- Première guerre civile entre Marius et Sylla
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La première guerre civile romaine entre Caïus Marius et Sylla eut lieu en -88/-87. Elle a opposé deux généraux, chefs de deux factions politiques, pour le contrôle de la République romaine.
Sommaire
Les protagonistes
Marius
Caïus Marius est né près d’Arpinum en -157; il était plébéien, c'est-à-dire qu’il appartenait à la catégorie des citoyens issus du peuple de Rome. Il épousa Julia Caesaris, tante de Jules César. Il eut un fils du nom de Caïus Marius « le Jeune ».
Tribun de la plèbe en -118, il gagna l’estime de tous ses soldats; seul Metellus le méprisait à cause de ses origines. Lorsqu’en -107, il voulut prendre un congé pour les élections du consulat, Metellus ne le laissa partir que douze jours avant les élections, ce qui devait réduire à néant ses chances d’y participer. Marius y parvint tout de même grâce au soutien de la plèbe, et fut nommé consul. Il retourna ensuite en Afrique et sortit vainqueur de cette guerre, puis il fut vainqueur des Cimbres et des Teutons. Il défendait la faction des populares. On l'a décrit bon tacticien militaire, mais politicien peu habile.
À la suite de ses victoires, il jouit d'un prestige considérable et apparaît a ce titre comme le premier des grands imperatores, ouvrant la voix a des personnages comme Sylla, Pompée ou César. Marius dut s'enfuir de Rome lorsque Sylla s'empara du pouvoir. En -87, profitant de l'absence de Sylla, il revient à Rome et reprit le pouvoir. Il mourut le 17 janvier -86, 17 jours après s'être fait nommer une septième et dernière fois consul.
Sylla
Issu d'une famille pauvre de l'aristocratie, Lucius Cornelius Sulla dissipe sa jeunesse dans l'étude et la fréquentation des prostituées et des gens de mauvaise vie.
À 31 ans, en -107, il est néanmoins élu questeur et rejoint l'armée du consul Marius en Afrique. Son habileté lui permet de mettre la main sur Jugurtha, l'ennemi juré de Rome. Il participe ensuite aux côtés de Marius à la guerre contre les Cimbres et les Teutons, des Germains qui ont envahi la Gaule et menacent Rome.
Indifférent à sa popularité naissante, il retourne à sa vie de débauche et ne revient qu'en -93 à la vie publique avec les fonctions de préteur puis propréteur en Cilicie.
Il conclut un premier traité avec les Parthes et s'enrichit au passage. À son retour à Rome, il divorce de sa troisième femme et se remarie avec Caecilia Metella, fille du chef du Sénat. Cette union lui vaut d'être désormais regardé par les sénateurs et l'aristocratie comme une possible alternative face au parti populaire qu'anime Marius.
La guerre sociale amène Sylla à reprendre du service dans l'armée, toujours sous les ordres de Marius. Son talent tactique et son habileté font une nouvelle fois leurs preuves. Sylla s'empare de Stabies et réduit les derniers îlots de résistance du Samnium en -89.
Ce nouveau succès lui vaut d'être nommé consul l'année suivante et de recevoir du Sénat le soin de mener la guerre contre le roi du Pont, Mithridate VI, coupable d'avoir repris les hostilités et massacré des milliers de Romains et d'Italiens en Orient. Cette décision contrarie Marius (69 ans), représentant du parti populaire, qui comptait sur cette guerre pour redresser son prestige.
Suite à sa victoire contre Marius, qui fuit Rome, et assuré de son pouvoir, Sylla, qui se soucie peu d'ambition personnelle, tente aussitôt de restaurer le Sénat dans son ancienne puissance :
- il porte de 300 à 600 le nombre de sénateurs et leur restitue le droit exclusif de siéger dans les jurys criminels ;
- il enlève aux tribuns de la plèbe le droit de proposer une loi aux comices et de briguer un deuxième mandat, réservant aux sénateurs l'initiative des lois.
- il abolit la censure et confère aux magistrats sortant de charge la dignité de sénateur, limite les droits des consuls et des préteurs à des fonctions civiles en Italie et leur permet en sortie de charge de devenir proconsul ou propréteur en province sur désignation du Sénat;
- il distribue des terres à 100 000 vétérans et supprime les distributions gratuites de blé aux citoyens pauvres dans l'espoir de mettre fin à l'exode rural.
Honoré du surnom de Felix (heureux) et jugeant son travail accompli, Sylla démissionne de toutes ses fonctions en -79. Il se retire dans sa maison de Cumes où il file le parfait amour avec une jeune femme de 25 ans, Valeria, dont il fait sa cinquième épouse. Sa félicité sera de courte durée puisqu'il meurt l'année suivante. Les Romains confèrent à sa dépouille le privilège d'une inhumation sur le Champ de Mars, lieu de sépulture des anciens rois.
Cependant, contrairement à ce que Sylla a pu croire, ses réformes n'ont en rien réglé les tensions au sein de Rome : elles ont seulement inspiré à nombre d'ambitieux le désir d'exercer à leur tour la dictature.
Leurs querelles
Tout les opposait :
- Marius était un fervent républicain d’origine plébéienne ;
- Sylla était pour le parti aristocratique et il était un des grands patriciens de Rome.
De plus, Marius étant doté d’un grand orgueil, il n’accepta pas que Sylla soit nommé pour aller réorganiser les provinces grecques d’Asie mineure.
La guerre politique et civile
En -88, Sylla, auréolé de sa victoire peu méritée en Numidie et de ses victoires méritées durant la guerre sociale soutenue par les aristocrates, se fera élire au consulat. Marius réussit à se faire nommer au commandement de la guerre contre le roi Mithridate VI, espérant alors accomplir une action d'éclat qui lui permettrait de reprendre les rênes du pouvoir. Cependant il lésait ainsi le consul Sylla, auquel le commandement devait être dévolu.
Les émeutes dirigées par Marius le forceront à s’exiler quelque temps mais il rentrera à Rome avec ses troupes. Ainsi commença la première guerre civile. Le soutien sans faille des Caecilii Metelli à Sylla (qui n'ont pas pardonné à Marius sa trahison en Numidie) fit espérer un instant la victoire de celui-ci. Cependant, il se vit confier le commandement de la guerre en tant que consul et c’est finalement le vieux Marius, par un plébiscite (très encadré...) de dernière minute organisé par le tribun Rufus, qui obtint gain de cause.
Sylla, qui avait déjà recruté son armée, fit semblant d’accepter. Mais c'était pour mieux rejoindre ses troupes basées en Campanie, qui attendaient elles aussi beaucoup de la guerre, et marcher avec elles sur Rome. L'acte était d’une illégalité sans précédent (puisque selon la légende, aucun romain depuis Remus n’avait osé franchir en armes les limites tracées par Romulus), bien que l'objectif de Sylla fût justement de rétablir la légalité.
Après avoir éliminé la majorité des forces populares, il fit voter (par des sénateurs terrorisés) un senatus-consulte mettant tous ses adversaires hors-la-loi. Si Rufus fut décapité, Marius parvint à fuir avec une poignée de partisans sur l’île d'Ischia (dans la mer Tyrrhénienne, au large de l'actuelle Naples), puis en Afrique, au terme de rocambolesques aventures (très romancées par Plutarque). Pendant ce temps, Sylla, satisfait, partait avec ses hommes en direction du Pont-Euxin.
Article connexe : première guerre de Mithridate.Conséquences
En -87 Marius profitera de cette absence pour revenir à Rome et faire une alliance avec Lucius Cornelius Cinna ; ils dirigeront tout deux le parti populares parti du peuple.
Il se fera élire au consulat en -86. Il exila ou tua la plupart des amis et partisans de Sylla et mourut subitement. En -83, Sylla revint à Rome il massacra tous ses adversaires en particulier ceux du parti populares dirigé à la mort de Marius par Cinna. Les deux partis inconciliables se lanceront dans une seconde guerre civile en -82
Voir aussi
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