- Tôkaidô
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Tōkaidō
Tōkaidō (東海道? lit. la route de la mer de l'est) désigne un important axe de circulation japonais entre Tōkyō, Kyōto, Ōsaka et Kōbe.
Historiquement, le Tōkaidō était une circonscription administrative dans l'Antiquité regroupant plusieurs provinces entre ce qui allait devenir les deux plus importantes régions du Japon, à savoir le Kantō et le Kansai. Il désigne aussi l'itinéraire passant par ces provinces. C'est l'installation du shogunat à Kamakura qui fut à l'origine du fort développement que connut cette route reliant Edo (l'actuelle Tōkyō) à Kyōto.
De nos jours, le Tōkaidō regroupe plusieurs axes de circulation : l'autoroute Tōmei-Meishin (東名名神高速道路, Tōmei Meishin kōsoku dōro?) reliant Tōkyō à Ōsaka, ainsi qu'à la ligne ferroviaire du réseau JR Est entre Tōkyō et Kōbe. De cette fameuse route qu'emprunte le shinkansen on peut apercevoir le Mont Fuji. C'est l'un des axes de communication les plus actifs du pays.
Le Tōkaidō représente l'artère principale de la vaste mégalopole du même nom Tōkaidō megaroporisu (東海道メガロポリス?) où vivent plus de 55 millions d'habitants, reliant les villes de Tōkyō, Nagoya et Ōsaka (respectivement première, quatrième et troisième villes du pays par la population) ainsi que Kōbe.
Sommaire
Les origines du Tōkaidō
Article connexe : 53 stations du Tōkaidō (Hiroshige).La route du Tōkaidō, reliant Edo à Kyōto en passant par le littoral, représente une distance totale de 500 kilomètres environ, que les voyageurs du XVIIe siècle mettent alors pratiquement deux semaines à parcourir, à pied la plupart du temps, mais aussi à cheval, en logette de bambous tressés (kago) ou en palanquin (norimono), selon l'aisance plus ou moins grande des voyageurs[1].
Cette route est la plus connue des « Cinq Routes » du shogunat Tokugawa. Ces « Cinq Routes » (五街道, Gokaidō?) sont les cinq voies majeures (街道, kaidō?) qui partaient d'Edo (aujourd'hui Tōkyō) pendant la période Edo, et dont la plus importante est la route du Tōkaidō.
Le shogun Tokugawa Ieyasu commence en 1601 la construction de ces cinq routes de façon à augmenter son contrôle sur le pays, mais c'est Tokugawa Ietsuna, quatrième shogun du shogunat Tokugawa et petit-fils de Ieyasu, qui les proclame « routes majeures ». De nombreux relais (宿場, shukuba?) sont installés tout au long des routes pour permettre aux voyageurs de se reposer et de se ravitailler.
Le tracé initial du Tōkaidō remonte au XIe siècle, et faisait partie des sept « circuits » ou régions administratives qui divisaient le Japon en étoile en partant de Kyōto dans le système des « Cinq provinces et sept circuits » (五畿七道, Gokishichidō?) ; la route prend toute son importance à l'ère Edo, à partir de 1603, compte tenu du pouvoir central fort désormais installé à Edo avec les shōgun Tokugawa. Elle part du pont Nihonbashi (日本橋« le pont du Japon ») à Edo, pour se terminer au pont Sanjō-ōhashi (三条大橋), à Kyōto. Elle était jalonnée de cinquante-trois relais distants en moyenne de quatre ri (une unité de longueur représentant environ 2 km)[2].
À l'ère Edo, la route est fréquentée en particulier par les daimyō, astreints par le système du sankin-kōtai à résider un an sur deux à Edo, où ils doivent d'ailleurs laisser leur famille en otage, car le pouvoir shogunal se méfie d'eux après la longue période de guerre civile dont le pays sort à peine. Ce système coûte aussi fort cher aux daimyō, contraints d'entretenir deux résidences, et d'emmener avec eux leur suite, qui peut compter de cent à deux mille personnes[2]. Mais la route est parcourue par bien d'autres voyageurs : marchands, pèlerins et bonzes, et même touristes.
Les relais sont souvent situés dans des sites pittoresques, ou près de sanctuaires bouddhistes ou shinto, et offrent, non seulement des auberges pour passer la nuit, mais aussi des restaurants ou des commerces vendant des spécialités locales. On y trouve aussi tout l'indispensable pour voyager dans de bonnes conditions : écuries, palefreniers, portefaix, guides[2]...
Liste des 53 étapes du Tōkaidō en partant d'Edo (Nihonbashi) jusqu'à Kyōto
- Nihonbashi (日本橋) à Edo, ancienne province de Musashi, actuellement arrondissement de Chūō à Tōkyō.
- Shinagawa (品川) dans la préfecture de Tōkyō
- Kawasaki (川崎) , préfecture de Kanagawa : rive sud de la Tama-gawa (多摩川, Tamagawa?) également appelée rivière Rokugo (六郷川, Rokugōgawa?)
- Kanagawa (神奈川)
- Hodogaya (程ヶ谷,保土ヶ谷) ancienne province de Musashi
- Totsuka (戸塚) ancienne province de Sagami
- Fujisawa (藤沢)
- Hiratsuka (平塚) rive ouest de la Sagami (相模川, Sagamigawa?)
- Ōiso (大磯)
- Odawara (小田原)
- Hakone (箱根) ancienne province de Sagami, actuellement préfecture de Kanagawa : Il y avait un poste frontière à la Passe de Hakone.
- Mishima (三島) ancienne province d'Izu, actuellement préfecture de Shizuoka
- Numazu (沼津) ancienne province de Suruga
- Hara (原) inclus maintenant dans Numazu
- Yoshiwara (吉原) inclus maintenant dans la ville de Fuji : rive est de la Fuji (富士川, Fujikawa?)
- Kanbara / Kambara (蒲原) maintenant une enclave de l'arrondissement de Shimizu-ku
- Yui (由井,由比)
- Okitsu (興津) inclus maintenant dans Shimizu-ku
- Ejiri (江尻) maintenant dans la ville de Shizuoka
- Fuchū / Sunpu / Sumpu (府中,駿府) maintenant dans la ville de Shizuoka : rive est de l'Abe (安倍川, Abekawa?)
- Mariko / Maruko (鞠子,丸子) maintenant inclus dans Shizuoka
- Okabe (岡部)
- Fujieda (藤枝)
- Shimada (島田) ancienne province de Suruga : rive est de l'Ōi (大井川, Ōigawa?)
- Kanaya (金屋,金谷) ancienne province de Totomi : maintenant inclus dans Shimada : rive ouest de la rivière Oi
- Nissaka (日坂) inclus maintenant dans Kakegawa
- Kakegawa (掛川)
- Fukuroi (袋井)
- Mitsuke (見附) actuellement Iwata
- Hamamatsu (浜松): rive ouest de la Tenryū (天竜川, Tenryūgawa?)
- Maisaka (舞阪) inclus maintenant dans Hamamatsu
- Arai (荒井,新居): Il y avait un poste frontière à cet endroit, comme à Hakone.
- Shirasuga / Shirasuka (白須賀) ancienne province de Tōtōmi, maintenant inclus dans Kosai, préfecture de Shizuoka
- Futakawa / Futagawa (二川) ancienne province de Mikawa, maintenant inclus dans Toyohashi, Préfecture d'Aichi
- Yoshida (吉田) actuellement Toyohashi
- Goyu (御油) maintenant inclus dans Toyokawa
- Akasaka (赤坂) maintenant inclus dans Otowa
- Fujikawa (藤川) maintenant inclus dans Okazaki
- Okazaki (岡崎)
- Chiryū / Chirifu (地鯉鮒, 知立) ancienne province de Mikawa
- Narumi (鳴海) ancienne province d'Owari maintenant inclus dans Nagoya
- Miya (宮) ancienne province d'Owari, actuellement inclus dans l'arrondissement d'Atsuta à Nagoya, préfecture d'Aichi: le trajet s'effectuait en bateau entre Miya et Kuwana sur la baie d'Ise pour éviter de devoir franchir trois rivières : Kiso, Nagara et Ibi.
- Kuwana (桑名) anciennement province d'Ise, actuellement préfecture de Mie
- Yokkaichi (四日市)
- Ishiyakushi (石薬師) maintenant inclus dans la ville de Suzuka
- Shōno (庄野) maintenant inclus dans Suzuka
- Kameyama (亀山)
- Seki (関) maintenant inclus dans Kameyama
- Sakanoshita (坂ノ下) ancienne province d'Ise : inclus dans Seki jusque 2005, a fusionné avec Kameyama, préfecture de Mie : sud-est de la passe de Suzuka
- Tsuchiyama (土山) ancienne province d'Ōmi, actuellement inclus dans Kōka, préfecture de Shiga : sur-ouest de la passe de Suzuka
- Minakuchi (水口) maintenant inclus dans le district de Kōka
- Ishibe (石部) maintenant inclus dans Kōnan
- Kusatsu (草津)
- Ōtsu (大津) ancienne province d'Ōmi, actuellement préfecture de Shiga
- Kyōto (京都, parfois 'Keishi', 京市) ancienne province de Yamashiro, actuellement préfecture de Kyōto
Tōkaidō dans l'art japonais
Article détaillé : Tōkaidō dans l'art japonais.Le Tōkaidō a inspiré de nombreux artistes d'ukiyoe dont Hokusai et Hiroshige.
Tōkaidō aujourd'hui
Le Tōkaidō reste encore aujourd'hui le principal axe de transports au Japon, en tant qu'épine dorsale de la mégalopole japonaise appelée Tōkaidō megaroporisu (東海道メガロポリス?) lorsqu'elle est limitée à la conurbation unissant les villes de Tōkyō, Nagoya et Ōsaka (où vivent plus de 55 millions d'habitants) ou encore Taiheiyō Beruto (太平洋ベルト?) dans son acceptation la plus large et la plus complète (de Tōkyō à Fukuoka, soit plus de 85 millions d'individus). Axe multimodal, il est constitué d'un réseau ferroviaire et routier particulièrement dense.
Transports ferroviaires
Le groupe Japan Railways a développé ses deux principales lignes sur le tracer du Tōkaidō, en reprenant d'ailleurs ce nom :
- le Shinkansen Tōkaidō (東海道 新幹線, とうかいどう しんかんせん?), géré par la JR Central, relie Tōkyō (Gare de Tōkyō) à Ōsaka (Gare Shin-Ōsaka) en passant par les principales villes du circuit (Yokohama, Nagoya et Kyōto), soit 552,6 km en une moyenne de 2h30 pour ses services les plus rapides (le Nozomi, dont surtout les N700 qui atteignent 285 km/h sur cette ligne, et peuvent accélérer jusqu'à leur vitesse de croisière de 270 km/h en trois minutes). Mis en service le 1er octobre 1964, il s'agit de la plus ancienne ligne à grande vitesse au monde, et de la plus fréquentée au Japon avec 151 millions de passagers transportés durant l'année fiscale 2007 (avril 2006-mars 2007) et 309 trajets quotidiens programmés pour l'année fiscale 2008. Cette même année, le Shinkansen Tōkaidō a rapporté 1 085 milliards de yens (10,857 milliards de dollars américains), soit 86,1 % des revenus de la JR Central[3].
- la ligne principale Tōkaidō (東海道 本線, Tōkaidō-honsen?) relie Tōkyō (Gare de Tōkyō) à Kōbe (Gare de Kōbe), soit 589,5 km et 161 gares. Il s'agit de l'un des tous premiers chemins de fer construits au Japon, le premier tronçon (entre Shimbashi et Yokohama) étant inauguré en 1872 et la ligne étant complétée en 1889. En 1987, lors de la privatisation et de la scission de la JNR, son exploitation a été divisée en trois parties réparties entre trois compagnies ferroviaires différentes (si bien qu'aujourd'hui il n'existe plus de trains couvrant la totalité du parcours à l'exception de certaines liaisons nocturnes) :
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- le Tōkyō-Atami (104,6 km) à la JR East,
- le Atami-Maibara (341,3 km) à la JR Central,
- le Maibara-Kōbe (143,6 km) à la JR West.
Transports routiers
Le tracé du Tōkaidō est suivi dans l'essentiel par deux axes autoroutiers parallèles de première importance : une publique nationale (la Route Nationale 1) et deux privées (les Autoroutes Tōmei et Meishin).
- Route Natonale 1 (国道1号, Kokudō Ichi-gō?), suit le plus fidèlement l'ancienne route et va du Nihonbashi dans l'arrondissement de Chūō à Tōkyō au quartier d'Umeda dans l'arrondissement de Kita à Ōsaka (565,4 km) en passant par toutes les capitales des préfectures traversées : Yokohama (Kanagawa), Shizuoka (Shizuoka), Nagoya (Aichi), Ōtsu (Shiga) et Kyōto (Kyōto). Elle a été ouverte le 4 décembre 1952 avec les premières autoroutes japonaises.
Le Nihonbashi, terminus tokyoïte de la Route Nationale 1, mars 2005
- l'axe Tōmei-Meishin qui va de l'arrondissement de Setagaya à Tōkyō à Nishinomiya dans la Hyōgo, près de Kōbe (540,8 km) par le biais de deux autoroutes distinctes qui se suivent :
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- l’Autoroute Tōmei (東名 高速 道路, Tōmei Kōsoku Dōro?) est une voie rapide gratuite désormais privée, ouverte entre 1968 et 1969 et gérée par la NEXCO Central Japan depuis la privatisation et la scission en 2005 de la JH. Il relie Setagaya (Tōkyō) à Komaki (près de Nagoya, Aichi), soit 346,8 km. Il s'agit de la route appartenant à la NEXCO Central Japan la plus utilisée, avec certaines sections utilisées par plus de 500 000 véhicules par jour[4]. À Komaki, il rejoint l'Autoroute Meishin.
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- l’Autoroute Meishin (名神 高速 道路, Meishin Kōsoku-dōro?) est une voie rapide à péage désormais privée ouverte entre 1963 et 1968 et gérée en partie par la NEXCO Central Japan (pour sa partie orientale, entre Komaki, Aichi, et Yōkaichi, Shiga) et pour l'essentiel par la NEXCO West Japan, depuis la privatisation et la scission en 2005 de la JH. Il relie Komaki (près de Nagoya, Aichi) à Nishinomiya (près de Kōbe, Hyōgo), soit 194 km. Il dessert Kyōto mais contourne Ōsaka, et suit à certains moments plus le Nakasendō (ancienne route d'Edo à Kyōto mais en passant par les montagnes) que le Tōkaidō.
Bibliographie
- Roman
- A pied sur le Tôkaidô, Jippensha Ikkû, Editions Philippe Picquier (2000) ISBN 2877303616
- Illustrations
- Le Tôkaidô d'Hiroshige, Hiroshige Andô - Jocelyn Bouquillard, Editions Art Stock, Collection Bibliothèque de l'image, 95p. (2002) ISBN 2-914239-69-6
- La Route du Tôkaidô, Thierry Girard, (textes de Yuko Hasegawa, Nagahiro Kinoshita et Philippe Bata), Paris, Marval, 128p. (1999) ISBN 2-8623-4274-2
Notes et références
- ↑ Notice sur les 53 stations du Tōkaidō de l'exposition Estampes japonaises, Images d'un monde éphémère, à la BnF du 18 novembre 2008 au 15 février 2009
- ↑ a , b et c Jocelyn Bouquillard, Le Tōkaidō de Hiroshige, Bibliothèque de l'image, 2002, page 5
- ↑ [pdf] « Databook 2008 », Central Japan Railway Company
- ↑ (en) Site officiel de la NEXCO Central
Articles connexes
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