- Vieille Bourse
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Vieille Bourse Présentation Période ou style Architecture maniériste flamande Type Bourse de commerce Architecte Julien Destrée Date de construction 1652-1653 Protection Classé Monument Historique (1921) Géographie Pays France Localité Lille Coordonnées modifier La Vieille Bourse de Lille, nommée ainsi depuis la construction de la Chambre de Commerce et d'Industrie dans les années 1910, est sans conteste le monument le plus prestigieux de la ville. Située entre la Grand'Place et la Place du Théâtre, elle est l'un des témoins de l'intense activité économique qui se déroulait à Lille durant le Grand Siècle. Elle a été classée monument historique en 1921[1].
Le bâtiment, quadrangulaire, est en fait un emboîtement de 24 demeures identiques qui renferment ce que l'on nomme la Cour intérieure, lieu où bouquinistes, fleuristes, joueurs d'échecs, flâneurs et touristes se donnent rendez-vous.
Proche de la station de métro : Rihour. Sommaire
Histoire
1651 : Bourse de commerce
En 1651, sur la suggestion des Corporations, la Ville de Lille obtient de Philippe IV d'Espagne l'autorisation de construire sur le domaine public « une bourse à usage des marchands qui sera environnée et enclose de 24 maisons ».
La ville de Lille vend ainsi à 24 commerçants les parcelles de terrain sises sur la place du marché et prend à sa charge la construction des galeries, du pavement de la cour intérieure et des 4 entrées.
Le bâtiment est construit en 1652-1653 sous la direction de Julien Destrée, afin d'offrir aux marchands un monument majestueux comparable à celui d'Anvers, la Vieille Bourse remplace désormais la Fontaine au Change aujourd'hui disparue.
On retrouve une architecture typique de la Renaissance flamande du XVIIe siècle, qui mêle la couleur à l'exubérance des formes : guirlandes de fruits, cornes d'abondance, pilastres et trumeaux richement ornementés… Chaque corps sculpté faisant office de pilastre est une représentation païenne de la vie commerciale lilloise.
L'emblème de la Bourse de Lille est sans conteste la statue de Mercure — dieu du commerce — couronnant le sommet du campanile.
Le monument, restauré au XIXe siècle, ainsi que de 1989 à 1998 (association Mécénat) a retrouvé tout son éclat. Pour rappeler leur intervention dans la restauration de la Bourse, les grandes entreprises régionales ont tenu à faire ériger leur blason sur les cartouches surplombant les fenêtres supérieures du monument.
Classée en 1921 à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques, la Vieille Bourse est le témoin d'une période faste et décisive dans l'histoire économique et commerciale de la cité, alors concurrente avec ses sœurs flamandes: Anvers, Gand et Bruges.
1853 : Visite de Napoléon III à la Bourse
Le 23 septembre 1853, la chambre de commerce de Lille inaugure la pose de la première pierre d'une statue de Napoléon 1er à la Vielle Bourse et organise une réception en la présence de Napoléon III. Frédéric Kuhlmann, président de la chambre de commerce de Lille, y fait un discours remarqué sur l'essor de l'industrie nationale.
Un panorama historique des figures de l'industrialisation en France et à Lille est inclus dans le discours[2] de Frédéric Kuhlmann lors de cet événement, correspondant aux tableaux des savants visibles sur les murs de la cour intérieure de la Vielle Bourse. Y est fait référence au décret de Bois-le-Duc du 12 mai 1810 « qui accorde un prix d'un million de francs à l'inventeur de la meilleure machine propre à filer le lin » (Philippe de Girard), encourageant la création d'usines de filature mécanique du lin, et les décrets des 25 mars 1811 et 15 janvier 1812, promouvant la fabrication de sucre de betterave (Louis-François-Xavier Crespel-Delisse). « En encouragent par des récompenses nationales la création en France de la filature mécanique du lin et de la fabrication du sucre de betterave, comme il l'avait fait pour la filature de coton et le tissage, Napoléon avait pressenti toute l'influence que les industries nouvelles pouvaient exercer (...) Napoléon Ier pouvait-il espérer qu'en moins d'un demi-siècle, la filature mécanique de lin compterait 60 établissements dans la seule ville de Lille; qu'un seul département, faisant mouvoir 250 000 broches, occuperait à ce travail 12 000 ouvriers ? (...) Nos chemins de fer, nos canaux, nos ports, tous ces auxiliaires de l'activité humaine ont attiré simultanément votre attention. (...) Il n'est pas d'homme aux idées plus abstraites qu'Ampère, et certes on ne saurait, au premier aperçu, à quel titre il prendrait place dans ce Panthéon de l'industrie, et cependant ses travaux ont donné ouverture à la télégraphie électrique (et aux) applications industrielles de l'électricité. (...) Déjà ne voyez-vous pas la chaîne du métier à la Jacquard s'animer sous le courant électrique, sans le secours des cartons dus à l'invention de l'immortel artisan ? Demain, oui demain, ce ne sera plus la pensée seulement qui se transmettra instantanément à des distances infinies, c'est Liszt qui, de son cabinet, fera entendre les prodiges de ses notes sonores sur le théâtre de Londres ou de Saint-Pétersbourg. (...) glorification vivante des génies qui ont concouru à l'édification de notre prospérité agricole et manufacturière (...) Il y verra Leblanc affranchir le pays d'un lourd tribut payé à l'étranger (...) ». Parmi une quinzaine de savants et inventeurs français cités par Frédéric Kuhlmann, est mis en exergue Philippe de Girard, inventeur de la machine à filer le lin, réintroduite à Lille par Antoine Scrive-Labbe, Jacquard pour le tissage, Oberkampf, François Richard-Lenoir et Liévin Bauwens pour l'industrie du coton, et en chimie Berthollet, Leblanc, Achard, Vauquelin, Brongniart, Conté, Chaptal, Gay-Lussac, et aussi Arago, Ampère et Monge.
Est annexée au document support du discours de Kuhlmann et remis à Napoléon III une liste de patrons lillois et leurs domaines d'activités industrielles en 1853, particulièrement dans les domaines de la construction de machines et mécanique, du tissage et filature mécanique du lin et du coton, la teinturerie, apprêts, rouissage, la fabrication de produits chimiques, noir animal et colorants, soude artificielle, savonnerie, l'agroalimentaire avec la raffinerie du sucre et la fabrication de chicorée. Le débat sur le protectionnisme et le libre échange est déjà en gestation dans les discours de 1853, prélude au Traité Cobden-Chevalier de libre échange franco-anglais applicable de 1860 à 1892 et qui accroît la concurrence, nécessitant des ingénieurs pour mettre en œuvre les meilleures pratiques industrielles.
À la fin de ce discours, Napoléon III délègue au sénateur Jean-Baptiste Dumas, ancien ministre et co-fondateur de l'École centrale des arts et manufactures, le soin de venir à Lille le 9 octobre 1853 pour des échanges avec Frédéric Kuhlmann sur l'établissement d'une école supérieure industrielle, qui est aujourd'hui devenue l'École centrale de Lille.
La statue de l'Empereur Napoléon, protecteur de l'industrie, dont la première pierre a été posée en 1853, a été transférée au Palais des beaux-arts de Lille en 1976.
La cour intérieure
Quatre entrées permettent d'y accéder (seule l'entrée située place du théâtre est accessible en fauteuil grâce à une rampe) et chacune possède un cartouche à l'intérieur rappelant les valeurs de la bourse:
- L'Industrie reconnaissante 1853 (entrée Grand'Place)
- Aux tribunaux et chambre de commerce (entrée rue des 7 agaches)
- Au génie inventif (entrée place du théâtre)
- Honneur au travail (entrée rue Manneliers)
La cour intérieure est formée par quatre galeries couvertes, les numéros des demeures apparaissent sur les murs:
- la Galerie du campanile au numéro 1
- la Galerie des courtiers aux numéros 2, 3, 4, 5, 7, 8, et 9
- la Galerie du théâtre aux numéros 11, 12, 13 et 14
- la Galerie des agents de change aux numéros 17, 18, 19, 20, 21 et 23.
Galerie du campanile
Située entre le no 1 et le no 2, une plaque rappelle que pendant de nombreuses années la statue de Napoléon Ier s'érigeait au centre de la cour jusqu'à son déplacement dans les années 1970 au Palais des Beaux-Arts de Lille.
La plaque porte l'inscription suivante : L'an 1853 le 24 septembre, Sa Majesté l'empereur Napoléon III a visité la bourse de Lille et a daigné approuver les dispositions prises par la chambre de commerce pour l'érection d'une statue à l'empereur Napoléon Ier. Signé Napoléon. Sa Majesté a délégué pour la représenter à la cérémonie de la pose de la 1re pierre du monument à ériger M. le sénateur Dumas en sa qualité d'ancien ministre de l'agriculture et du commerce. Étaient présents MM. le maréchal Vaillant, Lemaire membre du corps législatif, Besson préfet du département du Nord, A. Richebé maire de la ville de Lille, F. Kuhlmann président de la chambre de commerce, Ch. Verley vice-président, Th. Rouze trésorier, Membres de la chambre H. Bernard, J. Decroix, Alf. Descamps, J. Lefebvre, H. Loyer, Tilloy-Casteleyn, Ad. Bonte, E. Delesalle, Descat Leleux, E. Lelièvre, Scrive-Bigo, Wattine-Bossu, A. Blondeau secrétaire.
Galerie des courtiers
Galerie du théâtre
Galerie des agents de change
Le Printemps de la Vieille Bourse
Chaque année, les étudiants de l'IAE de Lille fêtent la vieille bourse en proposant un festival de jazz, Le Printemps de la Vieille Bourse.
Notes et références
- Notice no PA00107569, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
- Chambre de commerce de Lille. Réception de Leurs Majestés Impériales. Visite de S. M. l'empereur Napoléon III à la Bourse. Pose de la première pierre du monument à Napoléon Ier, par M. le sénateur Dumas, délégué de Sa Majesté l'empereur. 1853, Lille, Impr. de L. Danel, 23 septembre 1853 [lire en ligne]
(notice BNF no FRBNF36329422q/)
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