Reve de fer

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Rêve de fer

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Rêve de fer (Titre original : The Iron Dream) est un roman de science-fiction de l’écrivain américain Norman Spinrad publié aux États-Unis en 1972 et en France en 1973.

Sommaire

Synopsis

Feric Jaggar est un Purhomme né dans la grande et noble république de Heldon, peu avant que son père n'en soit chassé pour des raisons politiques. Condamné à grandir en Borgravie, parmi la faune des mutants avilis par les Dominateurs ("Doms"), il développe une rancœur féroce pour ces derniers qui infectent l'Humanité en l'entraînant vers sa déchéance. Feric n'a qu'un rêve : retourner dans sa patrie natale, Heldon, où tout n'est que pureté génétique, car seuls les Purhommes tels que lui peuvent y prétendre. Mais une fois là-bas, il va très vite déchanter en comprenant que les Doms ont également investi le dernier nid de pureté du monde... Devant cette ignominie, il décide de combattre le mal en prenant la tête d'un groupe politique.

Commentaire

Sous le titre de Rêve de Fer, œuvre de Norman Spinrad, se cache en réalité un autre livre : Le Seigneur du Svastika, censée avoir été écrite par Adolf Hitler. Dans cette uchronie, le dictateur n'a jamais accédé au pouvoir : après la Première Guerre Mondiale, il vit quelque temps à Munich où il se fait remarquer par ses provocations extrémistes.

En 1919, l'inexorable montée du communisme le conduit à émigrer aux États-Unis, où il survit misérablement en exerçant le métier d'artiste-peintre. Après avoir réalisé plusieurs illustrations pour Amazing Stories, Hitler se lance dans l'écriture de romans de fantasy avec La Race des Maîtres, L'Empire de Mille Ans, et surtout : Le Seigneur du Svastika, censé avoir été récompensé par le Prix Hugo en 1954.

C'est ce roman que Norman Spinrad publie, accompagné d'une courte biographie et d'une importante étude dans laquelle sont mis en évidence les mécanismes du roman, dont la réputation est probablement très surfaite car reposant sur les problèmes d'homosexualité refoulée, d'impuissance et de racisme exacerbé de l'auteur[réf. nécessaire].

L'important travail réalisé par Norman Spinrad permet de mettre en évidence le fait qu'Adolf Hitler n'a peut-être pas été l'écrivain majeur du XXe siècle que certains prétendent, du moins dans le cadre de la réalité parallèle uchronique qu'il développe pour mieux nous faire réfléchir.

Présentation de l'œuvre

Construit à partir d'une mise en abyme, ce roman été longtemps considéré comme une apologie du nazisme et interdit en Allemagne de l'Ouest[1].

Quand on ouvre Rêve de fer de Norman Spinrad, on s’aperçoit que le titre et le nom de l’auteur ne sont qu’un trompe-l’œil, puisque, dès la première page, interviennent un autre auteur et un autre titre : Adolf Hitler, Le Seigneur du Svastika.

Ce roman est précédé d’une notice du curateur (Norman Spinrad) consacré au romancier (Adolf Hitler), qui explique tout et que l’on retranscrit ici intégralement :

"Adolf Hitler est né en Autriche le 20 avril 1889. Emigré de fraîche date en Allemagne, il servit dans l’armée allemande pendant la Grande Guerre. La paix venue, il fit une brève incursion dans les milieux radicaux munichois avant d’émigrer à New York en 1919. Il y mena de pair, apprenant entre-temps l’anglais, une existence précaire d’artiste de trottoir et de traducteur occasionnel à Greenwich Village, refuge de la bohème new-yorkaise. Après quelques années de cette vie sans contrainte, il commença à décrocher de petits travaux d’illustration dans des magazines et des revues de bandes dessinées. Sa première œuvre d’illustrateur dans les pages du magazine de science-fiction Amazing date de 1930. Dès 1932, ses dessins parurent régulièrement dans les magazines de SF et, en 1935, il jugea son anglais suffisant pour faire ses débuts d’auteur. Le restant de sa vie fut consacré à la science-fiction, comme écrivain, illustrateur et éditeur de fanzines. Connu des amateurs d’aujourd’hui surtout pour ses nouvelles et ses romans, Hitler n’en fut pas moins un illustrateur réputé durant l’âge d’or des années trente ; il édita en outre nombre d’anthologies, écrivit de savoureuses critiques, et publia pendant près de dix ans un fanzine populaire, Storm.

La Convention mondiale de Science-Fiction lui décerna en 1955 un Hugo posthume pour Le Seigneur du Svastika, terminé juste avant sa mort, en 1953. Pendant de nombreuses années, il avait été une des figures de proue des Conventions, et sa réputation de conteur intarissable et spirituel avait fait le tour du petit monde de la SF. Depuis la parution du Seigneur du Svastika, les costumes chatoyants nés de son imagination sont les thèmes favoris des bals masqués. Hitler est mort en laissant à tous les passionnés de la science-fiction l’héritage de ses nouvelles et des ses romans."

(Signalons que le Prix Hugo - en l’honneur d’Hugo Gernsback, l’inventeur du mot science-fiction, et non de Victor Hugo - est la plus haute récompense littéraire du genre.)

Tout dans ce livre est à l’avenant. On y trouve la liste des ouvrages d’Adolf Hitler :

"Du même auteur : L’Empereur des astéroïdes / Les Bâtisseurs de Mars / Combat pour les étoiles / Le Crépuscule de Terra / Le Sauveur de l’espace / La Race des Maîtres / L’Empire de mille ans / Le Triomphe de la volonté / Demain, le Monde."

Ou encore, en quatrième de couverture : "Le meilleur roman d’Adolf Hitler. Laissez-vous emporter par Adolf Hitler dans un lointain futur, sur une Terre où Feric Jaggar et son arme invincible, le Commandeur d’Acier, se dressent seuls face à la menace d’anéantissement que font peser sur les derniers humains purs les abominables Dominateurs et les hordes de mutants sans cervelle qu’ils contrôlent totalement."

Le roman proprement dit constitue un étonnant démontage critique de ce genre de la science-fiction, qui a connu et connaît toujours un succès immense aux États-Unis, le space-opera, dont il souligne les composantes ingénument fascistes. Et le space-opera qu’écrit, en Uchronie, un immigrant autrichien un peu frappé, moyennement talentueux, du nom d’Adolf Hitler, transpose évidemment dans l’espace galactique une histoire qui trouve quelque écho à la lumière de l’Histoire réelle : la prise du pouvoir par le surhomme Feric Jaggar et sa clique de Seigneurs de la Guerre, l’extermination des mutants impurs, le millenium que promet emphatiquement le final, tout cela formant un magma ampoulé de batailles et de descriptions apocalyptiques.

Provoquant à souhait, Norman Spinrad ne laisse planer aucun doute quant à sa position antinazie, en particulier dans la postface, véritable exercice de style où il conclut : "Nous avons de la chance qu’un monstre comme Feric Jaggar demeure à jamais enfermé dans les pages de la science-fiction, rêve enfiévré d’un écrivain névrosé nommé Adolf Hitler."

Cette postface est censée être rédigée par un psychanalyste de renom, Homer Whipple, de l’Université de New York, qui trouve ridicule l’idée qu’Adolf Hitler ait pu se retrouver un instant tenté par la politique !

De plus, certaines des phrases de Whipple, concernant la production littéraire de l’Adolf Hitler uchronique, trouve un écho quant au vrai Hitler :

"Hitler, par l’intermédiaire de Feric Jaggar, manifeste une intelligence aiguë de l’utilisation des symboles et des événements visuels à la manipulation de la psychologie de masse."

"Tout dans ce livre dénote clairement chez Hitler un fétichisme inconscient d’une nature particulièrement morbide."

"Hitler exprime à tout bout de champ sa terreur morbide des sécrétions et des réactions corporelles."

"Le Seigneur du Svastika émerge comme le produit de l’obsession d’une personnalité perturbée mais puissante. Son pouvoir ne découle pas du talent de l’écrivain mais de la richesse de l’exhibition pathologique dont celui-ci le colore à un niveau entièrement inconscient."

De plus, cette postface a l’intérêt de nous présenter succinctement le monde uchronique dans lequel Hitler est un auteur de fiction. On y apprend que la « Grande Union Soviétique » a envahi la Grande-Bretagne en 1948. Plus loin, l’auteur de la postface continue de dévoiler à quoi ressemble ce monde. Cette URSS-là occupe toute l’Eurasie, une grande partie de l’Afrique et commence à s’implanter en Amérique latine. Une Guerre froide, dans laquelle elle a le leadership incontestable, l’oppose aux alliés nippo-américains.

Toute cette description reste évasive ne sert qu’à faire le parallèle entre la lutte anti-communiste dans ces États-Unis uchroniques et la lutte entre la nation de Feric Jaggar et les autres nations dans le roman d’Hitler.

Cette trouvaille de Norman Spinrad reste, à notre connaissance, isolée.

Prix littéraires

  • Le roman Rêve de fer a remporté le Prix Apollo en 1974.

Bibliographie

  • Éditions Opta, collection anti-mondes, novembre 1973.

Notes et références

  1. cf. Passeport pour les étoiles, Francis Valéry, Folio SF, p. 224.
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