Saint-Paul (ile)

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Saint-Paul (île)

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Île Saint-Paul
Carte de l'île Saint-Paul
Carte de l'île Saint-Paul
Géographie
Pays France France
Localisation Océan Indien
Coordonnées 37° 50′ 00″ S 77° 31′ 00″ E / -37.833333, 77.51666737° 50′ 00″ S 77° 31′ 00″ E / -37.833333, 77.516667
Superficie 8 km2
Point culminant Crête de la Novara (268 m)
Géologie
Géologie Île volcanique
Type Volcan rouge
Activité Endormi
Dernière éruption 1793
Code [1] 0304-002
Observatoire Aucun
Administration
France France
Collectivité d'outre-mer Terres australes et antarctiques françaises
District Saint-Paul et Amsterdam
Démographie
Population Aucun habitant
Autres informations
Îles de France

L'île Saint-Paul est une île française située dans le sud de l'océan Indien (38°43′S 77°31′E / -38.717, 77.517). Elle forme avec l'île d'Amsterdam, 85 km plus au nord (37°50′S 77°31′E / -37.833, 77.517), le district des Îles Saint-Paul et Amsterdam, l'un des cinq districts des Terres australes et antarctiques françaises (les quatre autres sont les îles Crozet, les Kerguelen, la Terre Adélie et les îles Éparses).

Sommaire

Géographie

L'île Saint-Paul, avec au premier plan la roche Quille

L'île Saint-Paul n'a qu'une superficie de 8 km² pour une longueur maximale de 5 km. Île rocheuse et désertique, c'est la partie émergée d'un ancien volcan, composée d'un grand cratère central qui s'est effondré et où la mer a pénétré par une passe peu profonde - de 2 à 3 m - délimitée par deux jetées naturelles de blocs rocheux. Le plus haut point de l'île, la crête de Novara, s'élève à 268 m au dessus du niveau de la mer. Elle constitue avec l'île Amsterdam, les seules terres émergées d'un étroit plateau continental entouré par des fonds de 3000 mètres.

Histoire

L'histoire des deux îles, Saint-Paul et Amsterdam est liée. L'île Saint-Paul comme l'île d'Amsterdam se trouve au sud de la route entre Le Cap et les îles de la Sonde donc entre l'Europe et les Indes avant l'ouverture du canal de Suez. En 1559, le géographe Evert Gysaerths indique sur un portulan une île par 38°S avec la mention "T.Q. descrobio o nao S. Paulo". Un siècle plus tard, un navigateur hollandais Harwick Claesz de Hillegom aperçoit l'île, dont il estime la latitude à 38°50'S. Il lui donne alors le nom de son navire, "Zeewolf". Le premier débarquement connu semble être celui fait par le navigateur hollandais Willen de Vlaming en 1696 alors à la recherche d'un autre navire hollandais. L'île ou ses parages sont ensuite fréquentés par des pécheurs de l'île Bourbon (actuellement île de la Réunion), des baleiniers américains et anglais et ... des naufragés. En 1793 un navire anglais commandé par lord Macartney en route pour la Chine débarque sur l'île. Il y trouve un marin brestois abandonné par un navire américain. Il dresse une carte de l'île mais la confond avec l'île d'Amsterdam, confusion faite par d'autres navigateurs avant lui.

L'île est redécouverte avec l'île d'Amsterdam par le Polonais Adam Mieroslawski, capitaine du Cygne de Granville en 1842. Le capitaine Mieroslawski a passé son diplôme de capitaine au long cours sous le nom de son frère Pierre Louis Adam Mieroslawski en utilisant le passeport français de ce dernier.

En 1843, Adam Mieroslawski présente au gouverneur de l'île Bourbon (La Réunion), le contre-amiral Bazoche, sa découverte et il propose la prise en possession de ces îles désertes. En absence de navire de guerre en rade, Bazoche fait appel au trois-mâts L'Olympe, commandé par Martin Dupeyart. Le capitaine Dupeyart et son bateau vont ramener Adam Mieroslawski sur ces îles. Le capitaine Mieroslawski est mandaté par le gouverneur de Bourbon, par l'arrêté du 8 juin 1843, pour assumer le commandement de ces îles aussitôt la prise de possession au nom de la France.

Entre-temps le Royaume-Uni conteste cette prise de possession. Pour éviter un problème diplomatique et devant l'intérêt limité de ces îles, la France envoie une dépêche à l'amiral Bazoche demandant le rappel de la garnison. Malgré les ordres, Mieroslawski persiste (il menacera même de hisser le drapeau polonais !) Il commence à négocier avec Bazoche, son ami Adolphe Camin et d'autres interlocuteurs réunionnais pour une exploitation des îles. Ils fondent alors une société par actions en 1845 pour l'exploitation des 2 îles avec création d'établissement sur place. Mais l'entreprise est arrêtée en 1853, avec la mort de son fondateur et le renoncement officiel de sa souveraineté sur l'île par la France.

Durant l'hiver 1857, une expédition scientifique autrichienne embarquée sur la frégate La Novara explore l'île et y étudie la flore, la faune, et la géologie.

En 1871, un navire britannique, le HMS Megaera, qui effectuait un transport de troupes de l'Afrique du Sud vers l'Australie, s'échoue sur l'île. La plupart des 400 personnes qui se trouvaient à bord devront y séjourner jusqu'à trois mois avant d'être récupérées.

Le 23 septembre 1874, des astronomes français y débarquent, arrivés par le navire "Fernand" . Ils viennent observer le passage de Vénus devant le soleil. (Une plaque commémorative qui le rappelle se trouve toujours sur l'île). Lors de cette mission, le géologue et géographe Charles Velain étudie et publie les premières données géologiques des 2 îles. Fin de la mission le 4 janvier 1875. Il semble que c'est à Charles Velain que l'on doit le nom définitif de l'île. Il retrouva la carte de Gysaerths et la mention du nom "Saint-Paul".

En 1892, l'aviso français "La Bourdonnais" reprend possession de l'île pour la France, possession confirmée par le passage d'un second navire de guerre français, "L'Eure", de retour des Kerguelen en 1893. Un décret du gouvernement français du 21 novembre 1924 la rattache ainsi que l'île Amsterdam à la province de Tamatave à Madagascar, colonie française à l'époque.

En 1928 une société de pèche "La Langouste Française" crée une usine de mise en conserves à Saint Paul. Cette nouvelle tentative composée de plusieurs français, surtout bretons et d'une centaine de Malgaches va se terminer en désastre en 1931 avec la mort de dizaines de bretons et de la plupart des malgaches, tragédie connue sous le nom des "Oubliés de Saint-Paul".

En 1949, une base scientifique permanente est installée sur l'île Amsterdam. De cette base, des missions ponctuelles sont menées sur l'île Saint-Paul, ces missions allant et venant lors des rotations du Marion Dufresne, navire français qui dessert les TAAF

Volcanologie

La première étude géologique de l'île a été réalisée par Charles Vélain (1878) qui faisait partie en 1874 de la mission astronomique française venue observer le passage de Vénus devant le Soleil (23 septembre 1874 - 4 janvier 1875) et fut complétée en décembre 1971 - janvier 1972 par la contribution de Jacques Nougier.

L'île Saint-Paul a suivi dans ses grandes lignes, une évolution volcanolgique comparable à sa voisine plus septentrionale, l'île Amsterdam.

Un paléo-volcan constitué de tufs jaunes palagonitiques (c'est-à-dire émis sous la mer), recoupés de dykes et par une intrusion de lave de composition chimique acide (comendite) occupe le flanc nord de l'île. Il a été recouvert en totalité par un néo-volcan dont la cheminée d'alimentation verticale, localisée au centre du Bassin du Cratère est à un kilomètre plus au sud.

Ce néo-volcan aux formes très régulières, a émis des laves basaltiques fluides qui ont nappé ses flancs. A son apogée, le volcan a pu atteindre 3 à 400 mètres d'altitude, avec une circonférence de cratère beaucoup plus réduite que l'actuelle. Ce sont de grands effondrements, selon une ligne de faille nord-ouest/sud-est, qui ont privé le volcan de sa moitié nord-est. Ils ont été accompagnés de l'affaissement du cratère et de l'élargissement de sa circonférence, mettant enfin la mer en communication avec celui-ci.

Un volcanisme récurrent et ponctuel s'est installé dans les parties basses (là où la pression des roches opposée à la progression du magma était moindre) a construit de petits cônes scoriacés rongés par l'érosion marine. La dernière activité volcanique est une fissure orientée selon l'effondrement de l'île (axe NNW-SSE) marquée par des émissions de cendres qui ont saupoudré le flanc externe sud-est. Des fumerolles et des sources chaudes indiquent la présence, à faible profondeur, d'un corps encore chaud et d'une reprise possible, à tout moment, de l'activité volcanique.

Au plan pétrologique, la série des laves de Saint-Paul est donc plus typée que celle d'Amsterdam. Les tufs anciens ont une composition de tholéiites avec une différenciation magmatique vers les comendites. Les basaltes du néo-volcan sont des tholéiites alumineuses enrichies dans leurs produits les plus récents en olivine.

L'âge de Saint-Paul, évalué classiquement par la méthode au K/Ar et les mesures du paléo-magnétisme, indique un âge compris entre 500000 et 40000 ans, donc globalement plus jeune qu'Amsterdam. Ces données ne concernent évidemment pas les manifestations les plus récentes du volcanisme [1].

Climatologie

Le climat est un climat océanique tempéré, marqué par l'absence de neige et de gelée mais avec un vent constant d'ouest.

Occupation humaine

Aucune présence humaine permanente sur l'île qui n'est visitée que lors de brèves expéditions scientifiques. Entre 1850 et 1930, des tentatives d'implantation de pêcheries et de conserveries ont eu lieu, essentiellement pour l'exploitation des langoustes, très abondantes sur ces côtes. Mais elles se sont soldées par des échecs du fait de l'isolement, du manque de ressources et d'abris. La dernière tentative se finissant même en tragédie connue en France, sous le nom des "Oubliés de Saint Paul" avec la mort de dizaines de colons, essentiellement du scorbut.

En dehors des missions scientifiques, l'accès sur l'île est désormais interdit pour raisons environnementales.

Faune et flore

Les eaux environnantes sont riches en poissons et en langouste (Jasus paulensis). Chaque année, le gouverneur des TAAF publie un décret indiquant zones de pêches, type et quotas de prise dans les eaux territoriales et la zone économique exclusive des îles Saint-Paul et Amsterdam. En 2005, 2 armements de la Réunion avaient le droit, en alternance et avec un bateau, d'y pêcher. La végétation se réduit à des fougères, des hautes herbes et des lichens mais aucun arbre.

On retrouve la faune habituelle des îles subantarctiques. Une population importante d'otaries (Arctocephalus tropicalis) fréquente les côtes et s'y reproduit. De nombreux oiseaux marins viennent également nicher à terre.

L'introduction de lapins mais surtout de rats, probablement arrivés avec les premiers bateaux de pêche au 18e ou au XIXe siècle a gravement déstabilisé l'écosystème, réduisant considérablement la nidification d'oiseaux. La population de rats à la fin des années 1990 été estimée entre 50 000 et 100 000 individus. Seul un gros rocher, "La quille", séparé de l'île par un bras de mer était épargné. Grâce à des fonds européens, l'île a été entièrement dératisée en 1999. Depuis, la population d'oiseaux maritimes s'est progressivement reconstituée.

Références

  1. Carte volcanologique schématique et étude du volcan Saint-Paul in: J. Nougier et J.W. Thomson, Volcanoes of the Antarctic Plate and Southern Oceans, Edit. W.E. LeMasurier et J.W. Thomson. Antarctic Res. series, Vol 48, American Geophysical Union (1990).

Bibliographie

  • Saint-Paul & Amsterdam, Voyage austral dans le temps par Yannick Verdenal, éditions Gérard Louis, 2004
  • Les Oubliés de l'île Saint-Paul de Daniel Floch, Editions Ouest-France
  • Les armateurs de rèves, (les concessions Bossière et les sociétés françaises d'exploitation des îles australes de l'océan Indien (1893-1939) - Les stations baleinière et d'élevage des Kerguelen, l'entreprise de pêche à la langouste de l'île Saint-Paul) de Patrick Arnaud et Jean Beurois, 1996 éditeur Jambois

Liens externes

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