- République des Escartons
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République des Escartons
Informations générales Capitale Briançon Langue Occitan Histoire et évènements 29 mai 1343 Grande Charte 1713 traité d'Utrecht 4 août 1789 Révolution française Entités précédentes :
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La république des Escartons[1] de Briançon (l'appellation de République est une interpolation du XIXe siècle) ou principauté du Briançonnais est un ensemble de territoires montagnards du département des Hautes-Alpes, de la province de Turin et de la province de Coni qui ont joui d'un statut fiscal et politique privilégié du 29 mai 1343 au 4 août 1789 (pour la partie française).
Sommaire
Histoire
Ce statut spécial est né d'une charte accordée par le dauphin Humbert II aux habitants de ces vallées : c'était une façon de reconnaître et de codifier des usages coutumiers antérieurs, et surtout d'assurer une rentrée d'argent dans un règne marqué par la dépense et les dettes. En son château de Beauvoir-en-Royans, le 29 mai 1343, il fait rédiger un document qu'il signe. Le territoire pourtant pas très vaste contient 40000 habitants.
Conséquences économiques, politiques et sociales
Dans plusieurs communes se mettent en place, sans faire de bruit au fond des vallées, une faranche d'alpagistes affranchis, qui élisent tous les ans un consul et se réunissent une trentaine de fois par an en assemblée pour décider de l'organisation de la vie du village, comme c'est le cas à Villar-d'Arêne ou Villar-Saint-Pancrace autre communauté de l'Escarton de Briançon. Dans le département des Hautes-Alpes, Villard est le 14e nom de famille le plus porté (le 774e en France)[2].
Naissance de la Charte
En 1343, cinquante et une communautés du Briançonnais rachètent au dauphin Humbert II l'ensemble des droits seigneuriaux moyennant la somme de 12 000 florins-or et une rente perpétuelle annuelle de 4 000 ducats, et signent la Charte sur laquelle le dauphin appose son sceau.
La Charte est une sorte de constitution qui organise le fonctionnement du Grand Escarton, mais aussi de chaque escarton avec les droits et les devoirs au sein de chaque communauté, pendant près de quatre siècles et demi. Une fois le Dauphiné rattaché au royaume de France, en 1349, les délégués des Escartons font, à chaque avènement d'un souverain, confirmer les droits acquis par leurs communautés.
La charte accordait ainsi aux habitants des escartons le statut de "francs-bourgeois", c'est-à-dire qu'ils étaient exemptés de tout service féodal en échange d'une rente annuelle. Ils avaient le droit de détenir un fief. Ils rendent hommage à leur seigneur le dauphin "en baisant son anneau sur le dos de la main et non au pouce comme le populaire".
La justice restait un privilège du Dauphin, et les habitants des escartons devaient participer à la défense du Dauphiné. Pour les reste, les Briançonnais disposaient d'une large autonomie : ils s'assemblaient et nommaient des syndics, portaient les armes et levaient des impôts.
Cette charge était répartie par les Briançonnais entre quatre pays, on disait en latin exquartonare qui a donné « escartons » (ou écartons). L'origine du mot pourrait aussi provenir du verbe escartonner (en latin "exquartonare") qui signifiait répartir les contributions entre les membres des quatre communautés.
La cession des trois escartons d'Oulx, de Val Varache et du Pragela au royaume de Piémont-Sardaigne, par le traité d'Utrecht en 1713, fragilise considérablement la région du fait de la complémentarité économique entre ces escartons de l'est et ceux de l'ouest. Ces escartons font perdurer tant bien que mal leurs coutumes sous le pouvoir savoyard, puis italien après 1848, mais ils ont perdu l'indépendance qui les caractérisait.
Le 31 mai 1790, les deux escartons du Briançonnais et du Queyras acceptent de bon gré la Révolution française. Là aussi, ils ne perdent pas tant leurs coutumes démocratiques, que leur indépendance vis-à-vis d'un pouvoir central extérieur. On remarque ainsi que lors de l'annexion du royaume de Piémont à la France en 1798, la partition des escartons selon les lignes de crêtes perdure, entre les départements du Pô, de la Stura et des Hautes-Alpes.
Les Escartons
Les quatre pays originels ou escartons, deux sur l'actuelle France, deux sur l'actuelle Italie étaient :
Escarton du Briançonnais
Les vallées du Briançonnais proprement dit, soit les douze communautés ayant pour capitale Briançon :
- Le val de Clarée
- Le val de Cervières
- Le val de Guisane
- La haute Durance en amont de L'Argentière-la-Bessée et du défilé de Pertuis Rostan.
- La Vallouise.
Escarton du Queyras
- Le Queyras, soit les huit communautés ayant pour capitale Château-Queyras et formant elles-mêmes un escarton : Arvieux, Château-Queyras, Molines-en-Queyras, Saint-Véran, Aiguilles, Abriès, Ristolas.
Escarton d'Oulx
- Les vallées d'Oulx, avec pour capitale Oulx :
- La vallée de la Doire ripaire en amont de Suse.
- La haute vallée du Cluson en amont du Bec-Dauphin.
Escarton de Pragelato
Après la Réforme, les habitants du val Cluson (Val Chisone), qui étaient majoritairement protestants, demandèrent et obtinrent la constitution d'un cinquième escarton séparé de celui d'Oulx.
Escarton de Châteaudauphin
- La Val Varache (Varaïta) ou le Castellar, soit les quatre communautés avec pour capitale Châteaudauphin :
- Varache de la Chenal
- Varache de Bellin ou Blins.
Le paradoxe alpin
Les anthropologues appellent « paradoxe alpin » le phénomène selon lequel le niveau d'instruction et d'ouverture culturelle d'une communauté est proportionnellement supérieur à la moyenne[3].
Le stéréotype des communautés alpines comme une réalité fermée et imperméable est facilement démonté face à la réalité des Escartons. Il s'agit d'un cas particulier dans l'Europe de cette époque : dans les Escartons, l'alphabétisation est telle que neuf habitants sur dix savent lire, écrire, et faire des calculs mathématiques. Pourtant dans l'imaginaire collectif, la montagne est considérée comme formée de bergers peu bavards, dans la république des Escartons, la profession la plus répandue est celle d'enseignants à domicile. L'apprentissage est basé sur trois niveaux :
- les bases, où il impératif de lire et écrire.
- le niveau intermédiaire, où l'on apprend les mathématiques.
- le dernier niveau où s'apprennent la philosophie, les arts, les langues.
Notes
- Escartons correspond au nom en occitan et à l'usage courant, le terme français est Écarton
- Villard : nom de famille Villard. Nombre et localisation
- (it) Paradoxe alpin sur www.lalpe.com
Liens externes
- Histoire et langues de l'ancienne République des Escartons : [1]; (nouvelle version) [2]
- Exemples d'État minimum : La république des Escartons
- L'escarton d'Oulx
- L'escarton de Briançon
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