- Syndrome de Stendhal
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Le syndrome de Stendhal est une maladie psychosomatique qui provoque des accélérations du rythme cardiaque, des vertiges, des suffocations voire des hallucinations chez certains individus exposés à une surcharge d’œuvres d’art[1]. Ce syndrome, assez rare, fait partie de ce qu’on peut appeler les troubles du voyage ou syndromes du voyageur.
Sommaire
Origine
Ce syndrome est appelé ainsi en référence à l'expérience vécue par l’écrivain français Stendhal lors de son voyage en Italie, à l’étape de Florence, en 1817. Il écrit alors :
« J’étais arrivé à ce point d’émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j’avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »
— Rome, Naples et Florence, éditions Delaunay, Paris -1826, tome II, p. 102
Stendhal n’a rien fait pour s’en prémunir puisque s’asseyant sur un banc de la place, il lut un poème pour se remettre, et vit que ses visions empiraient à la lecture de cette somme de culture ambiante dans les lieux : il fut épris et malade à la fois de tant de profusion.
Identification
Ce syndrome ne fut pas décrit comme un syndrome spécifique avant 1979. La psychiatre italienne Graziella Magherini, officiant à l’hôpital central de la ville, a observé et décrit plus de 100 cas similaires parmi les touristes de Florence, le berceau de la Renaissance. Sa description figure dans un livre éponyme qui classe les cas de manière statistique selon leur provenance et leur sociologie. En résumé :
- les touristes provenant d’Amérique du Nord et d’Asie n’en sont pas touchés, il ne s’agit pas de leur culture ;
- les touristes nationaux italiens en sont également immunisés ; ils baignent dans cette atmosphère depuis leur enfance ;
- parmi les autres, sont plus touchées les personnes vivant seules et ayant eu une éducation classique ou religieuse, indifféremment de leur sexe.
Le facteur déclenchant de la crise a lieu le plus souvent lors de la visite de l’un des 50 musées de la ville. Le visiteur est subitement saisi par le sens profond que l’artiste a donné à son œuvre, et perçoit toute l’émotion qui s’en dégage d’une façon exceptionnellement vive qui transcende les images et le sujet de la peinture. Les réactions des victimes subjuguées sont très variables : des tentatives de destruction du tableau ou des crises d’hystérie ont été observées. Les gardiens de musée de Florence sont formés à l’intervention auprès de visiteurs victimes du syndrome de Stendhal, bien que cela reste assez rare.
On trouve aussi la dénomination de « Syndrome de Florence » (« Syndrome de Stendhal » étant la dénomination officielle).
Dans la culture populaire
Au cinéma
- Dans La Nuit des généraux (1967), film franco-britannique réalisé par Anatole Litvak, le personnage du général Tanz, joué par Peter O'Toole, est atteint du syndrome de Stendhal face à une œuvre de Van Gogh.
- Un film appelé Le Syndrome de Stendhal (1996) a été réalisé par Dario Argento. Dans ce film, une femme policier souffrant de ce syndrome est la proie d’un tueur en série.
- Sans elle (2005), film de Jean Beaudin : À son retour de Florence, où elle a été victime du syndrome de Stendhal, une jeune violoniste québécoise entreprend des recherches pour retrouver sa mère disparue depuis deux ans.
À la télévision
- Mentionné dans la série télévisée de Showtime The L Word dans l’épisode 4 « Longing » de la saison 1, Bette Porter, interprétée par Jennifer Beals, est totalement captive lorsqu’elle aperçoit une photographie - grandeur nature- titrée The Last Time I owned You (La dernière fois que je t’ai possédé), par la photographe de fiction Carla Marie Freed.
- Mentionné dans la série télévisée Mentalist dans l'épisode 15 de la saison 3 : au début de l'épisode lorsque Patrick Jane arrive sur les lieux d'un crime, il dit que la victime est peut-être morte de bonheur face à la beauté du paysage en ajoutant « on appelle ça le Syndrome de Stendhal » Le shérif lui répond alors « non, il a reçu une balle dans la tête ».
Dans la littérature
Le Syndrome de Stendhal (2003) d'Isabelle Miller transpose le syndrome au sentiment amoureux.
Équivalences
Syndrome de Jérusalem
Le syndrome de Jérusalem est équivalent au Syndrome de Stendhal, à ceci près qu’il ne se rapporte pas aux œuvres d’art mais au sens religieux révélé lors du pèlerinage dans la ville sainte des trois monothéismes.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (fr) Étude de psychiatres israéliens sur le syndrome de Jérusalem
- (fr) Histoire du pèlerinage de Jérusalem
- (fr) Description physiologique et sociologique du syndrome de Jérusalem
- (en) Internet Movie Database : La Sindrome di Stendhal
- (fr) L’Humanité, Tout sur le syndrome de Stendhal
- (fr) Mémoire de Michel Bourguignon sur le syndrome de Stendhal, et plus, l’extase et l’orgasme
- (it) Auxologia: Graziella Magherini: La Sindrome di Stendhal (livre) (extraits en italien)
Catégories :- Troubles névrotiques, troubles liés à des facteurs de stress et troubles somatoformes
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