Tou Bichvat

Tou Bichvat
Tou Bichvat
'Shvat נטיעות טו בשבט.Jpg
De même que mes pères ont planté pour moi, je planterai pour mes enfantsT.B. Taanit 23a

Nom officiel hébreu : חֲמִשָּׁה עָשָׂר בִּשְׁבָט Hamicha assar Bichvat « Quinze de shevat »
Autre nom Tou[1] Bichvat רֹאשׁ הַשָּׁנָה לָאִילָן, Rosh Hashana La'Ilan, « Nouvel An de lArbre »
Observé par le judaïsme rabbinique
Type agricole
Signification Nouvelle année pour les dîmes et prescriptions végétales.
Date 15 shevat
Date 2011 20 janvier
Date 2012 8 février
Observances Jour de joie, consommation de fruits, plantation darbres, méditation sur le cycle de la nature.

Tou Bichvat ou Hamicha assar bichvat (hébreu : ט"ו בִּשְׁבָט ou חֲמִשָּׁה עָשָׂר בִּשְׁבָט « le quinze du mois de shevat ») est une fête juive dinstitution rabbinique.

Désigné dans la Mishna comme « nouvel an des arbres » (hébreu : רֹאשׁ הַשָּׁנָה לָאִילָן roch hachana la'ilan), Tou Bichvat devient, sous limpulsion des kabbalistes de Safed (et du sionisme), une fête du renouveau de la terre dIsraël qui prend, avec la contre-culture des années 1960, les dimensions dune journée juive de lécologie.

Le 15 shevat a lieu selon les années entre la mi-janvier et la mi-février du calendrier grégorien.

Sommaire

Tou Bichvat dans les sources juives

Dans la Bible hébraïque

Éléments essentiels de la vie dans le croissant fertile, les arbres fruitiers occupent une place de choix dans la Bible hébraïque et les versets quelle y consacre forment le noyau de la fête de Tou Bichvat bien que ce jour ny soit pas mentionné ni évoqué.

Parmi les nombreuses ordonnances du « code de sainteté » figure la façon de traiter ces arbres : il convient, après les avoir plantés, den considérer pendant trois ans les fruits comme une excroissance (orlah) à laquelle il est défendu de toucher ; la quatrième année suivant leur plantation (neta revaï), ces fruits doivent être consacrés à Dieu et ne peuvent servir au profit personnel quà partir de la cinquième année[2].

Sur les sept espèces énumérées par Moïse pour illustrer la fertilité de la terre dIsraël, cinq sont produites par des arbres[3] (le raisin, la figue, la grenade, lolive huileuse et la datte). Lun des bienfaits dont Dieu comble le peuple dIsraël est quils jouiront, en prenant possession du pays, de vignobles et d'oliveraies quils nauront pas plantés[4]. Il convient de lui en rendre grâce en prélevant les dîmes sur les produits de la terre au long des six premières années du cycle septennaire de celle-ci. Ces dîmes, prélevées en sus de la dîme réservée aux prêtres, doivent être apportées dans la localité du sanctuaire ou converties en argent à dépenser dans cette localité, et consommées en état de pureté rituelle par lagriculteur lors des première, seconde, quatrième et cinquième années et par les Lévites (ainsi que, plus tard, les nécessiteux) au cours des troisième et sixième années du cycle ; il ny a pas de dîme la septième année[5].
Enfin, les arbres fruitiers sont si précieux quil est interdit de les détruire lors dun siège militaire car « lhomme est un arbre du champ »[6]. Le juste est également comparé au palmier ou au cèdre[7] et ses fruits ainsi que la Torah à un « arbre de vie »[8].

Dans la littérature rabbinique

[Passé le quinze shevat,] la majeure partie de la saison des pluies a eu lieula sève remonte, la verdure repousse et les fruits éclosent (fleur de grenade en voie de maturation)

Un « nouvel an de larbre » est mentionné, pour la première fois, parmi les quatre nouvelles années de la Mishna, aux côtés du début de lannée pour les années royales, pour les années civiles et pour la dîme sur le bétail[9]. Si les fruits dun arbre nont pas commencé à pousser à cette date, ils ne sont pas comptabilisés dans les dîmes de lannée en cours ; de même, un etrog (cédrat) cueilli fût-ce un jour après cette date ne peut être comptabilisé dans les dîmes de la même année que letrog cueilli un jour plus tôt[10]. Enfin, le statut dun fruit (orlah ou neta revaï) est déterminé en fonction de lannée à laquelle les fruits étaient mûrs lors de ce nouvel an[11].

Le nouvel an de larbre a lieu le premier shevat selon lécole de Shammaï et au quinzième jour de ce mois selon lécole de Hillel[9] car, selon ces derniers, la majeure partie de la saison des pluies a lieu jusquau quinze shevat et, passé cette date, la sève remonte, la verdure repousse et les fruits éclosent[12]. Cette opinion, basée peut-être sur des considérations sociales[13], prend rapidement force de loi ; en effet, seul le quinze shevat est mentionné dans les textes ultérieurs[10]. Il doit également être observé comme nouvel an de larbre lors des années dites embolismiques ( lon ajoute un mois supplémentaire à lannée) et ce bien que la renaissance de la nature a lieu un mois plus tard, le 15 adar[14].

Le Talmud névoque aucun cérémonial particulier pour Tou Bichvat et il ne semble avoir dautre statut que celui déchéance de certaines dîmes[15]. Cependant, les pratiques et conceptions ultérieurement associées à ce jour germent à cette époque[16], surtout en terre dIsraël[15]. Ainsi, à côté de lexplication traditionnelle, selon laquelle Tou Bichvat marque le déclin de la saison des pluies, des rabbins galiléens suggèrent quà Tou Bichvat, les arbres ne tirent plus leur subsistance des pluies de lan passé mais de celles de lannée suivante[17] ; selon cette conception, Tou Bichvat deviendrait un jour déterminant pour la récolte fruitière de lannée à venir, un « jour du jugement pour la végétation » de même que Roch Hachana est le jour de jugement de l'humanité, alors que les Sages attribuaient ce rôle à Chavouot[18]. Dautre part, le Talmud indique peut-être que Tou Bichvat était considéré comme la date inaugurant la saison de plantation de nouveaux arbres (Juda Hanassi plante un « arbre de joie » à Pourim, soit un mois après Tou Bichvat[19]) et rapporte par ailleurs quon plantait à Jérusalem un cédratier à la naissance dun garçon et un cyprès pour une fille dont le bois serait utilisé pour construire le dais nuptial[20].

En outre, diverses leçons sont tirées par le procédé du derash des versets bibliques relatifs aux arbres : de « lhomme est un arbre du champ », les Sages déduisent que tout ce qui est nécessaire à lhomme vient de larbre[21]. De celui sur la plantation darbres[2], Rabbi Yehouda berabbi Simoun retire que cet acte seul permet à lhomme de parvenir véritablement à imiter Dieu qui a planté lors de la création du monde[22]. Les rabbins y voient en outre une injonction aux enfants dIsraël à ne pas se contenter des arbres fruitiers déjà présents dans le pays[4] et à en planter dautres pour leurs enfants[23]. Honi hame'aguel parvient, selon une légende talmudique, à la même conclusion ; après avoir dormi 70 ans dans une grotte, le célèbre faiseur de miracles se réveille dans un monde qui la oublié malgré ses prodiges alors quun humble paysan, quil avait raillé pour avoir planté des caroubiers dont il ne tirerait aucun profit pour lui-même, est encore honoré par ses descendants[24]. Au plus fort de la première guerre judéo-romaine, Rabban Yohanan ben Zakkaï déclare que même la venue du Messie ne saurait interrompre dans sa tâche un homme en train de planter[25].

Dans la littérature médiévale

La liturgie médiévale démontre que la célébration du nouvel an de larbre a tendance à fleurir en terre dIsraël et, de façon plus timide, en dehors de celle-ci.

Le poète galiléen Rabbi Yehouda Halevi berabbi Hillel compose en effet deux kerovot (poèmes liturgiques à intercaler dans la prière centrale des offices quotidiens) pour Tou Bichvat, implorant Dieu de faire pousser les fruits après la saison des pluies. Ceci confirme que le peuple privilégie à cette époque Tou Bichvat à Chavouot comme jour du jugement pour la végétation[15].
En revanche, Maïmonide ne marque aucunement Tou Bichvat dans son rituel de prières, ny voyant que léchéance annuelle pour les dimes sur les arbres[26]. Il semble en aller de même dans le monde ashkénaze, jusquà ce que Rabbenou Guershom décrète quil ny a pas lieu de promulguer ni dobserver de jeûne en ce jour, car il est appelé « Nouvel An »[27] (et ce bien quun responsum de Natronaï Gaon fasse léloge de certains de ses contemporains qui jeûnaient les deux jours de Roch Hachana[15]). Cette mesure se poursuit dans la liturgie par la coutume, rapportée au nom du Maharil quatre siècles plus tard, de ne pas lire le Tahanoun (« [office de] Supplication ») en ce jour[28], bientôt suivie de lomission dautres passages austères[29]. Ces ordonnances demeurent longtemps inconnues dans les contrées séfarades, napparaissant pour la première fois que dans les écrits de Joseph Caro[30], au XVIe siècle.

Les ashkénazes semblent également, ainsi que le note Issakhar ibn Soussan, avoir institué la consommation de fruits provenant de la terre dIsraël en ce jour[31]. Plusieurs communautés observent en ce jour, ainsi quà Lag Ba'omer, certaines coutumes de Pourim, parmi lesquelles un repas de fête et un yoma depagra, jour de congé scolaire pour les élèves et leurs maîtres[15].

Dans la littérature kabbalistique

Table dressée pour le séder de Tou Bichvat

La Kabbale injecte une nouvelle vigueur à la fête des arbres. Outre limage de l’« Arbre de Vie », plus métaphysique que terrestre, larrivée dexilés espagnols en terre dIsraël au XVIe siècle leur fait prendre conscience des rythmes de la nature et la renaissance de larbre devient, sous limpulsion dIsaac Louria, celle de la terre dIsraël et, par de nouvelles interprétations du legs traditionnel, de lunivers lui-même[15],[32].

Cependant, les pratiques naissant dans le cercle des kabbalistes napparaissent pas dans les enseignements dIsaac Louria mais dans le Hemdat Yamim, un ouvrage postérieur dun siècle au moins.
Selon lauteur de ce livre, la consommation de fruits est un tikkoun (acte de réparation des fautes) pour la personne qui a vu des fruits et nen a pas mangé, en a mangé et ne les a pas bénis, etc. Elle est ritualisée en un Zohar ayant les fruits pour thème. Elle est aussi accompagnée de divers poèmes, rédigés notamment par Israël Najjara et Yossef Hayim de Bagdad[33]. Ce rituel connaît une diffusion importante en Italie, dans les communautés juives orientales (à lexception des Juifs du Yémen) le passage du Hemdat Yamim qui détaille le séder est abondamment réimprimé sous le titre de Pri Etz Hadar[15].

Rites et coutumes de Tou Bichvat

Statut du jour

Tou Bichvat est actuellement considéré comme un jour joyeux au cours duquel on ne peut pas prononcer déloge funèbre ni observer de jeûne[27], y compris si lon se marie en ce jour[34]. Si lon a commencé à jeûner en ce jour, certains sont davis quon sinterrompt[35] tandis que dautres estiment quon ne sinterrompt pas[27].
On ne récite pas le Tahanoun dès loffice de minha de la veille[36] et dautres passages austères sont omis[37]. Ceux qui observent la coutume de la prière de minuit ne lisent pas non plus le Tikkoun Rahel, pour la même raison[37].

Si certains ashkénazes dispensent détude en ce jour[15],[38], certains séfarades ont au contraire pour coutume détudier les lois agraires (notamment celles sur la orlah et le neta revii) ou les passages de la Mishna et du Zohar relatifs à Tou Bichvat, afin de se pénétrer de lesprit du jour[39]. Dautres coutumes sont plus ou moins suivies, certains priant pour la bonne croissance des arbres[40] ou pour lobtention dun bel etrog lors du prochain Souccot[41].

Prescriptions liées à la terre dIsraël

Certificat attestant que les produits (ici, des cédrats), peuvent être consommés, toutes les règles sur les produits de la récolte en terre dIsraël ont été suivies

Tou Bichvat marque la nouvelle année fiscale sur les fruits en provenance de la terre dIsraël : cest en fonction de leur bourgeonnement ou non à la date du 15 shevat que les fruits sont pris en compte pour diverses prescriptions liées à la terre en application jusquau 15 shevat de lannée suivante[42].

Prélèvement des dîmes

Les dîmes sur les fruits doivent être prélevées sur les fruits de larbre éclos à Tou Bichvat, y compris sur ceux dont on prélève la dîme après les avoirs cueillis (comme letrog) ou après quils aient atteint le tiers de leur croissance (comme les olives)[43].

Linjonction de prélever la dîme sur les fruits de la terre dIsraël avant de pouvoir les consommer ou les vendre demeure en application mais du fait de la destruction du second Temple, il ne sagit plus que dune obligation rabbinique, même pour les produits de la vigne et du pressoir[44]. À lheure actuelle, les dîmes du maasser sheni et du maasser ani, représentant environ 1% de la récolte annuelle, ne peuvent plus être consommées en état de pureté rituelle à Jérusalem ainsi que le commande la Bible ; elles sont rachetées au moyen dune somme nominale valant au moins une perouta (un quarantième de gramme) dargent[45]. Des précautions sont prises pour que la perouta ne puisse plus être utilisée, en la jetant par exemple dans la mer méditerranée[46].

Orlah et neta revaï

Bien que Roch Hachana serve à déterminer les années de plantation et, par conséquent, le statut dorlah ou neta revai, les fruits éclos dans la quatrième année de plantation de larbre ne peuvent être prélevés pour les dîmes avant Tou Bichvat (ni consommés avant lannée suivante)[47]. Linterdiction de consommer des fruits à statut dorlah sétend aux communautés en diaspora[48].

Cheviit

Lors de lannée sabbatique, septième année du cycle septennaire de la terre, celle-ci doit être laissée en jachère. Il est par conséquent défendu de consommer tout fruit qui aurait été cultivé cette année sur la terre dIsraël par des agriculteurs juifs.

aussi, bien que lannée sabbatique commence officiellement à Roch Hachana, la plupart des autorités médiévales sont dopinion que les fruits éclos après le 1er tishrei de lannée sabbatique mais avant le 15 shevat de cette année, ont encore un statut de « fruits de la septième année ». Un débat portait sur le statut des fruits ayant commencé à pousser la sixième année mais dont la maturation ne sachevait quau cours de lannée suivante ; les autorités ultérieures ont finalement conclu que ces fruits étaient autorisés à la consommation[49].

Un plateau de fruits secs

Consommation de fruits

Probablement instituée dans le nord de la France et en Rhénanie[31], la consommation de fruits en provenance de la terre dIsraël devint, sous linfluence des kabbalistes, la principale observance de Tou Bichvat dans la plupart des communautés jusquau début du XXe siècle, célébrée jusquà nos jours, y compris dans des mouvances non-orthodoxes[50].

La coutume des ashkénazes est de consommer les fruits secs car ils ne pouvaient être consommés autrement en Europe de lEst, du fait de l'absence de moyens de conservation avant l'ère moderne[51]. Dans les cours hassidiques, le maître régalait souvent ses invités de leçons et paraboles les métaphores sur la Torah, le sage et les fruits avaient la part belle[38],[52].
Outre les sept espèces, on consommait dautres fruits dont lorange pour les privilégiés ou, pour les autres, la caroube (yiddish : bokser)[53] ; passablement desséchée et parfaitement insipide à son arrivée dans les villages, elle devint synonyme en yiddish d’« aliment immangeable »[54]. Certains mangeaient aussi letrog, acquis pour la fête de Souccot et confit[55]. On prit de plus lhabitude de donner aux enfants des sachets de fruits quils distribueraient au heder ; la coutume se poursuit aux États-unis de nos jours[53],[56].
La consommation de chaque nouveau fruit donne lieu à la bénédiction shehehiyanou (« Béni sois-Tuqui nous as permis de vivrejusqu'à ce moment »), à lexception de letrog car la bénédiction a déjà été récitée à Souccot[57].

Les fruits étant plus aisément accessibles dans les contrées de lactuel Moyen-Orient, Tou Bichvat y était autrement plus luxuriant et certains consommaient jusquà cinquante types de fruits différents en ce jour. Outre le séder de Tou Bichvat, assez institutionnalisé pour donner lieu à sa législation propre (le rabbin irako-israélien Ovadia Yossef enseigne quil ny a pas lieu de manger des fruits après le Birkat Hamazon ni, si Tou Bichvat a lieu à chabbat, après le kiddouch[58] ; en ce cas, le séder peut être réalisé après le Birkat Hamazon[59]), la fête a donné lieu à diverses coutumes liées à la nature, dont certaines avaient une origine probablement païenne[53].

Tou Bichvat dans le sionisme

L'amandier est en fleursTou Bichvat est arrivé, cest la fête pour les arbres - Hashkediya pora'hat (I. Dushman & M. Ravina)

Comme nombre de fêtes du calendrier juif, Tou Bichvat est fortement réinterprété par les Juifs déracinés dEurope de lEst qui tentent de redonner à leur terreau dorigine sa fertilité première. Cependant, linitiateur de cette réforme nest pas issu des milieux pionniers du kibboutz mais de lune des plus anciennes institutions du « sionisme religieux ».

En 1890, Zeev Yavetz, membre fondateur du mouvement Mizrahi, décide de célébrer Tou Bichvat en emmenant ses étudiants planter des arbres dans la localité agricole de Zikhron Yaakov. Son innovation, quil conçoit dans la continuité de l'esprit des kabbalistes, est rapidement adoptée par lUnion des enseignants et Theodor Herzl lui-même y aurait sacrifié[60]. En 1908, Le Fonds national juif (Keren kayemet lèIsraël), fondé sept ans plus tôt, en fait de même.

Tou Bichvat et la shkediya (lamandier, premier arbre en fleurs en terre d'Israël), deviennent rapidement les symboles du retour du peuple juif sur sa terre, de sa renaissance voire, pour certains, de sa rédemption[61]. Le KKL organise en ce jour des campagnes de plantation et de reforestation massives dans une ambiance de chants et de danses dont beaucoup sont composés pour loccasion et deviennent rapidement populaires. Certaines de ces chansons sont tirées de versets bibliques, comme Eretz halav oudvash (« terre coulent le lait et le miel », cf. Exode 3:8), mis en musique et chorégraphié par Eliyahou Gamliel[62]. Dautres puisent dans le fonds yiddish, comme Shir shel etz (« Chant dun arbre »), adaptation dOyfn Veg shtayt a boym par Naomi Shemer[63], et dautres encore sont des créations originales, comme Haskediya pora'hat (« Lamandier est en fleurs ») dIsraël Dushman et Menashe Ravina[64].

Cest pourquoi Tou Bichvat est choisi comme date dinauguration par de nombreuses institutions publiques, dont lUniversité de Jérusalem en 1918, le Technion de Haïfa en 1925 et la Knesset en 1949. Lidentification du destin de ces institutions et du projet sioniste à celui de larbre est tel que David Ben Gourion qualifie le lien qui unit Jérusalem au peuple juif d’« organique »[65].

Son succès ne se dément ni en Israël près dun Israélien sur sept participe encore à ces cérémonies dans les années 1990[66] ni aux États-unis[66] nombre de gens participent peu ou prou à lesprit du jour, fût-ce en faisant une donation au KKL[56],[67] tandis que les jeunes se cotisent pour que soient plantés en leur nom des arbres en Israël[56],[68],[69].

LArbor Day juif

Dans les années 1970, faisant suite à la contre-culture, laspect environnementaliste de Tou Bichvat est mis en avant, dans les courants traditionnels mais plus encore dans les mouvances progressistes, en particulier le Jewish Renewal. Souscrivant à la vision traditionnelle de limportance de Tou Bichvat pour les génération futures, ce dernier sen différencie cependant en détachant Tou Bichvat de la terre dIsraël. La fête devient un « Arbor Day juif », les coutumes kabbalistiques et sionistes sont perpétuées mais dans cet esprit environnementaliste plutôt que dans leurs dimensions mystiques ou nationales[70]. Certains critiques de la tradition juive affirment que ce fut dailleurs le caractère originel de Tou Bichvat : une fête païenne du renouveau de la nature et de la fin de lhiver, de même que Tou Beav aurait célébré la fin de lété, intégrée au calendrier juif sans connotation particulière[71],[72].

Cette réflexion écologique a également fait son chemin (sans occulter les contenus précédents) dans certains milieux orthodoxes[73] ainsi quen Israël[51],[74]. Cest ainsi que les traditionnelles plantations ont été suspendues dans le Carmel en 2011 afin de laisser la nature se régénérer, suite aux incendies qui y avaient eu lieu deux mois plus tôt[75].

Notes et références

  1. Il est d'usage de transcrire le quinze dans le système alphanumérique hébreu non par yod- (10 et 5) qui sont les deux premières lettres du Tétragramme mais par teth-vav (9 et 6) — cf. Jacques Kohn, « Responsum n° 50669 » sur Cheela.org. Consulté le 14 janvier 2010
  2. a et b Lévitique 19:23-25
  3. cf. Deutéronome 8:8
  4. a et b cf. Deutéronome 6:10-11
  5. Deutéronome 14:22-29 & 26:12
  6. Deutéronome 20:19-20 ; voir Rachi ad loc.
  7. Psaumes 92:13
  8. Proverbes 3:18 & 11:30
  9. a et b Cf. Mishna Roch Hachana 1:1
  10. a et b Tossefta (éd. Lieberman) Teroumot 2:6 & Sheviit 4:20, cités in T.B. Roch Hachana 10a-b & 14a
  11. T.B. Roch Hachana 10a
  12. T.B. Roch Hachana 14a
  13. Wigoder 1996
  14. T.B. Roch Hachana 15a
  15. a, b, c, d, e, f, g et h Yaari 1960
  16. Stephen H. Arnoff, « Trees and their New Year in Rabbinic Judaism ». Consulté le 25 janvier 2011
  17. T.J. Roch Hachana 1:2
  18. Mishna Roch Hachana 1:2, cf. Yaari 1960
  19. T.B. Meguila 5b, cité in Jewish Encyclopedia 1906
  20. T.B. Guittin 57a, cité in Jewish Encyclopedia 1906
  21. Sifre Devarim, parashat Shoftim, § 203 ; cf. Ecclésiaste Rabba 7:13
  22. Lévitique Rabba, Kedoshim 25:3
  23. Midrash Tanhouma (éd. Buber), parashat Kedoshim, §8
  24. T.B. Taanit 23a, cité in Koppelman Ross 1996
  25. Avot deRabbi Nathan (éd. Schechter, version B), chapitre 31, cité in Koppelman Ross 1996
  26. Mishné Torah, hilkhot teroumot 5:11, cité in Yaari 1960
  27. a, b et c Rabbenou Guershom, Responsa n°14, cité in Yaari 1960 ; cf. Choulhan Aroukh Orah Hayim 572:3
  28. Sefer Maharil, hilkhot tevet, shvat, adar, §2, cité in Yaari 1960
  29. Isaac Tyrnau, Sefer Minhaggim, hodesh shevat & Joseph ben Moshe, Leket Yosher, tome 1, p. 153, §4, cités in Yaari 1960
  30. Choulhan Aroukh Orah Hayim 138:6 & 562:3, cités in Yaari 1960
  31. a et b Issakhar ibn Soussan, Sefer Ibbour Hashanim (Venise, 1579), p. 48, cité in Maguen Abraham 131:16 & Yaari 1960
  32. Ari Elon, Naomi Mara Hyman & Arthur Waskow, « Kabbalah and Tu Bishvat »
  33. (he) A. Yaari, « Poèmes pour le repas de Tou Bichvat » sur Daat, 1962. Consulté le 2 février 2011
  34. Maguen Avraham 572:1
  35. Bayit Hadash Orah Hayim 572
  36. R' Shlomo Ganzfried, Kitsour Choulhan Aroukh 139:26 ; cf. C.A. O.H. 131:6
  37. a et b Nahalei Yehouda, chap. 15
  38. a et b Landau 1960
  39. Minhat Yehouda, s.v. Tou Bichvat ; Kaf Hahayim 131:97
  40. Adnei Paz 131
  41. Bnei Issakhar, ma'amar hodesh shevat
  42. Choulhan Aroukh Yore Dea 331:57 & 331:125
  43. Hazon Ish, Sheviit 7:12 & Aroukh Hashoulhan Hèatid, Hilkhot Teroumot 70:2, cf. Encyclopedia Talmudit 2009
  44. Hamitzvot hatlouyot baaretz 2:1-7
  45. Hamitzvot hatlouyot baaretz 5:1-3
  46. Hamitzvot hatlouyot baaretz 6:1-5
  47. C.A. Y.D. 294:4
  48. Arbaa Tourim 294
  49. Cf. Encyclopedia Talmudit 2009
  50. Susan Silverman, « A Tu Bishvat Seder » sur My Jewish Learning. Consulté le 2 février 2011
  51. a et b Oded Schwartz, « Tu B'Shevat the Tradition of Eating Dried Fruits and Nuts », 2004. Consulté le 29 janvier 2010
  52. Zevin 1957 ; voir aussi (he) Que symbolisent les fruits de la fête ? sur site du hassidisme de Breslev. Consulté le 6 février 2011
  53. a, b et c Lesli Koppelman Ross, « Eating Fruit on Tu Bishvat » sur My Jewish Learning. Consulté le 2 février 2011
  54. Religious Year sur YIVO. Consulté le 2 février 2011
  55. R' Yaakov Feldman, « A Thing or Tu 'bout Shvat » sur Torah.org. Consulté le 29 janvier 2010
  56. a, b et c R' Shraga Simmons, « Man is a Tree » sur Aish HaTorah. Consulté le 3 février 2011
  57. Leket Yosher Orah Hayim, p. 149
  58. Yalkout Yossef, Moadim - Minhaggei Tou Bichvat 6-7
  59. Ovadia Yossef, Yehave Daat tome 1, n° 82
  60. Larry Domnitch, « Herzls Tree » sur My Jewish Learning. Consulté le 3 février 2011
  61. (he) Points importants de Tou Bichvat sur le site du rabbinat de Tsahal. Consulté le 3 février 2011
  62. Eretz zavat chalav. Consulté le 3 février 2011
  63. Al haderech etz omed. Consulté le 3 février 2011
  64. Hash'kediyah porachat. Consulté le 3 février 2011
  65. (en) The Knessets Early years sur la Knesset. Consulté le 3 février 2011
  66. a et b L. Koppelman Ross, « Zionism and tu Bishvat » sur My Jewish Learning. Consulté le 3 février 2011
  67. Tu Bishvat Ideas and Beliefs sur My Jewish Learning. Consulté le 3 février 2011
  68. L. Koppelman Ross, « Zionism and tu Bishvat » sur My Jewish Learning. Consulté le 3 février 2011
  69. Johanna Ginzberg, « The Promise of Tu Bishvat » sur My Jewish Learning. Consulté le 3 février 2011
  70. Four Types of Tu Bishvat sur My Jewish Learning. Consulté le 3 février 2011
  71. (en) Kaufmann Kohler, « Ab, Fiftheenth day of » sur Jewish Encyclopedia. Consulté le 1er août 2010
  72. (en) G. Kariv, « Tu Bishvat, the festival of love, the celebration of nature » sur Haaretz. Consulté le 1er août 2010
  73. }Cf. Tu Bishvat Insights sur Aish HaTorah. Consulté le 4 février 2011
  74. Israelis go green for Tu Bishvat sur Haaretz, 20 janvier 2011. Consulté le 2 février 2011
  75. No Carmel tree plantations in upcoming Tu B'Shvat sur Ynet (via Allvoices.com), 9 décembre 2010. Consulté le 4 février 2011

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • (he) Kalman Kahana (daprès le Hazon Ish), Hamitzvot hatlouyot baaretz, Jérusalem, Shay LaMora  (en appendice au Kitsour Choulhan Aroukh du même éditeur)
  • (he) Encyclopedia Talmudit, Hamisha assar bishvat (in vol. 16, col. 157), Bar Ilan's Responsa Project, 2009 
  • (he) Coutumes de fêtes - Tou Bichvat, in Bar Ilan's Responsa Project, v. 1.17+, 2009
  • (he) Shlomo Yossef Zevin, Sippourei Hassidim, t. 2, Tel Aviv, Avraham Zioni, 1957, p. 229 
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  • (he) Betzalel Landau, Tou Bichvat dans les cours des justes, Mahanaïm (n° 42), 1960 [lire en ligne] 
  • (en) Lesli Koppelman Ross, Celebrate! The Complete Jewish Holiday Handbook, Jason Aronson Inc. Publishers, 1996 (ISBN 1568-21955-4) [lire en ligne], « Planting trees for Tu Bishvat » 
  • Geoffrey Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Paris, Éditions du Cerf, 1996 (ISBN 2221-08099-3), « Nouvel An des Arbres », p. 741 
  • (en) Executive commitee & J.D. Eisenstein, in Jewish Encyclopedia, New-year for trees, New York, Jewish Encyclopedia (Funk & Wagnalls), 1906 [lire en ligne] 



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Tou Bichvat de Wikipédia en français (auteurs)

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