- Werther (Massenet)
-
Werther (opéra)
Pour les articles homonymes, voir Werther.Werther Jules MassenetGenre Opéra Nb. d'actes 4 Musique Jules Massenet Langue
originaleFrançais Sources
littérairesLes Souffrances du jeune Werther de Goethe Durée
approximative2h10 Dates de
composition1892 Création 16 février 1892
VienneCréation
française16 janvier 1893
ParisVersions successives Il existe aussi une version où le rôle de Werther est adapté à la voix de baryton. Elle a été créée à Saint-Pétersbourg en 1902 par Mattia Battistini.Personnages - Werther, 23 ans (ténor)
- Albert, 25 ans (baryton)
- Le Bailli (baryton)
- Schmidt, ami du bailli (ténor)
- Johann, ami du bailli (basse)
- Charlotte, fille du bailli, 20 ans (mezzo-soprano)
- Sophie, sa soeur, 15 ans (soprano)
- Brühlmann (ténor)
- Kätchen (mezzo-soprano)
- Enfants du bailli, Fritz, Max, Hans, Karl, Gretel, Clara (choeur d'enfants)
Airs - Acte I - Werther: "Ô Nature, pleine de grce"
- Acte II - Sophie: "Du gai soleil, plein de fla¨mme"
- Acte III - Charlotte: "Va, laisse couler mes larmes"
- Acte III - Charlotte: "Werther! Qui m'aurait dit /Ces lettres!" (Letter Scene)
- Acte III - Werther: "Pourquoi me réveiller?"
Werther est un drame lyrique de Jules Massenet en quatre actes et cinq tableaux, d'après le roman épistolaire Les Souffrances du jeune Werther de Goethe. Il fut créé à Vienne le 16 février 1892 en allemand, dans une traduction de Max Kalbeck[1], avant d'être représenté dans la langue originale à Paris le 16 janvier 1893. La première en français avait eu lieu à Genève le 27 décembre 1892[2].
C'est un projet longtemps médité par Massenet, les premières esquisses datant de 1880. L'essentiel de la composition s'étend entre 1885 et 1887. Carvalho, directeur de l'Opéra-Comique, trouve sans intérêt ce triste sujet, aussi la première a-t-elle lieu en Autriche en langue allemande. Son triomphe persuade Carvalho de monter l'œuvre, mais en France, le succès critique ne s'accompagne pas d'un succès populaire. L'opéra rencontre son public à Genève, Bruxelles, Chicago, New York, Saint-Pétersbourg, Londres et Milan avant de s'imposer enfin à Paris à compter de 1903. Werther est aujourd'hui considéré comme le chef-d'œuvre de Massenet, son opéra le plus personnel. Les librettistes, Édouard Blau et Paul Milliet (l'éditeur Georges Hartmann figure également comme auteur du livret) ont habilement adapté le roman épistolaire pour en faire un drame cohérent et ont développé le personnage de Charlotte pour en faire un personnage aussi important que le rôle-titre.
L'action se déroule à Wetzlar, en Hesse dans les années 1780.
- 1er Acte. — La maison du Bailli.
- 2e Acte. — Les Tilleuls.
- 3e Acte. — Charlotte et Werther.
- 4e Acte. • 1er tableau. — La nuit de Noël. • 2e tableau. — La mort de Werther.
Sommaire
Rôles et premières
Rôles
Rôle Voix Première à Vienne (Opéra impérial)
16 février 1892
(en allemand)
Direction :
Wilhelm JahnPremière à Paris (Opéra-Comique)
16 janvier 1893
Direction :
Jules DanbéCharlotte, fille du Bailli mezzo-soprano Marie Renard Marie Delna[3] Sophie, sa sœur soprano Ellen Foster-Brandt Sophie Laisné Werther, jeune poète ténor Ernest Van Dyck Guillaume Ibos Albert, fiancé de Charlotte baryton Fritz Neidl Max Bouvet Le Bailli, père de Charlotte basse Mayerhofer Thierry Schmidt, ami du Bailli ténor Schlittenhelm Barnolt Johann, ami du Bailli baryton Felix Artus Bruhlmann, jeune homme ténor Stoll Éloi Kätchen, jeune fiancée de Bruhlmann mezzo-soprano Carlona Domingue - Les enfants (six) : Fritz, Max, Hans, Karl, Gretel et Carla (soprani, voix d'enfants)
- Un petit paysan, un domestique (personnages muets)
- Figuration : habitant du bourg de Wetzlar, invité, ménétriers
- Au dernier tableau, dans la coulisse, choristes femmes avec les voix d'enfants.
Argument
Acte I
En juillet, le bailli de Wetzlar (basse), veuf et père de 9 enfants, fait répéter aux plus jeunes d'entre eux un choral de Noël, aux grand amusement de ses amis Schmidt et Johann. Le jeune Werther (ténor), promis à une carrière diplomatique, est sensible au charme rustique de cette demeure (Ô nature) et surtout à celui de la fille aînée du bailli, Charlotte (mezzo-soprano). Il tombe amoureux en la voyant s'occuper de ses jeunes frères et soeurs, et désire faire partie de cette merveilleuse famille. Ils partent tous les deux pour le bal tandis que le bailli va rejoindre ses amis Johann et Schmidt à l'auberge, laissant à Sophie (soprano), sa fille cadette, le soin de veiller sur la fratrie. Albert (baryton), fiancé de Charlotte, revient à l'improviste d'un long voyage et est accueilli par Sophie. Ils évoquent le prochain mariage et s'en réjouissent ensemble. Werther et Charlotte rentrent alors sous un clair de lune délicatement confié à l'orchestre. Le jeune homme s'abandonne à sa passion (Rêve, extase !) et avoue à Charlotte son amour. Elle est si bouleversée qu'elle en oublie ses fiançailles sous le coup de son attirance pour cet homme extraordinaire. Mais la voix du bailli (Albert est de retour !) brise l'idylle, au désespoir de Werther (j'en mourrai, Charlotte !), qui apprend que celle qu'il aime a promis à sa mère mourante d'épouser Albert.
Acte II
A l'automne, trois mois plus tard, Johann et Schmidt, devant l'auberge, boivent à la santé du pasteur qui fête ses noces d'or au temple. Parmi les invités se trouvent Albert et Charlotte, mariés depuis trois mois, ainsi que Werther, qui souffre de la perte de Charlotte (Un autre est son époux). A la sortie de l'office, Albert puis Sophie (tout le monde est joyeux, le bonheur est dans l'air) tentent de consoler Werther, mais celui-ci refuse l'invitation à danser de la jeune fille et assure Albert de son amitié. Il cherche à parler à Charlotte et évoque leur premier soir romantique. Charlotte lui rappelle alors ses devoirs de femme mariée et le prie de ne pas la revoir pendant quelques temps tout en lui fixant rendez-vous à Noël. L'idée du suicide vient à l'esprit du jeune homme (Lorsque l'enfant revient d'un voyage). Il annonce son départ définitif à Sophie qui éclate en sanglots tandis qu'Albert, voyant la réaction de Charlotte comprend les sentiments de Werther.
Acte III
A la veille de Noël, Charlotte relit pour encore une fois les lettres de Werther : l'orchestre évoque de façon très expressive les divers sentiments exprimés par cette correspondance dans la scène des lettres. L'irruption de Sophie ne fait qu'aggraver la tristesse de la jeune femme (Va ! laisse couler mes larmes). Sophie lui demande de venir fêter Noël avec la famille en l'absence d'Albert et tente de la réconforter. Elle s'abandonne à la prière lorsque Werther paraît. Le souvenir des poèmes d'Ossian (Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps!) et de leur bonheur passé ranime la passion du jeune homme qui croit voir dans l'attitude de Charlotte l'aveu de son amour, et la pousse à céder à ses avances. L'espace d'un instant, il la prend dans ses bras, mais Charlotte, prenant conscience de son geste, s'enfuit. Werther est désormais résolu à en finir (Charlotte a dicté mon arrêt). Albert, en rentrant chez lui, trouve la chambre vide, puis son épouse bouleversée. Un domestique apporte une lettre de Werther qui annonce son départ pour un long voyage et demande à Albert de lui prêter ses pistolets. D'un ton froid, le mari ordonne à sa femme de remettre au domestique la boîte qui les contient. Charlotte comprenant la situation se précipite au dehors pour arrêter le destin.
Acte IV
Le premier tableau,confié à l'orchestre, représente la nuit de Noël. Au second tableau, Werther gît dans son cabinet de travail, mortellement blessé, mais encore vivant. Charlotte se précipite et pour la première fois avoue son amour au jeune homme. L'émotion de la scène est renforcée par le chant en coulisse des enfants du bailli (Noël ! Noël ! Noël !), que Werther considère comme le signe de la rédemption divine. Dans un dernier monologue triste et serein (Là-bas, au fond du cimetière), Werther expire en demandant à Charlotte de pleurer sur sa tombe.
Orchestration
Instrumentation de Werther Cordes premiers violons, seconds violons, altos, Bois 2 flûtes, 1 piccolo, 2 hautbois, 1 cor anglais, 2 clarinettes, 1 saxophone alto, 2 bassons
Cuivres 4 cors, 2 cornets à pistons, 3 trombones, 1 tuba
Percussions timbales, grosse caisse, triangle, tambourin, Autres instruments 1 harpe, 1 orgue, 1 clavier de timbres L'adaptation du roman de Goethe
Des personnages modifiés
De nombreuses modifications ont été apportées au roman épistolaire de Goethe dans cette adaptation. En effet, Albert, présenté dans le roman comme un grand ami de Werther, prend dans l'opéra de Massenet des traits plus sombres, confident dans le récit, il devient le méchant dans la pièce[1]. De même, le personnage de Charlotte prend un rôle beaucoup plus important chez Massenet qu'elle n'en a chez Goethe. En effet, le roman épistolaire ne laisse voir que les sentiments, perceptions et réflexion du jeune homme et les sentiments de Charlotte ne traversent le papier qu'à travers la vision de Werther, tandis que l'opéra est beaucoup plus construit autour du couple Charlotte/Werther, ce pourquoi on peut le concevoir comme une succession de quatre duos de ces protagonistes[1], durant lesquels est beaucoup plus perceptible l'évolution de Charlotte, qui de la jeune fille candide devient une grande héroïne avouant sa flamme à un Werther expirant, que celle de celui-ci; alors que le troisième duos, après un instant d'abandon de Charlotte suite aux mots émouvants de Werther se clôt un fois de plus par un froid refus comme les deux précédents, le quatrième voit enfin l'amour de Charlotte se révéler.
Un Werther dans l'esprit romantique
Cependant, le personnage de Werther dans l'œuvre de Massenet, est l'exact reflet du héros romantique du roman de Goethe. Dans un environnement très simple marqué par des sentiments bourgeois et simples, Werther apparait comme particulièrement détonant dès ses premiers airs à la nature au milieu de scène quotidiennes et simples telles la répétition du cantique de Noël, la fête à l'auberge ou le bal; il ne peut trouver le bonheur dans une vie simple et vertueuse, loin de Charlotte qu'il ne peut atteindre. En cela, l'opéra respecte l'homme qui apparait dans ses lettres caractéristiques du mouvement romantique, par la forte présence de la nature, de la mélancolie et l'insatisfaction perpétuelle qui s'y lit.
« Que je suis à plaindre, Wilhelm! j'ai perdu tou ressort, et je suis tombé dans un abattement qui ne m'empêche pas d'être inquiet et agité. Je ne puis rester oisif, et cependant je ne puis rien faire. Je n'ai aucune imagination, aucune sensibilité pour la nature, et les livres m'inspirent du dégoût. Quand nous nous manquons à nous-mêmes, tout nous manque. »[4] Les Souffrances du jeune Werther, Goethe, livre I, lettre du 22 mai
« Pourquoi me réveiller, ô souffle du printemps?Demain dans le vallon viendra le voyageur Se souvenant de ma gloire première... Et ses yeux vainement chercheront ma splendeur, Ils ne trouveront plus que deuil et que misère! Hélas!
»[5] Livret de Werther, acte III, poème d'Ossian
Discographie
Label Interprètes principaux Année d'enregistrement Direction Naxos Marcus Haddock; Béatrice Uria-Monzon 2002 Deutsche Grammophon Riccardo Chailly; Placido Domingo 2007 EMI Georges Thill;Ninon Vallin 1931 Elie Cohen EMI Niccolai Gedda; Victoria de Los Angeles 1968 Georges Prêtre Errato Jerry Hadley; Anne Sofie Von Otter 1995 Kent Nagano EMI Roberto Alagna; Angela Gheorghiu 1999 Antonio Pappano Liens externes
- Werther (opéra) : partitions libres dans International Music Score Library Project.
- Le livret
Notes et références
- Portail de la musique classique
- Portail de l’opéra
- Portail de la France au XIXe siècle
Catégories : Opéra du XIXe siècle | Opéra français | Œuvre de Jules Massenet | Opéra en français | Drame lyrique
Wikimedia Foundation. 2010.