Première guerre de mithridate

Première guerre de mithridate

Première guerre de Mithridate

La première guerre mithridatique se déroule de 88 ou 89 av. J.-C. à 85 av. J.-C. entre Rome, dont les légions sont menées par Sylla, et le Royaume du Pont dirigé par Mithridate VI. L'issue de la guerre est la victoire de Rome.

Avant la guerre

L'Asie mineure avant la Première guerre de Mithridate

Montant sur le trône en 112 av. J.-C., Mithridate VI Eupator avait 20 ans. Il emprisonne sa mère, régente abusive, ainsi que son frère. Son royaume est alors complètement sclérosé, déchu du rang qui avait été le sien lorsqu’il était dirigé par son père, Mithridate Evergète. Mais le royaume se relève sous son impulsion, devenant à nouveau grand et fort, à l’image de son roi. À peine a-t-il soumis l’Euxin qu’il prépare déjà la conquête de l’Asie Mineure. Les succès et les victoires de Mithridate et de son allié arménien Tigrane II incitent les Romains à réagir.

Ariobarzane, roi d’une Cappadoce soumise récemment par Mithridate, se réfugie à Rome. Ses prières, et plus probablement ses trésors, poussent le Sénat romain à le restaurer. On charge L. Cornelius Sylla, jeune consul commençant par ailleurs à porter ombrage à Marius de diriger l’expédition. Sylla, à la tête d’une petite troupe, balaye les troupes de Gordios (régent de Cappadoce installé par Mithridate), ainsi que les troupes arméniennes leur portant secours. Il restaure Ariobarzane, et noue des liens diplomatiques avec le roi d'Arménie, Mithridate, qui s’abstient de réagir face aux Romains. Le roi du Pont est le grand perdant de cette campagne, car son alliance avec les Arméniens est mise à mal. Ne pouvant s’emparer de la Cappadoce, il se contente de remettre au pas le nord agité de l’Euxin. Au début de l’année -91, la domination romaine sur l’Asie Mineure paraît solidement établie. Mithridate et Nicomède (roi de Bithynie) restent indociles, mais rejetés derrière leurs frontières. Seule la Macédoine est agitée, mais aucune menace ne pèse réellement sur la République.

C’est alors que survient ce qui a été appelé « la guerre sociale », comme un coup de tonnerre, fin -91. Rome doit alors rappeler, menacée de l’intérieur comme elle l’est, les contingents maritimes de ses alliés. La Macédoine, sans défenses désormais, est laissée aux ravages des Thraces. Pour Mithridate, comme pour tous les autres dirigeants, cette brusque explosion est une surprise ; par ailleurs, elle arrive bien trop tôt dans ses plans. Sa flotte est encore en chantier, et la moitié de son armée guerroie au nord ; son faisceau d’alliance n’est pas encore totalement constitué. Mais il ne peut se permettre de ne pas profiter de la situation, et d’agir en Asie Mineure. Et il le fait sans se compromettre, comme il l’a déjà fait pour s’emparer – momentanément – de la Cappadoce.

La Bithynie s’est elle bien affaiblie depuis la mort du vieux Nicomède Épiphane. Son fils aîné lui succède, mais, cruel, fainéant et détesté, il est chassé par son frère, avec le soutien de Mithridate. Celui-ci, sitôt Sylla reparti à Rome, a recontracté alliance avec l’Arménien Tigrane II, qui ré-envahit la Cappadoce. Les deux rois ainsi détrônés (Nicomède et Ariobarzane), en exil, se rendent ensemble à Rome, pour plaider leur cause, ou plutôt, supplier le Sénat de les aider.

Mithridate pense que les Romains sont trop occupés par leur crise intérieure, et qu’ils laisseront les rois installés par Mithridate affermir leur pouvoir et leur trône. Mais en Italie, le gros de la crise est passé, et Rome réagit bien plus vite que ne l’a escompté le roi du Pont. Ils reçoivent les rois déchus et s’empressent de proclamer leur restauration. Une ambassade spéciale est envoyée, mené par le consul Manius Aquilius. Mithridate cède une fois encore, et les deux rois sont restaurés sans affrontement. Mais Aquilius, déterminé à tirer soit gloire, soit fortune de cette expédition, en est fortement frustré, et cherche à ranimer les animosités. Il demande à Mithridate de payer les frais de l’expédition, ce que Mithridate se refuse à faire, s’estimant plus le créancier de Rome que son débiteur. Aquilius se tourne alors vers les deux rois de Bithynie et de Cappadoce pour trouver paiement. Mais ceux-ci voient leur trésor personnel complètement asséché. Aquilius et ses collègues leur suggèrent alors de rétablir leurs finances aux dépens de Mithridate, en ravageant son territoire. Ariobarzane s’abstient, plus pleutre que rancunier. Mais Nicomède, sous la pression des Romains, opte pour la guerre et envahit le territoire du Pont, jusqu’à Amastris. Cette agression injustifiable aurait pu dégénérer, mais Mithridate joue la chose plus finement : il proteste officiellement, envahit la Cappadoce, chassant une fois de plus Ariobarzane, et envoie parallèlement une délégation à Rome.

Les Romains n’ignorent rien des préparatifs de Mithridate. Son armée devient forte, mais les Romains le sous-estiment, voyant dans sa prudence une faiblesse. Pélopidas, général du Pont, pose un ultimatum : le respect des traités ; si les Romains consentent à prêter main-forte à Mithridate pour châtier la Bithynie, Mithridate s’engagera à secourir Rome face à l’insurrection italienne, et s’ils ne veulent pas pareil engagement, qu’ils restent neutres, en attendant la décision du Sénat.

Mais Aquilius n’attend pas la réaction de Rome et agit de son propre chef. Il déclare que Mithridate devait respecter le territoire bithynien, à ses risques et périls. Quant à la Cappadoce, les Romains se chargent eux-mêmes d’y ramener Ariobarzane. Ce qui équivaut à une déclaration de guerre. Aquilius a engagé joyeusement sa patrie dans une guerre redoutable, dont il n’imagine pas une seule seconde l’ampleur future.

La guerre

L’armée romaine, divisée en quatre groupes, trop séparés pour se soutenir mais trop proches tout de même pour éviter une vague de panique générale, est écrasée par les troupes pontiques et arméniennes. Suite à la fuite des dirigeants romains et de leurs alliés bithyniens, le cœur de la province d’Asie s’ouvre à Mithridate. Aquilius est capturé et tué et Mithridate, après réflexion, ordonne l’extermination totale des résidents romains et italiens, ceux-ci étant potentiellement un facteur risque (espionnage, résistance, etc.) 80 000 personnes sont massacrées. Toute la Grèce continentale tombe entre les mains de Mithridate. Les uns de plein gré, l’accueillant comme un sauveur, les autres par la force (Délos). Rhodes résiste ; Mithridate détruit sa flotte mais butte sur ses remparts.

Rome panique. À peine sortie d’une crise menaçant jusqu’à son existence même, elle se trouve déjà confrontée à un formidable ennemi, qui à la base n’est qu’un petit roi iranien. Un adversaire comme Rome n’en a vu depuis Hannibal.

Leurs finances sont catastrophiques, mais l’on se doit pourtant de réagir. On vend les terres entourant le Capitole, et on peut ainsi armer des troupes. Mais se pose alors la question du commandement, et la querelle qui en découle retarde le départ du corps expéditionnaire de plusieurs mois. À la lutte pour le commandement glorieux de cette campagne, deux hommes de pouvoir sont au front : C. Marius et L. Cornelius Sylla. Le premier parvient à chasser le second avec l’aide du tribun L. Sulpicius, mais Sylla marche sur Rome et l’occupe militairement, tuant Sulpicius et chassant Marius. Mais une réaction républicaine provoque son départ. Il part à Capoue, où il retrouve ses troupes, et s’embarque dans les ports de l’Adriatique, au début de l’année 87 av. J.-C..

Lorsqu’il débarque en Épire, Mithridate est stoppé : Métrophane, lieutenant d’Archélaos, lui-même général et ami de Mithridate, a ravagé la côte de la Magnésie, et menacé Démétrias, une place forte romaine, en Thessalie. Q. Bruttius Sura assaillit Métrophane à l’improviste, et récupère le trésor de l’île de Sciathos. Après cet exploit, Bruttius porte secours à Thespies, assiégée par Archélaos et Aristion, deux grands généraux de l’armée pontique. Thespies est la dernière des villes grecques à être restée fidèle à Rome. L’affrontement a lieu à Chéronée, mais au bout de trois jours de lutte sans avantage d’un côté comme de l’autre, des contingents achéens et lacédémoniens obligent Bruttius à battre en retraite. Il rejoint l’avant-garde de Sylla, commandée par le questeur Lucullus, qui lui demande de partir pour la Macédoine.

Pèce d'argent de Mithridate VI

Au passage des Romains à travers de la Béotie, les villes, et Thèbes en premier, s’empressent de se joindre à eux, ainsi que celles du Péloponnèse. Il ne reste bientôt aux Pontiques que l’Attique et l’Eubée. Archélaos et Aristion, face à cette armée d’envergure, renoncent au combat et se retranchent, Aristion à Athènes, et Archélaos dans le port du Pirée. Les Pontiques contrôlent complètement la mer, et le Pirée peut donc soutenir le siège aussitôt mis en place par Sylla. À Rome, Marius fait son retour, et sous son impulsion, Sylla est désavoué par ses pairs, déchu de son commandement, et déclaré ennemi public. Il doit donc vaincre ou mourir, et choisit la première solution. Athènes est coupée des ravitaillements, et tombe, malgré une résistance acharnée. Le Pirée tombe à sa suite. Aristion se barricade dans l’Acropole et Archélaos fuit sur la presqu’île imprenable de Munychie. Mithridate a perdu sa principale base d’opération en Grèce.

Ses deux généraux se sont retranchés dans l’attente d’une armée de renfort qui n’arrive que bien trop tard. Pendant le siège, Mithridate aurait pu achever la conquête de la Thrace et de la Macédoine, puis envoyer ces troupes au sud, mais son fils Arcathias, en charge des opérations, est un jeune général inexpérimenté, et son mentor Taxile manque d’autorité. Les lenteurs en résultant empêchent tout envoi de troupes, car elles sont exténuées, donc inutilisables. Au début de l’an -86, Arcathias quitte la Macédoine avec le gros de ses forces, et descend le long de la côte thessalienne. Mais une mort suspecte l’arrête. Vraisemblablement, son père l’a fait empoisonner, las de son incapacité. Taxile reprend le commandement de son armée, et arrivé à Élatée, où il monte le siège, il enjoint Archélaos de le rejoindre et de prendre le commandement en chef. Mais celui-ci hésita, peu confiant en la solidité de l’armée de Taxile. Il préfère isoler et affamer Sylla et ses troupes, privés de ravitaillement et de ressources. Mais celui-ci ne l’entend pas de cette oreille, et avance vers le nord, laissant un détachement devant l’Acropole. Archélaos rejoint alors sans tarder Taxile aux Thermopyles.

Les deux généraux romains, Sylla et Hortensius, se retrouvent à Patronis et leur armée réunie campe sur la colline célèbre de Philobéotos. Les forces en présence sont fortement disproportionnées : malgré les garnisons et détachements que Taxile a dû laisser en route, son armée, unie à celle d’Archélaos, compte plus de 60 000 combattants, alors que Sylla et Hortensius ne disposent que de 15 000 fantassins et de 1500 cavaliers. Les troupes romaines terrifiées n’osent partir au combat et restent derrière leurs palissades. L’armée pontique, lasse, se répand anarchiquement dans la région, pillant et saccageant les villes. Les commandements locaux sont dépassés, car ils ne s’entendent pas (car de nationalités différentes). Archélaos ne parvient pas à asseoir son autorité. Sylla, pour forcer ses hommes à se battre, les oblige d’abord à creuser des fossés, et au bout de trois jours de pénible labeur, également motivés par les oracles savamment répandus par Sylla, les soldats crient au combat.

Sylla agit aussitôt et s’empare, sur la rive gauche du Céphise, de la citadelle en ruine des Parapotamiens. C’est une position capitale et Taxile l’a compris, mais il est devancé de peu par Sylla. Parallèlement, il met garnison à Chéronée, à sept kilomètres (40 stades) de la citadelle en ruine, au sud-est.

Ainsi, il tient toutes les issues de la plaine du Céphise et ne laisse aux Pontiques qu’une seule route de retraite, difficile à emprunter, contournant le lac Copaïs pour aboutir face à Chalcis. Ainsi débute la bataille de Chéronée. Après la défaite d’Archélaos, Mithridate, touché de plein fouet, s’empare de Chios, contre laquelle il a une rancune particulière depuis qu’une de leurs trières a éperonné son navire pendant le siège – infructueux – de Rhodes. Il doit également faire face à plusieurs complots intérieurs, qu’il résout dans le sang (1600 victimes). Il envoie alors un détachement de 60 000 hommes sous le commandement de Dorylaos, qui doit rejoindre le restant des troupes d’Archélaos. Pendant ce temps, à Rome, Flaccus est élu consul et s’embarque pour la Grèce, soi-disant pour lutter contre Mithridate, mais en réalité pour le faire contre Sylla. Quand il débarque, ce dernier se porte à sa rencontre, mais interrompt son cheminement, quand il apprend l’arrivée de troupes fraîches et bien entraînées du Pont. Il revient sur ses pas, et inflige une nouvelle défaite cuisante à l’armée mithridatique, à Orchomène, par son courage et sa capacité de meneur d’hommes. La défaite retentissante des troupes pontiques pourtant supérieures prouve que l’organisation et la rigueur romaine l’emportent largement sur l’anarchie barbare. Ces défaites sont le premier pas du déclin du vaste empire de Mithridate.

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