Arme à sous-munitions

Arme à sous-munitions
Page d'aide sur l'homonymie Ne doit pas être confondu avec Bombe à fragmentation.
L’un des premiers types de bombe à sous-munitions, la RRAB-3 soviétique, utilisé durant la guerre d’Hiver contre la Finlande entre 1939 et 1940.
Un B-1 Lancer larguant sa charge de bombes à sous-munitions lors d’un exercice.
Bombe à sous-munitions CBU Mark 20 Rockeye II

Une arme à sous-munitions, également appelée bombe à sous-munitions (BASM), ou roquette à sous-munitions, est un conteneur transportant de nombreux autres projectiles explosifs, de taille plus réduite, dites « sous-munitions ». Cette munition « anti-matériel » ou « anti-personnel » permet de traiter des surfaces étendues en demandant moins de munitions que les munitions classiques.

Sommaire

Historique

Sprengbombe Dickwandig 2 kg ou SD2 ; bombe antipersonnel allemande de la seconde guerre mondiale.

Les bombes à sous-munitions ont été utilisées, pour la première fois, par l’Allemagne et l’Union soviétique lors de la Seconde Guerre mondiale, et ont été perfectionnées durant la Guerre froide, ainsi que leurs lanceurs. On les a notamment adaptées à la dissémination d’armes chimiques et bactériologiques.

Les munitions à charge conventionnelles ont été largement utilisées dans les conflits depuis la seconde moitié du XXe siècle[1].

Au moins 440 millions de sous-munitions ont été larguées depuis 1965, causant "plusieurs dizaines de milliers de victimes civiles depuis 1965" selon Handicap International[2].

Une Convention sur les armes à sous-munitions, ouverte à la signature des États depuis le 3 décembre 2008, en interdit l'emploi, la production, le stockage et le transfert et prévoit des dispositions novatrices concernant l'assistance aux nombreuses victimes de ces armes[3].

Caractéristiques

Bombe CBU-87 de 950 livres, emportant 202 sous-munitions BLU-97/B anti-personnel/anti-matériel, son taux de non-réussite est annoncé à 5 % (matériel neuf et utilisation conforme)
Frégate de la marine iranienne touchée par trois missiles AGM-84 Harpoon et par des bombes à sous-munitions de l’US Navy lors de la bataille des plates-formes pétrolières Sassan et Sirri en 1988.
Écorché de démonstration d’une ogive de missile Honest John. Les sous-munitions M139 au sarin sont bien visibles.

Elle diffère de la bombe à fragmentation, qui projette des éclats vulnérants non explosifs.

Les sous-munitions sont adaptées à divers objectifs, dont la neutralisation :

  • d’une piste d’aviation ;
  • d’un ou plusieurs véhicules (y compris blindé) ;
  • de navires ;
  • d’usines ;
  • ou encore de personnels (infanterie, en général).

Les plus lourdes bombes à sous-munitions sont parfois freinées par des parachutes qui ne se déclenchent, notamment les modèles anti-blindés, qu’après avoir détecté leurs cibles. Une même bombe abrite, habituellement, un type unique de sous-munitions.

Les sous-munitions peuvent être mises en œuvre dans les systèmes les plus divers, qu’il s’agisse d’un missile balistique (nucléaire ou non), d’un missile de croisière, d’une roquette, d’un obus tiré par un obusier (en courbe balistique au-dessus d’un obstacle), d’un obus-cargo ou d’une bombe aérienne.

Critiques

Ce type d’engin peut aussi servir à envoyer autre chose que des munitions, par exemple ces tracts de propagande durant la guerre de Corée.

Les armes à sous-munitions sont pointées du doigt par les associations humanitaires comme Handicap International[4],[5] et la Croix-Rouge, des organisations internationales telles que l’ONU, et des élus de différents pays[6]. Selon Handicap International, parmi 13 306 victimes d’armes à sous-munitions recensées par ses soins, 98 % sont des civils et 27% des enfants[7].

Une proportion importante (jusqu’à 30 %) de sous-munitions n’explosent pas à l’impact et constitue un danger durable pour les populations locales (surtout les enfants qui les prennent pour des jouets) et ce jusqu’à plusieurs décennies après les conflits. Il y aurait en 2006 plusieurs milliards de sous-munitions en stock à travers le monde, représentant une menace de prolifération colossale. L’ONU estime qu’au Kosovo, en Afghanistan, en Irak et au Sud-Liban, il reste près d’un million de ces sous-munitions sur le terrain, responsables chaque jour de 3 à 4 blessés ou décès depuis le cessez-le-feu[8].

Législation

Une sous-munition BLU-3 américaine utilisée, entre autres, durant la guerre du Vietnam. Pesant 790 grammes, elle contient 180 g d’explosif et 200 granules en acier.

Au niveau international

En février 2007, 46 pays réunis à Oslo (dont notamment la France, la Belgique, l’Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni, l’Italie) sur initiative du gouvernement norvégien se sont engagés à aboutir d’ici 2008 à un traité d’interdiction des sous-munitions, qui ont des conséquences inacceptables pour les populations civiles. La Norvège et l’Autriche ont également adopté des moratoires sur ces armes.

À Dublin, le 29 mai 2008, un texte de traité interdisant les armes à sous-munitions est adopté par les représentants de 107 pays, au sein desquels manquaient notamment les États-Unis, la Russie, la Chine, la Corée du Nord, l'Inde, l'Iran, Israël et le Pakistan. Ce traité signé par 94 États à Oslo les 3 et 4 décembre 2008 stipule que chaque État signataire s’engage à ne « jamais, en aucune circonstance, employer d’armes à sous-munitions, mettre au point, produire, acquérir de quelque manière, stocker, conserver ou transférer à quiconque, directement ou indirectement, des armes à sous-munitions ; assister, encourager ou inciter quiconque à s’engager dans toute activité interdite à un État partie en vertu de la présente convention »[9]. Le traité comporte en outre des dispositions révolutionnaires en ce qui concerne l'assistance aux victimes de ces armes.

Le 16 février 2010, le Burkina Faso a été le 30e État à déposer son instrument de ratification de la Convention ce qui implique son entrée en vigueur : les dispositions du traité deviennent juridiquement contraignantes à partir du 1er août 2010[10].

En outre, le Protocole V de la Convention sur certaines armes classiques adopté en 2003 et entré en vigueur le 12 novembre 2006 sur les restes explosifs de guerre exige que les parties à un conflit armé procèdent à l’enlèvement de toutes les munitions non explosées[11]. Ce Protocole est généralement critiqué par les ONG car il n'exerce aucune contrainte sur les États en ce qui concerne l'utilisation des armes concernées.

En Belgique

La Belgique est depuis le 16 février 2006, le premier pays à avoir adopté une loi interdisant les armes à sous-munitions. La loi Mahoux sur l’interdiction des sous-munitions est effective depuis le 18 mai 2006.

En France

En décembre 2006, deux sénateurs dans un rapport d’information du 20 décembre 2006 demandent à l’armée française d’abandonner et de détruire 22 000 roquettes M-26 achetées aux États-Unis pour ses lance-roquettes multiples ; chacune de ces roquettes contient 644 sous-munitions de la taille d’une grenade, avec un taux de ratés de 30 % dans certaines conditions.

Le 24 mai 2008, la France annonce le retrait du service opérationnel des roquettes M-26[12].

La loi du 20 juillet 2010 tendant à l'élimination des armes à sous-munitions transcrit dans le droit français les prescriptions de la convention d'Oslo, signée par la France le 3 décembre 2008.

Le coût de destruction de ces munitions est financé par le Ministère de la défense (programme 178 Préparation et emploi des forces de la mission Défense). La destruction des 22 000 roquettes M26 (contenance unitaire de 644 grenades M77, soit un total de 14 168 000 sous-munitions M-77) et des 13 000 obus OGR (contenance unitaire de 63 grenades, soit un total de 819 000 sous-munitions) représente un coût total estimé entre 30 et 35 millions d’euros. La majorité de ces fonds sera affectés à la destruction des roquettes M26 « car il faut traiter les explosifs [des M77] et les propulseurs [des M 26]». « La destruction des OGR, qui semble techniquement moins difficile, est tout de même estimée à 900 000 euros » selon Hubert Falco auditionné par la Commission de la défense nationale et des forces armées le 22 juin 2010 et selon une étude de l’état-major des armées « Les premières évaluations font apparaître qu’il faudrait un effort d’investissement de l’ordre de 30 à 35 millions d’euros hors taxes, dont 6 millions d’euros pour l’acquisition d’un incinérateur »[13].

En Suisse

Le 25 septembre 2007, le Conseil national a voté l’initiative Dupraz 05.452 qui demande la modification de la Loi sur le matériel de guerre pour interdire en Suisse les armes à sous-munitions. Avec 91 voix pour, 81 contre et 4 abstentions le Conseil national a renversé le préavis négatif donné par la Commission de la politique de sécurité. Par ailleurs, l’initiative Dupraz contredit également la motion Glanzman qui propose de réglementer l’utilisation des armes à sous-munitions plutôt que de les interdire. Le Conseil fédéral s’était appuyé sur la motion Glanzman pour annoncer en mai 2007 un moratoire partiel qui porte sur des sous-munitions que la Suisse ne possède pas.

Aux États-Unis

Un mémorendum du 19 juin 2008 du Secrétaire de la Défense des États-Unis ordonne qu'à partir de 2018, les sous-munitions ayant un taux de raté dangereux ou non-dangereux supérieur à un 1 % ne seront plus produites et retirées du service[14].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

(fr) Papier de recherche sur l'entrée en vigueur de la Convention sur les Armes à Sous Munitions, juillet 2010, Cercle d'Etudes et d'Analyses Juridiques, Internationales et Stratégiques


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Arme à sous-munitions de Wikipédia en français (auteurs)

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