- Václav Havel
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Václav Havel Mandats 1er président de la République tchèque 2 février 1993 – 2 février 2003 Élection 26 janvier 1993 Réélection 26 janvier 1998 Premier ministre Václav Klaus
Josef Tošovský
Miloš Zeman
Vladimír ŠpidlaPrésident du gouvernement Václav Klaus
Josef Tošovský
Miloš Zeman
Vladimír ŠpidlaSuccesseur Václav Klaus
Vladimír Špidla (intérim)10e président de la République tchèque et slovaque 29 décembre 1989 – 20 juillet 1992 Premier ministre Marián Čalfa
Jan StráskýPrédécesseur Gustáv Husák, président de la République socialiste tchécoslovaque Successeur Jan Stráský Biographie Date de naissance 5 octobre 1936 Lieu de naissance Prague, Tchécoslovaquie Nationalité tchèque Parti politique Sans étiquette Conjoint Olga Šplíchalová
Dagmar VeškrnováDiplômé de École technique supérieure de Prague sciences économiques Profession Acteur, écrivain Signature
Présidents de la
République fédérale tchèque et slovaque
Présidents de la République tchèquemodifier Václav Havel (API : /ˈva:ʦlaf ˈɦavɛl/) (né le 5 octobre 1936 à Prague) est un écrivain, intellectuel et homme politique tchécoslovaque puis tchèque[1]. Durant la période communiste, il a été l'une des figures de l'opposition à la République socialiste tchécoslovaque. Il a ensuite été le président de la République fédérale tchèque et slovaque de 1989 à 1992 puis le président de la République tchèque de 1993 à 2003. Politicien atypique, généralement estimé comme une « personnalité extraordinaire » dans son pays[2], souvent appelé le « président-philosophe », sa vie a été qualifiée d'« œuvre d'art» par Milan Kundera[3].
Sommaire
Biographie
Sa jeunesse sous le pouvoir communiste
Václav Havel naît à Prague le 5 octobre 1936 ; il termine sa scolarité obligatoire en 1951. Issu d'une famille établie d'entrepreneurs et d'humanistes de Prague, accusée par les communistes d'avoir collaboré avec les Allemands, le jeune Havel se trouve, comme la plupart des membres de l'élite, taxé d'« ennemi de classe » et donc interdit d'études par le régime ; cette marginalisation sociale lui est d'ailleurs imposée alors qu'il refusait déjà lui-même d'être reconnu plus pour sa « position sociale favorable » que pour son esprit. Pendant quatre ans, alors qu'il est apprenti-technicien dans un laboratoire de chimie, Havel assiste à des cours du soir dans un lycée, préparant ainsi le baccalauréat qui lui permet d'entreprendre des études d'économie à l'École technique supérieure de Prague (České vysoké učení technické v Praze). Encouragé par tradition familiale à s'intéresser aux valeurs humaines de la République tchécoslovaque réprimées ou détruites par les communistes dans les années 1950, Václav Havel commence dès l'âge de dix-neuf ans à publier articles et nouvelles, en particulier dans des revues liées au théâtre.
Le théâtre
Après son service militaire, il travaille comme stagiaire au théâtre ABC, puis plus tard, dès 1960, au théâtre « sur la balustrade » (Divadlo na zábradlí). Ce deuxième théâtre produit sa première pièce, la Fête en plein air (Zahradní slavnost) (1963), une pièce présentant d'une remarquable manière la forte régénération des tendances qui prévalaient dans la culture et la société tchèque dans les années 1960 et qui a culminé lors du Printemps de Prague de 1968. Pour lui, son action dans la vie publique et culturelle est un moyen de promouvoir son idéal démocratique.
Václav Havel est d'abord inspiré par le théâtre de l'absurde, puis sa parole dissidente prend le dessus.
Un représentant de l'opposition tchécoslovaque
Après l'invasion de la Tchécoslovaquie par les troupes soviétiques en 1968, qui marque la fin du processus de libéralisation du Printemps de Prague, Václav Havel n'a pas abandonné ses convictions, dont il trouvait inspiration dans les écrits de Jan Patočka et Martin Heidegger[note 1],[4], comme de nombreux dissidents tchèques de son époque. Il a été président du Cercle des écrivains indépendants, puis membre actif au sein du club des Sans-parti engagés. Son engagement lui coûte une censure de ses pièces (En 1974, il travaille dans une brasserie). Par la suite, Václav Havel commence à être connu par la communauté internationale comme un représentant de l'opposition intellectuelle tchécoslovaque. En tant que citoyen, il proteste contre l'oppression intense qui marque la Normalisation en Tchécoslovaquie. Sa lettre ouverte adressée en 1975 au président tchécoslovaque Gustáv Husák, dans laquelle il dénonce la situation critique de la société et la responsabilité du régime politique, connaît un large retentissement. En 1977, il est l'un des co-fondateurs, et l'un des trois porte-paroles de la Charte 77, une organisation de défense des droits de l'homme en Tchécoslovaquie. Son action le mène en prison à trois reprises où il passe près de cinq ans, entre 1977 et 1989. C'est alors qu'il écrit en 1978 un remarquable essai : Le Pouvoir des sans-pouvoir, dans lequel il analyse l'essence de l'oppression totalitaire des communistes. Il décrit les mécanismes utilisés par le régime communiste dont le but est de créer une société sans pouvoir, résignée composée d'individus craintifs et moralement corrompus. Derrière cette analyse, il démontre la force de la résistance morale et de la vie. Son essai a un impact non seulement chez les dissidents tchécoslovaques, mais aussi dans les mouvements d'opposition des autres pays « socialistes ».
1989 : la Révolution de velours
En novembre 1989, à cause de ses séjours en prison, Václav Havel est un dissident très connu de l'opinion publique et est spontanément placé par la foule à la tête du mouvement « forum civique », une association unie des mouvements d'opposition et d'initiative démocratique. Sa présence et ses interventions dans les manifestations attirent des foules de plus en plus nombreuses. Il devient alors un personnage clé de la Révolution de velours.
Le président
En décembre 1989, Václav Havel est investi par un courant d'opinion unanime et n'a aucune difficulté à évincer l'ancien secrétaire général du PC Alexander Dubček, qui devra se contenter de la présidence de l'Assemblée fédérale. Après la démission du président Gustáv Husák, Havel est alors élu président intérimaire de la Tchécoslovaquie, par l'Assemblée fédérale, composée pourtant à 80% de députés communistes, en attendant les élections parlementaires. Le nouveau président n'envisageait pas du tout l'accès à ce poste les jours précédant la chute du régime et dût se faire un peu prier. Il finit par accepter cette fonction à titre intérimaire : aussi, son mandat devait expirer 40 jours après les premières élections parlementaires libres qui devaient suivre. Mais comme Havel l'a lui-même rappelé : « l'intérim a duré 13 ans » : les parlementaires élus démocratiquement le reconduisent à la présidence de la république en juillet 1990. Václav Havel est ainsi l'un des très rares hommes d'État à avoir accédé au pouvoir sans l'avoir voulu.
Comme président de la République fédérale tchèque et slovaque, il rencontre très vite tous les chefs des États européens, ainsi que les présidents des États-Unis, de l'URSS et de nombreux autres pays. Son action sur la scène internationale permet au pays d'avoir de nouvelles relations avec l'extérieur. En politique intérieure, Václav Havel a conduit les changements démocratiques dans l'administration du pays et dans la démocratisation de la société. Il est reconnu comme un président non partisan et comme une autorité essentielle sur la scène politique ainsi que dans les relations entre Tchèques et Slovaques. Le 20 juillet 1992, il démissionne de sa fonction de président lorsque la partition entre Tchèques et Slovaques devient inéluctable. Après son retrait, il délaisse la vie publique pendant deux mois. En septembre 1992, il tombe d'accord avec la suggestion du gouvernement, que le président soit élu par les deux chambres du Parlement, qu'il ne puisse pas être révoqué par celui-ci, et qu'il ait le droit de le dissoudre. En janvier 1993, Václav Havel est élu premier président de la République tchèque indépendante. Il est réélu en 1998. En 2003, Václav Klaus lui succède.
Carrière post-présidentielle
En novembre et décembre 2006, Havel passe huit semaines aux États-Unis pendant lesquelles il donne des conférences et des cours magistraux à l'université Columbia et participe à un entretien public avec l'ancien président Bill Clinton. À la suite de ce séjour, il publie un recueil d'entretiens avec Karel Hvížďala, qui s'intitule À vrai dire (prosím stručně) et qui se présente comme ses mémoires.
En 2007, il publie Partir (Odcházení), une pièce sur l'abandon du pouvoir. Tout d'abord prévue pour le Théâtre national, elle est finalement proposée au théâtre de Vinohrady où joue Dagmar Havlová, la femme de l'ancien président.
Affiliations
Il est membre honoraire du Club de Rome[5] et membre d'honneur du Club de Budapest dont il fut le premier à recevoir le prix Conscience planétaire en 1996[6].
Anecdotes
L'une des premières décisions du président Havel au printemps 1990, fut de nommer comme ambassadeur à Moscou, le fils de l'ancien secrétaire général du Parti communiste tchécoslovaque, Rudolf Slánský, pendu en 1952, sur pression de Staline, le dissident Rudolf Slánský fils. La presse de Prague qualifia cette décision de meilleur exemple de l'humour tchèque !
Quand le pape Jean-Paul II vint en visite officielle à Prague, juste après la Révolution de Velours, le président Havel, pourtant catholique non-pratiquant, se confessa à lui et cette démarche, très personnelle, fut révélée par le communiqué officiel.
Le groupe Toy Matinee avec Kevin Gilbert et Patrick Leonard lui ont dédié une chanson dans leur premier album sorti en 1991 : "Remember My name".
Samuel Beckett lui dédie sa pièce Catastrophe.
Il fut proche de Frank Zappa
Prise de position
En octobre 2010, après l'attribution du prix Nobel de la paix au Chinois Liu Xiaobo, Václav Havel déclare : « Liu Xiaobo est exactement ce citoyen engagé à qui une telle récompense appartient à juste titre... Je suis très satisfait qu'il soit le premier Chinois de l'Histoire à le recevoir... Je voudrais à nouveau saluer la naissance de la Charte 08 et tous ses signataires et leurs familles[7] ».
Récompenses internationales
- 1981 : prix Plaisir du théâtre
- 1986 : prix Érasme
- 1989 : prix Olof Palme
- Prix Simón Bolívar
- 1990 : grand-croix de la Légion d'honneur (France).
- 1990 : prix UNESCO des droits de l'Homme
- 1991 : prix international Charlemagne d'Aix-la-Chapelle
- 1991 : prix Sonning
- 1993 : prix Theodor Heuss
- 1996 : prix Conscience planétaire[8] décerné par le Club de Budapest
- Médaille présidentielle de la liberté
- 2003 : officier de l'ordre du Canada[9]
- Chevalier grand-croix au grand cordon de l'ordre du Mérite de la République italienne
- 2009 : docteur honoris causa par Sciences Po
- 2010 : prix Franz Kafka de littérature délivré par la Société Franz Kafka de Prague[10]
Critiques
Jean Bricmont, physicien et essayiste, observe dans son livre intitulé Impérialisme humanitaire. Droits de l’homme, droit d’ingérence, droit du plus fort ? que si Vaclav Havel avait fait son travail intellectuel au Salvador, il aurait sans doute trouvé la mort, comme Herbert Anaya par exemple, assassiné en 1987 avec le soutien du gouvernement des Etats-Unis. Il observe également, à la p.115 de l'édition en anglais, que peu après l'assasinat de six intellectuels du Salvador engagés et non-violents par une armée bénéficiant du soutien des Etats-Unis, Vaclav Havel prononça malgré cela un discours face au Congrès Américain qui décrivait les Etats-Unis comme un grand défenseur de la liberté, ce qui lui valu de chaleureux applaudissements.
Bibliographie
Œuvres dramatiques
- Pièce en un acte : l'Audience 1975, Vernissage 1975, Pétition 1978
- Pièce en quatre tableaux : Fête en plein air 1963
- Pièce en cinq tableaux : L'Hôtel des Cimes 1976, Assainissement 1987
- Pièce en sept tableaux : Largo desolato 1984
- Pièce en dix tableaux : Tentations 1985
- Pièce en douze tableaux : Le Rapport dont vous êtes l'objet 1965
- Pièce en quatorze tableaux : La Grande roue, 1974
- Autres pièces : L'Opéra de quat'sous 1972
Essais
- 1978 : Le Pouvoir des sans-pouvoir
- 1980 : Tentative de vivre dans la vérité
- 1983 : Les Lettres à Olga
- 1984 : Pour l’identité humaine
- 1997 : Il est permis d'espérer, Calmann-Lévy (ISBN 2-7021-2796-7)
- 1998 : L'Angoisse de la liberté
- 2003 : Pour une politique post-moderne
- 2007 : L'amour et la vérité doivent triompher de la haine et du mensonge
- 2007 : À vrai dire... : livre de l'après-pouvoir
- 2007 : Regards sur la France, ouvrage collectif, Seuil (ISBN 978-2-02-057273-6)
Ouvrages sur Václav Havel
Vaclav Havel, président philosophe de Geneviève Even-Granboulan, éditions Aube, 2003
Notes et références
- Notes
- Pourtant Heidegger écrivait que « l'Europe était prise en tenailles entre la Russie, d'un côté, et l'Amérique, de l'autre » et que « d'un point de vue métaphysique, la Russie et l'Amérique sont une seule et même chose; la même frénésie tristement technologique, la même organisation illimitée de l'homme ordinaire »
- Références
- Après la partition de la Tchécoslovaquie.
- Sur Radio Prague
- Interview sur France24
- Jacques Rupnik, Les meilleurs amis de l'Amérique en Europe. Les perceptions et les politiques de l'Europe centrale et orientale à l'égard des États-Unis, Le Banquet, Le Banquet, n°21, en 2004.
- (en) Liste des membres honoraires du Club de Rome
- Lauréats du prix Conscience planétaire
- Nobel de la paix à Liu Xiaobo : le monde applaudit, Pékin dit sa colère, 9 octobre 2010, Le Nouvel Observateur
- Remise du prix Conscience planétaire
- L'ordre du Canada pour Vaclav Havel - 04-03-2004 - Radio Prague
- (cz)(en)(de) Prix Franz Kafka
Liens externes
- (en) Havel Festival
- (fr) Cérémonie à Sciences Po de la remise du titre de docteur honoris causa à monsieur Vaclav Havel
- (en) Václav Havel - Archive électronique
- (en) Bibliothèque de Václav Havel, Prague
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