Pointe Whymper

Pointe Whymper

Grandes Jorasses

Grandes Jorasses
Face Nord des Grandes Jorasses
Face Nord des Grandes Jorasses
Géographie
Altitude 4 208 m, Pointe Walker
Massif Massif du Mont-Blanc
Longueur  km
Largeur  km
Superficie  km2
Coordonnées 45° 52′ 08″ Nord
       6° 59′ 17″ Est
/ 45.86889, 6.98806
45°52′08″N 6°59′17″E / 45.86889, 6.98806
Administration
Pays France France
Italie Italie
Région
Région autonome
Rhône-Alpes
Vallée d'Aoste
Département Haute-Savoie
Ascension
Première 24 juin 1865 par Edward Whymper, Michel Croz, Christian Almer et Franz Biner
Voie la plus facile Face Sud (mixte)
Géologie
Âge
Roches

  Géolocalisation sur la carte : Italie

(Voir situation sur carte : Italie)
Grandes Jorasses

  Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Grandes Jorasses

Les Grandes Jorasses sont un sommet des Alpes dans le massif du Mont-Blanc, entre la France (Haute-Savoie) et l'Italie (vallée d'Aoste).

Les Grandes Jorasses sont une arête faîtière orientée est-ouest longue d'environ un kilomètre et sur laquelle se détachent successivement six pointes :

  • Pointe Walker (4 208 m, point culminant)
  • Pointe Whymper (4 184 m)
  • Pointe Croz (4 110 m)
  • Pointe Hélène (4 045 m)
  • Pointe Marguerite (4 066 m)
  • Pointe Young (3 996 m)

Cette arête marque la frontière entre la France et l'Italie. Elle domine, du côté français, le glacier de Leschaux, affluent de la mer de glace, du côté italien le val Ferret et la vallée de Courmayeur.

Ces six pointes sont encadrées par le col des Hirondelles (3 480 m), au nord-est, et le col des Grandes Jorasses (3 825 m), à l'ouest, sur lequel on trouve le refuge-bivouac Canzio.

La face Nord (versant français) est l'une des plus grandes faces granitiques des Alpes : 1 200 m de haut sur près d'un kilomètre de long.

Sommaire

Ascensions

  • 1865 - Première ascension de la pointe Whymper le 24 juin par Edward Whymper, Michel Croz, Christian Almer et Franz Biner. Edward Whymper voulait alors avoir un panorama sur l'aiguille Verte en vue de la gravir. Arrivé au sommet, il s'aperçoit que ce n'est pas le cas et ne va donc pas jusqu'au sommet de la pointe Walker.

Histoire de la face Nord

L'ascension de la face Nord fut considérée comme l'un des « grands défis des Alpes » jusqu'à la première en 1935.

Conquête

Après une compétition entre alpinistes de plusieurs pays, la face Nord est gravie pour la première fois par l'itinéraire de l'éperon Croz (Martin Meier et Rudolf Peters, les 28 et 29 juin 1935). Le point culminant, la pointe Walker, sera atteinte par son éperon nord trois ans plus tard, du 4 au 6 août 1938, faisant connaître trois alpinistes italiens : Riccardo Cassin, Luigi Esposito et Ugo Tizzoni qui arrivèrent au sommet à 14 h 00. Cet itinéraire reste le plus célèbre et le plus parcouru de la face.

La renommée de la face Nord des Grandes Jorasses allait par la suite attirer tous les alpinistes de haut niveau, au point qu'aujourd'hui elle comporte un très grand nombre de lignes d'ascensions, rocheuses, glaciaires ou mixtes, gravies en toutes saisons et parfois en solitaire.

Après l'ascension des pointes Walker et Croz par leurs éperons nord, les alpinistes vont s'intéresser au versant nord des autres pointes : pointe Marguerite en 1958 (René Desmaison et Jean Couzy), pointe Young la même année (Enrico Cavalieri et Andre Mellano), pointe Whymper en 1964 (Walter Bonatti et Michel Vaucher), pointe Hélène en 1970 par une cordée polonaise.

La pente de glace raide située à gauche de la pointe Walker a été baptisée « le Linceul ». René Desmaison fait équipe avec Robert Flematti et s'engage dans la pente en hiver, pour réduire les risques de chutes de pierre. Grimpant avec la technique ancienne des crampons dix pointes et des tailles de marches, ils seront pris par le mauvais temps et mettront neuf jours pour gravir les 800 mètres de glace (17-25 janvier 1968). Ayant emporté avec eux des talkies-walkies, ils purent communiquer avec les médias durant toute leur ascension, une autre première.

Les huit premières ascensions de la face Nord

La première decente de la face Sud en ski

Le 11 avril 1971, un hélicoptère pose Sylvain Saudan surnommé le « skieur de l'impossible » à 30 minutes du sommet de la pointe Walker. Il effectue 5 h 30 de descente très difficile, environ 2 500 virages, en partie dans le brouillard, avant de rejoindre le pied du sommet.

Directes et directissimes

L'imagination des grimpeurs étant sans limites, de nouveaux défis allaient marquer notamment les années 1960 et 70 : tracer la « ligne » la plus directe possible de la base au sommet de la montagne. C'est le concept des directes — et des directissimes (encore plus directes si cela est possible).

Dès 1971, René Desmaison s'attaque avec Serge Gousseault à un itinéraire direct dans le flanc nord-est de la pointe Walker, choisissant de surcroît la saison hivernale. L'entreprise allait malheureusement se conclure par un drame : les alpinistes restèrent bloqués à peu de distance de la pointe Walker après avoir passé quinze jours dans la paroi. Serge Gousseault devait y trouver la mort. René Desmaison raconta la tragédie dans son ouvrage 342 heures dans les Grandes Jorasses. Il retourna deux ans plus tard dans la face pour achever sa première, en compagnie de Michel Claret et Giorgio Bertone, parvenant au sommet le 17 janvier 1973, après sept bivouacs.

Un autre alpiniste renommé, Yannick Seigneur, s'est illustré dans la face Nord de la pointe Whymper, en ouvrant la « Directe de l'amitié » avec ses compagnons Louis Audoubert, Marc Galy et Michel Feuillarade, en plein hiver, du 19 au 27 janvier 1974. Ils résolvent ainsi de façon élégante le tracé d'une ligne directe sous cette pointe. Deux ans plus tôt, une importante équipe japonaise avait tenté le même objectif, sans parvenir à gravir la face proprement dite, se rabattant sur le grand couloir central (19-29 mars 1972).

En 1979, une cordée tchèque inaugure une voie directe de haute difficulté sur l'éperon Walker, la voie « Rolling Stones » (24-29 juillet). Sept ans plus tard, Patrick Gabarrou réussit un tracé encore plus rectiligne avec la « directissime » qu'il ouvre du 27 juin au 1er juillet 1986 avec Hervé Bouvard.

Grand amateur de belles lignes, Patrick Gabarrou est également l'auteur :

  • d'une directe à la pointe Marguerite (avec Christian Appertet, 1992),
  • d'une directissime à cette même pointe (voie « Heidi », mars 2005, avec Philippe Batoux et Christophe Dumarest),
  • d'un itinéraire de haute difficulté à la pointe Whymper (voie « Alexis », 1993, avec Benoît Robert)
  • d'une voie située à l'aplomb d'une pointe anonyme proche de la pointe Croz, qu'il baptise pour l'occasion pointe Magali (voie « A Leï », février 2003, avec Benoît Robert et Philippe Batoux).

Mais ce n'est pas tout : hivernales, solitaires et solitaires hivernales ont été l'occasion de nombreux exploits, ainsi que toutes les voies tracées dans la face, spécialement nombreuses : fin 2004, la face Nord des Grandes Jorasses comptait plus de 40 itinéraires distincts sur son versant nord !

Hivernales

Cette face Nord est très intéressante en hiver car l'impression de solitude et d'isolement est exceptionnelle pour les Alpes. La raison en est que depuis cette face, on ne peut voir aucune vallée alpine habitée, contrairement à la face Nord du Cervin ou de l'Eiger par exemple. La première hivernale de l'éperon Walker fut réalisée par Walter Bonatti en 1963.

Solitaires

Cette face ne comporte aucun itinéraire facile, aucune voie de dégagement. L'engagement est donc certain. Un solo aux Grandes Jorasses par la face Nord est réservé aux alpinistes d'exception. Signalons, par exemple, la première solitaire hivernale de la pointe Walker par Pierre Beghin, les solos de Valery Babanov à la pointe Whymper ou le solo de Slavko Sveticic avec ouverture d'une voie nouvelle à la pointe Croz.

Hivernales solitaires

Dès 1975, le guide Ivano Ghirardini réussit la première hivernale solitaire du Linceul et en 1978, lors de sa trilogie, celle de l'éperon Croz. Le guide Tsunéo Hasegawa fera la première hivernale solitaire de l'éperon Walker en 1979.

Trilogie

La face Nord des Grandes Jorasses, avec celles du Cervin et de l'Eiger fait partie d'un triptyque "magique". C'est le rêve de tout alpiniste dans les Alpes. La première trilogie hivernale solitaire fut réussie par Ivano Ghirardini (hiver 1977-1978), la seconde par Tsunéo Hasegawa (1977-1978-1979)

Goulottes

Ce sont des merveilles d'environ un kilomètre de haut. La pente moyenne de la face est d'environ 70 degrés et dont seuls certains ressauts sont verticaux. L'ambiance est toujours sévère dans ces fins boyaux de glace qui s'élèvent entre les éperons abrupts. L'une des plus difficiles est « Rêve Ephémère », ouverte par Ivano Ghirardini et Slavko Sveticic entre les pointes Marguerite et Young.

Anecdote

En 1974, le chanteur Pierre Perret a donné une certaine notoriété à ce site montagneux, grâce à deux vers de sa chanson humoristico-éducative le Zizi : « L'alpiniste et son beau pic à gla-ace, magnifique au-d'ssus des Grandes Jora-asses ».

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • René Desmaison, 342 heures dans les Grandes Jorasses, Hoëbeke, coll. « Retour à la montagne », 2003, (ISBN 2842301420)
  • Ivano Ghirardini, Thanatos, 1986
  • Frison-Roche, Retour à la montagne

Liens externes

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