- Vauban bâtisseur
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Vauban bâtisseur
Histoire de la fortification
Fortifications primitives
Les premières fortifications sont l'oppidum, talus naturel souvent renforcé, la palissade en bois, ou le mur de pierres sèches empilées, souvent sur le modèle de l'éperon barré[1]. L'apogée semble avoir été atteint par les tribus germaniques qu'affronta César[réf. nécessaire] en son temps, avec des talus composites : pierres, troncs d'arbre placés en longueur et terre, très difficile à détruire, car épais et donc résistant à des coups de béliers et insensibles au feu grâce à la présence de terre humide[réf. nécessaire] .
L'apparition de la maçonnerie
La brique séchée au soleil permet de créer des murs beaucoup plus hauts, et donc imprenables par escalade[réf. nécessaire], comme les murailles de la ville de Ninive en Assyrie, avec des murs en briques de près de quarante mètres de haut[réf. nécessaire]. Le bélier, les travaux de sape et de mine contre les murs obligent à leur donner jusqu'à plus de dix mètres d'épaisseur. Parfois, on se contente de deux murs parallèles dont l'intervalle est rempli de pierres ou de terre[2]. Le parapet se garnit de créneaux, pour que les défenseurs s'abritent entre deux tirs. Les villes fortifiées de cette époque deviennent quasiment imprenables par un assaut direct, il ne reste que la solution de l'investissement et du siège de longue durée, pour les faire tomber par la famine ou la reddition.
L'effort défensif porte principalement sur l'utilisation du terrain : appui sur les cours d'eau ou les dénivellations naturelles. Le fossé se généralise aussi dans les fortifications permanentes. Il présente trois avantages, il empêche l'assaillant d'amener une machine de siège au contact du mur, sans l'avoir préalablement comblé, il fournit des matériaux pour la construction du mur ou de la butte constituant l'obstacle, et enfin il augmente par sa profondeur, la hauteur de celui-ci.
D'autres perfectionnements commencent à se répandre, de nombreuses tours sont bâties sur une base circulaire ou ovale, au lieu de carrée ou rectangulaire, ce qui leur permet de mieux résister aux impacts des balistes. Par ailleurs, les matériaux évoluent, la brique cède la place à la pierre, plus courante aux latitudes septentrionales[3].
Le château fort
Article détaillé : Motte castrale.Article détaillé : château fort.La fortification en pierre, souvent un donjon entouré de remparts, ne correspond pas à une étape de l'histoire des châteaux forts. Autrement dit, les châteaux en pierre n'ont pas succédé aux châteaux en terre et bois. Le choix du matériau dépendait surtout des moyens du commanditaire. Les donjons sont adoptés en Normandie puis en Angleterre et en Allemagne au cours du XIe siècle[4].
L'apogée du château fort proprement dit est le XIIe siècle. On le désigne parfois sous l'expression « château roman ». À partir de 1150, les techniques castrales s’adaptent aux progrès de la poliorcétique[5]
La fin des châteaux forts
Certains spécialistes en castellologie comme Gérard Denizeau avancent que le XVe siècle signifie la fin des châteaux-forts. En effet, les progrès de l'artillerie rendent désormais les murailles très vulnérables. À partir de 1418, se généralise l'utilisation de boulets en fer, beaucoup plus destructeurs que les boulets de pierre[6]. Les canons de la fin de la guerre de Cent Ans permettent d'accélérer les sièges en ouvrant des brèches dans la muraille, plus efficacement que la sape ou le bélier. Cependant la mort du château fort ne fut pas si brusque. Il a continué aux XVe et XVIe siècles à s'adapter en fonction de l'évolution de l'armement. À Salses, à la frontière franco-espagnole, l'ingénieur aragonais Ramirez a « enterré » le château pour mieux résister aux tirs rasants. Le rempart atteint douze mètres d'épaisseur[7]. Aux angles, quatre tours circulaires sont percées de canonnières. Car la meilleure façon de résister au canon, c'est d'en avoir soi-même. C'est ce qu'on appelle la défense active.
Plus généralement, les anciens châteaux sont améliorés pour faire face à l'artillerie. Le sommet des tours accueille par exemple des plates-formes sur lesquelles on installe les canons (Fougères). On construit des barbacanes en U ou en proue de navire devant les entrées (Bonaguil, Lassay). On élargit les fossés que l'on défend par un moineau (Loches). Ou encore, on multiplie les tours le long de la courtine. Mieux, on installe de fausses braies (Gisors, Domfront). Le château-fort n'est donc pas fini mais son apogée est bien terminé. Si, en France, il est encore utilisé pendant les guerres de Religion dans la seconde moitié du XVIe siècle, on n'en construit pas de nouveaux. Henri IV confirme leur déclin en ordonnant la destruction ou le démantèlement de nombreuses forteresses pour éviter qu'elles servent de repère aux ennemis de l'autorité royale. [Ref pour l'ensemble du §]
Les forts classiques
L'apparition de l'artillerie et le début du bastion
L'apparition des canons rend la construction de murs maçonnés capables de leur résister de plus en plus ardue. De plus, les canons tirent de plus en plus vite et précisément, il devient possible de concentrer plusieurs tirs successifs sur une zone précise, pour créer une brèche, dans n'importe quel mur[8], ce qui était impossible avec l'artillerie nevrobalistique utilisant des machines à ressort ou à balancier. La fortification doit évoluer devant cette nouvelle menace. Une des premières démonstrations de la puissance des canons fut faite par le roi Charles VIII qui employa le premier des canons en bronze montés sur des affuts[9].
Article détaillé : Trace italienne.Une nouvelle école de fortification émerge et pose les bases des nouvelles manières de défendre les places fortes. Elle introduit le glacis, une zone en pente douce, privée de tout couvert, qui entoure la forteresse. Autre nouveauté, le chemin couvert, qui sépare le fossé du glacis : il permet de déployer des mousquetaires, pour fusiller tout assaillant qui s'aventurerait sur le glacis. Il est légèrement en contrebas des courtines principales qui sont armées par les canons de la place, ce qui permet l'étagement des feux ; il n'est pas protégé côté forteresse, et n'offre donc aucun avantage après sa prise. L'usage de la terre extraite du fossé dans la construction redevient prépondérant, la maçonnerie est employée principalement pour bâtir deux murs encadrant le fossé, l'escarpe côté courtine et la contrescarpe côté glacis[11]. La tour disparaît au profit du bastion, entre lesquels s'intercalent des demi-lunes, qui remplacent les premiers ouvrages détachés.
Toutes ces nouvelles techniques sont formalisées, en France, dans un premier traité de fortification : La fortification reduicte en art et demonstrée, écrit par Jean Errard et publié en 1604[12]. Il y détermine les distances entre les ouvrages en fonction de la portée de l'arquebuse et préconise l'étagement des feux. Antoine Deville et Blaise de Pagan poursuivent son œuvre, en particulier en introduisant l'usage de réduits, au sein des ouvrages, pour retarder leur chute en fournissant aux défenseurs une position de repli où ils peuvent se réfugier et bénéficier d'un avantage, au sein même de l'ouvrage. Le principe de l'échelonnement dans la profondeur est né[13], il est ensuite perfectionné par leurs successeurs, dont Vauban.
Le système Vauban
Fort de son expérience de la poliorcétique, il conçoit ou améliore les fortifications de nombreuses villes et ports français. Cela commence en 1666 avec la prise en main des travaux du fort de Brisach. Ce premier chantier lui attirera l'inimité de l'intendant d'Alsace, Charles Colbert de Saint-Marc qui n'hésitera pas à falsifier des pièces comptables pour le discréditer[14] et se poursuit jusqu'à la mort de l'ingénieur en 1707. Ces travaux gigantesques sont permis par la richesse du pays[15]. Il révolutionne aussi bien la défense des places fortes que leur capture. Il dote la France d'un glacis de places fortes pouvant se soutenir entre elles : pour lui, aucune place n'est imprenable mais si on lui donne les moyens de résister suffisamment longtemps des secours pourront prendre l'ennemi à revers et lever le siège. De plus, si la ville tombe, Vauban, qui ne souhaite pas que les assiégés résistent jusqu'au dernier, estime qu'une place bien défendue peut permettre une reddition avec les honneurs. Cela entraine pour les assiégés de pouvoir quitter la ville arme à la main et libres. Ces troupes libérées pourront être employées ultérieurement et peut-être avec plus de réussite[16]. Vauban va ainsi pousser le roi à révolutionner la doctrine militaire défensive de la France en concentrant les places fortes sur les frontières du Royaume c’est la « ceinture de fer » qui protège le pays : le pré carré du roi[17]. À l’intérieur du pays, où le danger d’invasion est moindre, les forteresses sont démantelées. Paris perd par exemple ses fortifications, d’une part, pour libérer des troupes devenues inutiles et qui sont transférées aux frontières et d’autre part, pour éviter aux révoltes de trouver asile dans l’une d’elles comme cela avait été le cas lors de la Fronde[18].
Au total, Vauban a créé ou élargi plus de 180 forteresses et donné son nom à un type d'architecture militaire : le système Vauban qui a largement été repris, même hors de France, comme par exemple pour les fortifications de la ville de Cadix.
Vauban aurait entre 1666 et 1707, été le responsable de l'amélioration des fortifications ou de la construction d'environ 119 places ou villes fortifiées, 34 citadelles, 58 forts/châteaux et de plusieurs dizaines de bâtiments de défenses (réduits et redoutes)[19].
Le pré carré
La guerre aux frontières nord de la France fait que la frontière est peu homogène avec un enchevêtrement de places françaises et ennemies. Vauban, afin de consolider les frontières du royaume et en rendre efficace la défense prône une gestion raisonnable de celles-ci. Il envisage de se défaire des places trop exposées[20] et de s'emparer par la négociation ou la force des places ennemies trop avancées. Ce concept débouchera sur le pré carré.
Le pré carré est une double ligne de villes fortifiées qui protège les nouvelles frontières du Royaume de France contre les Pays-Bas espagnols. Le pré carré a été conçu par Vauban au XVIIe siècle siècle après la conquête du Nord de l’actuelle France.
- Première ligne (d'ouest en est) : Dunkerque, Bergues, Furnes, Fort de Kenocq, Ypres, Menin, Lille, Tournai, Fort de la Mortagne, Condé, Valenciennes, Le Quesnoy, Maubeuge, Philippeville, Dinant.
- Deuxième ligne : Gravelines, Saint-Omer, Air, Béthune, Arras, Douai, Bouchain, Cambrai, Landrecies, Avesnes, Marienbourg, Rocroi, Charleville-Mézières[21].
À l'origine de cette expression, cette lettre adressée par Vauban à Louvois en janvier 1673 : "Sérieusement, Monseigneur, le roi devrait un peu songer à faire son pré carré. Cette confusion de places amies et ennemies ne me plaît point. Vous êtes obligé d'en entretenir trois pour une. Vos peuples en sont tourmentés, vos dépenses de beaucoup augmentées et vos forces de beaucoup diminuées, et j'ajoute qu'il est presque impossible que vous les puissiez toutes mettre en état et les munir. Je dis de plus que si, dans les démêlés que nous avons si souvent avec nos voisins, nous venions à jouer un peu de malheur, ou (ce que Dieu ne veuille) à tomber dans une minorité, la plupart s'en irait comme elles sont venues. C'est pourquoi, soit par traité ou par une bonne guerre, Monseigneur, prêchez toujours la quadrature, non pas du cercle, mais du pré. C'est une belle et bonne chose que de pouvoir tenir son fait des deux mains[22]."
La mise en place de ce système ne se fit pas sans heurts, ainsi, lorsque le 28 septembre 1687, il envoie un dossier proposant de rationaliser les places fortes, la réponse de Louvois est sans appel « (...)si vous n'étiez pas plus habile en fortification que le contenu de votre mémoire donne lieu de croire que vous l'êtes sur la matière dont il traite, vous ne seriez pas digne de servir le roi de Narsingue, qui, de son vivant, eut un ingénieur qui ne savait ni lire, ni écrire, ni dessiner »[23].
Conception et construction d'une fortification
Vauban était régulièrement sollicité pour, à l'instar de ses écrits sur la prise ou la défense des places fortes, rédiger un précis de construction. L'intéressé répondait invariablement que chaque place était unique car il fallait tenir compte de son environnement et s'y adapter[24].
Tout au long de sa carrière, Vauban perfectionna l'architecture des forteresses qu'il construisit ou aménagea. Ainsi, on lui attribue trois systèmes de fortification[25].
- Premier système :
Au début de sa carrière d'ingénieur aux fortifications, son travail était très proche de ce qui avait été fait par les architectes italiens et français de l'époque. Lui même reconnaissait qu'il « paganisait »[26]
- Deuxième système :
Tirant expérience de la poliorcétique, il développa un deuxième système. S'étant rendu compte que la prise d'un bastion entrainait invariablement la prise rapide de la ville, il décida de séparer ces derniers de l'ouvrage. Cette modification avait pour avantage de mieux protéger l'artillerie et de créer une deuxième ceinture de protection[27].
- Troisième système :
Ce dernier système est l'aboutissement de plusieurs décennies d'expérience militaire. Ce type d'ouvrage ne fut construit qu'une fois, ce fut Brisach. Il reprend les évolutions du deuxième système qui augmentait encore la défense en profondeur notamment par l'implantation de « tours-bastions » renforçants les bastions[28].
- Sébastien Le Prestre de Vauban
- Réseau des sites majeurs de Vauban classé au Patrimoine mondial de l'UNESCO le 7 juillet 2008
- Fortification
- Luc Mary, Vauban, le maître des forteresses, Éditions de l'Archipel, 2007 ;
- Bernard Pujo, Vauban, Albin Michel, 1991 (ISBN 978-2226052506) ;
- Anne Blanchard, Vauban, Fayard, 1996 (ISBN 978-2213596846) ;
- A. Allent, Histoire du corps impérial du génie, vol. 1 (seul paru) : Depuis l'origine de la fortification moderne jusqu'à la fin du règne de Louis XIV, Paris, 1805, p. 45-526 Étude sur Vauban ;
- Martin Barros, Nicole Salat et Thierry Sarmant, Vauban, l'intelligence du territoire, Service historique de la défense et Nicolas Chaudun, Paris, 2006 (réimpr. 2007) (ISBN 978-2-35039-044-4) ;
- ↑ « L’éperon barré de Saint-Avit », daté du Néolithique
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.23
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.15 - exemple du broch écossais
- ↑ Jean-Pierre Babelon (dir.), Le Château en France, page 33
- ↑ Gauvard (dir.), Dictionnaire du Moyen Âge, page 275
- ↑ [Louis-Napoleon Bonaparte - Études sur le passé et l’avenir de l’artillerie - tome II - p. 96]
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.101
- ↑ Collectif - Sous la direction de Viviane Barrie-Curien - Guerre et pouvoir en Europe au 17ème siècle - Éditions Veyrier - collection Kronos - 1991 - (ISBN 2851995510) - p. 132
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Editions Atlas - 1983 - p.98
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.111
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.112
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.120
- ↑ Les fortifications de Monsieur le comte de Pagan p.14
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 39
- ↑ Barros, Salat, Sarmant, op. cit.
- ↑ Collectif - Sous la direction de Viviane Barrie-Curien - Guerre et pouvoir en Europe au 17ème siècle - Éditions Veyrier - collection Kronos - 1991 - (ISBN 2851995510) - p. 142
- ↑ Claude Dufresnes ,Le bonheur est dans le pré carré, Historia thématique n°106, Mars-avril 2007, page 40
- ↑ Frédéric Négroni, La Révolution militaire aux XVIe et XVIIe siècles [1]
- ↑ Philippe Prost, Vauban : Le style de l'intelligence, Archibooks, Paris, 2007, 110 p. (ISBN 978-2357330115)p.13
- ↑ Collectif - Sous la direction de Viviane Barrie-Curien - Guerre et pouvoir en Europe au 17ème siècle - Éditions Veyrier - collection Kronos - 1991 - (ISBN 2851995510) - p. 140
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 99
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 63
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 142
- ↑ Précision donnée vers la fin de l'article
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Editions Atlas - 1983 - p.122
- ↑ Collectif - Sous la direction de Viviane Barrie-Curien - Guerre et pouvoir en Europe au 17ème siècle - Éditions Veyrier - collection Kronos - 1991 - (ISBN 2851995510) - p. 140
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.125
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Editions Atlas - 1983 - p.126-128
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 136
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 139
- ↑ L'histoire et la vie d'une place forte de Vauban - ed. Berger-Levrault - 1984
- ↑ Collectif - Sous la direction de Viviane Barrie-Curien - Guerre et pouvoir en Europe au 17ème siècle - Éditions Veyrier - collection Kronos - 1991 - (ISBN 2851995510) - p. 149
- ↑ Les plans-reliefs, monuments historiques
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 138
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 152
- ↑ Collectif - Sous la direction de Viviane Barrie-Curien - Guerre et pouvoir en Europe au 17ème siècle - Éditions Veyrier - collection Kronos - 1991 - (ISBN 2851995510) - p. 132
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 133
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 138
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.129
- ↑ Joël Cornette - L'Histoire N°323, septembre 2007 - p74-75 (pour tout le paragraphe)
- ↑ Plusieurs dessins et plans d'époque ainsi que des photos actuelles
- ↑ Plusieurs photos de l'aqueduc
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 126
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 130 (pour tout le paragraphe)
- ↑ Bernard Pujo - Vauban - page 143
- ↑ Isabelle Warmoes, Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil, Somogy - Éditions d'art, 2007, 431 p. (ISBN 9782757201213), p. 331
- ↑ Ian Hogg - Fortifications, histoire mondiale de l'architecture militaire - Éditions Atlas - 1983 - p.129
- ↑ Informations sur la citadelle de Hué
- ↑ Mémoire relatant les fortifications au Viêt Nam
- ↑ plusieurs photos de citadelles
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Choix de l'emplacement
Vauban cherchait le meilleur emplacement possible pour ses citadelles, que ce soit l'emplacement proprement dit ou l'importance de cet emplacement. Ainsi, en 1686, suite à un projet de fort dans l'île de Giesenheim, l'ingénieur s'oppose à cette idée car selon lui, cet ouvrage n'empêcherai en rien une armée de remonter le long du Rhin[29]. Pour la citadelle de Mont-Royal, il choisi, au lieu de renforcer un site pré-existant -la place de Trarbach- , de créer de toute pièce un nouvel ouvrage. Une fois l'emplacement choisi et les grandes lignes du projet dessinées, il délègue aux ingénieurs et dessinateurs la charge de réaliser le projet définitif[30].
Construction du plan-relief
Construites en bois et en carton, ces maquettes étaient destinées à présenter le projet de construction au Roi[31]. Cependant, elles n'avaient pas que cette fonction. Elles servaient à montrer la puissance du Roi, si une place était prise ou détruite par l'ennemi, cela permettait d'en garder la trace et si elle était reprise, le plan-relief servait comme base de travail pour apporter des améliorations. En raison de leur importance militaire, ces maquettes étaient à l'époque classées « secret-défense »[32]. Depuis 1927, la collection est classée monument historique[33]
Établissement des plans
Pour l'établissement des dessins et plans, Vauban disposait d'une équipe de dessinateurs qui travaillaient pour lui. Les frères Francart étaient installés au Château de Bazoches et effectuaient tous les dessins, plans et croquis dont il avait besoin[34].
Construction
Vauban, pour la construction des ouvrages défensifs, critique ouvertement les financiers qui veulent réaliser des économies pouvant se révéler désastreuses sur le plan militaire. Il insiste sur le fait de « bâtir solidement et donner le prix juste des ouvrages »[35].
Aménagement
Lors de sa construction le fort bénéficie d'aménagements. Ainsi des arbres sont plantés sur la muraille ainsi qu'à l'intérieur de la ville. Cela n'est pas dans un but esthétique mais dans un objectif militaire. À cette époque, les sièges des villes se faisaient à la belle saison lorsque les feuilles des végétaux offraient un rideau masquant l'intérieur de la ville et de son système défensif aux yeux des assiégeants. De plus, lors d'un siège les arbres pouvaient être employés à renforcer une muraille affaiblie, fournir du bois de chauffe...[36]
La fortification de la façade maritime
Après ses premiers travaux à Belle-île en 1682, Vauban revient en Bretagne en 1685 à Saint-Malo où il établit un projet de fortification pour la ville qui sera refusé par le Roi. De là, il se rend à Granville où il établit également un projet tout comme à Cherbourg. Il poursuit sa route vers le nord et propose des fortifications pour plusieurs villes traversées. Le Roi ne retiendra que deux villes à renforcer, Brest et Dunkerque[37].
La fortification en zone montagneuse
La fortification de ces zones est un défi pour l'ingénieur, contrairement aux plaines et vallons du nord du royaume, chaque zone fortifiée est différente de sa voisine et nécessite un aménagement au cas par cas. À Besançon, comme la citadelle est surplombée par des hauteurs, il décide de remplacer les bastions par des tours bastionnées qui abritent des canons protégés dans des casemates qui seront à même de défendre plus efficacement le site en cas d'attaque ennemie[38].
La défense en zone montagneuse peut être considérée comme un quatrième système en raison du choix de l'implantation qui privilégiait les défenses naturelles. Ainsi, un emplacement judicieusement choisi et favorable à la défense permettait d'alléger les constructions du système défensif[39].
De juillet à septembre 1692, lors de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, le duc de Savoie, opposé à la France, pénètre et ravage le Queyras et la vallée de la Durance. Le Roi prend conscience de la fragilité de sa frontière alpine et envoie Vauban en urgence pour la fortifier. Après des recherches approfondies dès septembre 1692, il choisi en novembre le plateau des milles vents (ou Millaures) à la confluence du Guil et de la Durance afin de verrouiller la route des Alpes. Il a également prévu d'installer une population civile car il y a des terres cultivables à proximités et des matériaux de construction en abondance. Le coût de ce projet est, dans un premier temps, estimé à 770 000 livres. Cependant ce chantier rencontre de nombreuses difficultés dont des affaissements de terrains qui retardent les travaux. Vauban rejète cependant ces retards sur les ingénieurs locaux. La construction d'un fort en un tel lieu et à mille mètres d'altitude entraîne une logistique lourde. Une fois le fort construit, 100 à 300 mulets furent employés pour approvisionner la citadelle, seuls animaux pouvant emprunter les sentiers alpins accidentés[40]
Les réalisations civiles
Aqueduc de Maintenon
Depuis l'installation de la cour à Versaille, la population a décuplé. Afin d'alimenter cette société en eau, de nombreux aménagements ont été effectués. Toutefois, ceux-ci sont insuffisants et il est projeté de détourner une partie de l'Eure pour alimenter le château via un canal d'environ 80 kilomètres[41]. Toutefois, ce dernier doit enjamber la vallée de cette dernière. Vauban propose de franchir la vallée par un principe de siphon, système moins onéreux que l'aqueduc initialement prévu. C'est ce dernier qui sera retenu car selon Louvois, il doit participer au rayonnement du Roi. Il devait avoir une longueur de presque 6 kilomètres, comporter 242 arches et culminer à 68 mètres de hauteur[42]. Le chantier emploiera environ 30 000 hommes dont les deux tiers sont des soldats. En raisons des guerres et de leur coût, ce chantier sera abandonné en 1689 et restera inachevé tout en ayant couté 8 millions de livres[43].Canal du Midi
Fin 1685, Vauban inspecte le « canal de communication des mers » connu actuellement sous le nom de canal du Midi. Cet ouvrage avait pour objectif de relier l'Atlantique à la Méditerranée afin d'éviter d'avoir à passer par le détroit de Gibraltar. Pierre-Paul Riquet, dès 1662, lança le projet d'étudier la faisabilité d'un tel ouvrage. En 1665, devant le projet présenté, Colbert, par « lettres patentes du Roi », permet l'exécution d'une première étude, notamment concernant l'acheminement de l'eau en quantité suffisante pour alimenter un tel canal. Le projet approuvé, les travaux, prévus pour un coût initial de six millions de livres, commencent, financés par les États du Languedoc, par le Roi et par Riquet lui-même lorsque les fonds viennent à manquer. Ce dernier meurt en 1680 avant que l'ouvrage ne soit terminé par son fils pour une dépense finale de 18 millions de livres. Toutefois, en l'état, l'ouvrage n'est pas exploitable et Vauban est chargé de déterminer les travaux à effectuer et les améliorations à apporter pour que le canal puisse être exploité. Afin de mener à terme ce chantier, il confie celui-ci à Niquet qui n'hésitera pas à prendre des libertés vis-à-vis du projet de Vauban[44].Après cet ouvrage, Vauban s'intéresse à un autre projet, aménager un canal dans les Flandres afin de relier Tournai à Dunkerque via Lille. Cet ouvrage aurait, selon le proposant, l'avantage d'assécher plus de dix mille arpents de marais et de capter une part non négligeable du commerce transitant habituellement plus aux nord mais hors du territoire français[45].
Les canaux des Flandres
Au cours des années 1680, les conquêtes françaises ont intégré plusieurs villes dans le royaume. Alors que leurs débouchés fluviaux naturels se situent en territoire ennemi en se dirigeant vers le nord et les Pays-Bas espagnol. Il faut songer à faire parvenir ce qui est produit dans ces nouvelles annexions vers les ports français comme Dunkerque. Le seul moyen est de creuser un réseau de canaux, d'aménager un certain nombre de rivières comme l'Aa. Vauban y travaille et entre 1687 et 1693, il relie la Scarpe à la Deûle, creuse le canal de la Sensée qui joint Arleux à Douai en 1690[46].
Il multiplie les projets d'aménagement, ainsi, il projette de travailler sur l'Escaut pour le rendre navigable, de créer un nouveau canal qui relierait Tournai à Lille et pousserait jusqu'à la Deûle et la Lys.
Vauban et l'urbanisme
Héritage
Les chantiers de Vaubans furent parfois longs à achever, ainsi, les ingénieurs durent terminer des chantiers qu'il avait initié, parfois plusieurs décennies après le décès de leur concepteur. À titre d'exemple, le château du Taureau fut terminé en 1745.
Le travail de Vauban sur les fortification influença durablement ses successeurs. Ils s'évertuèrent à imiter, copier, interpréter le travail de l'architecte. Portant leurs travaux sur les tirs en enfilade et la défense en profondeur, ils négligèrent l'impact des tirs frontaux et abandonnèrent peu à peu le principe de l'enceinte symétrique[47].
En France
À travers le Monde
Au Viêt Nam, sous la dynastie Nguyễn et plus particulièrement sous le règne de Gia Long, plusieurs citadelles furent construites[48],[49],[50]. Elles reprennent dans les grandes lignes les principes de fortification de Vauban.
Sur la côte atlantique du Maroc s'élève une forteresse édifiée par le sultan Mohammed ben Abdellah. Ce dernier, en 1764, demande à Théodore Cornut de lui tracer les plans d'une citadelle construite dans la ville d'Essaouira.
Au Japon, la citadelle de Goryōkaku fut construite pendant la deuxième moitié du XIXème siècle.
Ces monuments sont présentés comme étant conçus à partir de modèles imaginés par Vauban. En replaçant ce dernier dans le contexte de l'architecture militaire, il n'est pas l'inventeur de cette architecture, il l'a juste perfectionnée. la citadelle de Bourtange illustre ce propos puisque qu'elle fut construite vers 1590 soit plus de 40 ans avant la naissance de l'ingénieur.
La citadelle de Goryōkaku au Japon |