- Skull and Bones
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Les Skull and Bones (littéralement le Crâne et les Os) sont une société secrète de l'université Yale aux États-Unis. Ce groupe est aussi connu par les anglophones sous les noms « Chapter 322 » et « Brotherhood of Death » (« la fraternité de la mort »).
Ce serait la première société secrète qui ait vu le jour à Yale, sous l'impulsion de William Huntington Russell en décembre 1832. Elle constitue l'une des plus prestigieuses sociétés secrètes américaines, avec Scroll and Key, Wolf's Head, Book and Snake et Berzelius. Quelques sociétés d'honneur implantées dans d'autres universités se sont visiblement inspirées des Skull and Bones ou possèdent un prestige similaire, ses membres étant reconnus comme l'élite par les étudiants. Ce sont par exemple les Cap and Skull à l'université Rutgers, la société Bishop James Madison au College of William and Mary, ou les'Iron Arrow Honor Society à l'université de Miami.
Il existe d'autres sociétés portant le nom Skull and Bones : à la Pennsylvania State University ou encore à l'université Vanderbilt, mais ce ne sont que des clubs d'anciens élèves qui n'ont, à part le nom et le logo, rien à voir avec les Skull and Bones d'origine.
Sommaire
Origine
William Huntington Russell étudie en Allemagne de 1831 à 1832. C'est alors une terre d'idées nouvelles. La méthode scientifique y est appliquée à toutes les études sur le comportement humain.
La Prusse se reproche la défaite de ses forces armées contre celles de Napoléon en 1806 alors que ses soldats sont considérés comme étant les meilleurs au monde. C'est ainsi qu'en 1817, les universités allemandes créent un nouveau type de système éducatif basé sur les principes, toujours appliqués à l'heure actuelle, établis par Jean-Jacques Rousseau et John Locke. Johann Gottlieb Fichte, dans son « adresse au peuple allemand », déclare que les enfants doivent désormais prendre les rênes de l’État. Sa chaire à l'université est reprise par Hegel qui y enseignera jusqu’à sa mort en 1831.
Mais l'Allemagne possède encore une autre spécialité, les sociétés secrètes étudiantes. William Huntington est ainsi initié et incorporé au chapitre de l'une d'entre elles. De retour à Yale, en 1832, il y crée avec Alphonso Taft la société Skull and Bones. Ce terme Bones s'avère être le chapitre d’un corps au sein d'une université allemande. Ainsi W. H. Russel et 14 autres membres de terminale fondent l’ordre du Skull and bones, qui changera plus tard son nom en Skull and Bones.
Histoire
Depuis 1832, à Yale, quinze juniors sont brutalisés chaque année par leurs aînés afin d’être initiés et intégrés au groupe l’année suivante. On dit que chaque initié reçoit 15 000 dollars et une montre de grand-père. Loin d’être une sorte de maison du plaisir dont l'activité se réduirait aux seules années de campus, le groupe conserve par la suite des relations suivies afin de favoriser la réussite de ses membres dans le monde post-universitaire. Le 29 septembre 1876, un groupe s'appelant "l'ordre du dossier et de la griffe" entre par effraction dans la maison des S&B et en décrit l'intérieur[1]. En 1943, un acte législatif spécial du Connecticut a exempté les associés de Russell Trust Association, qui gère entre autres les avoirs de la S&B, de remplir un rapport d'activité comme il l'est demandé à n'importe quelle autre société[1].
Contexte
L'Université Yale était au moment de la création des S&B un exemple typique d'institution rigide et figée reproduisant les élites et leur hiérarchie interne sans tenir compte de l'évolution de l'origine sociale des élèves. Le déclassement était en général occasionné par un manquement disciplinaire sanctionnant la tache que l'élève avait fait à son lignage et non par des résultats scolaires médiocres. De plus les élèves plus âgés avaient le droit et étaient même encouragés à bizuter ou humilier les étudiants issus de classes inférieures afin de leur inculquer le respect d'une hiérarchie brutale[1].
Idéologie
Selon Maurizio Blondet[2] l'idéologie de la fraternité se place au-delà de la gauche et de la droite qui ne sont que des éléments d'une dialectique qu'ils entendent suplomber car ils s'estiment supérieurs. Désirant s'adonner à toutes les manoeuvres politiques, il utilisent tantôt l'idéologie attribuée à la droite et tantôt celle attribuée à la gauche, comme de simples étiquettes[1].
Influence
Dans son livre Le Pouvoir occulte américain, Anthony Sutton dénonce la capacité du S&B à établir des chaînes d’influences verticales et horizontales, ce qui permet d’assurer une continuité dans leur plan de domination de la politique.
Le lien Whitney-Stimson-Bundy représenterait la « chaîne verticale ». W. C. Whitney (1863), qui a épousé Flora Payne (de la dynastie Standard Oil Payne), a été Secrétaire à la Marine. Son avocat était un homme nommé Elihu Root. Root engagea Henry Stimson (1888) à sa sortie de l’école de droit. William Howard Taft, 27e président des États-Unis et bonesman lui aussi, engagea Stimson au poste de secrétaire à la Guerre en 1911. Plus tard ce dernier devint gouverneur-général des Philippines. Hollister Bundy (1909) fut l’assistant spécial de Stimson et un homme essentiel au Pentagone durant le projet Manhattan. Ses deux fils furent également membres du S&B : William Bundy (1939) et McGeorge Bundy (1940) furent très actifs dans les affaires gouvernementales grâce à leurs positions dans la CIA, le département de la Défense et le département d'État, et en tant qu'aides spéciaux aux présidents Kennedy et Johnson. Ils ont ainsi exercé un impact significatif sur l'écoulement de l’information et de l’espionnage pendant la guerre du Viêt Nam. William Bundy continua à être rédacteur de Foreign Affairs, le trimestriel très influent du Council on Foreign Relations (CFR). McGeorge devint président de la Fondation Ford. Deux autres familles de bonesmen très influents furent les Harriman et les Bush. Averil Harriman (1913) est considéré comme un "sage" au sein du Parti démocrate. Son frère Roland Harriman (1917) en était également un partisan très actif.
Ce qui frappe à la lecture de la liste des membres des Skull and Bones, c'est la présence quasi systématique des noms des familles américaines les plus prestigieuses. Lord, Whitney, Taft, Jay, Bundy, Harriman, Weyerhaeuser, Pinchot, Rockefeller, Goodyear, Sloane, Stimson, Phelps, Perkins, Pillsbury, Kellogg, Vanderbilt, Bush, Lovett et ainsi de suite. Les Skull and Bones sont tout simplement le club de l’élite, de la classe dirigeante, encore aujourd'hui, comme en témoigne la présence de George Walker Bush et de John Kerry, liés par conséquent par un « pacte secret ».
Quelques membres célèbres
- Prescott Bush
- George H. W. Bush
- George W. Bush
- John Kerry
- E. Roland Harriman
- William Chauvenet
- H. S. Fenimore Cooper (petit-fils de James Fenimore Cooper)
- Knight Wooley
- Ellery James
- Henry Neil Mallon
- Frederick W. Smith (fondateur de FedEx)
- Austan Goolsbee (économiste en chef de Obama)
- William F. Buckley (fondateur du National Review)
- Dana Milbank (reporter politique pour le Washington Post).
Locaux
Le 29 septembre 1876, un groupe s'appelant "l'ordre du dossier et de la griffe" entre par effraction dans la maison des S&B et décrivent une loge 324, dont tous les murs sont décorés de velours noir et la loge 322, dont les murs sont recouvert de velours rouge avec un pentagramme sur le mur. Dans le hall se trouvent les images de fondateurs de l'ordre à Yale ainsi que des membres de la société en Allemagne. Sur le mur occidental se trouve une vieille gravure représentant un cercueil ouvert dans lequel, sur une galette en pierre, reposaient 4 crânes humains groupés autour d'un chapeau, d'un livre ouvert, des cloches, de plusieurs instruments mathématiques et d'une couronne royale. Sur le mur au-dessus du cercueil sont indiqués les mots "Wer war der Thor, wer weiser, der Bettler oder, Kaiser?" et "Ob arm, ob reich, im Tode gleich" envoyé par le chapitre allemand de la société[1].
L'Île Deer
La fraternité est propriétaire de l'Île Deer, située dans l'archipel des Mille-Îles, à la frontière des États-Unis et du Canada, entre l'État de New York et la province de l'Ontario. Plus précisément, elle est la propriété de la Russell Trust Association, entité de la fraternité[3].
Citations
- « It's so secret, we can't talk about it. », (« c'est tellement secret, que nous ne pouvons en parler ») — George Walker Bush dans un entretien avec Tim Russert, le 8 février 2004[4].
- « Not much, because it's a secret. » (« Pas grand chose, parce que c'est un secret ») — John Kerry dans un interview avec Tim Russert le 31 août 2003, en réponse à la question de savoir quelle conclusion on pouvait tirer de son appartenance et de celle de George W. Bush à la société secrète[5].
- « La dernière année (de mes études à Yale), je suis devenu membre des Skull and Bones, une société secrète, si secrète en vérité que je ne peux en dire davantage. Je m’y suis fait 14 nouveaux amis », George Walker Bush[6]
Voir aussi
Bibliographie
- 1977: copie de l'article de Ron Rosenblum dans le magazine Esquire
- 1992: Webster Tarpley, et al. George Bush: The Unauthorized Biography. Washington, DC: Executive Intelligence Review, 1992. ISBN 0-943235-05-7.
- 2003: Robbins, Alexandra. Secrets of the Tomb: Skull and Bones, de la Ligue Ivy, et les voies cachées de Power. Back Bay Books, 2003. ISBN 0-316-73561-2.
- 2003: Millegan, Kris, éd. ConcrétiserSkull and Bones: enquêtes sur Secret Society America's Most Powerful. Walterville, OR: Trine Day, 2003. ISBN 0-9720207-2-1.
- 2003: Antony Cyril Sutton, America's Secret Establishment: An Introduction to The Order of Skull & Bones. Walterville, OR: Trine Day, 2003. ISBN 0-9720207-0-5.
- 2006: Alexandra Robbins, Secrets of the Tomb, ISBN 0-31-672091-7.
- 2006: Maxime Chattam, Les arcanes du chaos, ISBN 2226173226.
- 2007: Begin, Jeremy. Lutter pour G.O.D. (Or, pétrole, et drogues). Walterville, OR: Trine Day, 2007. ISBN 978-0-9777953-3-8.
Discographie
- Skull & Bones est un double album du groupe de rap américain Cypress Hill, sorti en 2000. Son titre fait directement référence à cette société secrète.
- Skull & Bones est, par ailleurs, un groupe de musique[7].
Filmographie
- 2000 : The skulls société secrète
- une trilogie, Skull and Bones : The Skulls : société secrète, The Skulls II et The Skulls 3.
- 2007 : Raisons d'État (The Good Shepherd) de Robert De Niro avec Matt Damon et Angelina Jolie retrace une partie de la vie d'Edward Wilson (qui s'inspire de James Jesus Angleton), membre de la Skull and Bones Society à Yale et agent de la CIA.
- 2008 : dans la série Gossip Girl, Chuck Bass se voit proposer l'offre d'intégrer les Skull and Bones.
Références
- Complots et Dossiers Secrets, n°1, décembre 2008, Skull and Bones la fraternité de la mort et le nouvel ordre mondial, par Pierre Sumac, p.22 à 31
- ISBN 88-86583-07-9 Maurizio Blondet, I Fanatici dell'Apocalisse. L'ultimo assalto a Gerusalemme (ediz. Il Cerchio, 1993)
- Deer Island -- A Brief History L'histoire de Deer Island
- Le site msnbc.msn.com
- Le site msnbc.msn.com
- G. W. Bush, Avec l’aide de Dieu, Paris, éditions Odile Jacob, 2000, p. 76.
- Lien vers le site du groupe de Hard Rock
Liens externes
En français
- Le livre Skull & Bones, d'Alexandra Robbins
- Les liaisons mystérieuses du journal L'express
- Conférence de John Kerry: un étudiant brutalisé après sa question sur Skull & Bones (Agoravox, septembre 2007)
- Le combat d'un descendant de Geronimo contre Yale (Le Figaro du 20/02/2009)
- Skull and Bones, l'élite de l'Empire, un article du Réseau Voltaire
En anglais
- Liste des membres avec renseignements biographiques
- Skull and Bones, CBS News le 13 juin 2004
- Informations diverses et variées sur Bilderberg.org
- Prisonplanet.com News Archive: Skull and Bones
- "Geronimo's family calls on Bush to help return his skeleton." The Independent, June 1, 2006.
- "Whose Skull and Bones?", Kathrin Day Lassila '81 and Mark Alden Branch '86, Yale Alumni Magazine, May/June 2006
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