- Vitis vinifera subsp. sylvestris
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Vigne sauvage
Vigne sauvageVitis vinifera subsp. sylvestris
sur la Sierra MadronaClassification classique Règne Plantae Sous-règne Tracheobionta Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Sous-classe Rosidae Ordre Rhamnales Famille Vitaceae Genre Vitis Genre Vitis vinifera Nom binominal Vitis vinifera subsp. sylvestris
(C.C.Gmel.) Hegi, 1925Classification phylogénétique Ordre Vitales Famille Vitaceae Parcourez la biologie sur Wikipédia : La vigne sauvage européenne ou lambrusque[1] (Vitis vinifera subsp. sylvestris) est une sous-espèce de liane forestière de la famille des Vitaceae. Cette sous-espèce de Vitis vinifera a une longue durée de vie et colonise les lisières forestières, mais peut aussi avoir un comportement de pionnière aux abords d’écotones forestiers (sur sols colluvions, alluviaux, cailloutis, chablis...). Les formes cultivées sont classées dans la sous-espèce Vitis vinifera subsp. vinifera (=subsp sativa Hegi).
Ce sont des lianes réputées pour pousser sur les arbres mais qui semblent également adaptées à la colonisation des grandes roches et des murs.
Cette sous-espèce est considérée par nombre de spécialistes comme l’ancêtre ou le plus proche parent sauvage des vignes cultivées contemporaines et anciennes.
Il faut bien distinguer les membres de ce taxon qui n'ont jamais été cultivés, qualifiés de « lambrusques spontanées », des individus issus d'anciennes vignes cultivées puis abandonnées et qui se sont reproduits par multiplication végétative (lambrusques postculturales) ou sexuée (lambrusques subspontanées). Les "vignes sauvages" rencontrées dans certaines régions sont le plus souvent des porte-greffes ou des hybrides interspécifiques retournés à l'état naturel.
Étymologie : le terme de lambrusque vient du latin populaire *lambrusca, altération du classique labrusca « vigne sauvage » tandis que "vigne" vient du latin "vinea" « vigne » qui lui-même dérive de "vinum" « vin ».
Synonyme :
- Vitis sylvestris C.C.Gmel.
Sommaire
Description
La lambrusque est une liane ligneuse, grimpant dans les arbres et pouvant parfois atteindre 30-40 m de longueur. Quand elle est jeune, elle rampe sur le sol à la recherche d'un arbuste sur lequel se fixer pour pouvoir grandir avec lui.
Les feuilles sont alternes et opposées aux vrilles ou aux raisins. Elles sont palmatilobées, orbiculaires, découpées en 3 lobes bien marqués surtout sur les pieds mâles et dotées d'un grand sinus pétiolaire très ouvert.
La fleur petite, verdâtre, comprend un calice à 5 dents, 5 pétales soudés entre-eux au sommet, 5 étamines opposipétales, un ovaire à 1 ou 2 loges renfermant chacune 1 ou 2 graines arrondies. C'est une plante dioïque, avec des individus mâles portant des fleurs à l'ovaire atrophié, et des individus femelles avec des étamines stériles. Les fleurs s'épanouissent en juin. A l'anthèse, les pétales s'ouvrent par la base et se détachent comme une coiffe.
Le fruit porté par les individus femelle, est une baie de 6 mm environ, noirs, pourpres, roses ou blanchâtres.
Différenciation des lambrusques et des vignes cultivées
Une analyse de 154 pieds de lambrusques spontanées[2] a permis d'établir que les individus sylvestris présentent par rapport aux sativa :
- un sinus pétiolaire de la feuille plutôt ouvert à très ouvert
- une feuille plutôt entière, présentant 1 à 3 lobes
- un nombre important de dents courtes
Les différences morphologiques concernant la fleur et le fruit sont aussi marquées, mais plus difficiles à observer car leur présence est éphémère. Outre que les « grains » (baies noires) de son raisin, uniquement présent sur les pieds femelles, sont plus petits, cette vigne diffère de la vigne cultivée par quelques autres points :
- Bayer en 1919 notait déjà que ses fleurs sont unisexuées (mâle ou femelle, la sous-espèce est dite dioïque), alors que la sous-espèce Vitis vinifera subsp. vinifera (à l'origine du « vrai raisin de cuve ») a des fleurs bisexuées ou fonctionnellement uniquement femelle [3].
- Les pieds mâles donnent des grappes florales atteignant parfois 20 cm, avec des fleurs dont le gynécée est atrophié mais dont le filet des étamines est bien développé, avec un pollen fertile.
- Les pieds femelles produisent des grappes plus petites (10 cm max), de fleurs au gynécée bien développé, mais dont le filet des étamines est lui atrophié et enroulé sur lui-même. Elles produisent un pollen qui est stérile[4]).
- les fruits sont plus acides et amers que ceux du raisin de cuve
- chaque baie comporte habituellement 3 graines (ou pépins), contre 2 pour nombre de cultivars.
- Les pépins sont sphériques avec un bec court alors qu’ils sont en forme de poire avec un bec plus allongé chez le raisin cultivé.
- Le feuillage vire au rouge parmi les premiers en automne.
L'analyse génétique portant sur des locus microsatellites permet d'observer une très nette différenciation entre les vignes cultivées et les lambrusques. Elle permet de mettre en évidence aussi une autre différenciation entre les lambrusques corses et les lambrusques continentales (Lacombe et als. 2003[2]). L'analyse comparée des sous-epèces silvestris[5] et sativa a permis de mettre en évidence quelques cépages cultivés présentant de nombreuses caractéristiques de lambrusques. Il s'agit de Gros Manseng, Gewürztraminer, Arvine. Cette étude a aussi montré que les vignes cultivées françaises se rapprochent plus des lambrusques spontanées françaises que les vignes étrangères (du sud ou du centre de l'Europe).
Reproduction
Elle semble être surtout végétative. Les graines n’intervenant que rarement dans l’extension de cette plante si l’on en juge par la rareté des semis dans la nature. Curieusement, pour passer de la strate herbacée à la strate arborescente, la jeune vigne sauvage doit trouver un jeune arbre ne dépassant pas la taille d’un arbuste, avec lequel, elle s’élèvera, semblant incapable de grimper directement sur un arbre adulte.
Aire de distribution
Elle est mal connue avec précision dans la plupart des régions, car ayant été souvent confondue avec des vignes cultivées, y compris dans les flores et atlas. Dans le paléopaysage, elle a évolué au gré des glaciations et avec les impacts du déboisement par l’homme, mais on la pense autochtone mais souvent devenue très relictuelle sur les continents suivants ;
- Afrique du nord (Algérie, Maroc et Tunisie)
- Asie
- Asie tempérée et moyen Orientale (Iran, Iraq, Israël, Syrie et Turquie)
- Eurasie caucasienne (Arménie, Azerbaïdjan, Georgie, Fédération de Russie et Daguestan ciscaucasien) et au Turkménistan
- Europe
- Europe centrale (Autriche, Tchécoslovaque, Allemagne, Hongrie et Suisse)
- Europe de l’est (Moldavie, Ukraine/Crimée)
- Europe du Sud Est (Albanie, Bulgarie, Grèce, Italie/Sicile/Sardaigne, Roumanie et Yougoslavie)
- Europe du Sud-Ouest (France, Espagne). On trouve le plus de lambrusques dans le piémont pyrénéen, le Languedoc et la Corse. Mais les populations sont de très faibles effectifs, en moyenne 2,4 individus par station[2]. La quasi-totalité des lambrusques sont observées à proximité des rivières ou des ruisseaux où la présence d'eau autour des racines les a protégé des dégâts occasionnés par le phylloxéra depuis la fin du XIXe siècle.
Menaces
Statut de protection
Cette sous-espèce est inscrite sur la liste des espèces végétales protégées sur l'ensemble du territoire français métropolitain en Annexe I. Elle est également inscrite sur la liste des espèces végétales protégées en Alsace et en Champagne-Ardenne[6].
Dérive génétique
La sous-espèce a fortement régressé avec l’avancée de l’agriculture et le recul médiéval de la forêt sauvage, puis avec l'artificialisation des forêts, le drainage et la mise en culture de zones humides enforestées qui lui ont un temps servi de refuge. Cette sous-espèce joue un rôle de réservoir de gènes qui est apparu crucial après les épisodes de phylloxera et avec l'apparition de nouvelles techniques de sélection génétique et d'« amélioration » (non transgénique ou transgénique[7]) et pour le maintien de la diversité biologique du vignoble mondial, ou son adaptation aux chocs climatiques à venir.
C’est pourquoi des évaluations des populations reliques de cette sous-espèce sont en cours dans plusieurs pays et continents, et des échantillons conservés dans des conservatoires et jardins botaniques, avec des prélèvement d'échantillons d'ADN mis dans des banques de gènes, protégées (comme le Natl. Germplasm Repository à Genève[8]. C'est aussi pourquoi est-elle protégée dans certains pays. En France, elle est strictement protégée et sa cueillette en milieu naturel est strictement interdite.
Si ces plantes survivent à la dégradation, destruction ou fragmentation de ses habitats, certains craignent qu'elles subissent à moyen terme une pollution génétique qui pourrait compliquer sa protection en cas d'insertion de transgènes issus de vignes génétiquement modifiées.
Voir aussi
Liens internes
Bibliographie
- Arnold, C.; Gillet, F.; Gobat, J. M.; 1998 :Situation de la vigne sauvage Vitis vinifera ssp. silvestris en Europe. VITIS 37(4), 159-170.
- Davis, P. H., ed. 1965–1988. Flora of Turkey and the east Aegean islands.
- Erhardt, W. et al. 2000. Zander: Handwörterbuch der Pflanzennamen, 16. Auflage.
- Hanelt, P., ed. 2001. Mansfeld's encyclopedia of agricultural and horticultural crops. Volumes 1-6.
- Komarov, V. L. et al., eds. 1934–1964. Flora SSSR. (URSS)
- Rechinger, K. H., ed. 1963–. Flora iranica.
- Tutin, T. G. et al., eds. 1964–1980. Flora europaea.
Liens externes
- Référence Tela Botanica (France métro) : Vitis vinifera subsp. sylvestris (C.C.Gmel.) Hegi (fr)
- Référence GRIN : espèce Vitis vinifera L. subsp. sylvestris (C. C. Gmel.) Hegi (en)
- Référence Flora of Pakistan : Vitis vinifera (en)
- Page de l’université de Neuchatel sur le Projet Vigne consacré à l’Écologie de la vigne sauvage Vitis vinifera subsp. sylvestris dans les forêts alluviales et colluviales européennes
- Résumé d'une étude Flore et végétation du Parc jurassien vaudois.
- Résumé d'une étude tchèque sur l'occurrence de la présence de la vigne sauvage en Tchéquie.
Notes et références
- ↑ On prendra garde à ne pas confondre le terme de « lambrusque » avec l'espèce Vitis labrusca
- ↑ a , b et c (en) Thierry LACOMBE, Valérie LAUCOU, Manuel DI VECCHI, Louis BORDENAVE, Thibaut BOURSE, René SIRET, Jacques DAVID, Jean-Michel BOURSIQUOT, André BRONNER, Didier MERDINOGLU et Patrice THIS, « Contribution à la caractérisation et à la protection in situ des populations de Vitis vinifera L. ssp. silvestris (Gmelin) Hegi, en France », dans Les Actes du BRG, vol. 4, 2003, p. 381-404
- ↑ D'après Situation de la vigne sauvage Vitis vinifera ssp. silvestris en Europe de Arnold, C., Gillet, F. et Gobat, J. M. (VITIS 37(4), 159-170 ; 1998)
- ↑ D'après Les populations sauvages et cultivées de Vitis vinifera L. de Levadoux, L. (Ann. Amélior. Plantes 6(1), 59-117. : 1956)
- ↑ "silvestris" ou "sylvestris" les deux orthographes sont acceptées
- ↑ ce qui constitue des redites.
- ↑ Ecological risk assessment of transgenic plant releases : an Austrian perspective
- ↑ Référence GRIN : espèce Vitis vinifera subsp. sylvestris (en)
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