- Résidu à l'infini
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En analyse complexe, le résidu à l'infini est le résidu d'une fonction holomorphe sur une couronne de rayon extérieur infini. L'infini étant un point ajouté à l'espace localement compact pour le rendre compact (il s'agit alors d'une compactification par un point). Cet espace compactifié noté est identifié à la sphère de Riemann[1].
Soit f une fonction holomorphe sur la couronne .
On définit le résidu à l'infini de la fonction f comme suit :
Intuitivement, on passe de l'étude de f(z) à l'infini à l'étude de f(1 / z) à l'origine.
Par ailleurs, pour tout r > R, on a :
Les relations ci-dessus permettent de renforcer le théorème des résidus pour calculer certaines intégrales réelles.
Sommaire
Preuve des équivalences
Tel qu'on l'a défini plus haut et en effectuant le changement de variable w = z − 1 pour passer de f(w) à , on a :
où l'on a considéré la définition d'un résidu. L'intégrale est indépendante de r' tel que 0 < r' < R − 1 et on peut donc considérer en particulier le cas r' = r − 1 (avec r > R comme indiqué plus haut).
Le membre de droite prouve la première équivalence puisqu'il correspond à .
On peut développer l'intégrale en considérant la paramétrisation habituelle du cercle : z = r − 1exp(it) :
Or cette dernière expression est égale à :
où l'exposant * indique que le chemin est parcouru dans le sens opposé (sens anti-trigonométrique). En insérant ce dernier résultat dans l'équation de départ, nous avons finalement :
où l'on a utilisé la propriété des intégrales curvilignes indiquant que la valeur de l'intégrale d'une fonction holomorphe le long d'un chemin γ est opposée à la valeur de l'intégrale sur ce même chemin parcouru dans le sens opposé γ * .
Application
Ce théorème peut s'avérer efficace dans le calcul d'intégrales définies. Considérons par exemple de calculer par le biais des résidus l'intégrale suivante :
L'intégrale peut être calculée en utilisant les méthodes habituelles de l'analyse réelle et le résultat est I = π.
On considère une détermination holomorphe de sur l'ouvert simplement connexe :
avec et (c-à-d. la détermination principale).
soit le contour γ entourant la discontinuité et illustré sur la figure. Il est clair que ce contour est homotope au cercle centré à l'origine et de rayon R>1 C(0,R). On a donc :
Commençons par calculer le résidu à l'infini :
où l'on a :
Le résidu vaut donc :
Par conséquent on a :
- I * = 2π.
Il reste à passer à la limite ; en décomposant l'intégrale en quatre chemins illustrés à la figure ci-contre, on a :
Par estimation standard, on montre que le deuxième terme du membre de droite tend vers zéro à la limite. Par ailleurs, lorsque , le long de γ + , θ1 et θ2 tendent vers π ; le long de γ − , θ1 tend vers π et θ2 vers − π, on a donc :
avec ei(π + π) / 2 = eiπ = − 1 et
avec ei(π − π) / 2 = 1.
On a finalement :
et nous avons bien le résultat espéré, à savoir I = π.
Il était ici beaucoup plus aisé de passer par l'analyse réelle mais la méthode présentée ci-dessus peut être utilisée dans des cas pour lesquels une forme analytique simple n'existe pas. L'exemple ci-dessus a cependant l'avantage d'être représentatif et relativement simple.
Références
- Michèle Audin, Analyse Complexe, notes de cours de l'université de Strasbourg, p. 70-72
- Murray R. Spiegel, Variables complexes, McGraw-Hill, 1973 (ISBN 978-2-7042-0020-7)
- Henri Cartan, Théorie élémentaire des fonctions analytiques d'une ou plusieurs variables complexes, Hermann, 1961
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