- Terre d’Israël
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Terre d'Israël
La Terre d’Israël (Hébreu : ארץ ישראל (Eretz Israel)) est la terre qui comprenait les anciens royaumes d’Israël et de Juda.
C’est dans la Bible :
- un terme religieux, car renvoyant à une promesse divine ;
- un terme géographique. La définition géographique donnée par la Bible est d’ailleurs floue : dans certains textes bibliques, on parle de la terre promise comme allant du « fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, au fleuve d’Euphrate » (de l’Égypte à l’actuel Irak)[1], d’autres se limitent à une zone comprise entre la mer et le fleuve Jourdain ;
- un terme politique : c’est la terre donnée aux Juifs pour s’y installer, puis à partir du roi Saül pour s’y construire un État.
Ce terme a été utilisé tant par les Juifs que les Chrétiens au cours de l’histoire (pour l’étymologie de ce nom, voir Israël). Cette Eretz Israel est également appelée Terre promise par les Juifs qui rappellent ainsi la promesse qu’aurait fait Dieu à Abraham, Isaac et Jacob de donner ce pays en héritage à leur descendance. Le nom de Terre sainte est utilisé par les Chrétiens en référence à la vie de Jésus qui y vécut.
À partir du début du sionisme, le terme va prendre une dimension moins religieuse et plus politique : c’est le territoire revendiqué pour la création d’un État juif.
Après la création de l’État d’Israël en 1948, l’ancienne Palestine mandataire s’est retrouvée séparée entre un État juif et des zones sous contrôle arabe. Eretz Israel a alors été de plus en plus utilisé par les factions les plus nationalistes du mouvement sioniste au sens de Grand Israël, revendication de l’agrandissement de l’État d’Israël (tel que défini avec ses frontières reconnues par les accords de cessez-le-feu de 1949) à l’ensemble de l’ancienne Palestine mandataire, voir au-delà (Jordanie).
La question des frontières et l’interprétation de la Bible comme une Alliance de Dieu avec les Israélites, depuis Abraham jusqu’à Josué sont partie prenante d’un enjeu idéologique important depuis la naissance de l’État d’Israël : certains textes bibliques donnent des limites bien plus étendues que celles de l’État d’Israël actuel et sont utilisés dans les débats internes au pays, en particulier sous la forme de l’idée d’un « Grand Israël » qui légitimerait, aux yeux d’une partie des israéliens, l’occupation des Territoires palestiniens. La conquête du pays de Canaan par les Tribus d’Israël, sorties de l’esclavage d’Égypte, est racontée dans le Livre de Josué.
Sommaire
Usages controversés
Par le Likoud Par le Betar et le sionisme révisionniste du passé, et par certains néosionistes actuels. Par certains nationalistes arabes, qui accusent Israël (baasistes par exemple) d’expansionnisme. L’expression a plusieurs usages controversés qui parfois se recoupent.
Elle est utilisée par les Juifs qui font leur aliyah pour désigner Israël. L’ajout du terme Eretz (la « terre ») fait référence aux caractères religieux et culturel que représente la Terre promise aux yeux des Juifs. L’usage est principalement symbolique. Il fait aussi référence aux racines du sionisme dont les premiers membres étaient des fermiers qui venaient cultiver la terre. L’usage se veut dans ce contexte « positif ».
Souvent une revendication nationaliste accompagne l’usage terme et l’expression Eretz Israel est utilisée pour désigner les territoires revendiqués comme devant faire partie d’Israël. Historiquement, les sionistes révisionnistes revendiquaient la possibilité pour les Juifs de s’installer sur l’ensemble des territoires qui furent alloués au Mandat britannique de Palestine, se basant sur des arguments politiques liés à la Déclaration Balfour et sur des arguments religieux liés aux limites historiques du Royaume d’Israël et de la Terre promise. Cet usage est toujours d’actualité. Il constitue la ligne officielle du Likoud, parti héritier des sionistes révisionnistes, pour revendiquer la Cisjordanie et la Bande de Gaza comme devant faire partie intégrante d’Israël. Il est également utilisé par les milieux juifs orthodoxes sionistes pour justifier leur présence dans les territoires occupés. Un de leur argument, aux caractères politique et historique, est de dire que les Juifs ont déjà abandonné l’est du Jourdain aux Palestiniens et que donc l’ouest leur revient en tout justice. D’autres plus radicaux et minoritaires avancent l’argument religieux et voient en Eretz Israel l’ensemble des terres promises par Dieu à son peuple, sans toutefois que la Bible ne définisse précisément ces limites.
Généralement, les mouvements antisionistes utilisent le terme Eretz Israel avec un caractère péjoratif : dénonçant dans le chef d’Israël une volonté de s’agrandir (ils parlent alors de Grand Israël qui souligne une volonté potentiellement expansionniste par rapport à Terre d’Israël qui souligne la légitimité potentielle). Généralement, ils s’opposent à la politique de colonisation des territoires occupés et placent la polémique au niveau politique. D’autres critiquent le caractère religieux de la revendication, selon lequel une terre aurait été promise par dieu et ils dénoncent ce qu’ils considèrent être de l’intégrisme religieux. Parmi ces derniers, certains reprennent une interprétation des textes bibliques qui met les limites d’Eretz Israel du Nil à l’Euphrate, ce qui dépeint Israël comme ayant des visées expansionnistes démesurées. Ce dernier usage d’Eretz Israel est parfois considéré comme antisémite car il se base sur une interprétation des textes bibliques qui n’est reprise par aucun courant du Judaïsme mais uniquement dans les mouvements antisionistes les plus radicaux.
Dans un contexte plus politique, David Ben Gourion considérait que le sud-Liban jusqu’au fleuve Litani devait faire partie d’Eretz Israel. Cette vision a été reprise par plusieurs dirigeants israéliens. Les motivations sont que le Litani constitue une frontière naturelle nette et que cette région du sud-Liban contrôle un partie des sources en eau du territoire israélien et en constitue elle-même une réserve importante.
Passages bibliques
Plusieurs versets de la Torah, un verset du livre de Josué, et un passage du livre d’Ézéchiel définissent les frontières de la Terre Promise.
- Genèse 15:18-21
- À ta postérité Je donne ce pays, du Fleuve d’Égypte jusqu’au Grand Fleuve, le fleuve d’Euphrate, les Qénéens, les Qenizzéens, les Qadmonéens, les Hittites, les Perizzéens, les Rephaïm, les Amoréens, les Cananéens, les Girgashites et les Jébuséens.
- Exode 23:20-33
- Voici, J’envoie un ange devant toi, pour te protéger en chemin, et pour te faire arriver au lieu que J’ai préparé. Tiens-toi sur tes gardes en sa présence, et écoute sa voix; ne lui résiste point, parce qu’il ne pardonnera pas vos péchés, car Mon Nom est en lui. Mais si tu écoutes sa voix, et si tu fais tout ce que Je te dirai, Je serai l’ennemi de tes ennemis et l’adversaire de tes adversaires. Mon ange marchera devant toi, et te conduirai chez les Amoréens, les Héthéens, les Phérézéens, les Cananéens, les Hévéens et les Jébuséens, et je les exterminerai. Tu ne te prosterneras point devant leurs dieux, et tu ne les serviras point ; tu n’imiteras point ces peuples dans leur conduite, mais tu les détruiras, et tu briseras leurs statues. Vous servirez l’Éternel, votre Dieu, et Il bénira votre pain et vos eaux, et J’éloignerai la maladie du milieu de toi. Il n’y aura dans ton pays ni femme qui avorte, ni femme stérile. Je remplirai le nombre de tes jours. J’enverrai Ma terreur devant toi, Je mettrai en déroute tous les peuples chez lesquels tu arriveras, et Je ferai tourner le dos devant toi à tous tes ennemis. J’enverrai les frelons devant toi, et ils chasseront loin de ta face les Hévéens, les Cananéens et les Héthéens. Je ne les chasserai pas en une seule année loin de ta face, de peur que le pays ne devienne un désert et que les bêtes des champs ne se multiplient contre toi. Je les chasserai peu à peu loin de ta face, jusqu’à ce que tu augmentes en nombre et que tu puisses prendre possession du pays. J’établirai tes limites depuis la mer Rouge jusqu’à la mer des Philistins, et depuis le désert jusqu’au fleuve ; car Je livrerai entre vos mains les habitants du pays, et tu les chasseras devant toi. Tu ne feras point d’alliance avec eux, ni avec leurs dieux. Ils n’habiteront point dans ton pays, de peur qu’ils ne te fassent pécher contre Moi ; car tu servirais leurs dieux, et ce serait un piège pour toi.
- Nombres 34:1-12
- L’Éternel parla à Moïse, et dit: Donne cet ordre aux enfants d’Israël, et dis-leur : Quand vous serez entrés dans le pays de Canaan, ce pays deviendra votre héritage, le pays de Canaan, dont voici les limites. Le côté du midi commencera au désert de Tsin près d’Édom. Ainsi, votre limite méridionale partira de l’extrémité de la mer Salée, vers l’orient ; elle tournera au sud de la montée d’Akrabbim, passera par Tsin, et s’étendra jusqu’au midi de Kadès Barnéa ; elle continuera par Hatsar Addar, et passera vers Atsmon ; depuis Atsmon, elle tournera jusqu’au torrent d’Égypte, pour aboutir à la mer. Votre limite occidentale sera la grande mer : ce sera votre limite à l’occident. Voici quelle sera votre limite septentrionale : à partir de la grande mer, vous la tracerez jusqu’à la montagne de Hor ; depuis la montagne de Hor, vous la ferez passer par Hamath, et arriver à Tsedad ; elle continuera par Ziphron, pour aboutir à Hatsar Énan : ce sera votre limite au septentrion. Vous tracerez votre limite orientale de Hatsar Énan à Schepham ; elle descendra de Schepham vers Ribla, à l’orient d’Aïn ; elle descendra, et s’étendra le long de la mer de Kinnéreth, à l’orient ; elle descendra encore vers le Jourdain, pour aboutir à la mer Salée. Tel sera votre pays avec ses limites tout autour.
- Deutéronome 1:7 11:24
- Tournez-vous, et partez, et allez à la montagne des Amoréens et dans tous les lieux voisins, dans la plaine, dans la montagne, et dans le pays plat, et dans le midi, et sur le rivage de la mer, au pays des Cananéens et au Liban, jusqu’au grand fleuve, le fleuve Euphrate.
- Deutéronome 11:24
- Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous : votre limite sera depuis le désert et le Liban, depuis le fleuve, le fleuve Euphrate, jusqu’à la mer d’occident.
- Josué 1:4
- Vous aurez pour territoire depuis le désert et le Liban jusqu’au grand fleuve, le fleuve de l’Euphrate, tout le pays des Héthiens, et jusqu’à la grande mer vers le soleil couchant.
- Ezéchiel 47:13-20
- Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Voici les limites du pays que vous distribuerez en héritage aux douze tribus d’Israël. Joseph aura deux parts. Vous en aurez la possession l’un comme l’autre ; car j’ai juré, la main levée, de le donner à vos pères. Ce pays vous tombera donc en partage. Voici les limites du pays. Du côté septentrional, depuis la grande mer, le chemin de Hethlon jusqu’à Tsedad, Hamath, Bérotha, Sibraïm, entre la frontière de Damas et la frontière de Hamath, Hatzer-Hatthicon, vers la frontière de Havran ; ainsi la limite sera, depuis la mer, Hatsar-Enon, la frontière de Damas, Tsaphon au nord, et la frontière de Hamath : ce sera le côté septentrional. Le côté oriental sera le Jourdain, entre Havran, Damas et Galaad, et le pays d’Israël ; vous mesurerez depuis la limite septentrionale jusqu’à la mer orientale : ce sera le côté oriental. Le côté méridional, au midi, ira depuis Thamar jusqu’aux eaux de Meriba à Kadès, jusqu’au torrent vers la grande mer : ce sera le côté méridional. Le côté occidental sera la grande mer, depuis la limite jusque vis-à-vis de Hamath : ce sera le côté occidental. Vous partagerez ce pays entre vous, selon les tribus d’Israël. Vous le diviserez en héritage par le sort pour vous et pour les étrangers qui séjourneront au milieu de vous, qui engendreront des enfants au milieu de vous ; vous les regarderez comme indigènes parmi les enfants d’Israël ; ils partageront au sort l’héritage avec vous parmi les tribus d’Israël. Vous donnerez à l’étranger son héritage dans la tribu où il séjournera, dit le Seigneur, l’Éternel.
Notes
La taille de la Terre Promise décrite dans le Tanakh (l’Ancien Testament des Chrétiens) représente une région s’étendant de la « Grande Rivière d’Égypte » jusqu’à l’Euphrate, ce qui comprend l’État moderne d’Israël incluant la Cisjordanie, le Liban, la majeure partie de la Syrie moderne, ainsi que la péninsule du Sinaï. En fait, cela reprend la route empruntée par les Hébreux lors de l’Exode hors d’Égypte.
Cependant, les descriptions les plus précises, celles des Nombres et d’Ezéchiel, décrivent une aire beaucoup plus limitée, restreinte par le Jourdain à l’Est, le Nil à l’Ouest. Elle n’inclut pas non plus une grande partie du désert du Néguev mais comprend tout de même une petite portion de territoires actuellement sous contrôle égyptien, le Sud-Liban et la pointe Sud de la Syrie.
Un autre point de désaccord concerne les Hittites dont les terres sont incluses dans les frontières de la Terre d’Israël. S’agit-il d’une des tribus occupant le sol du pays de Canaan conquis par Josué, ou d’un plus grand empire qui occupait la majeure partie du centre de la Turquie actuelle ?
Voir aussi
Articles connexes
- Palestine
- Histoire de la Palestine
- Histoire des Juifs en terre d’Israël
- Terre Sainte
- Terre promise
- Israël
Notes et références
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