Service Action

Service Action

Au sein de la Direction des Opérations (DO) de la DGSE, le service Action est chargé de la planification et de la mise en œuvre des opérations clandestines.

Son quartier général est situé au fort de Noisy à Romainville, France.

Sommaire

Organisation

Le service Action dispose du CIRP (Centre d'instruction des réservistes parachutistes) regroupant 3 centres d'entraînement :

  • le Centre parachutiste d'entraînement spécialisé (CPES), stationné à Cercottes, qui instruit les agents clandestins ;
  • le Centre parachutiste d'instruction spécialisée (CPIS), stationné à Perpignan, successeur du Centre d'entraînement à la Guerre Spéciale (CEGS), qui forme les commandos spéciaux ;
  • le Centre parachutiste d'entraînement aux opérations maritimes (CPEOM) à Quelern, successeur du Centre d'instruction des nageurs de combat (CINC) d'Aspretto, qui regroupe les nageurs de combat.

Le service dispose en outre, pour le soutien aérien de ses opérations clandestines, d'une unité de l'Armée de l'air appelée Groupe aérien mixte 56 « Vaucluse » (GAM 56). Basé à Évreux, le GAM 56 est doté d’hélicoptères Cougar et d’avions de transport tactiques de type Transall et Twin Otter.

Le service action remplit également des missions d’évaluation de la sécurité de divers bâtiments comme les centrales nucléaires d’EDF (comme l'a dévoilé Le Canard enchaîné dans son article « Quand la DGSE posait de fausses bombes à Bugey » du 25 avril 1990), ainsi que des bâtiments militaires comme des installations de réparation des sous-marins nucléaires de Brest.

Histoire

Suite à la guerre d'Indochine, le colonel Jacques Morlanne crée, à partir d'un fichier de tous les anciens volontaires spéciaux des unités aéroportées, le noyau du Service Action du SDECE[1]. Au printemps 1947, il envoie R. Mautaint à Montlouis pour animer et entraîner le 11e bataillon de Choc, bras armé du Service Action du SDECE, qui sera par la suite dirigé par Paul Aussaresses. Avant de rejoindre Montlouis, Mautaint rédige de nombreuses notes sur l'enseignement reçu au SOE (Special Operations Executive, le service secret britannique) afin de préparer celui des futurs agents du Service Action[2].

Morlane demande ensuite à Paul Aussaresses, qui arrive au Service Action en juillet 1947[2], tandis que les effectifs augmentent[2], de remplacer Mautaint[2], avec pour mission, selon les mots d'Aussaresses, de :

«  mener ce qu'on appelait alors la “guerre psychologique”, partout où c'était nécessaire, et notamment en Indochine (...) Je préparais mes hommes à des opérations clandestines, aéroportées ou non, qui pouvaient être le plasticage de bâtiments, des actions de sabotage ou l'élimination d'ennemis... Un peu dans l'esprit de ce que j'avais appris en Angleterre[3]. »

À son retour d'Indochine, en 1952, Aussaresses fut chargé par Morlane d'éliminer ceux qui soutenaient la rébellion algérienne. Dans son livre Pour la France : Services spéciaux 1942-1954, il raconte que « Morlane était persuadé qu'une invasion soviétique était imminente et il s'était occupé de créer des dépôts d'armes secrets sur le territoire pour que, le moment venu, une résistance puisse s'organiser[4]. »

Le 11e BPC fusionne avec le 12e BPC de Calvi en octobre 1955 pour donner naissance à la 11e demi-brigade parachutiste de choc (11e DBPC), qui mènera un grand nombre d’opérations pendant la guerre d'Algérie.

Selon Constantin Melnik, qui supervisait, à l’époque, l’action des services secrets et de renseignements pour le premier ministre Michel Debré, le Service Action du SDECE a assassiné, pendant la seule année 1960, 135 personnes (dont plusieurs trafiquants d'armes qui approvisionnaient le FLN, tués par la Main rouge), coulé six bateaux et détruit deux avions[5].

Le 16 avril 1956 est créé le Centre d’instruction des nageurs de combat (CINC), intégré à la 11e DBPC. Le 26 octobre 1960, le CINC est transféré à la Base d'aéronautique navale d'Aspretto (Corse).

En réalité, le CINC est l’unité des nageurs de combat de la DGSE, leur formation est assurée par l’école de plongée (CNC : cours nageurs de combat) de Saint-Mandrier.

La 11e DBPC est dissoute le 31 décembre 1963 suite à la fin de la guerre d'Algérie, et ses missions sont en partie reprises par les soldats du 13e régiment de dragons parachutistes (13e RDP) et du GO (groupement opérationnel) du 1er régiment de parachutistes d'infanterie de marine (1er RPIMa), généralement pour des opérations contre des guérillas d’idéologie plus ou moins marxistes en Afrique.

Le Service action, très réduit depuis la dissolution de la 11e DBPC, est reformé et redynamisé à partir de 1971 sous la direction d’Alexandre de Marenches.

En 1981, le Service action est renommé Division action, même si le nom de Service action perdurera.

Le 4 avril 1982, le SDECE est remplacé par la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). La Division action se fait rapidement mal voir du nouveau gouvernement socialiste, avec ses échecs au Liban en riposte à l’attentat du Drakkar en 1983, et surtout le sabotage du Rainbow Warrior de Greenpeace le 10 juillet 1985 et l’affaire des « époux Turenge ».

Cette affaire a deux conséquences majeures. D’abord, le CINC est dissout et sa mission est reprise par le centre parachutiste d'entraînement aux opérations maritimes (CPEOM) à Quélern (Bretagne), mais cette restructuration hâtive dégrade les capacités des nageurs de combat de la DGSE, car des cadres expérimentés ne veulent pas déménager vers le CPEOM, et les conditions de sécurité entourant la base de l’Île Longue (base des SNLE de la Force océanique stratégique) réduisent largement les occasions d’entraînement à la plongée sous-marine.

Ensuite, le 1er novembre 1985, le 11e BPC est recréé sous le nom de 11e régiment parachutiste de choc (11e RPC), basé à Cercottes (Loiret) au CIRP (Centre d’instruction des réserves parachutistes) et ayant repris les traditions de la 11e DBPC.

Le « 11e choc » n’est ni confondu ni intégré à la Division action, mais sert plutôt de réservoir de spécialistes qui sont prélevés individuellement à chaque opération. Jusqu’en 1988, les hommes du 11e RPC utilisaient comme couverture le 89e bataillon des services.

En 1987, la DGSE est une nouvelle fois réorganisée : la Division action disparaît, la direction des opérations est créée, ayant autorité sur le service Action et l'ex service 7, spécialisé dans l'ouverture de valises diplomatiques, de bagages, etc.[6].

Le « 11e choc » participera notamment à l’assaut de la grotte d'Ouvéa le 5 mai 1988, au cours duquel deux de ses hommes, l’adjudant Pedrazza et le soldat Veron, seront tués.

En 1992, le 11e RPC est conservé malgré les réformes des services de renseignement et des forces spéciales consécutives à la fin de la guerre froide, qui se traduisent notamment par la création du Commandement des opérations spéciales (COS), dans lequel le « 11e choc » n’est pas intégré.

Le 11e RPC est finalement dissout le 30 juin 1993, dans une grande discrétion. Ses fonctions sont reprises par trois centres d’entraînement : le Centre parachutiste d'entraînement spécialisé (CPES) stationné à Cercottes, le Centre parachutiste d'instruction spécialisée (CPIS) stationné à Perpignan, et le Centre parachutiste d'entraînement aux opérations maritimes (CPEOM) stationné à Quelern.

Les services secrets participant à l'intervention militaire de 2011 en Libye ont préparé et encadré le débarquement sur une plage de la Tripoli, le 20 août 2011 au début de la Seconde bataille de Tripoli, des commandos insurgés venus de Misrata. Cette opération du Service Action de la Direction générale de la sécurité extérieure et du Special Air Service britannique a été menée avec des Qataris et probablement des Emiratis[7].

Chefs du Service action

Bibliographie

  • Gérard Desmaretz, Service Action, éd. Chiron, janvier 2008 (ISBN 978-2-7027-1225-2) 
  • Alain Mafart, Carnets secrets d'un nageur de combat : du « Rainbow Warrior » aux glaces de l’Arctique, Paris, éd. Albin Michel, coll. « Essais Doc. », 1er avril 1999, 254 p. (ISBN 2-226-10831-9) 
  • Pierre Martinet et Philippe Lobjois, Un agent sort de l’ombre : DGSE, Service action, Paris, éd. Privé, 15 avril 2005, 385 p. (ISBN 2-35076-020-0) 
  • Patrick du Morne Vert, Mission oxygène, Paris, éd. Filipacchi, 1987, 434 p. (ISBN 2-85018-457-8) 
  • Dominique Prieur et Jean-Marie Pontaut, Agent secrète, Paris, éd. Fayard, coll. « Documents », 10 mai 1995, 264 p. (ISBN 2-213-59277-2) 
  • Colonel Jean Sassi avec Jean-Louis Tremblais, Opérations spéciales : 20 ans de guerres secrètes : (Résistance, Indochine, Algérie), Paris, Éditions Nimrod, 2009, 335 p. (ISBN 978-2-915243-17-8) 
  • Sophie Aman, Trajectoires dans le cercle, Lons-le-Saunier, éditions Aréopage, 2010 (ISBN 978-2-908340-85-3)  (roman)

Références

  1. Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, Département de l'innovation technologique et des entrées extraordinaires, Bureau des témoignages oraux, Histoire orale. Inventaire analytique de la sous-série 3K, tome III, par Sébastien Laurent, Hervé Lemoine, Marilyne Morais, Stéphane Simmonet, Guillaume Zeller. Château de Vincennes, 2005. p. 137
  2. a, b, c et d Ministère de la Défense, Service historique de la Défense, op. cit., p. 210
  3. Entretien avec Marie-Monique Robin cité in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions], 2008, chap. IV, p.49
  4. Paul Aussaresses, Pour la France : Services spéciaux 1942-1954, Editions du Rocher, 2001, p.257, cité in Marie-Monique Robin, Escadrons de la mort, l'école française [détail des éditions] chap. VI, p.76
  5. 135 personnes éliminées par le SDECE en 1960, l'Humanité, 20 janvier 1996
  6. Le SDECE puis la DGSE depuis leur création: structures
  7. Premier bilan des actions clandestines, Intelligence Online, 1er septembre 2011. Consulté le 14 septembre 2011

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Service Action de Wikipédia en français (auteurs)

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