- Assinie
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Située à 80 km à l'est d'Abidjan, Assinie est une station balnéaire de Côte d'Ivoire, au bord du golfe de Guinée. Deux villages de vacances y ont été construits : Assinie (à l'origine le Club Méditerranée) et Assouindé (La Valtur).
Elle a constitué le lieu de tournage du film Les Bronzés avec Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Michel Creton, Christian Clavier, Marie-Anne Chazel, Dominique Lavanant, Luis Rego, etc.
On distingue la zone d'Assinie ou se trouve le cabanon de Paul-Emile Durand, à l'ouest bordée seulement par l'océan et accessible par la route, d'Assinie Mafia à l'est qui constitue une presqu'île entre océan et lagune. Longue d'une quinzaine de kilomètres cette presqu'île très étroite (de 100 m à 1000 m) est occupée par de luxueuses villas et paillottes. L'accès se fait en voiture, par bateaux privés ou pirogues traversant la lagune.
L'embouchure de la lagune qui marque la fin de la presqu'île d'Assinie Mafia est appelée La Passe.
Cette zone est la destination privilégiée des Abidjanais aisés pour le week end.
Histoire
Assinie (autrefois Issiny) fut le premier comptoir de la côte éburnéenne, bien qu'il ne reste plus aujourd'hui aucun vestige de cette époque. Dès 1637, cinq missionnaires capucins, venus de Saint-Malo, s'y installent. Le climat et les maladies les font repartir rapidement, l'un d'eux y meurt.
Le roi d'Assinie
En 1687, deux ans après le code noir, des missionnaires et des commerçants français s'installent sur le site d'Assinie, à l'extrémité est du littoral, vers la Côte de l'or, mais ils repartent en 1705 après avoir construit et occupé le Fort Saint-Louis, de 1701 à 1704, car le commerce des esclaves contre des céréales ne rapporte pas assez[1]. Parmi eux, le chevalier d'Amon et l'amiral Jean-Baptiste du Casse, directeur de la Compagnie du Sénégal, débarquent, intéressés par le trafic de l'or, et sont reçus à la cour du roi Zéna. Ils ramèneront en France le jeune « prince » Aniaba et son cousin Banga, lesquels seront présentés au roi de France Louis XIV et se convertiront au catholicisme (Aniaba sera baptisé par Bossuet, évêque de Meaux). Ils deviendront officiers dans le Régiment du Roi, avant de retourner à Issiny vers 1700. Aniaba serait devenu en 1704 conseiller du roi de Quita (actuel Togo), se faisant appeler Hannibal.
La mise en valeur
Le premier fort durable de la Côte, Fort-Joinville, après celui de Fort Saint-Louis, de 1701 à 1704, celui de Grand-Bassam, y est construit en 1843, après le débarquement des lieutenants de vaisseau Kerhallet et Fleuriot de Langle, qui devait mener à un traité entre la France et le roi de Krinjabo, Amon Ndoufou. À cette époque, les escarmouches avec les Anglais étaient fréquentes, et les moyens ne permettaient pas d'exploiter l'intérieur du pays. C'est à l'intérieur de ces forts que les premiers comptoirs commerciaux seront installés les années qui suivirent.
Une inspection du comptoir fortifié d'Assinie en 1850 mentionne « l'ordre et la propreté qui règnent dans son enceinte », l'existence d'un bastion en maçonnerie (sur quatre prévus à l'origine), la présence d'une petite artillerie équivalente à celle de Grand-Bassam. « Le personnel du comptoir, composé de 40 individus, dont 5 Européens, 20 soldats et 15 piroguiers, laptots et autres, est dans une situation sanitaire satisfaisante ». Les hommes « se trouvent dans un pays plus agréable à habiter [qu'à Grand-Bassam], où les ressources sont plus grandes en raison des relations plus fréquentes avec les naturels et sont soustraits à ce que produit de fatigant, pour le corps et pour la vue, une existence presque continuellement passée sur un sable mouvant et blanchâtre, torréfié par un soleil dévorant[2] ». Le service postal ivoirien débute dans cette localité le 29 juillet 1843.
Toutefois, la pénétration française est contrecarrée par les épidémies de fièvre jaune (en 1857, sur 50 Européens des trois comptoirs d'Assinie, de Grand-Bassam et de Dabou, 32 meurent et 10 doivent être rapatriés) et par la concurrence britannique (Victor Régis, pionnier du commerce français sur cette côte depuis 1843, doit fermer boutique au début des années 1860)[3]. Cependant, le premier bureau de poste est ouvert le 17 août 1862.
C'est Arthur Verdier qui mettra le premier réellement en valeur la région d'Assinie, à partir de 1870. Les premiers caféiers sont plantés en 1881, en même temps que démarre la culture du cacao. L'exploitation du bois commence en 1885.
Le déclin
Encore troisième port de la Côte d'Ivoire en 1907, Assinie perdra par la suite toute importance stratégique et commerciale, au profit de Grand-Bassam, puis de Bingerville et enfin de Port-Bouët / Abidjan. En 1942, un raz-de-marée emporte le « quartier France » d'Assinie.
Éducation
C'est à Elima que sera créée la première école officielle française le 8 août 1887 avec pour instituteur Fritz-Emile Jeand'heur venu d'Algérie. Elle comptait alors 33 élèves africains qui seront les premiers lecteurs en langue française. Elle fonctionnera pendant 3 ans avant d'être transférée en 1890 à Assinie par Marcel Treich-Laplène, le nouveau résident de France. Le premier mars 1904, il y avait 896 élèves en Cote d'Ivoire pour une population estimée un peu supérieure à 2 millions d'habitants.
Langues
Article connexe : Langues de Côte d'Ivoire.Depuis l'indépendance, la langue officielle dans toute la Côte d'Ivoire est le français. La langue véhiculaire, parlée et comprise par la majeure partie de la population, est le dioula mais la langue vernaculaire de la région est l'agni. Le français effectivement parlé dans la région, comme à Abidjan, est communément appelé le français populaire ivoirien ou français de Moussa[Note 1] qui se distingue du français standard par la prononciation et qui le rend quasi inintelligible pour un francophone non ivoirien. Une autre forme de français parlé est le nouchi, un argot parlé surtout par les jeunes et qui est aussi la langue dans laquelle sont écrits deux magazines satiriques, Gbich! et Y a fohi. La région d'Assinie accueillant de nombreux ivoiriens issus de toutes les régions du pays, toutes les langues vernaculaires du pays, environ une soixantaine, y sont pratiquées.
Sports
Les compétitions sportives se déroulent exclusivement au chef-lieu du département, les autres localités ne disposant d'aucune infrastructure dédiée : la ville dispose d'un club de football, le ASCI d'Assinie, qui évolue en Championnat de division régionale, équivalent d'une « 4e division »[4]. Comme dans la plupart des villes du pays, il est organisé, de façon informelle, des tournois de football à 7 joueurs qui, très populaires en Côte d'Ivoire, sont dénommés Maracanas.
Notes et références
Références
- An Introduction to the History of West Africa, p. 69.
- Document des Archives nationales de Côte d'Ivoire, Dossier 1 EE 1 (10)
- Architecture coloniale en Côte d'Ivoire, Ceda - Les Publications du Ministère ivoirien des Affaires culturelles, 1985.
- Championnat de football de Côte d'Ivoire
Notes
- Si, à Abidjan et dans le nord, on parle de français de Moussa, dans l'ouest du pays, on parle de français de Dago.
Voir aussi
Bibliographie
- Georges Courrèges, Grand Bassam et les comptoirs de la côte : Assinie, Jacqueville, Grand Lahou, Fresco, Sassandra, San Pedro, L'Instant durable, Clermont-Ferrand, 1987, 84 p. (G. Courrèges a été directeur de l'Institut culturel de l'Ambassade de France)
- Guy Cangah et Simon-Pierre Ekanza, La Côte d'Ivoire par les textes, Les Nouvelles Editions Africaines, 1978
- François Joseph Clozel, Dix ans à la Côte d'Ivoire, Paris, 1906
- R. Mouezy, Assinie et le royaume de Krinjabo. Paris 1942
- Henriette Diabaté, Aniaba, un Assinien à la cour de Louis XIV, Nouvelles éditions africaines, 1975.
- Anoma Kanié, prince d'Assinie, drame en 3 actes.
Liens externes
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