- Isabelle Ire de Jérusalem
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Isabelle Ire de Jérusalem Mariage d'Onfroi IV de Toron et d'Isabelle de JérusalemTitre Reine de Jérusalem
avec Conrad de Montferrat,
puis Henri II de Champagne,
et Amaury II de Lusignan1192 – 1205 Prédécesseur Sibylle de Jérusalem et
Guy de LusignanSuccesseur Marie de Montferrat Biographie Date de naissance 1172 Date de décès 1205 Père Amaury Ier de Jérusalem Mère Marie Comnène Conjoint Enfants - Marie de Montferrat (2)
- Marie de Champagne (3)
- Alix de Champagne (3)
- Philippe de Champagne (3)
- Sybille de Lusignan (4)
- Mélisende de Lusignan (4)
- Amaury de Lusignan (4)
Armoiries de Jérusalemmodifier Isabelle Ire de Jérusalem (1172 † 1205) est une reine de Jérusalem de 1192 à 1205, fille d'Amaury Ier, roi de Jérusalem, et de Marie Comnène. Cette princesse puis reine était fort peu intéressée par les affaires politiques, mais n'en a pas moins été mariée quatre fois selon les nécessités du royaume et a été obligée pour les mêmes raisons de se séparer de son premier mari.
Sommaire
Biographie
Lorsque son père hérite de la couronne de Jérusalem, en 1162, il est marié à Agnès de Courtenay, et les barons du royaume annoncent à Amaury qu’ils n’accepteront pas Agnès comme reine. Ils mettent donc Amaury en demeure de choisir entre le trône et son épouse. Amaury répudie sa femme et est couronné roi de Jérusalem. Deux enfants étaient nés de ce premier mariage : Baudouin IV le lépreux et Sibylle[1]. Le 29 août 1167, Amaury se remarie avec Marie Comnène, petite nièce de Manuel Ier Comnène, empereur byzantin, laquelle donne naissance en 1172 à une fille, Isabelle de Jérusalem.
Princesse
Bien que son frère soit atteint de la lèpre et ne peut pas avoir d’enfant, la question du mariage d’Isabelle ne pose qu’un problème relatif, car la cour compte sur le mari de Sibylle pour assurer la succession du royaume de Jérusalem. Aussi Baudouin accepte-t-il de la marier en 1183 avec un noble Franc, Onfroy IV de Toron, petit-fils du connétable Onfroy II de Toron, mort en avril 1179 au cours de la prise du Chastelet du Gué de Jacob, pour permette au roi d’avoir la vie sauve. Étiennette de Milly, la mère d’Onfroy, était remariée à Renaud de Châtillon, seigneur d’Outre-Jourdain, la noce a lieu au krak de Moab, en novembre 1183. Renaud de Châtillon avait organisé au cours de l’hiver précédent une expédition contre la Mecque, et Saladin, résolu à venger l’affront et à écarter le danger que représente la seigneurie d’Outre-Jourdain vis-à-vis de ses états, met le siège devant le krak, en pleines festivités de mariage. Sur la demande d'Étiennette de Milly, qu’il a connu dans sa jeunesse, il accepte de ne pas tirer avec ses trébuchets sur la tour où le jeune couple passe sa nuit nuptiale. Baudouin IV, prévenu, n’hésite pas à venir avec son ost pour forcer Saladin à lever le siège[2].
Baudouin IV meurt le 16 mars 1185 et désigne comme successeur son neveu Baudouin V, âgé de huit ans, sous la régence de Raymond III de Tripoli, car Guy de Lusignan, la mari de Sibylle, ne s’est pas révélé à la hauteur des espérances. Mais Baudouin V meurt vers le mois de septembre 1186 et la question de la succession du royaume se pose à nouveau.
Les barons se répartissent alors en deux groupes. D’une part les colons, ou « poulains », qui estiment que le royaume ne peut survivre qu’avec une politique de paix relative avec Saladin, politique qui était celle de Baudouin le lépreux. Le chef de file des colons est le comte Raymond III. D’autre part les croisés, la plupart nés en Europe, ne comprennent pas ou mal cette politique de compromis et sont prêts à en découdre avec les musulmans. C’est Guy de Lusignan qui est à la tête de ces derniers. Les lois du royaume, qui nécessitent que le roi soit accepté par l’assemblée des barons, font que les deux chefs peuvent prétendre à la couronne, Guy de Lusignan en tant que plus proche parent des précédents rois, et Raymond III en tant que régent désigné par Baudouin le Lépreux[3].
Josselin III de Courtenay, un baron né en Terre Sainte, acquis aux croisés, réussit à persuader Raymond de rejoindre ses partisans à Naplouse pendant l’enterrement de Baudouin V, et la reine Sibylle profite de son absente pour se faire couronner reine et pour faire couronner son mari. Mais ce couronnement n’est valable qu’avec l’assentiment de l’assemblée des barons. Conscient que maintenir sa candidature risque de mener le royaume à la guerre civile, Raymond se désiste, mais propose un troisième choix : proposer la couronne à Isabelle et à son mari, Onfroy de Toron. Terrifié par les responsabilités liées à la couronne, Onfroy quitte immédiatement Naplouse et prête allégeance à Sibylle[4].
Les colons n’ont alors pas d’autre choix que d’accepter Guy de Lusignan comme roi, lequel amène le royaume à la ruine en moins d’un an, en perdant la bataille de Hattin le 4 juillet 1187. Conrad de Montferrat, un croisé qui arrive en Terre Sainte quelques semaines plus tard, parvient à défendre Tyr et à tenir Saladin en échec, mais refuse à Guy de Lusignan l’accès à la ville. Ce dernier part alors assiéger Saint-Jean-d’Acre.
Reine de Jérusalem
La mort de Sibylle en octobre 1190 lors de ce siège, change la donne. Guy de Lusignan n’est roi que par mariage, et juridiquement la couronne devrait revenir à Isabelle, ou tout du moins l’assemblée des barons devrait statuer sur le sort de la couronne. Le problème est que Onfroy de Toron, le mari d’Isabelle, ne plait pas plus aux barons que Guy de Lusignan. Il faut au royaume un roi capable de redresser la situation, et ce roi pourrait être Conrad de Montferrat. Mais choisir un roi en dehors de la famille royale peut amener des contestations et des guerres civiles.
Pour résoudre ce problème, les barons ont l’idée de faire annuler le mariage d’Onfroy et d’Isabelle et de faire épouser cette dernière à Conrad de Montferrat. Mais Isabelle, qui aime son mari, refuse de se soumettre à ces considérations politiques. Sa mère, Marie Comnène, qui hait Étiennette de Milly, se met alors persuader Isabelle d’accepter le mariage politique. D’autre part, Ubaldo, légat du pape et archevêque de Pise, effectue une enquête sur le mariage et constatant qu’Isabelle n’avait que onze ans à son mariage, le fait annuler pour la raison que l’âge légal n’était pas encore atteint. Onfroy tente de protester contre cette décision, mais un baron, Guy de Senlis, bouteiller de France, lui lance un défi en combat singulier. Onfroy, refuse de le relever et rejoint Guy de Lusignan[5].
Le 24 novembre 1190, Isabelle est mariée à Conrad de Montferrat. Les deux rois Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion arrivent et aident à prendre Saint-Jean-d'Acre. La rivalité entre Conrad et Guy se reporte aux deux rois européens, Philippe soutenant Conrad et Richard soutenant Guy. Mais en avril 1192, Richard, devant l'opposition des barons, n'a d'autre choix que de reconnaitre Conrad de Montferrat comme roi et de vendre Chypre à Guy de Lusignan. Le 28 avril 1192, deux Nizârites assassinent Conrad.
Pour lui succéder, le choix des barons se porte immédiatement sur la personne du comte Henri II de Champagne, un homme qui a montré ses capacités à prendre en main les destinées du royaume et qui présente en outre l'avantage d'être neveu de Philippe Auguste et de Richard Cœur de Lion[6]. Le mariage est célébré le 5 mai 1192, alors que la reine est enceinte de son second mari[7]. De ce mariage sont nés trois enfants qui sont fiancés avec trois enfants d'Amaury II de Lusignan, roi de Chypre, dans un souci de rapprochement avec la monarchie chypriote des Lusignan[8].
Mais le 10 septembre 1197, Henri de Champagne tombe accidentellement d'une fenêtre de son palais et se tue. Pour lui trouver un successeur, les barons pensent d'abord à Raoul de Saint-Omer, frère d'Hugues II de Saint-Omer, seigneur de Tibériade, mais ces seigneurs paraissent trop pauvres[9] pour pouvoir financer une cour et une armée. Aussi leur choix se porte-il sur la personne du roi de Chypre, Amaury II de Lusignan, qui épouse Isabelle en janvier 1198.
Amaury meurt le 1er avril 1205, après avoir donné trois enfants à Isabelle. Le gouvernement est assurée par Jean d'Ibelin, seigneur de Beyrouth et demi-frère d'Isabelle[10], qui devient régent du royaume. Isabelle ne prend pas part aux conseils et aux décisions, de sorte qu'aucun chroniqueur ne mentionne la date de son décès que l'on situe peu après celle de son dernier mari[11].
Ascendance
Ancêtres d'Isabelle Ire de Jérusalem32. Hugues du Perche 16. Geoffroy II de Gâtinais 33. Béatrice de Mâcon 8. Foulques IV d'Anjou 34. Foulques III d'Anjou 17. Ermengarde d'Anjou 35. Hildegarde 4. Foulques V d'Anjou 36. Amaury Ier de Montfort 18. Simon Ier de Montfort 37. Bertrade de Gometz 9. Bertrade de Montfort 38. Richard d'Évreux 19. Agnès d'Évreux 39. Godehilde 2. Amaury Ier de Jérusalem 40. Manassès III de Rethel 20. Hugues Ier de Rethel 41. Judith 10. Baudouin II de Jérusalem 42. Gui Ier de Montlhéry 21. Mélisende de Montlhéry 43. Hodierne de Gometz 5. Mélisende de Jérusalem 44. 22. Gabriel de Malatya 45. 11. Morfia de Malatya 46. 23. 47. 1. Isabelle Ire de Jérusalem 48. Alexis Ier Comnène 24. Jean II Comnène 49. Irène Doukas 12. Andronic Comnène 50. Ladislas Ier de Hongrie 25. Irène de Hongrie 51. Adélaïde de Souabe 6. Jean Comnène 52. 26. 53. 13. Irène Manassès 54. 27. 55. 3. Marie Comnène 56. Michel Taronitès 28. Jean Taronitès 57. Marie Comnène 14. Michel Taronitès 58. 29. 59. 7. Maria Taronitissa 60. 30. 61. 15. 62. 31. 63. Mariages et enfants
Elle épouse en premières noces au krak de Moab en novembre 1183 Onfroy IV, seigneur de Toron. Ils n’ont pas eu d’enfant et les barons du royaume l’obligent à se séparer de son mari
Elle est remariée à Acre le 24 novembre 1190 à Conrad de Montferrat († 1192), seigneur de Tyr, marquis de Montferrat puis roi de Jérusalem et donne naissance à une fille posthume :
- Marie de Montferrat (été 1192 † 1212), reine de Jérusalem, mariée à Jean de Brienne.
Veuve, elle se remaria le 5 mai 1192 avec Henri II de Champagne (1166 † 1197), comte de Champagne et roi de Jérusalem, et eut pour enfants :
- Marie de Champagne (1193 † avant 1205), fiancée à Guy de Lusignan, fils d'Amaury II
- Alix de Champagne (1195 † 1246), fiancée à Jean de Lusignan, fils d'Amaury II, mariée successivement (1210) à Hugues Ier de Lusignan roi de Chypre, (1225) à Bohémond V, prince d'Antioche et (1241) à Raoul de Soissons.
- Philippe de Champagne (v. 1196 † 1250), fiancée à Hugues de Lusignan mariée vers 1213 à Érard de Brienne, seigneur de Ramerupt et de Vénisy.
De nouveau veuve, elle épousa à Acre en janvier 1198 Amaury II de Lusignan, déjà roi de Chypre et eut :
- Sybille de Lusignan (1198 † après 1225), mariée à Léon II, prince d'Arménie
- Mélisende de Lusignan(† après 1249), mariée à Bohémond IV, prince d'Antioche
- Amaury de Lusignan (1201 † 1205)
Descendance
Onfroy IV
de ToronIsabelle
(† 1205)
r. JérusalemAmaury II
(† 1205)
r. ChypreConrad
de Montferrat
(† 1192)Henri II
de Champagne
(† 1197)Jean de Brienne
(† 1237)Marie
(† 1212)
r. JérusalemHugues Ier
(† 1218)
r. ChypreAlix
de Champagne
(1195 † 1246)Philippe
(1196 † 1250)
x Érard de BrienneSibylle
x Léon II
r. ArménieMélisende
x Bohémond IV
pr. AntiocheFrédéric II
(† 1250)
empereurIsabelle II
(† 1228)
r. JérusalemMarie
(† 1252)
x Gautier IV de BrienneIsabelle
(† 1264)
x Henri d'AntiocheHenri Ier
(† 1253)
r. ChypreHenri de Brienne
(† 1250)Isabelle
(† 1252)
r. ArménieMarie d'Antioche Conrad IV
(† 1254)
r.RomainsHugues
de Brienne
(† 1294)Hugues III
(† 1284)
r. ChypreHugues II
(† 1267)
r. Chypredescendance rois
d'ArménieConradin
(† 1264)
r. Siciledescendance rois
de ChypreNotes et références
- Pernoud 1990, p. 139-140. René Grousset parle également de cette exigence des barons, mais sans préciser les griefs qu'ils avaient contre Agnès (Grousset 1935, p. 419-421).
- Grousset 1935, p. 696-8
- Grousset 1935, p. 722-3
- Grousset 1935, p. 728-8
- Grousset 1936, p. 83-5
- Marie de France, est fille du roi Louis VII de France et d'Aliénor d'Aquitaine, donc demi-sœur consanguine de Philippe Auguste et demi-sœur utérine de Richard Cœur de Lion. Sa mère,
- Grousset 1936, p. 130-4
- Grousset 1936, p. 171
- La principauté de Tibériade est alors sous le contrôle des musulmans.
- Balian d'Ibelin. La mère d'Isabelle, Marie Comnène, s'était remariée avec
- Grousset 1936, p. 771
Annexes
Bibliographie
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, Paris, Perrin, 1936 (réimpr. 1999) :
- II. 1131-1187 L'équilibre, 1935.
- III. 1188-1291 L'anarchie franque, 1936.
- Foundation for Medieval Genealogy : Isabelle, reine de Jérusalem
- René Grousset, L'Empire du Levant : Histoire de la Question d'Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique », 1949 (réimpr. 1979), 648 p. (ISBN 2-228-12530-X)
- Régine Pernoud, La femme au temps des croisades, Paris, Stock, 1990, 405 p. (ISBN 2-234-02229-0)
Articles connexes
Catégories :- Naissance en 1172
- Maison d'Ingelger
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- Décès en 1205
- Femme monarque
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