- Sans domicile fixe en France
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Les sans-abri sont des personnes sans logement. Les personnes sans domicile fixe (SDF) en France sont des personnes ne bénéficiant pas d'une adresse postale pour l'administration.
On compte de 85 000 à 100 000 SDF en France.
Sommaire
Recensement
Difficultés
Le nombre de sans-abri (ou Sans Domicile Fixe, SDF) en France est difficile à évaluer, en partie en raison de l'absence d'outils statistiques appropriés, ainsi que par le caractère nomade de cette population. La crise du logement est l'une des causes principales expliquant l'absence d'accès à un toit.
Statistiques
Un comptage effectué une nuit de janvier 2001 par l'Insee a dénombré 86 000 SDF en France, soit 0,13 % de la population[1].
Selon une compilation 2002-2008 de l'INSEE parue en janvier 2011[2], la France comptait dans la décennie 2000 environ 250.000 personnes privées de logement. 33 000 personnes vivent en France « entre la rue et les dispositifs d'accueil d'urgence ». Cette population de SDF est essentiellement masculine (79 %), urbaine et francilienne à hauteur d'un tiers (36 %). La France compte par ailleurs quelque 100 000 personnes accueillies pour des durées longues dans des services d'hébergement social ou dans un logement bénéficiant d'un financement public. Outre ces personnes sans domicile, d'autres sont privées de logement personnel : en 2006, 38 000 personnes vivaient à l'hôtel (dont 20 % de moins de 20 ans) dans des conditions médiocres, souvent sans sanitaire ou cuisine. L'hébergement chez des amis ou connaissances concernaient 79 000 personnes en 2002. Au total, l'institut évalue à 250 000 la population totale privée de logement personnel.
L'âge moyen des SDF à Paris
Les SDF à Paris ont une structure par âge assez différente du reste de la population parisienne, avec par exemple beaucoup moins de personnes âgées de plus de 60 ans.
- 22 % des hommes SDF à Paris ont entre 16 et 30,5 ans.
- 57 % des hommes ont entre 31 et 51 ans.
- 19 % des hommes ont entre 51 et 64 ans.
- 2 % des hommes ont 65 ans et plus.
- 48 % des femmes SDF à Paris ont entre 18 et 30 ans.
- 45 % des femmes ont entre 31 et 50 ans.
- 6 % des femmes ont entre 51 et 64 ans.
- 1 % des femmes ont 65 ans et plus.
Proportion de femmes SDF
- 17 % des SDF de Paris, tout comme aux États-Unis d'ailleurs, sont des femmes.
- 1 femme SDF sur 3 à Paris est accompagnée d'enfants, avec ou sans conjoint.
Situation matrimoniale des SDF
- 57 % des SDF sont célibataires.
- 8 % sont mariés.
- Plus de 1 SDF sur 3 a divorcé ou est veuf.
Situation professionnelle
- 28 % des hommes SDF ont déclaré avoir eu, avant la rue, une profession itinérante, les conduisant à se déplacer de ville en ville durant des années (ouvriers bâtiment, routiers, déménageurs, mariniers, représentants commerce, restauration, spectacle).
- Environ 25 % des hommes SDF déclarent travailler, soit en CDD, intérim ou CES ou autre petit boulot. 17 % des concernés sont en CDI.
Catégories socio-professionnelles des parents de SDF
- 1 SDF homme sur 5 ne peut préciser le métier de son père, soit qu'il ne l'ait pas connu, soit que les liens avec lui aient été rompus très tôt.
- Pour les 4 SDF hommes restants, 49 % ont un père ouvrier. Les moins de 34 ans ont plus souvent que leurs aînés un père artisan ou commerçant.
Paris
Selon l'ethnologue-psychanalyste Patrick Declerck (2002), il y a à Paris un noyau dur de 10 000 à 15 000 personnes qui vivent habituellement et de manière continue dans la rue (les clochards fortement désocialisés). Au-delà de cette population stable, on trouve un groupe plus instable ou moins durable et deux fois plus grand (20 000 à 30 000)[3].
Étrangers en situation irrégulière
Nombre d'étrangers en situation irrégulière et « invisibles » échappent aux statistiques.
Morbidité
Les principales pathologies des sans-abri sont liées à la malnutrition et notamment aux carences en vitamine C et en calcium : anémie, hémorragies, troubles neurologiques ou cardio-vasculaires, fractures. Le manque de suivi médical empêche la prévention de maladies bien traitées comme le diabète ou l'hypertension. À ceci s'ajoute une forte consommation d'alcool et de tabac, entraînant des maladies cardiovasculaires, des cancers ORL et des cirrhoses.
Décès
2005
Le collectif Les Morts dans la Rue, créé en 2002 et regroupant une quarantaine d'associations, a recensé 112 morts de février à octobre 2005 [4]. La variation saisonnière est peu importante, le froid a tué 5 personnes sur les 112. Ces personnes avaient en moyenne 49 ans, alors que l'espérance de vie est de 77 ans pour les hommes et de 84 ans pour les femmes, le plus jeune avait 31 ans et la moitié avaient moins de 50 ans. L'étude a également recensé 21 morts violentes : 8 assassinats, 7 morts dans des incendies et 6 chutes mortelles.
2006-2007
Le collectif Les Morts dans la Rue a comptabilisé 145 décès de sans-abri de novembre 2006 à mars 2007, dont 91 en Ile-de-France. La durée de vie moyenne de ces 145 morts a été de 49 ans (contre une moyenne nationale de 80 ans). Le collectif avait compté 122 « morts dans la rue » de novembre 2005 à mars 2006[5]. Sur ces 122 décès en 2005-2006, seuls cinq d'entre eux étaient imputables au froid (hypothermie). Les principales causes de mort sont en effet la malnutrition, tandis que le manque de suivi médical empêche la prévention de maladies bien traitées comme le diabète ou l'hypertension. À ceci s'ajoute une forte consommation d'alcool et de tabac, entraînant des maladies cardio-vasculaires, des cancers ORL et des cirrhoses. La création de la CMU par le gouvernement Jospin visait entre autres à améliorer le suivi médical de ces patients, afin de traiter les pathologies dès leur apparition, à moindre coût, plutôt que lorsqu'elles deviennent trop graves.
Espérance de vie
Dans un éditorial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire[6], Martin Hirsch faisait remarquer que « l’espérance de vie des plus pauvres en France est plus proche de l’espérance de vie au Sierra Leone (34 ans), pays qui a l’une des espérances de vie les plus courtes au monde, que de l’espérance de vie de l’ensemble de la population française. Autrefois, la pauvreté tuait brutalement. Aujourd’hui, elle tue tout aussi sûrement, mais plus lentement. »
L'association les enfants de Don Quichotte évalue l'espérance de vie d'un SDF à 43 ans en 2006[7].
Centres d’hébergement
En France en novembre 2006, le gouvernement annonce la création de 100 000 places en centres d’hébergement pour les sans-abri au titre du « plan hiver » (du 1er novembre 2006 au 31 mars 2007).
Travailleurs pauvres
Les sans-abri ne sont pas nécessairement chômeurs, certains travaillent (parfois même pour la Mairie de Paris en tant que fonctionnaires titulaires). Selon l'étude de l'Insee de 2004[1] :
- trois sans-abri sur dix ont un emploi, en général précaire (contrat à durée déterminée, intérim) ; ce sont le coût du logement (en progression importante depuis 1995) et l'insuffisance des logements sociaux à prix très modérés qui les maintiennent à la rue ;
- quatre sans-abri sur dix sont inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi.
Travailleurs très bien payés, cadres supérieurs mais officiellement SDF
On cite plusieurs cas de personnes ne possédant pas de domicile fixe (et titulaires du carnet de circulation) mais disposant d'un emploi stable et très bien payé (dont des fonctionnaires de catégorie A). Ce sont généralement des ingénieurs qui effectuent énormément de déplacements à l'étranger (notamment ceux des plateformes pétrolières), plus particulièrement des jeunes en début de carrière qui optimisent les avantages liés à la mobilité consentis par les grandes sociétés. Ces personnes, généralement hébergées en hôtel par leurs employeurs, fonctionnent ainsi pendant quelques années avant de se fixer. Les fortes rémunérations ainsi que l'absence de frais d'hébergement permettent à ces personnes de devenir propriétaires sans aucun emprunt.
Les dispositifs d'aide au Sans-abris
- Le numéro d'urgence 115 et le SAMU social
- Les centres d'hébergement d'urgence (CHU)
- Les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS)
- Les maisons-relais ou pensions de famille
- L'intermédiation locative (dispositif « Louez solidaire » ou « Solibail ») [8]
Aide publique aux sans-abris
En 2009, 1,1 milliard d'euros a été consacré à l'hébergement d'urgence et à l'aide alimentaire aux sans-abris. En mai 2010, le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, a annoncé l'octroi d'une enveloppe de 110 millions d'euros supplémentaires[9].
Déclarations politiques
- Dans le cadre de la campagne présidentielle de 2002, le candidat et Premier ministre sortant Lionel Jospin promet, le 18 mars 2002, d'atteindre l'objectif de « zéro SDF d'ici à 2007 » s'il est élu[10] ; son élimination dès le premier tour de l'élection compromettra toute confrontation de sa promesse à la réalité.
- Promesse de Nicolas Sarkozy : zéro SDF en 2008 : lors de la campagne présidentielle de 2007, le futur président Nicolas Sarkozy avait formulé les promesses suivantes :
« Je veux si je suis élu président de la République que d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur le trottoir et d'y mourir de froid. » « Le droit à l'hébergement, c'est une obligation humaine. Si on n'est plus choqué quand quelqu'un n'a plus un toit lorsqu'il fait froid et qu'il est obligé de dormir dehors, c'est tout l'équilibre de la société, où vous voulez que vos enfants vivent en paix, qui s'en trouvera remis en cause. »[11].
Deux ans plus tard, en 2009, 358 SDF sont morts[12].
Notes et références
- Libération, 1er novembre 2004 « Pour les sans-abri, l'hiver commence aujourd'hui », Tonino Serafini,
- La France compte plus de 3 millions de mal-logés, selon l'Insee, AFP, 5 décembre 2011
- Patrick Declerck, Les naufragés, éd. Plon, 2002
- Libération, 15 décembre 2005 [1] « Dans la rue, l'espérance de vie ne dépasse pas la cinquantaine », Tonino Serafini,
- Libération, 26 mars 2007, « 145 «morts dans la rue» depuis novembre 2006 » lire en ligne
- Les inégalités sociales de santé en France en 2006 : éléments de l’état des lieux, BEH du 23 janvier 2007, InVS
- « L'espérance de vie d'un SDF ? 43 ans. », Hubert Prolongeau, Nouvel observateur p67 n°2200 4 janvier 2007
- Du 115 au logement d'insertion, une palette de dispositifs, Le Monde, 10 août 2011
- 110 millions supplémentaires en faveur des sans-abri, Le Monde, 20 mai 2010
- « L'objectif "Zéro SDF en 2007" est-il réalisable ? », Le Monde
- Video de l'engagement de N. Sarkozy
- Le Point
Liens internes
Liens externes
- Vie publique : Hébergement et distribution de repas chaud, le cas des sans domicile (INSEE 2002).
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