Titus Quinctius Capitolinus

Titus Quinctius Capitolinus

Titus Quinctius Capitolinus Barbatus

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Titus Quinctius Capitolinus Barbatus (v.510 / v.420 av. J.-C.) est un homme politique de la République romaine, membre de la gens Quinctia, qui est six fois consul en 471, 468, 465, 446, 443 et 439 av. J.-C. Il est peut-être le frère de Lucius Quinctius Cincinnatus, dit Cincinnatus, consul suffect en 460 av J.-C. et dictateur en 458 et 439 av. J.-C.

Sommaire

Premier consulat (471)

Il est élu consul au côté d'Appius Claudius Sabinus, ce dernier choisi par le Sénat, en raison de l’hostilité que son père a manifesté à la plèbe. Comme les patriciens le souhaitent, Appius Claudius Sabinus s’oppose aux tribuns, notamment Publilius Volero, qui veulent faire voter une loi instaurant l’élection des tribuns de la plèbe par l’assemblée des plébéiens, tribu par tribu, en excluant le vote des patriciens : la Lex Publilia Voleronis. Ceci renforcerait la représentativité des tribuns et empêcherait les patriciens d’influer sur leur désignation[1].

L’émeute gronde, que le consul Quinctius parvient de justesse à calmer en s’adressant à la population de façon plus conciliante, et en obligeant Claudius à se replier dans la Curie[1]. Là, les sénateurs pressent Claudius d’abandonner son attitude intransigeante, qui risque d’engendrer des troubles civils. Isolé et privé d’appui politique, Claudius doit laisser s’effectuer le vote. La loi à laquelle il s’oppose, la Lex Publilia Voleronis, est proclamée[2].

Une autre loi oppose riches patriciens au peuple mené par les tribuns de la plèbe, loi dont le vote est sans cesse repoussé par le Sénat. Les tribuns demandent une meilleure répartition de l'ager publicus, accaparé par les plus riches[3].

Attentifs à l’agitation politique qui affaiblit les Romains, leurs ennemis Volsques et Èques mènent des raids sur le territoire romain. Quinctius reçoit le commandement contre les Èques tandis que Claudius commande contre les Volsques.

Furieux d’avoir dû céder devant les tribuns de la plèbe, Claudius traite ses soldats, issus de la plèbe, avec autorité et brutalité[4]. Ceux-ci refusent le combat en ligne et s’enfuient en désordre lorsque les Volsques l’attaquent. Défait militairement, Claudius exerce les sanctions les plus sévères en faisant fouetter et décapiter tous les gradés qui ont quitté leurs rangs, et en faisant décimer le reste des soldats[5]. Il est mis en accusation à la fin de son mandat pour son opposition à la loi agraire et aux tribuns de la plèbe, mais meurt avant la fin de son procès[6].

De l'autre côté, la campagne contre les Èques se déroule sans dissensions entre le général et son armée, et les Èques, qui ont espérés que des mutineries éclatent, doivent abandonnés leur territoire aux ravages des Romains. Le consul Quinctius laisse tous les bénéfices des pillages à ses hommes, et rentre à Rome avec gloire et réconciliation entre la plèbe et l'ordre sénatorial[7].

Deuxième consulat (468)

La plèbe et le patriciat luttent encore, à propos d'une loi agraire, et le peuple refuse de prendre part aux élections consulaire. Les patriciens et leurs clients élisent Quinctius pour la seconde fois, avec pour collègue Quintus Servilius Priscus. Une nouvelle fois, une guerre éclate et mobilise le peuple, mettant provisoirement fin aux dissensions internes. Les Sabins marchent sur Rome tandis que les Volsques s'agitent. Le consul Servilius repousse les Sabins et les poursuit, alors que son collègue Quinctius mène ses hommes contre les Volsques[8].

Il mène habilement ses hommes, moins nombreux que l'ennemi, et usant de plusieurs ruses, réussit à éviter un désastre[8]. Une nouvelle bataille a lieu plusieurs jours après, les Romains repoussent la première ligne ennemie mais doivent faire face à un ennemi encore plus nombreux et positionné sur une colline. Le consul hésite, mais ses hommes trépignent et il donne l'ordre d'attaquer. Les Volsques, soutenus par des cohortes èques, en supériorité numérique, et en haut d'une colline, repoussent sans peine les premiers rangs romains, qui se débandent. Quinctius réagit alors en redonnant courage à ses hommes, qui redoublent d'effort, et atteignent le haut de la colline poussant l'ennemi dans son camp, que les Romains emportent dans le mouvement[9].

Il fait marcher son armée contre la capitale volsque, Antium, qui se rend après un court siège, l'ennemi étant abattu après leur récente défaite[9].

Établissement d'une colonie à Antium (467)

A Rome, Tiberius Aemilius Mamercinus et Quintus Fabius Vibulanus sont élus consuls, et doivent faire face à de nouvelles tensions à propos de la loi agraire : les tribuns de la plèbe dénoncent les riches patriciens qui possèdent tous les terres publiques (ager publicus) et réclament une meilleure répartition[10].

Quintus Fabius Vibulanus, afin d'éviter une nouvelle crise interne, propose de doter Antium, ville récemment prise aux Volsques et située en bord de mer, d'une colonie romaine. Ainsi, le peuple peut recevoir des terres. Titus Quinctius, avec Aulus Verginius et Publius Furius, deux autres consulaires, sont nommés triumvir et chargés de partager les terres entre les colons volontaires. Selon Tite-Live, il y a très peu de volontaires et on doit adjoindre des Volsques aux volontaires romains pour compléter la colonie d'Antium[10].

Troisième consulat (465)

Une nouvelle guerre contre les Èques a commencées sous le premier consulat de Quintus Fabius Vibulanus[10], et continue encore lors de son deuxième consulat trois ans plus tard[11], au côté de Titus Quinctius Capitolinus Barbatus. Vaincus lors d'une bataille rangée, les Èques font un raid en territoire romain pour piller et ravager, portant l'effroi parmi les Romains[12].

Titus Quinctius, resté à Rome, rassure le peuple et prend les armes pour faire face aux pilleurs. Ces derniers sont alors massacrés par son collègue revenu du front, et tout le fruit des pillages est repris[12].

Commandant contre les Èques (464)

L'année suivante, le consul Spurius Furius mène une campagne contre les Èques et leurs alliés, se préparant une nouvelle fois à la guerre. Ce dernier est vaincu et se retranche dans son camp, assiégé et assailli. A Rome, c'est l'effroi. Le Sénat charge Titus Quinctius de porter secours au consul assiégé, avec une armée d'alliés latins et herniques, et de colons d'Antium, tandis que l'autre consul reste à Rome[13], et ce serait donc le premier cas de "promagistrature".

Au camp, les Romains sont acculés, le consul blessé. Titus Quinctius arrive avec son armée d'alliés derrière les Èques, et l'armée consulaire, dans un dernier effort, opère une sortie. Les Romains encerclent et vainquent leurs ennemis[14].

Le procès de Céson Quinctius (461)

En 462 av. J.-C., alors que les consuls mènent les armées à la guerre contre les Volsques et les Èques, le tribun de la plèbe Gaius Terentilius Harsa en profite pour dénoncer la toute-puissance du consulat semblable à deux rois selon lui, et présente un projet pour mettre en place une commission ayant pour but de mettre par écrit les droits des consuls : la lex Terentilia[15].

Les patriciens, dans leur lutte, sont menés par un jeune homme extrêmement brillant en tout point mais intrépide selon Tite-Live, Kaeso Quinctius dit Céson, fils de Lucius Quinctius Cincinnatus (futur consul et dictateur), auquel s'oppose un des tribuns, Aulus Verginius. Ce dernier déclare que si le peuple veut que la loi soit votée, Céson Quinctius ne doit plus être un obstacle, et il le met en accusation[16]. Nombre d'anciens consuls, dont notamment Titus Quinctius Capitolinus Barbatus, membre de la même famille, font l'éloge du jeune homme, rappelle ces nombreux exploits malgré son jeune âge, mais le peuple, encouragé par Aulus Verginius, associe l'idée de liberté à celle de condamner le jeune patricien[17]. Lors du procès, un tribun de la plèbe, Marcus Volscius Fictor, porte une accusation décisive, sur des faits remontant à plusieurs années, et l'accusé est condamné, malgré l'effort des patriciens. Il s'exile chez les Étrusques avant la fin du procès, évitant la peine, mais obligeant son père à vivre reclus pour payer l'amende[18].

Questure (458)

L'année précédente, les questeurs ont accusé Marcus Volscius Fictor de faux témoignage, relançant la lutte, et les tribuns de la plèbe se sont opposés à la réunion des comices tributes tant qu'eux-mêmes ne pourront pas les réunir pour faire voter leur projet de lex Terentilia[19].

Titus Quinctius Capitolinus Barbatus est élu questeur au côté de Marcus Valerius Maximus Lactuca. Ils reprennent l'accusation et la renforcent, pour venger Céson Quinctius de son injuste sort, tandis que les tribuns de la plèbe empêchent toujours que le procès ait lieu[20].

Lucius Quinctius Cincinnatus est nommé dictateur peu après[21], vainc tous les ennemis de Rome[22], rentre en triomphe, condamne Marcus Volscius Fictor, et abdique en 16 jours[23].

Tite-Live ne fait qu'une seule fois mention de Titus Quinctius Capitolinus Barbatus jusqu'à son quatrième consulat, pour signaler que, comme l'autre illustre membre de la gens Quinctia, qui est peut-être son frère, Lucius Quinctius Cincinnatus, ils sont écartés lors du choix des membres du décemvirat[24].

Quatrième consulat (446)

Il est élu aux côtés d'Agrippa Furius Fusus pour la quatrième fois[25]. Seul Publius Valerius Publicola a été élu quatre fois consul avant lui.

Après la chute des décemvirs despotiques, des séditions internes éclatent à nouveau, et cette année n'est pas épargnée. Les Èques et les Volsques, toujours attentifs pour attaquer les Romains lors d'une période trouble, repartent en guerre et ravagent le Latium impunément, aucune mobilisation ne pouvant avoir lieu[25].

Il s'adresse alors au peuple, s'attaquant à la discorde entre patriciens et plébéiens, au fait que le peuple refuse de prendre les armes lorsque l'ennemi est aux portes, préférant plutôt, mené par les tribuns de la plèbe, attaquer sans cesse les magistrats patriciens[26]. Ce discours a grand effet sur le peuple, d'autant plus que les ruraux rentrent à Rome blessés et démunis de terres, jetant l'indignation[27].

Les deux consuls peuvent réunir une armée, le peuple s'étant massivement mobilisé, et cela, pour la première fois depuis quelques années[27]. Agrippa Furius Fusus remet le commandement suprême à Titus Quinctius, et commande une partie de l'armée, comme Spurius Postumius Albus. L'armée romaine réussit à rompre les rangs ennemis et à repousser les Èques et les Volsques, puis à prendre le camp ennemi et un énorme butin, dont une partie était le fruit du pillage des campagnes du Latium[28].

Création des tribuns consulaires et interrègne (444)

Par la Lex Canuleia, l'interdiction de mariage entre plébéien et patricien est supprimée. Le tribun de la plèbe Caius Canuleius, fort de cette victoire, en profite pour proposer de nouveau une loi accordant aux plébéiens l'accès au consulat, et empêche toute mobilisation des armées tant que la loi n'est pas votée. Soit les patriciens cèdent cette loi aux plébéiens, et ils peuvent lever une armée pour faire face aux ennemis de Rome, soit ils les laissent ravager le territoire de la République[29].

Au Sénat, les débats font rages, et certains proposent d'armer les consuls contre les tribuns de la plèbe. Les deux illustres membres de la gens Quinctia, Titus Quinctius Capitolinus Barbatus et Lucius Quinctius Cincinnatus s'opposent à ce qu'on verse du sang, et une proposition intermédiaire est trouvée : la création des tribuns militaires à pouvoir consulaire, patricien ou plébéien, remplaçant les consuls qui sont toujours choisis parmi les patriciens, certaines années selon les circonstances, ce qui satisfait les tribuns de la plèbe[29].

Les premiers tribuns militaires à pouvoir consulaire, au nombre de trois, sont tous patriciens, mais doivent abdiquer pour un vice lors des élections, selon les augures. Titus Quinctius est nommé interroi et organise des élections consulaires[30].

Cinquième consulat (443)

Il est élu pour la cinquième fois consul avec pour collègue Marcus Geganius Macerinus[31]. C'est le premier à avoir atteint la magistrature suprême tant de fois, et seuls sept autres hommes politiques romains seront cinq fois consul dans leur vie.

Alors que son collègue porte secours à un allié, Ardée, en proie à une guerre civile et assiégée par les Volsques[31], Titus Quinctius maintient la concorde à Rome. Le Sénat et le peuple romain ont un tel respect pour le consulaire que c'est une des premières années sans troubles intérieurs[32].

Sixième consulat (439)

Il atteint le consulat une sixième et dernière fois avec Agrippa Menenius Lanatus. Une terrible disette sévit à Rome, et un riche plébéien, Spurius Maelius, achète, avec sa fortune, du blé pour nourrir la population. Sa popularité devient telle qu'il aurait aspiré à la royauté[33].

Les consuls, devant cette menace, nomment un dictateur, qui n'a pas à répondre de ces actes et peut donc faire face comme il le souhaite à la situation, contrairement aux deux consuls, tenus par les lois. C'est Lucius Quinctius Cincinnatus, plus qu'octogénaire, qui est nommé[33]. Son maître de cavalerie, Gaius Servilius Ahala, assassine Spurius Maelius[34], avec la bénédiction du dictateur[35].

Ainsi se termine le sixième consulat de Titus Quinctius Capitolinus Barbatus. Seul Caius Marius égalera ce record, et le dépassera même, en le portant à sept consulats.

Lieutenant contre Fidènes (437)

Fidènes, une colonie romaine, abandonne la République romaine au profit de Véies. Après une victoire dans un bain de sang, un dictateur est nommé, Marcus Aemilius Mamercinus. Il choisit Lucius Quinctius Cincinnatus, son collègue de l'année passée et fils de l'ancien dictateur Lucius Quinctius Cincinnatus, comme maître de cavalerie, et Titus Quinctius Capitolinus Barbatus et Marcus Fabius Vibulanus en tant que lieutenants. Les Étrusques sont rejoints par les Falisques[36].

La bataille commence, près de Fidènes, Titus Quinctius commande une partie de l'armée et fait face aux Véiens. L'infanterie étrusque cède vite du terrain, tandis que la cavalerie résiste à l'avancée romaine[37], jusqu'à ce que le roi de Véies soit tué par le tribun militaire Aulus Cornelius Cossus[38].

Cette bataille est le dernier fait d'armes du six fois consul Titus Quinctius Capitolinus Barbatus.

Fin de vie et descendance

Selon Tite-Live, en 423 av. J.-C., il serait encore en vie à près de 90 ans. Marcus Postumius Albinus Regillensis et Titus Quinctius Poenus Capitolinus sont mis en accusation pour une défaite contre Véies. Le premier est condamné et le deuxième aurait été acquitté pour le respect que l'on avait pour Lucius Quinctius Cincinnatus, son père décédé, et de Titus Quinctius Capitolinus, membre de la famille, « qui, déjà avancé en âge, conjurait avec prières que, pour le peu de jours qui lui restaient à vivre, on ne lui donnât pas une aussi triste nouvelle à porter à Cincinnatus »[39].

Son fils, qui porte le même nom, Titus Quinctius Capitolinus Barbatus, est élu consul en 421 av. J.-C. et peut-être tribun militaire à pouvoir consulaire en 405 av. J.-C.

Ses consulats

Sources

Notes

  1. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 56
  2. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 57
  3. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 41
  4. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 58
  5. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 59
  6. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 61
  7. Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 60
  8. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 64
  9. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre II, 65
  10. a , b  et c Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 1
  11. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 2
  12. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 3
  13. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 4
  14. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 5
  15. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 9
  16. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 11
  17. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 12
  18. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 13
  19. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 24
  20. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 25
  21. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 26
  22. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 28
  23. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 29
  24. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 35
  25. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 66
  26. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 67-68
  27. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 69
  28. Tite-Live, Histoire romaine, Livre III, 70
  29. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 6
  30. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 7
  31. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 8
  32. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 10
  33. a  et b Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 13
  34. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 14
  35. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 15
  36. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 17
  37. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 18
  38. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 19
  39. Tite-Live, Histoire romaine, Livre IV, 41

Références

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