Truandailles

Truandailles

Jean Richepin

Jean Richepin photographié par Nadar.

Jean Richepin, né à Médéa (Algérie) le 4 février 1849 et mort à Paris le 12 décembre 1926, est un poète, romancier et auteur dramatique français.

Sommaire

Avant La Chanson des gueux

Ce poète turbulent, fils d'un médecin militaire breton, eut dans sa jeunesse une réputation de « fort en thème », ce qui lui permit de faire de brillantes études secondaires et d'intégrer l'École normale supérieure en 1868, avant d'obtenir une licence ès lettres en 1870.

Avec la guerre, il prend goût à l'aventure en s'engageant dans un corps de francs-tireurs et, faisant alors l'expérience de la liberté, il mène pendant quatre ans une vie d'errance, gagnant sa vie en s'engageant successivement comme journaliste, professeur, matelot, docker à Naples et à Bordeaux. En 1875 enfin, il découvre le quartier latin, où il se fait très vite remarquer par ses excentricités et fait la connaissance de Léon Bloy, Paul Bourget, Maurice Rollinat et surtout Raoul Ponchon, rencontré dans les salons de la maîtresse de Charles Cros, Nina de Villard, et qui deviendra son ami inséparable. Avec ce dernier et Maurice Bouchor, il fonde le Groupe des Vivants. Fortement inspiré par les œuvres de Petrus Borel, Baudelaire et Jules Vallès, qu'il considérait comme le réfractaire par excellence, il se décide à rejeter le joug des conventions sociales et culturelles, à célébrer l'instinct. Vantant, non sans humour, sa force physique, sa virilité, sa prétendue hérédité bohémienne, il se crée une biographie imaginaire et riche en couleurs.

Les succès poétiques

En 1877, le grand public découvre soudain Richepin avec La Chanson des gueux, qui vaut immédiatement à son auteur un procès pour outrage aux bonnes mœurs. Le livre est saisi, Richepin condamné à passer un mois de prison à Sainte-Pélagie, mais il était d'ores et déjà trop tard : il était célèbre.

Portrait par Ringel d'Illzach.

L'apparition du naturalisme lui fait découvrir, après sa libération, de nouveaux horizons, mais si, dans ses Caresses, il emploie un langage cru, argotique, populaire, l'étalage de sensualité affectée, souvent grotesque ou vulgaire, laisse trop facilement transparaître son désir de scandaliser la bourgeoisie, ce qui vaut au recueil d'être considéré comme manquant de sincérité poétique. Le matérialisme grandiloquent et le nihilisme fanfaron des Blasphèmes lui valent le surnom de « Lucrèce de foire ».

L'infatigable

Dès 1873, il avait fait avec L'Etoile des débuts simultanés d'acteur et d'auteur de théâtre. Il paraît encore en 1883 aux côtés de Sarah Bernhardt dans le premier rôle de son drame, Noha-Sahib, qui se heurte à une semi-indifférence du public. Mais à force de persévérance, il connaît un véritable succès théâtral avec Le Chemineau en 1897. Il collabore de plus activement au Gil Blas et publie plusieurs romans très populaires, tels La Glu (1881) et Miarka, la fille à l'ourse (1883). Voyageur invétéré, on le voit souvent à Londres, ou parcourant des contrées plus ou moins éloignées, l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne, la Scandinavie, l'Afrique du Nord, où il ne cherche pas plus à rencontrer des personnalités littéraires que des espaces « exotiques », le grand air, le nouveau enfin.

Reconnaissance et fin

Portrait par Steinlen.

Le 5 mars 1908, suite au décès d'André Theuriet, son élection à l'Académie française, où il fut reçu par Maurice Barrès le 18 février 1909, consacra en quelque sorte une carrière de révolté que les honneurs avaient rendu inoffensif.

Jean Richepin écrivit jusqu'à la fin de sa vie. Il collabora à La Bonne chanson, Revue du foyer, littéraire et musicale, dirigée par Théodore Botrel et on vit paraître en 1922 et 1923 encore deux recueils de vers, Les Glas et Interludes.

Il s'était tout d'abord imposé par une remarquable truculence verbale. Il était d'un caractère violent, exalté et romantique, d'un romantisme dont il ne retint que la « parure », le pittoresque et surtout la recherche de mots nouveaux. C'était là ce que l'on pourrait appeler le « domaine » de Richepin, maître incontestable de son métier poétique et fort de sa culture de normalien lettré. Mais, victime de sa prodigieuse facilité à trouver des mots et des images, ce révolté n'est plus considéré de nos jours que comme un « très grand rhétoricien ».

Jean Richepin fut enterré à Pléneuf-Val-André, dans les Côtes-d'Armor, où il venait souvent passer des vacances dites bretonnes avec Raoul Ponchon, qui reposera à ses côtés en 1937.

Il habita le château des Trois-Fontaines à Montchauvet (Yvelines), et y fut élu maire de la commune le 19 mai 1912, mais ne sera pas réélu le 7 décembre 1919.

Jugement

« En réalité, vous vous foutez de tout, excepté de deux choses : jouir le plus possible et faire du bruit dans le monde. Vous êtes naturellement un cabotin, comme d'autres sont naturellement des magnanimes et des héros. Vous avez ça dans le sang. Votre rôle est d'épater le bourgeois. L'applaudissement, l'ignoble claque du public imbécile, voilà le pain quotidien qu'il faut à votre âme fière. »

— Léon Bloy, Lettre à Paul Richepin (1877)

Œuvres

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Poésie
  • La Chanson des gueux (1876). Réédition : 1990
  • Les Caresses (1877)
  • Les Blasphèmes (1884)
  • La Mer (1886)
  • Mes Paradis (1895)
  • La Bombarde (1899)
  • Poèmes durant la guerre (1914-1918) (1919)
  • Les Glas (1922)
  • Interludes (1923)
  • Les petits gagne-pain parisiens (1927)
Romans
  • Madame André (1878)
  • La Glu (1881)
  • Quatre petits romans (1882)
  • Miarka la fille à l'ours (1883)
  • Braves Gens (1886)
  • Césarine (1888)
  • Le Cadet (1890)
  • L'Aimé (1893)
  • Flamboche (1895)
  • Lagibasse (1900)
  • L'Aile (1911)
Contes et nouvelles
  • Les Morts bizarres (1877) . Réédition : 1980
  • Le Pavé, croquis parisiens (1883)
  • Truandailles (1890)
  • Cauchemars (1892)
  • La Miseloque (1893)
  • Les Grandes Amoureuses (1896)
  • Contes de la décadence romaine (1898). Réédition : 1993
  • Paysages et coin de rue (1900)
  • Contes espagnols (1901)
  • Prose de guerre (1915)
  • La Clique (1917)
  • Le Coin des fous, Histoires horribles (1921) Réédition : 1996
  • Contes sans morale (1922)
Théâtre et spectacles
  • La Glu, drame lyrique en 5 actes et 6 tableaux, Paris, Théâtre de l'Ambigu, 27 janvier 1883.
  • Pierrot assassin, pantomime, avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Pierrot et Réjane dans celui de Colombine, Paris, Palais du Trocadéro, 28 avril 1883.
  • Macbeth, drame en 9 tableaux et en prose, de Jean Richepin d'après William Shakespeare, avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Lady Macbeth, Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin, 21 mai 1884.
  • Monsieur Scapin, comédie en 3 actes, avec Coquelin cadet (Tristan), Coquelin aîné (Scapin), Paris, Comédie-Française, 27 octobre 1886.
  • Le Flibustier, comédie en 3 actes, Paris, Comédie-Française, 15 mai 1888.
  • Le Mage, opéra en cinq actes et six tableaux, livret de Jean Richepin, musique de Jules Massenet, Paris, Théâtre national de l'Opéra, 16 mars 1891.
  • Par le glaive, drame en 5 actes, avec Mounet-Sully (Pietro Strada), Paris, Comédie-Française, 8 février 1892.
  • Le Chemineau, drame en 5 actes, Paris, Odéon-Théâtre de l'Europe, 16 février 1897.
  • La Martyre, drame en 5 actes, Paris, Comédie-Française, 18 avril 1898.
  • La Gitane, drame en 4 actes, Paris, Théâtre Antoine, 22 janvier 1900.
  • L'Impératrice, ballet féerique, livret de Jean Richepin, musique de Paul Vidal, Paris, L'Olympia, 6 avril 1901.
  • Don Quichotte, drame héroï-comique en vers, en 3 parties et 8 tableaux, Paris, Comédie-Française, 16 octobre 1905.
  • Miarka, drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux dont un prologue, musique de Alexandre Georges, Paris, Opéra-Comique, 7 novembre 1905.
  • La Belle au bois dormant, féerie lyrique en 1 prologue et 14 tableaux, en collaboration avec Henri Cain, avec Sarah Bernhardt dans le rôle du poète Landry, Paris, Théâtre Sarah Bernhardt, 25 décembre 1907.
  • La Beffa, drame en 4 actes, traduction et adaptation de La cena delle beffe de Sem Benelli, avec Sarah Bernhardt dans le rôle de Gianetto Malespini, Paris, Théâtre Sarah Bernhardt, 2 mars 1910.

Adaptations

  • Gabriel Fauré a composé deux mélodies (Op.51) sur des poèmes de Richepin : Larmes et Au cimetière.
  • Georges Brassens a mis en musique et interprété deux textes de Richepin : Les oiseaux de passage et Les Philistins (titre original : Chanson des cloches de baptême).
  • Rémo Gary a mis en chanson de nombreux textes de Jean Richepin auquel il consacre un disque entier intitulé Dans la rade des lits ; notamment il interprète dans son intégralité le poème Les oiseaux de passage (Même pas foutus d'être heureux, 2007).

Liens externes


Précédé par
André Theuriet
Fauteuil 2 de l’Académie française
1908-1926
Suivi par
Émile Mâle
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