- Requiem Faure
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Requiem (Fauré)
Gabriel Fauré a composé le Requiem en Ré mineur, Op. 48 entre 1877 et 1890. Ce Requiem est une de ses œuvres les plus connues. Le mouvement le plus connu est l'aria pour soprano Pie Jesu (qui peut être chanté par un garçon ou une femme). Camille Saint-Saëns en a dit, « Tel l'Ave verum Corpus de Mozart qui est le seul Ave verum Corpus, c'est le seul Pie Jesu »[1]. Ce requiem a beaucoup inspiré Maurice Duruflé qui en a composé un avec la même structure liturgique.
Sommaire
Histoire
Le Requiem a été composé sans intention particulière. Fauré en avait simplement assez de jouer toujours la même musique aux funérailles célébrées à la Madeleine. Il est possible toutefois que des considérations personnelles aient influencé la composition de l’œuvre qui débute peu après la mort de son père en 1885 et qui s’achève peu après celle de sa mère deux ans plus tard la veille du nouvel an 1887. Le Requiem pourrait alors être considéré comme une expression de la tragédie personnelle de Fauré. Fauré déclara plus tard à propos de ce requiem "Mon Requiem a été composé pour rien... pour le plaisir si j'ose dire... Peut-être ai-je ainsi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose"[2].
En 1887-88 Fauré compose la première version de l'œuvre qu'il intitule petit Requiem[3]. Cette première mouture est composée de l'Introït, du Kyrie, du Pie Jesu, de l'Agnus Dei et du In paradisum ; mais il manque encore l’Offertoire (finalisé au printemps 1889) et le Libera me (achevé en 1891). Cette version fut jouée pour la première fois à l’église de la Madeleine le 16 janvier 1888. Le soprano soliste était Louis Aubert et le requiem fut chanté pour les funérailles de Joseph-Michel Le Soufaché, un architecte.
En 1889, Fauré ajouta l'Hostias, partie de l’Offertoire et ajouta le Libera me en 1891. Cette seconde version, connue aujourd'hui comme version pour orchestre de chambre fut créé encore à la Madeleine sous la direction de Fauré le 21 janvier 1893.
En 1899-1900, la partition fut retravaillée pour orchestre. On ne sait pas vraiment si cette version est de Fauré lui-même ou d'un de ses élèves (Voir plus bas). Cette version fut créée le 6 avril 1900 avec Eugène Ysaÿe comme chef d'orchestre. Ce fut la version la plus connue jusqu'à que John Rutter redécouvre le manuscrit original de Fauré de la version pour orchestre de chambre dans Bibliothèque nationale à Paris au début des années 1980.
Le Requiem fut joué en 1924 pour les funérailles de Fauré. Le Requiem atteint les États-Unis seulement en 1931, et encore juste lors d'un concert d'étudiants à l'Institut Curtis en Pennsylvanie. Il ne fut pas joué en Grande-Bretagne avant 1936[4].
Structure
Cette œuvre dure environ 35 minutes et est composée de sept mouvements :
- I. Introït et Kyrie (Ré mineur)
- II. Offertoire (Si mineur)
- III. Sanctus (Mi bémol majeur)
- IV. Pie Jesu (Si bémol majeur)
- V. Agnus Dei et Lux Aeterna (Fa majeur)
- VI. Libera Me (Ré mineur)
- VII. In Paradisum (Ré majeur)
Texte
Cette œuvre apporte plusieurs innovations au genre. Fauré a en effet modifié quelque peu la structure liturgique traditionnelle. Tous les textes sont en latin bien que ce ne soit pas le requiem liturgique complet. Fauré a omis la Séquence (qui contient le Dies irae, Rex tremendae et lacrimosa) et a ajouté l'antienne In paradisum. Il fait du Dies irae un passage de deux pages inséré dans le Libera me. A la place du jugement dernier de l’Apocalypse, on trouve ainsi une vision du paradis sereine et réconfortante.
Versions et orchestrations
Ce requiem existe en trois versions. La version originale est la plus petite, cinq mouvements. Elle est écrite pour :
- chœur
- soprano solo (garçon ou femme)
- harpe
- timbales
- orgue
- cordes (violon solo, altos divisés, violoncelles divisés et contrebasse)
Fauré a écrit la deuxième version en 1893. En plus des nouveaux mouvements, Fauré ajoute les instruments et voix suivants :
Le troisième arrangement (peut-être écrit par un des élèves de Fauré) ajoute plus de vents, de cuivres et de cordes. C’était la version la plus jouée jusqu'au début des années 1980, quand la seconde version fut découverte et éditée par John Rutter :
- chœur
- soprano solo (garçon ou femme)
- baryton solo
- 2 flûtes
- 2 clarinettes (seulement dans le Pie Jesu)
- 2 bassons
- 4 cors d'harmonie
- 2 trompettes (seulement dans le Kyrie et dans le Sanctus)
- 3 trombones
- timbales (seulement dans le Libera me)
- harpe
- orgue
- cordes (avec juste quelques violons, mais toujours avec les altos et les violoncelles divisés)
Éléments sur l’œuvre
L’atmosphère générale du Requiem donne une impression de douceur, d’émerveillement, d’espérance et d’humilité, tempérée par quelques passages forte où l’on ressent la frayeur, la douleur, le doute.
Un exemple typique de ces alternances de couleur se trouve dans les premières phrases de l’Introit.
(pianissimo)
Requiem æternam
Dona eis domine
(forte)
Et lux perpetua
(diminuer)
Luceat, luceat, luceat eis...Authenticité de la troisième version
Rutter écrit dans la préface au Requiem :
- « Comment et pourquoi la troisième version survint n'est pas entièrement clair. Dr. [Robert] Orledge conjecture que l'éditeur de Fauré, Hamelle, le pressa de préparer une version symphonique pour assurer plus de concerts - pour faire du Requiem une œuvre de concert en fait. Dans une lettre de 1898, Fauré promit à Hamelle de préparer la partition pour une publication, bien qu'aucune question de réorchestration ne fut mentionnée ; Fauré demanda, cependant, s’il pouvait déléguer la réduction du piano pour la partie vocale à quelqu'un d'autre (son élève préféré Jean Roger-Ducasse fut chargé de la tâche). La preuve que Roger Ducasse (ou quelqu'un d'autre) libéra Fauré de la tâche de réorchestration est une conjecture mais, je pense, convaincante. Premièrement, Fauré est connu pour avoir délégué l'orchestration d'autres de ses œuvres à des assistants ; deuxièmement, il était accablé de tâches administratives et d'enseignement et pouvait ne pas avoir le temps de réécrire lui-même ; troisièmement, la partition publiée a littéralement des centaines de fautes et autres inexactitudes que le normalement méticuleux Fauré n'aurait jamais laissées passer après avoir reçu les épreuves pour la correction. S'il avait préparé la partition, il aurait envoyé des corrections à l'imprimeur ; la conclusion semble implacable, quelqu'un de relativement inexpérimenté a écrit la partition et lu les épreuves »[6].
Citations de Fauré
Fauré a dit à propos de son œuvre :
- "Mon Requiem, on a dit qu’il n’exprimait pas l’effroi de la mort, quelqu’un l’a appelé une berceuse de la mort. Mais c’est ainsi que je sens la mort : comme une délivrance heureuse, une aspiration au bonheur d’au-delà, plutôt que comme un passage douloureux... Mon Requiem a été composé pour rien... pour le plaisir si j'ose dire... Peut-être ai-je ainsi, d’instinct, cherché à sortir du convenu, voilà si longtemps que j’accompagne à l’orgue des services d’enterrement ! J’en ai par-dessus la tête. J’ai voulu faire autre chose"[7].
Discographie
- Version sans violon: Agnès Mellon (soprano), Peter Kooy, (baryton); les petits chanteurs de Saint-Louis et l'Ensemble Musique Oblique, direction: Philippe Herreweghe. Enregistrement Harmonia Mundi 1988 (d'après le guide Alain Duault du disque compact classique 1994, ed. Plon)
- Version avec violon: Victoria de Los Angeles (soprano), Dietrich Fischer-Dieskau (baryton); Chœurs Elisabeth Brasseur et Orchestre de la Société des concerts du Conservatoire, direction: André Cluytens. Enregistrement EMI (1963)
Notes
- ↑ Steinberg, 136.
- ↑ Ibid, 135, aussi cité dans me dictionnaire Grove de la musique et des musiciens et référencé dans la préface de l'édition de la partition de Rutter comme une lettre que Fauré a écrit à Maurice Emmanuel en mars 1910.
- ↑ Rutter, 3. Cited there as being from an 1888 letter to Fauré's friend Paul Poujaud.
- ↑ Steinberg, 135
- ↑ Fauré quoted in Steinberg, 132.
- ↑ Rutter, 3
- ↑ Richard Bell. "Original score provides a clearer view of heaven." Le Boston Globe. 28 mars 1989 : 25. Aussi cité sur Notes on Fauré's Requiem by James Liu qui stipule que Fauré a été interviewé par Louis Aguettant le 12 juillet 1902. Cette citation a été à l'origine publiée dans Comoedia (1954, p.6)
Références
- (en) Rutter, John. Preface to Requiem Op. 48, by Gabriel Fauré. Chapel Hill, NC: Hinshaw Music, 1984.
- (en) Steinberg, Michael. "Gabriel Fauré: Requiem, Op. 48." Choral Masterworks: A Listener's Guide. Oxford: Oxford University Press, 2005, 131–137.
Sources
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Requiem (Fauré) ».
Liens externes
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