- Thésée
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Thésée combat le Minotaure, assisté par Athéna, médaillon d'un kylix d'Aison, v. 430 av. J.-C., Musée archéologique national de Madrid
Dans la mythologie grecque, Thésée (en grec ancien Θησεύς / Thêseús) est un héros de l'Attique, fils d'Égée et de Éthra. Fondateur-héros à l'instar de Persée ou Héraclès, Thésée est le héros fondateur des Ioniens et est considéré par les Athéniens comme leur grand réformateur. Son nom proviendrait de la même racine que θεσμός / thesmós, en grec « institution ».
Son grand-père Pitthée faisait courir le bruit que Thésée était le fils de Poséidon[1].
Thésée est le roi-fondateur mythique d'Athènes, rendu responsable de l'unification politique de l'Attique sous la domination d'Athènes[2]. En tant que roi unificateur, Thésée est censé avoir construit et occupé un palais de la forteresse de l'Acropole qui peut avoir été semblable au palais excavé à Mycènes. Le géographe Pausanias rapporte qu'après la synoikismos, Thésée a établi un culte d'Aphrodite Pandémos (« Aphrodite de tout le peuple ») et Peitho sur le versant sud de l'Acropole.
Dans Les Grenouilles, Aristophane le crédite d'avoir inventé de nombreuses traditions athéniennes.
Son exploit le plus célèbre et sa légende donnent lieu à de nombreuses interprétations. Certains spécialistes de l'histoire des religions ont souligné l'importance de la mythologie lunaire dans les légendes de Thésée[3].
Sommaire
Mythe
Égée, roi d'Athènes, n'a pas eu d'enfant avec ses différentes épouses et souhaite un fils. Il consulte l'oracle de Delphes afin de mettre un terme à sa stérilité. La Pythie lui parle en ces termes :
« Tu ne dois en aucun cas délier le col de ton outre remplie de vin avant d'avoir atteint le plus haut degré d'Athènes. »
Devant ces paroles énigmatiques, Égée se rend chez Médée, la magicienne de Colchide, et contre une protection, elle promet de lui trouver une femme. Sous l'enchantement, Éthra, la fille du roi Pitthée de Trézène, s'éprend d'Égée. Après l'étreinte, la jeune femme se réfugie dans l'île de Sphaéra où elle s'unit au dieu Poséidon. Doublement honorée cette nuit-là, elle met au monde un fils, Thésée.
Thésée affronte le taureau de Marathon, lécythe à fond blanc du peintre d'Édimbourg, v. 500 av. J.-C., Musée national archéologique d'AthènesÉgée, qui doit repartir pour Athènes, n'assiste pas à sa naissance mais il recommande à Éthra de l'élever selon les normes de son rang. Il dépose, sous un rocher, une épée et des sandales d'or, insignes royaux qui lui dévoileraient le secret de sa naissance le jour où il pourrait soulever la roche. Enfant précoce et vigoureux, Thésée a aussi reçu en partage la séduction, la ruse et le courage. Émerveillée par tant de dons, sa mère le conduit devant le rocher : il le soulève facilement et comprend son identité royale. Il ignore cependant encore sa filiation avec Poséidon, le maître des demeures marines. Thésée prend la route vers Athènes ; en chemin, il tue, entre autres, Périphétès, Procuste, Sciron, Cercyon, la laie de Crommyon et Sinis, des brigands qui s'en prenaient aux voyageurs.
Lorsque Thésée arrive à Athènes, il ne révèle pas immédiatement sa véritable identité. Égée qui l'accueille éprouve quelques soupçons à l'égard de l'étranger tandis que sa femme Médée essaie de le faire tuer en lui demandant de capturer le taureau de Marathon.
Sur le chemin de Marathon, Thésée s'abrite de l'orage dans la cabane d'une vieille femme, Hécale. Elle promet de faire un sacrifice à Zeus si Thésée parvient à capturer le taureau. C'est ce qui se produit, mais à son retour, il trouve la vieille femme morte. En son honneur, Thésée donne son nom à l'un des dèmes de l'Attique, faisant d'une certaine manière de ses habitants les enfants adoptifs de la défunte.
De retour de Marathon en vainqueur du taureau à Athènes, Thésée est victime d'une tentative d'empoisonnement par la reine, mais au dernier moment, il est reconnu à ses sandales, son bouclier et son épée par Égée qui écarte le vin empoisonné. Thésée partage dès lors avec lui le gouvernement de la cité. Athènes vit un drame : depuis la mort de son fils et sa victoire sur les Athéniens, Minos, roi de Crète, exige que la ville lui envoie un tribut de sept jeunes gens et de sept jeunes filles qu'il donne en pâture au Minotaure. Thésée décide de mettre fin à ce carnage et se rend en Crète avec les jeunes victimes afin de tuer le monstre.
Minos se moque de ce jeune homme qui prétend entrer dans le labyrinthe de Dédale, exterminer le monstre et en ressortir sain et sauf. C'est ne pas tenir compte de sa propre fille, Ariane qui est tombée amoureuse de Thésée et va lui donner une pelote de fil pour lui permettre de retrouver la sortie. Il abat le monstre avec sa massue de cuir, ressort du labyrinthe et se sauve en mer avec ses compagnons, Ariane et sa sœur, Phèdre. À Naxos (anciennement Dia), d'après Pausanias, il « oublie » Ariane endormie. Pour d'autres, elle exige qu'il la dépose dans l'île de Naxos, la plus abondante et la plus belle (de peur de créer une guerre contre Minos fils de Zeus et d'Europe) et continue sa route vers Athènes sans elle. Égée attend du haut d'un promontoire le retour du bateau et guette la couleur des voiles : selon un accord passé avec son fils, elles seront blanches en cas de victoire. Mais Thésée a oublié de les changer et les voyant noires, Égée se jette dans la mer qui, désormais, porte son nom.
Après ce tragique événement, Thésée devient le roi d'Athènes et épouse Antiope, reine des Amazones. Ensemble, ils ont un fils Hippolyte. Mais la femme de Thésée meurt en combattant au côté de son mari. Thésée se remarie avec Phèdre, qui se montre cruelle avec Hippolyte (voir Phèdre de Jean Racine ou Hippolyte d'Euripide).
Selon les sources, Thésée est finalement banni d'Athènes[4] ou bien doit fuir à Skyros pour échapper à Ménesthée, usurpateur d'Athènes[5]. Mais il est tué là-bas par le roi Lycomède[6].
Évocations artistiques
Littérature
- Thésée d'André Gide
- La Demeure d'Astérion de Jorge Luis Borgès
- Phèdre de Jean Racine
- L'Amour de Phèdre de Sarah Kane
- Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare
- Œdipe à Colone de Sophocle
- La Folie d'Héraclès d'Euripide
- Hippolyte d'Euripide
- Les Suppliantes d'Euripide
Musique
- Thésée, tragédie lyrique de Jean-Baptiste Lully (1675) ;
- Teseo, opéra seria de Georg Friedrich Händel (1713)
- Hippolyte et Aricie, tragédie lyrique de Jean-Philippe Rameau (1733).
Cinéma
- Thésée et le Minotaure (Teseo contro il minotauro) de Silvio Amadio (1960).
- Les Immortels (Immortals) de Tarsem Singh (2011).
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Claude Calame, Thésée et l'imaginaire athénien, Payot, coll. « Sciences humaines », Lausanne, 1996 (2e édition) (ISBN 2601031751).
- Henri Jeanmaire, Couroi et Courètes : essai sur l'éducation spartiate et sur les rites d'adolescence dans l'Antiquité hellénique, Lille, Bibliothèque universitaire, 1939.
- Nicole Loraux :
- Les Enfants d'Athéna, Seuil, coll. « Points Essais », Paris, 1990 (ISBN 2020124688),
- Né de la terre. Mythe et politique à Athènes, Seuil, coll. « Librairie du XXIe siècle, », Paris, 1996 (ISBN 2020282402).
- André Peyronie, « Le mythe de Thésée pendant le Moyen âge latin (500-1150) », Médiévales, vol. 16, no 32, 1997, p. 119-133 [lire en ligne].
- Annick de Souzenelle, Œdipe intérieur. La présence du verbe dans le mythe grec, Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », 1999 (ISBN 2226106820).
Sources
- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 8, 2 ; I, 9, 16 ; III, 15, 8), Épitome [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 7 ; I, 18 ; I, 24).
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 28, 3 ; IV, 59, 1).
- Pseudo-Hésiode, Bouclier d'Héraclès [détail des éditions] [lire en ligne] (v. 181).
- Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 265).
- Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] (XIV).
- Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (XII, 227).
- Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne] (I, 17, 6 ; II, 22, 6-7).
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] (Thésée).
Références
- Vie de Thésée par Plutarque, paru à La bibliothèque libre.
- la synoikismos (« habiter ensemble »)
- Jean Haudry, Le mariage du dieu Lune, Baltistica XXXVI, 2001, p. 34
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne] (IV, 62, 4), qui ajoute simplement qu'il meurt en exil.
- Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Thésée, 35.
- Aristote, Constitution d'Athènes [détail des éditions] [lire en ligne], épitome d'Hérakleidès ; Plutarque, Vie de Thésée, 35 ; Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], I, 17, 6 ; Apollodore, Épitome [détail des éditions] [lire en ligne], I, 24.
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