oumalek (Tifrit n'Ath oumalek)
  • Sidi Moh'Ali oulhadj (Tifrit n'Aït el Hadj)
  • Zaouïa Thaalibiya, Fondateur Sidi Abderrahmane Thaalibi
  • Zaouïa Sennoussia dite Essanousiya du Cheikh Bentekouk.
  • Sidi Serhane.
  • Zaouïa Taîbiya, Moulay Abdallah Chérif né au cours du XVIe siècle dans la tribu des Beni Arous au djebel Alam et le fondateur de Zaouïa Taïbiya. Il mourut en 1678 en laissant un fils Sidi Mohammed Ben Abdallah (1678-1708).
  • Zaouïa Dradra est une zaouia fondée dans les Aurès par El Hachemi Benderdour[1] au début du XXe siècle en Algérie.
  • Zaouia sidi BOUKACHABIA a Oued l'aneb.
  • Zaouia Tidjaniya, Sidi Ahmed Ben Mohamed, le fondateur de la Zaouïa Tidjaniya, est né en 1737. Il laissa deux fils Sidi Mhammed El Kébir né en 1795 et Sidi Mhammed Es Seghir né en 1799. Ces deux hommes s’établirent dans le ksour de Aïn Mehdi (Laghouat).
  • Sidi-Wahhab
  • Zaouïa de Aïoun El Berranis, Sidi Boudali Ben Abdelkader El Djebbari (patronyme : BOUDRIA) qui a fondé la Zaouïa de Aïoun El Berranis en 1870 près de Taghmaret (Takhemaret);
  • Sidi Yakkout
  • Zaouïa Derkaouia, Un Chérif Idrisi Sidi Bouazza Al Mahaji et le premier fondateur de la tarika Derkaouia en Algérie.
  • Shadhiliya-Darqawiya-Mahajiya :
    • Sidi Abu Yaaza Mahaji al-Jazairi (Sidi Bouazza Al Mahaji d.1277/1860).
    • Sidi Mohammed b. Qaddur Wakili. (Sidi Mohammed Ben Kaddour Al Oukili)
    • Sidi Mohammed al-Habri Azzawi (Sidi El Hebri d.1313/1898).
    • Sidi Mohammed Boudali. (Sidi Boudali)
    • Sidi Mohammed Bouzidi al-Jazairi (Cheikh El Bouzidi d.1824/1909).
    • Sidi Ahmed b. Aliwa (Cheikh Ahmed Al-Alawi d.1349/1934).
    • Sidi Hachimi Tlemsani (d.1381/1966).
    • Sidi Mustafa Abdessalam Filali (d.1401/1986).
    • Sidi Abdellqadir Aissa (d.1412/1997).
    • Sidi Mohammed Belqayad (Cheikh Mohammed Belkaïd d.1413/1998).

Maroc Maroc

Notes et références

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • (fr) Christian Coulon, Pouvoir maraboutique et pouvoir politique au Sénégal, Paris, Université de Paris, 1976, 2 vol. 594 p. (Thèse d’Etat, remaniée et publiée en 1981 sous le titre Le marabout et le prince. Islam et pouvoir au Sénégal, Paris, Pedone, XII-317 p.)
  • (fr) Octave Depont, Les confréries religieuses musulmanes, 1897.
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