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Sandjak d'Alexandrette
Le Sandjak d’Alexandrette correspond à peu près à l’ancienne principauté d’Antioche et à l'actuelle province turque du Hatay.
Sommaire
Définition
Un sandjak signifie littéralement « étendard » et est le nom d’une des principales divisions des provinces de l'Empire ottoman.
Antioche est aussi historiquement l'une des capitales de l'Église chrétienne et le lieu où la première église a vu le jour. Elle est toujours la capitale des Églises syriennes, et abrite des églises syriaque, grecque orthodoxe, grecque catholique (melkite) et maronite -- même s'il s'agit plus souvent d'un titre honorifique que d'une effectivité du siège dans la ville.
Histoire
Empire ottoman
Pendant la Première Guerre mondiale, les qadas d'Alexandrette et d'Antioche appartenaient à la province d'Alep de l'Empire ottoman. Lors du génocide arménien de 1915, les populations arméniennes locales s'illustrèrent par leur résistance et ne durent leur salut qu'à l'arrivée de bâtiments de guerre français qui les évacuèrent[1].
Mandat français
Après 1918, le Sandjak est rattaché à la Syrie sous mandat français et devient autonome en 1920. Sa population est alors divisée entre turcophones (un tiers environ) et arabophones. Les seconds sont majoritairement alaouites (musulmans) à 65 %, mais aussi sunnites (20 %) et chrétiens orthodoxes (15 %). D’autres minorités cohabitent : Arméniens, Kurdes, Tcherkesses. Cette population, paisible avant la Première Guerre mondiale, se divise sous le mandat français entre autonomistes pro-syriens et kémalistes, partisans du rattachement à la Turquie ou de l’indépendance. Cette opposition politique se double d’une opposition sociale : les autonomistes sont surtout les grands propriétaires fonciers, les kémalistes la jeunesse et les classes moyennes.
À partir de 1925, il fait partie de l'État d'Alep et rentre dans l'État syrien avec un statut spécial : il faisait partie des territoires de la République syrienne sous mandat français et jouissait d'un régime autonome au point de vue administratif et financier. En tant que territoire de la République syrienne, le Sandjak participait aux élections législatives et ses députés siégeaient à la chambre syrienne de Damas. Quelques-uns de ces députés firent même partie de certains cabinets syriens en qualité de ministres de l'économie nationale En novembre 1937, le sandjak est séparé de la Syrie.
Dès 1936, la Turquie avait fait savoir qu'elle n'accepterait pas que ce territoire où vit une importante minorité turque passe sous le contrôle d'un État syrien indépendant. Les affrontements se multiplient entre les deux partis, et la Turquie encourage l’installation de Turcs dans la région. Les élections du 20 mai 1937 montrent à la SDN que 47 pour cent de la population est turque. Dès lors, par divers stratagèmes Ankara s'emploie à faire monter ce pourcentage à 55 pour cent, notamment par la violence ou des transferts de population.
En septembre 1938, avec l'accord de la France (dirigée par une majorité parlementaire issue du Front populaire de 1936) et en sous-main de la Grande Bretagne, la province change de nom et devient la République du Hatay. En effet les deux grandes puissances veulent ménager la susceptibilité de la Turquie, clef de voûte de la politique régionale, voire même en faire un allié en cas de conflit avec l'Allemagne hitlérienne. Les Turcs y sont désormais majoritaires, ils contrôlent les principaux leviers du pouvoir et le parlement de la République du Hatay vote son rattachement à la Turquie. C'est chose faite le 23 juin 1939. Celle-ci récupère un territoire de près de 4 700 km², peuplé d'environ 200 000 habitants. Alexandrette prend le nom d'Iskenderun.
En conséquence, 15 000 Arméniens[2] (ne restent que les Arméniens du village de Vakif) ainsi que de nombreux autres chrétiens, tant Arabes qu'Assyriens, prennent le chemin de l'exil, laissant derrière eux tout ce qu'ils possédaient. La troupe française escorte les convois de réfugiés sans toutefois leur porter assistance. La Turquie attend février 1945 pour déclarer la guerre à l'Allemagne après avoir tenu une position ambigüe pendant tout la durée du conflit.
Sujet de discorde turco-syrien
De nos jours le Sandjak d'Alexandrette est toujours un sujet de discorde entre la Turquie et la Syrie. Celle-ci considère que cette région lui a été volée, et des cartes la figurent encore comme faisant partie de la Syrie.
Ce conflit diplomatique s’est élargi au monde arabe : en 1985, l’Arabie saoudite décide de ne pas attribuer de visa aux personnes nées dans le Hatay.
En 1989, un avion du service topographique turc volant au-dessus du Hatay est abattu par les forces syriennes, acte suivi de déclarations martiales de chaque coté.
Ce litige qui resurgit régulièrement entre la Syrie et la Turquie est attisé par le fait que les Alaouites, (la moitié des 25 % d’arabophones du Hatay) sont une minorité pauvre et méprisée du Hatay, et que les dirigeants syriens sont issus de cette minorité. Il est renforcé par le conflit sur l’utilisation des eaux des fleuves Oronte et Euphrate, qui coulent en Syrie et en Turquie.
Notes et références
- ↑ Gérard Dédéyan et , Histoire du peuple arménien, Privat, 2007 (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 843
- ↑ Anahide Ter-Minassian, 1918-1920 — La République d'Arménie, Complexe, 1989 (réimpr. 2006) (ISBN 2-8048-0092-X), p. 259
Voir aussi
Liens externes
Sources
- Le Tigre. Le Hatay (golfe d'Alexandrette. N° 000 (du 20 au 26 janvier 2006), p 15-17
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