- Roger Couderc
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Roger Couderc Stèle consacrée à Roger Couderc, à MauvezinSurnom Le seizième homme du XV de France Naissance 12 juillet 1918
SouillacDécès 25 février 1984 (à 65 ans)
LyonNationalité française Profession journaliste sportif Autres activités peintre, romancier Conjoint « Noune » Gilard Roger Couderc, dit « le seizième homme du XV de France », né le 12 juillet 1918 à Souillac (Lot), mort le 25 février 1984 à Lyon, est un journaliste sportif français, spécialiste du rugby à XV.
Ses commentaires enthousiastes, à la télévision et à la radio, contribuent grandement à élargir la popularité du rugby en France, notamment au nord de la Loire.
Sommaire
Biographie
Il naît à Souillac, où son père dirige l’hôtel Belle Vue. Il est formé au rugby à « La Quercynoise », association sportive du Lycée Gambetta de Cahors[1].
Son père veut en faire un cuisinier[2]. Mais Roger, se sentant une vocation d'artiste, préfère monter à Paris. Il étudie à l'École nationale supérieure des beaux-arts. Ayant du mal à subvenir à ses besoins, il se tourne vers le journalisme. Il entre à l’agence de presse Fournier en tant que stagiaire[1].
En 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé dans le 12e régiment d’artillerie coloniale. Fait prisonnier, il est envoyé en Allemagne, au stalag XIII A. Il participe à la reconstruction d'un stade. Blessé au genou dans un bombardement, il est autorisé à rentrer en France[1].
Journaliste, il réalise un scoop en étant le premier à interviewer Marcel Ravidat, l'un des découvreurs de la grotte de Lascaux[2].
En 1943, il rencontre « Noune » Gilard, une jeune fille de Mauvezin, dans le Gers. Il l'épouse quatre mois plus tard. Le couple aura deux enfants, Laurent et Christine[2].
Il joue au rugby dans l'équipe de Mauvezin[2]. Il se joint au maquis du Gers[1].
Il collabore à Libre (organe des prisonniers de guerre et déportés), puis au Courrier de la Nièvre, à La Dépêche du Midi, au Midi olympique et à L'Auto-Journal. Il est ensuite journaliste radiophonique à Radio Luxembourg et à Europe n° 1[1].
Il entre comme journaliste de télévision à la RTF en 1955[1]. Il s'y spécialise dans le reportage sportif : rugby, catch, tennis et sport automobile. Il anime aussi les jeux télévisés « La Tête et les Jambes » et « Le Temps des loisirs », et se fait remarquer en menant une interview « rigolote[3] » de Brigitte Bardot.
Durant les années 1960, le vendredi soir, il commente les grandes soirées de catch télévisées, en direct de l'Élysée Montmartre et de la salle Wagram. C'est l'époque de célèbres lutteurs comme L'Ange Blanc ou Le Bourreau de Béthune[4]. Les commentaires tonitruants et plein de vie de Roger — enflammés, indignés ou hilares — ravissent les téléspectateurs. « Techniquement, écrit le catcheur lorientais Jean Corne, il ne connaît rien au catch. Il fait oublier cette carence par une faconde toute méridionale. Son truc, c'est la partialité [...] Et lorsque Couderc prend fait et cause pour les bons contre les méchants, on y croit[5]. » Le 20 janvier 1961, il met lui-même la main à la pâte en luttant contre un spectateur agressif[6].
Il fait aussi partie de l'équipe d'animateurs du jeu télévisé « Intervilles ».
Mais c'est le rugby qui lui vaut sa plus grande popularité. « Roger Couderc n'avait pas son pareil pour pousser en mêlée avec les Spanghero, pour feinter la passe comme Gachassin, pour relancer de l'en-but comme les frères Boni[2]. » Sa ferveur, sa bonne humeur, son chaleureux accent du Sud-Ouest, ses commentaires bouillonnants, parfois chauvins mais toujours bon enfant, contribuent fortement à faire aimer le rugby dans son pays. Infatigable supporter de l'équipe de France, il encourage plus qu'il ne commente. Son vibrant « Allez les petits[7] ! » — lancé à des géants de plus de 100 kilos — devient vite célèbre. Il décrit même en chantant une attaque française promise à l'essai[8].
En 1965, il écrit un roman policier, Le Nez de Siméon.
En 1968, un vaste mouvement social enfièvre la France. Du 17 mai au 23 juin, une grève paralyse l'ORTF, et se prolonge en ce qui concerne la télévision jusqu'au 12 juillet. Le calme revenu, une centaine de journalistes sont mutés ou licenciés[9]. Roger Couderc est dans la charrette[10], en compagnie d'autres journalistes sportifs comme Raymond Marcillac, Robert Chapatte ou Thierry Roland...
Il redevient alors journaliste radio. Il retourne à Europe n° 1. Là, on lui adjoint un consultant : Pierre Albaladejo, ancien demi d'ouverture de l'US Dax et de l'équipe de France. Les rôles sont bien répartis : Roger exulte, tempête, bout, déborde de lyrisme et de parti-pris ; « Bala », serein, moins partial, apporte des éclairages techniques. Il s'agit d'une première : ce tandem de commentateurs inaugure la formule « un journaliste, un consultant » largement répandue aujourd'hui[11]. De 1968 à 1975, les Français prennent donc l'étrange habitude de regarder les matchs de rugby en coupant le son de leur téléviseur et en allumant la radio pour bénéficier des commentaires de Couderc et d'Albaladejo[11]. Roger s'en amuse, en clamant à l'antenne : « L'équipe de France joue en bleu sur la gauche de votre transistor, l'équipe d'Angleterre en blanc du côté droit... »
Il retrouve la télévision en 1975, sur Antenne 2, où il assure les commentaires des matchs de rugby, toujours épaulé de Pierre Albaladejo. Il fait également partie de l'équipe du magazine hebdomadaire sportif Stade 2.
Il est fait chevalier de la Légion d’honneur en 1982.
Il prend sa retraite en 1983. Le dernier match qu'il commente est France-Galles, le 19 mars. L'équipe de France joue en blanc. Le maillot de son capitaine, Jean-Pierre Rives, est spectaculairement ensanglanté, suite à un choc avec Serge Blanco[12]. Lors du banquet d'après-match, Jean-Pierre Rives offre ce maillot à Roger Couderc[13],[11].
Roger meurt quelques mois plus tard, le 25 février 1984, à Lyon[14]. Il repose à Mauvezin, « les jambes tournées vers le terrain de rugby et la tête vers l'église », selon sa volonté[2].
Œuvres
- Le Nez de Siméon, coll. « Le Masque », n° 860, Champs-Élysées, 1965
- Le Rugby, la Télé et Moi, Solar, 1966
- Dans les coulisses du rugby, coll. « Bibliothèque Rouge et Or - Télé-Souveraine », Société nouvelle des éditions GP, 1967
- Au soleil du rugby, avec Henri Garcia, coll. « Service », Marabout, 1971
- Le Livre d'or du rugby, avec Pierre Albaladejo, Solar, parution annuelle de 1975 à 1980
- Le Rugby, avec Jean Soulacroix, coll. « La règle du jeu », Saint-Mards-en-Othe, M. Capron, 1982
- Adieu, les petits, Solar, 1983
Hommages
- En 2007, une trentaine de stades et complexes sportifs portent son nom en France[2] : stades à Marseille, Vitry-sur-Seine, Combs-la-Ville, Port-la-Nouvelle, Montigny-le-Bretonneux, Nogent-sur-Seine, Feytiat, etc. ; gymnases à Montoulieu, Montpellier, Torcy, Saint-Étienne, etc.
- Une stèle est érigée en son honneur à Mauvezin, dans un petit jardin dessiné en forme de ballon de rugby. Il se trouve à la sortie de la ville, au carrefour de la route d'Auch (D 928) et de celle de Fleurance (D 654), baptisée avenue Roger Couderc.
- Un timbre à son effigie (le premier d'une collection liée à la coupe du monde de rugby) est édité le 14 avril 2007[15].
- Une allée Les petits existe au Parc des Princes, en hommage à l'expression « Allez, les petits ! » de Roger Couderc. Il s'agit du couloir menant des vestiaires à la pelouse[11].
- Pierre Salviac qui a commenté 500 matchs de rugby pour Antenne 2 puis France Télévisions de 1984 à 2005, s'est présenté tout au long de sa carrière comme "successeur de Roger Couderc".
Notes et références
- « Roger Couderc », sur quercy.net. Cite comme source Sophie Villes, Andrée Bénetton, La Mémoire vive.
- « Roger Couderc le Mauvezinois », sur ladepeche.fr, 4 octobre 2007.
- Brigitte Bardot juge « rigolotes » les questions que lui a posées Couderc. Brigitte Bardot, Initiales B.B., Grasset, 1996. Cité par « Roger Couderc le Mauvezinois », sur ladepeche.fr, art. cit.
- « L'Ange Blanc vs Le Bourreau de Béthune », sur boomer-cafe.net.
- « Roger Couderc », sur catchclubcognacais.wifeo.com. Jean Corne a publié La Vérité sur le catch, France-Empire, 1974. Cité par
- « Roger Couderc se bat contre un spectateur agressif », sur ina.fr.
- Video : Hommage à Roger Couderc », www.wat.tv, 2007. Consulté le 14 novembre 2009. TF1, «
- Pierre Albaladejo. Cette anecdote véridique est peut-être à l'origine de la légende qui veut que Roger Couderc ait entonné La Marseillaise dans la course des Français vers l'en-but All Blacks, un fameux 14 juillet 1979. Laquelle légende est démentie par l'enregistrement télévisé du match. En réalité, c'est Albaladejo qui « chambre » son compère en disant que, s'il le laisse faire, Couderc va chanter La Marseillaise pour célébrer la victoire française qui se dessine. Raconté par
- Jean-Pierre Filiu, Mai 68 à l'ORTF, sur nouveau-monde.net, Nouveau Monde, 2008.
- mai 68. « Les anarchistes en mai-juin 1968 », sur inventin.lautre.net, p. 13. Roger Couderc aurait encouragé de son célèbre « Allez les petits ! » les jeunes manifestants de
- « Roger Couderc : Monsieur Rugby », sur blog.cfpj.com.
- « Jeu du Centenaire », sur ffr.fr, 8 janvier 2007. Les deux joueurs français se sont heurtés de la tête. Le maillot blanc de Rives est maculé du sang de Blanco, blessé au nez. Rives, touché au cuir chevelu, saigne abondamment, lui aussi.
- Video : Hommage à Roger Couderc, www.dailymotion.com. Consulté le 14 novembre 2009
- (en) « Roger Couderc », sur imdb.com. Citant L'Humanité du 27 février 1984, une source précise : « à l'hôpital Pierre Wertheimer de Lyon, des suites d'une hémorragie cérébrale à laquelle se sont ajoutées des complications cardiaques ». « Roger Couderc », sur guichetdusavoir.org.
- « Lancement du timbre Allez les petits, le 14 avril 2007 », sur ffr.fr.
Bibliographie
Sophie Villes, Andrée Bénetton, La Mémoire vive ou Cahors, histoire du collège Gambetta et de ses grands hommes, Cahors, Association de sauvegarde du lycée Gambetta,1998.
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