Armand Robin

Armand Robin

Armand Robin, né le 19 janvier 1912 à Plouguernével près de Rostrenen (Côtes-d'Armor), mort le 30 mars 1961 à Paris, était un écrivain français, également traducteur, journaliste et homme de radio.

Sommaire

Biographie

Venu au monde dans une famille d'agriculteurs de Basse-Bretagne, à Kerfloc'h dans la commune de Plouguernevel (Côtes d'Armor), Armand Robin est le huitième enfant d'une modeste famille de paysans. Sa langue maternelle est le breton et il apprend le français à l'école.

Brillant élève, il monte à Paris en 1929 afin de préparer l'entrée à l'École normale supérieure. Il y suit, notamment, les cours de Jean Guéhenno, Breton et d'origine très modeste comme lui, avec qui il se liera d'amitié. Il échoue à l'agrégation, mais, boursier, peut continuer ses études de lettres, apprenant notamment le russe.

En septembre 1933 il effectue un voyage en URSS, d'où il revient complètement désenchanté du communisme.

Le 28 novembre 1933, sa mère meurt.

À partir de 1935 il commence à traduire Blok, surtout Essenine... fréquente les milieux littéraires parisiens, et publie chez Gallimard Ma vie sans moi, où ses propres poèmes se rangent aux côtés de traductions, et Le Temps qu'il fait, épopée lyrique dans le paysage de son enfance.

Le 1er avril 1941, étant très doué pour les langues (il en comprendra vingt-six[1]), il est embauché par le ministère de l'Information du Régime de Vichy comme collaborateur technique au service des écoutes de radios en langues étrangères[2], et rédige un « Bulletin d'écoute » radiophonique[3]. Placé sous la surveillance de la Gestapo après des dénonciations, il quitte son poste le 1er septembre 1943 et a des contacts avec la Résistance[4],[2], pour laquelle il réalise des écoutes clandestines à son domicile. il commence également à traduire des poèmes du Hongrois Endre Ady[5].

Divers basculements interviennent dans sa vie aux alentours de 1942. Il se met à écrire des poèmes très militants sur la condition de prolétaire dans le monde, son inadaptation au milieu intellectuel, avec des retours sur son enfance. Il abandonnera cette entreprise : ce sera son adieu à la littérature personnelle, et il se tourne vers la Fédération anarchiste.

Il reprend son Bulletin d'écoutes à titre personnel en mai 1944 notamment pour la presse issue de la résistance, Combat et L'Humanité.

À la Libération, il demande à être inscrit sur la liste noire complémentaire du Comité national des écrivains, par rejet du communisme qui était l'idéologie dominante des écrivains « bien-pensants », qui refusa net. « Je ne perdis pas courage, je fus mis sur la liste, tout seul sur une liste à part » (correspondance à Marcel Laurent du 18/11/1945). Il demande par la suite à y rester en écrivant au ministre de l'Instruction publique; sa révolte contre le milieu littéraire s'accroît.

Il n'en continue pas moins ses écoutes — ce qu'il fera jusqu'à la fin —, et publie en 1953 La fausse parole, point d'aboutissement de sa réflexion sur ses écoutes de radios et sur la propagande. Dans le même temps, il continue ses travaux de traductions, qui aboutiront à Poésie non traduite, et anime au début des années 1950 une série d'émissions de radio bilingues sur les poètes du monde entier : Poésie sans passeport sous la direction de Claude Roland-Manuel.

Sa fin est tragique : à la suite d'une série de fâcheux événements, il est embarqué par la police, et meurt le 30 mars 1961, dans des conditions mal élucidées, à l'infirmerie spéciale du dépôt de la préfecture de police.

Une partie de ses écrits aurait disparu dans l'affaire. Ses poèmes survivants donneront lieu à diverses éditions.

Œuvre

Poésie et traductions mêlées
Poésie personnelle
  • Poèmes indésirables (1945)
  • Le Monde d'une voix, Gallimard (1968)
  • Fragments, Gallimard (1992)
  • Le cycle du pays natal, La Part Commune (2000)
Autres traductions
Roman
Émissions de radio transcrites
  • Pâques fête de la joie, Calligrammes (1982)
  • Poésie sans passeport, Ubacs (1990)
Essais, articles
  • La fausse Parole, Minuit (1953), Le Temps qu'il fait (2002)
  • L'homme sans nouvelle, Le temps qu'il fait (1981)
  • Écrits oubliés I, Ubacs (1986)
  • Expertise de la fausse parole, Ubacs (1990)
Correspondance
  • Lettres à Jean Guéhenno, Lettres à Jules Supervielle, présentation Jean Bescond, Éditions de la Nerthe (2006)
Mélange
  • Le Combat libertaire, édition établie par Jean Bescond, Jean-Paul Rocher éd., (juin 2009)

Œuvres traduites

  • La falsa parola et Scritti scelti, (La fausse parole, traduite en italien), par Andrea Chersi, editioni l'Affranchi, 1995
  • La falsa palabra, (La fausse parole, traduite en espagnol), par Carlos Garcia Velasco, présentation Jean Bescond, Pepitas de calabaza ed, février 2007.

Biographie

Études sur Armand Robin
  • Alain Bourdon, Armand Robin ou la passion du verbe, collection Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1981.
  • Yves Leclair, "Armand Robin : le monde d'une voix" (I et II), in L'Ecole des lettres II, n°14 et n°15,éd. L'Ecole des Loisirs, 15 mai et 15 juin 1985.
  • Fañch Morvannou, Armand Robin. O klask roudoù Armand Robin, Éditions Armorica, 2001 ;
  • Jean Balcou, Jean Bescond et Paolig Combot, Armand Robin, la quête de l'universel, Éditions Skol Vreizh, Morlaix, 1989.
  • Marcel Laurent, Armand Robin (1912-1961) et la poésie poignante, à compte d'auteur, 1980.
  • Mireille Guillet, Armand Robin : l'incondition poétique, thèse de doctorat en lettres, Université de Provence, 1988
  • Françoise Morvan, Armand Robin : bilan d'une recherche, thèse d'État, Université de Lille III (Tomes 1-2-3), 2685 pp, 1990.
  • Yves Leclair, "Armand Robin", Dictionnaire de Poésie de Baudelaire à nos jours, PUF, 2001.
Biographie
  • Anne-Marie Lilti, Armand Robin, le poète indésirable, préface de Jean Bescond, collection Le cercle des poètes disparus, éditions Aden, octobre 2008. [Ouvrage de référence]

Voir aussi

Liens externes

Notes et références

  1. Dans le Tableau des langues écoutées pendant les années 1955-1961, page 127 de La fausse parole, édition 2002 du Temps qu'il fait, on trouve par ordre alphabétique l'allemand, l'anglais, l'arabe, le bulgare, le chinois, l'espagnol, le français, l'hindi ourdou, le hongrois, l'italien, le polonais, le portugais, le roumain, le russe, le serbo-croate, le suédois, le tchèque, l'ukrainien, « et aussi » l'albanais, l'araméen, l'arménien, le bahasa, le biélorusse, le catalan, l'espéranto, l'estonien, le finnois, le grec moderne, l'hébreu, l'irlandais, le japonais, le latin, le lituanien, le macédonien, le malais, le mongol, le norvégien, le slavon (vieux), le slovaque, le slovène et le yiddish.
  2. a et b Armand Robin, Écrits oubliés, Editions UBACS, 1986, 422 p., p. 49  (textes rassemblés et présentés par Françoise Morvan).
  3. Philippe Artières, Poésie et politique, vol. 41, Éditions MSH, 2003, 176 p. [lire en ligne], p. 81 
  4. Yves-Marc Ajchenbaum, À la vie, à la mort: l'histoire du journal Combat, 1941-1974, Monde éditions, 1994, 393 p., p. 273 
  5. Thierry Maricourt, Histoire de la littérature libertaire en France, Albin Michel, 1990, 491 p., p. 313-314 

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Armand Robin de Wikipédia en français (auteurs)

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