- Programme PISA
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Le programme PISA (acronyme pour «Programme for International Student Assessment» en anglais, et pour «Programme international pour le suivi des acquis des élèves» en français) est un ensemble d'études menées par l'OCDE et visant à la mesure des performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres. Leur publication est triennale. La première étude fut menée en 2000, deux autres suivirent en 2003 et en 2006.
Les résultats des études menées en 2009 ont été publiés en décembre 2010.
Sommaire
Objectifs
- Comparer les performances de différents systèmes éducatifs en évaluant les compétences acquises par les élèves en fin d'obligation scolaire (quinze ans). Ces compétences sont définies comme celles dont tout citoyen européen moyen peut avoir besoin pour réussir dans sa vie quotidienne, ce que l'anglais appelle literacy (par exemple reading literacy, mathematical literacy et scientific literacy) difficilement traduisibles en français, qui parle plus vaguement de culture mathématique ou de savoir lire par exemple. Il s'agit plus d'évaluer la façon dont les jeunes sont capables d'exploiter leurs connaissances dans leur pratique quotidienne que leur niveau théorique dans tel ou tel domaine des sciences ou des lettres.
- Identifier les facteurs de succès, facteurs exogènes, notamment le milieu social économique et culturel des familles, le cadre scolaire offert par l'établissement, et le système éducatif national, mais aussi subjectifs, comme la motivation des élèves, l'estime qu’ils ont d’eux-mêmes, les stratégies d’apprentissage qu’ils mettent en œuvre.
- Suivre l'évolution de l'enseignement dans les pays membres de l'OCDE et les pays partenaires (près d'une soixantaine de pays) en conduisant des évaluations périodiques.
Méthodologie
Domaine d'évaluation
Chaque évaluation met l'accent sur une compétence particulière, en 2000 sur la lecture[1], en 2003 sur les mathématiques[1] et en 2006 sur les sciences[1]. Un nouveau cycle (2009, 2012, 2015) s'articulera sur ces mêmes compétences.
Administration de l'évaluation
Au cours du premier cycle d'évaluation, plus d'un million d'élèves, sélectionnés de façon aléatoire dans les établissements publics ou privés, ont été évalués[2] à l'aide de tests écrits (épreuve de deux heures). Élèves et chefs d'établissements ont également rempli des questionnaires qui ont permis d'établir des corrélations entre les performances et l'environnement des élèves, notamment leur accès aux TIC et leur maîtrise de ces derniers. Lors du second cycle d'évaluation l'accent sera mis sur l'informatisation des épreuves et de la collecte des données. En 2005, 13 pays ont été volontaires pour informatiser les épreuves de sciences.
Les résultats
2000 et 2003
Le dépouillement des tests et enquêtes[3] a révélé des disparités entre les différents pays participants, mais également entre les différents établissements[4].
Il faut environ un an pour dépouiller les résultats et les analyser. Ainsi les résultats de la première campagne de tests Pisa 2000 ont-ils été publiés en 2001 (OECD, 2001a) et suivis de rapports thématiques qui étudiaient certains aspects de ces résultats. L'évaluation de Pisa 2003 est parue sous la forme de deux volumes : Apprendre aujourd'hui, réussir demain – Premiers résultats de PISA 2003[4] (OECD, 2004) et Problem Solving for Tomorrow’s World – First Measures of Cross-Curricular Competencies from PISA 2003 (OECD, 2004d)
Voici un aperçu des six pays qui ont obtenu les meilleurs scores en 2003 :Mathématiques Savoir lire Science Résolution de problèmes 1. Hong Kong 550 2. Finlande 544 3. Corée du Sud 542 4. Pays-Bas 538 5. Liechtenstein 536 6. Japon 534 1. Finlande 543 2. Corée du Sud 534 3. Canada 528 4. Australie 525 5. Liechtenstein 525 6. Nouvelle-Zélande 522 1. Finlande 548 2. Japon 548 3. Hong Kong 539 4. Corée du Sud 538 5. Liechtenstein 525 6. Australie 525 7. Macao 525 1. Corée du Sud 550 2. Finlande 548 2. Hong Kong 548 4. Japon 547 5. Nouvelle-Zélande 533 6. Macao 532
Le professeur Jouni Välijärvi, chargé de l'étude Pisa finlandaise, a conclu que les scores élevés de la Finlande étaient dus à l'excellence des enseignants finnois et au programme LUMA développé en 1990 pour améliorer les performances des élèves en mathématiques et en sciences. Il a attiré l'attention sur le caractère homogène du contenu des programmes dans le système finlandais et de fait les résultats ont été très homogènes d'une école finlandaise à l'autre.En revanche, le professeur Pauli Siljander pense que les bons résultats de la Finlande sont dus aux politiques socio-éducatives et à d'autres facteurs liés à l'histoire des idées et de l'éducation. Il est impossible pour lui de séparer l'évolution des mentalités et des idées en matière d'apprentissage et les réformes de fond qui l'ont accompagnée. Il fait remarquer que l'éducation est une priorité de l'état providence finlandais et qu'il est par conséquent impossible de parler d'éducation sans replacer le problème dans son contexte sociopolitique (Siljander, 2005).
L'examen des résultats de la campagne 2003 a montré que les pays qui dépensaient plus n'obtenaient pas forcément de meilleurs résultats que ceux qui dépensent moins pour l'éducation. L'Australie, la Belgique, le Canada, la République tchèque, la Finlande, le Japon, la Corée du Sud[5] et les Pays-Bas dépensent moins par élève et obtiennent des résultats assez satisfaisants, alors que les États-Unis dépensent plus et obtiennent des résultats sensiblement en dessous de la moyenne des pays européens. La République tchèque, par exemple, qui se trouve parmi les dix premiers pays, dépense environ un tiers de la somme que les États-Unis consacrent à chaque élève alors que ce dernier pays arrive en vingt-quatrième position sur vingt-neuf pays étudiés.
Il ressort également de l'étude que les jeunes issus de milieux plus favorisés, avec un niveau d'instruction plus élevé, obtiennent en général de meilleurs résultats. Cette différence apparaît dans tous les pays étudiés, mais elle est particulièrement criante dans certains pays comme l'Allemagne[6].
2006
Les résultats de la campagne PISA 2006 font apparaître une détérioration de la situation du système scolaire français [7]. En mathématiques, ce mauvais résultat est dû à l'augmentation des élèves en difficulté[7].
Voici un aperçu des dix pays qui ont obtenu les meilleurs scores en 2006 :
Mathématiques Savoir lire 1. Finlande 548 2. Hong Kong 547 3. Corée du Sud 547 4. Pays-Bas 531 5. Suisse 530 6. Macao 525 6. Liechtenstein 525 8. Japon 523 9. Nouvelle-Zélande 522 10. Australie 520 1. Corée du Sud 556 2. Finlande 547 3. Hong Kong 536 4. Canada 527 5. Nouvelle-Zélande 521 6. Irlande 517 7. Australie 513 8. Liechtenstein 510 9. Pologne 508 10. Pays-Bas 507 10. Suède 507 Résultats 2009
Programme PISA (2009)[8]
(Les membres de l'OCDE au moment de l'étude sont en gras)Mathématiques Sciences Lecture 1. Shanghai, Chine 600 2. Singapour 562 3. Hong Kong, Chine 555 4. Corée du Sud 546 5. République de Chine (Taïwan) 543 6. Finlande 541 7. Liechtenstein 536 8. Suisse 534 9. Japon 529 10. Canada 527 11. Pays-Bas 526 12. Macao, Chine 525 13. Nouvelle-Zélande 519 14. Belgique 515 15. Australie 514 16. Allemagne 513 17. Estonie 512 18. Islande 507 19. Danemark 503 20. Slovénie 501 21. Norvège 498 22. France 497 23. Slovaquie 497 24. Autriche 496 25. Pologne 495 26. Suède 494 27. République tchèque 493 28. Royaume-Uni 492 29. Hongrie 490 30. États-Unis 487 : 65. Kirghizistan 331 1. Shanghai, Chine 575 2. Finlande 554 3. Hong Kong, Chine 549 4. Singapour 542 5. Japon 539 6. Corée du Sud 538 7. Nouvelle-Zélande 532 8. Canada 529 9. Estonie 528 10. Australie 527 11. Pays-Bas 522 12. Liechtenstein 520 13. Allemagne 520 14. République de Chine (Taïwan) 520 15. Suisse 517 16. Royaume-Uni 514 17. Slovénie 512 18. Macao, Chine 511 19. Pologne 508 20. Irlande 508 21. Belgique 507 22. Hongrie 503 23. États-Unis 502 24. Norvège 500 25. République tchèque 500 26. Danemark 499 27. France 498 28. Islande 496 29. Suède 495 30. Lettonie 494 : 65. Kirghizistan 330 1. Shanghai, Chine 556 2. Corée du Sud 539 3. Finlande 536 4. Hong Kong, Chine 533 5. Singapour 526 6. Canada 524 7. Nouvelle-Zélande 521 8. Japon 520 9. Australie 515 10. Pays-Bas 508 11. Belgique 506 12. Norvège 503 13. Estonie 501 14. Suisse 501 15. Pologne 500 16. Islande 500 17. États-Unis 500 18. Liechtenstein 499 19. Suède 497 20. Allemagne 497 21. Irlande 496 22. France 496 23. République de Chine (Taïwan) 495 24. Danemark 495 25. Royaume-Uni 494 26. Hongrie 494 27. Portugal 489 28. Macao, Chine 487 29. Italie 486 30. Lettonie 484 : 65 Kirghizistan 314 Réactions
Les réactions aux enquêtes sont nombreuses. Elles proviennent tout d'abord de la presse nationale, surtout intéressée par le classement des pays participants : « Les élèves allemands sont-ils des imbéciles ? » demande le magazine d'actualité Der Spiegel du 10 décembre 2001[9]. « L'école suisse a reçu la fessée, La Suisse est-elle le cancre de l'Europe? » s’inquiète La Tribune de Genève[10]. D'autres commentaires viennent d'enseignants ou de spécialistes de l'éducation qui en soulignent soit l'intérêt, soit les limites, voire pour certains les risques.
Intérêt
La plupart des commentateurs notent que l'enquête a eu un effet salutaire en attirant l'attention des pouvoirs et de l'opinion publique sur la nécessité de réformer les différents systèmes éducatifs[11]. Les questionnaires, notamment, ouvrent des pistes de réforme possible en identifiant certains facteurs de réussite[12]. Comme les concepteurs de l'étude PISA ont dû se poser la question des compétences nécessaires à des jeunes de 15 ans pour faire face au monde d'aujourd'hui, avant de mettre en place les protocoles d'évaluation, il s'avère que le Haut Conseil de l'Education Nationale a bien dû admettre que l'Education Nationale n'a jamais posé la question en ces termes, - les compétences à acquérir à 15 ans. L'école française vise des savoirs acquis, matière par matière : ceci aboutit à enseigner par exemple les Mathématiques non comme un outil au service d'apprentissages futurs, mais comme une discipline en elle-même. D'où le malaise face aux résultats PISA d'une partie des enseignants français.
(Cette information reste néanmoins criticable au regard du "socle commun de connaissances et de compétences"[13] qui, dixit sa définition, "constitue l'ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d'individu et de futur citoyen." Ainsi, en Mathématiques, l'enseignement vise dans la direction suivante: "en s'appuyant sur la maîtrise du calcul et des éléments de géométrie, l’élève apprend à mobiliser des raisonnements qui permettent de résoudre des problèmes". Les savoirs de la discipline en elle-même sont là, mais il en est tout autant de sa dimension utile en ce qui concerne les capacités de raisonnement de l'élève.)
Enfin, l'étude pose la question de la culture éducative en France : la France est parmi les pays comparables un pays qui consacre un montant moyen à l'éducation par élève, mais c'est aussi le pays où les élèves sont 'les plus stressés', et se sentent peu soutenus par leurs enseignants. (Corpus « Attitudes par rapport à l'école » de l'enquête).
En guise d'ouverture, le rapport PISA confirme la nécessité d'élever le niveau culturel de l'ensemble de la population française, car cet effet de masse a un impact positif en termes de compétitivité[14].
Limites
Les critiques soulignent la difficulté à comparer des systèmes éducatifs différents, animés de philosophies différentes, et donc à exploiter les résultats des tests. Ainsi en France, l'APMEP (association des professeurs de mathématiques de l'enseignement public), notant les meilleures performances des élèves finlandais aux tests de mathématiques, souligne-t-elle la différence entre l'enseignement français, soucieux de développer l’« accès à l’abstraction, à la symbolisation, à la rigueur », et l'enseignement des mathématiques appliquées au réel et aux situations concrètes tel qu'il se pratique dans d'autres pays : « rien ne prouve que l’accent mis sur les mathématiques du « réel » soit corrélatif d’avancement dans le développement de compétences spécifiques dans le domaine mathématique »[15]
La naturalisation de l'intelligence qui fonde ces méthodes d'évaluation, présenterait l'inconvénient général de tous les tests psychotechniques basés sur les sciences cognitives. En effet, ils réduisent l'activité spirituelle à ce qu'elle a de plus prosaïque - les manipulations de symboles que pourraient faire des machines - et ils n'accordent aucune place au jeu, au mensonge, à l'humour, au simulacre, à la colère, au rêve, et à toutes les passions qui font le socle de l'esprit humain et de la vie sociale[16],[17].
De plus, certains ont avancé que la langue finnoise joue un rôle important dans le succès de la Finlande[18].
Risques
L'AMPEP voit également un risque possible induit par les enquêtes PISA : « Déjà, dans plusieurs pays, on observe une incitation des responsables des systèmes éducatifs à modifier l’enseignement, la formation des enseignants et même les programmes, pour s’adapter aux conceptions et aux tests de PISA »[15].
Pays membres
- Albanie
- Allemagne
- Argentine
- Australie
- Autriche
- Belgique
- Brésil
- Bulgarie
- Canada
- Chili
- Corée du Sud
- Danemark
- Espagne
- États-Unis
- Finlande
- France
- Grèce
- Hong Kong
- Hongrie
- Islande
- Indonésie
- Irlande
- Israël
- Italie
- Japon
- Lettonie
- Liechtenstein
- Luxembourg
- Macédoine
- Mexique
- Nouvelle-Zélande
- Norvège
- Pays-Bas
- Pérou
- Pologne
- Portugal
- République tchèque
- Roumanie
- Royaume-Uni
- Russie
- Suède
- Suisse
- Thaïlande
Notes et références
- p.4
- p.6
- Consulter de statistiques
- Apprendre aujourd’hui, réussir demain. Premiers résultats de PISA 2003
- [1])est apparu : le père reste en Corée et les enfants, avec leur mère, vont à l'étranger pour étudier dans des conditions moins stressantes et moins sur-chargées. Ces résultats ne tiennent pas compte de la réalité : cours supplémentaires" avant et après l'école (3 heures, environ), les cours dispensés par les différentes instituts après les cours officieux (certains ne ferment pas de la nuit, surtout à Séoul), et les cours durant les vacances d'hiver et d'été. Ce phénomène est tel que le "syndrome de "l'oie sauvage" (["기러기 아빠"
- PISA selon l'article anglais
- "La France paralysée devant ses mauvais résultats scolaires", Le Monde du 04/12/2007, Catherine Rollot et Marie de Vergès
- Site officiel PISA. Voir aussi le résumé
- « Sind Deutsche Schüler doof ? », Der Spiegel, décembre 2001, ou « Dumm gelaufen: Die neue deutsche Bildungskatastrophe », der Spiegel, 13 mai 2002
- Édition du 10 décembre 2001
- ici Timothy A. Brooks, Piecing Together the Puzzle – A Lifetime of Growth in Understanding Germany, p. 9
- Service de la recherche en éducation, Genève
- Socle commun de connaissances et de compétences, Ministère de l'Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie Associative
- RUE 2011 avec la participation de René Ricol Investissement d'avenir : le choix de l'excellence,
- Antoine Bodin, 2005
- Roger Caillois (en particulier le chapitre II des Compléments : "De la Pédagogie aux mathématiques"), ou Essai sur la civilisation du geste et de la parole, traité de la civilisation des études, 2001, Louis Maitrier, CRAL, Voir: Les jeu et les hommes, le masque et le vertige, 1967,
- Article sur les déviances de "l'ingénierie de la formation", Agoravox. Consulté le 16 février 2009
- Pourquoi le finnois donne-t-il de meilleurs résultats au PISA?
Voir également
Articles connexes
Liens externes
Sites officiels
- (en) Site officiel du programme PISA
- (fr) Résultats de l'évaluation PISA en France (2003)
Débat
- (de) (en) Joachim Wuttke: Critical bibliography
- National IQ means transformed from PISA Scores
- (fr) Bain, D (2003) Pisa et la lecture: un point de vue de didacticien. Revue suisse des sciences de l'éducation 25 (1) 59–78. sommaire
- (fr) Direction générale de l'Enseignement scolaire Ministère de l'Éducation nationale (2003) Évaluation des connaissances et des compétences des élèves de 15 ans: questions et hypothèses formulées à partir de l'étude de l'OCDE. Rencontres de la DESCO, 31 mai 2002. en ligne
- (de) (en) Stefan T. Hopmann, Gertrude Brinek, Martin Retzl (Hrsg.): PISA zufolge PISA. PISA According to PISA. LIT-Verlag, Wien (2007). ISBN 978-3-8258-0946-1 Recueil de critiques
- (de) Jahnke, Thomas und Meyerhöfer, Wolfram (Hrsg.): PISA & Co – Kritik eines Programms. Franzbecker, Hildesheim, 2ème ed., 2007, ISBN 978-3-88120-464-4. Recueil de critiques
- (fr) Rocher, Thierry (2003) La méthodologie des évaluations internationales de compétences. Psychologie et Psychométrie 24 (2–3) [Numéro spécial : Mesure et Éducation], 117–146.
- (fr) Terrail, Jean-Pierre (2009), « PISA. Commentaires et enseignements d’une comparaison internationale », sur le site du Groupe de Recherches sur la Démocratisation Scolaire, 21 mai 2009
- (fr) Bulle, Nathalie (2010), « L'imaginaire réformateur - PISA et les politiques de l’école », sur le site de la revue numérique skhole.fr, 18 janvier 2010
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