- Pascal Naouna
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Pascal Naouna, est un homme politique indépendantiste kanak, né à Koné (Nouvelle-Calédonie) le 26 janvier 1960, membre de la tribu de Ouaté située dans la commune de Pouembout, il fut le président de l'Union calédonienne de 2001 à 2007.
Sommaire
Formation et militant indépendantiste
Titulaire d'un CAP de mécanique générale obtenu au Centre de formation et de promotion rurale (CFPR) de Bourail. Il s'engage assez tôt dans le mouvement indépendantiste kanak socialiste (IKS) en adhérant à l'Union calédonienne et donc au Front indépendantiste (futur FLNKS) dès 1982. Durant les Évènements de 1984 à 1989, il sera un militant actif, arrêté à Poya le 18 novembre 1984 pour avoir participé au boycott actif des élections appelé par Jean-Marie Tjibaou, il est libéré finalement le 4 décembre de cette même année. Plus tard, il est chargé de mission auprès de Jean-Marie Tjibaou, alors élu président de la toute nouvelle Région Nord créée par le Statut Pisani en 1986, et reste un militant actif au sein des Comités de lutte (groupes d'actions sur le terrain du FLNKS) notamment dans la région de Pouembout durant l'année 1988. Suite à la signature des Accords de Matignon, il est chargé de mener les négociations avec la Société le Nickel afin de réorganiser les retombées financières de l'exploitation de la mine Kopeto, dans le cadre du rééquilibrage prévu par les Accords.
Les activités économiques
En 1989 il est également élu conseiller municipal de Pouembout où il est 2e adjoint au maire jusqu'en 1995. Il s'engage également comme administrateur de divers services publics et activités économiques, notamment comme gérant du GIE de sa tribu de Ouaté et de la société d'Ouaté de Travaux publics sur Mines (OUTRAMI), ainsi que président du comité de pilotage puis directeur de la Mission d'insertion des Jeunes (MIJ) de la Province Nord de 1992 à 1994. Il est enfin présent dans le privé en tant que co-gérant depuis 1991 de la OUTRAG SA, société de BTP, de même que PDG de la Société de Roulage et d'Exploitation minière du Nord (SOREN).
L'arrivée sur le devant de la scène politique néo-calédonienne
Lors des élections provinciales de 1999 en Province Nord, il est choisi par le président de l'UC Bernard Lepeu pour être en quatrième position sur sa liste FLNKS (en fait essentiellement composée de l'Union calédonienne, le Palika et d'autres mouvements du FLNKS ayant alors monté une liste dissidente baptisée UNI menée par Paul Néaoutyine). Il est alors élu à la fois à l'Assemblée de Province, où il prend la tête du groupe UC, et au Congrès (dont il sera l'un des questeurs de 1999 à 2001).
Il est alors l'un des leaders, avec Bernard Lepeu et Cézelin Tchoeaoua, de la fronde qui se fait jour alors au sein de l'UC à la fois contre la direction du FLNKS, qui est alors présidé par Rock Wamytan qui a en plus succédé à Bernard Lepeu à la présidence de l'UC en 1999, et contre le Palika de Paul Néaoutyine. Il leur reproche notamment de ne pas être assez combatif au sein des institutions collégiales, dont le gouvernement, qui sont alors dominées par le RPCR. L'Union calédonienne forme alors un groupe distinct de celui des autres composantes du FLNKS au Congrès (groupe alors surnommé le « G7 » car composé de 7 membres), et refuse en 2001 de former une liste commune FLNKS pour former le nouveau gouvernement (contrairement à ce qui avait été fait en 1999). Élu vice-président de l'Union calédonienne en 2000, les anti-Wamytan réussissent à écarter celui-ci de la présidence du parti lors du congrès du 4 novembre 2001 pour le remplacer par Jean Naouna. Celui-ci adopte immédiatement une attitude radicale : le 17 novembre suivant il oblige Rock Wamytan à démissionner de la présidence du FLNKS (qui n'a depuis lors plus de président unitaire) et le 13 novembre 2002, il pousse le seul membre UC du gouvernement local, Gérald Cortot, ainsi que tous ses suivants de liste, à démissionner, entraînant alors la chute du gouvernement. Également en 2002, lors des élections législatives, l'UC et le Palika n'arrivent pas à se mettre d'accord sur des candidatures unitaires dans les deux circonscriptions : le Palika présente ainsi seul des candidats tandis que le mouvement de Pascal Naouna appelle à l'abstention.
La position de la nouvelle équipe dirigeante de l'UC repose alors sur une attitude intransigeante quant à l'application des Accords de Nouméa. En 2003, le parti appelle à boycotter le Comité des signataires qui doit se tenir cette année et organise des manifestations durant la visite sur le territoire du président de la République Jacques Chirac. Lors des élections provinciales de 2004, l'Union calédonienne se présente seule dans les trois provinces où elle est opposée à chaque fois à une liste UNI-FLNKS dominée par le Palika. Pascal Naouna prend lui-même la tête de la liste UC dans le Province Nord, s'opposant ainsi au président sortant qui n'est autre que le leader du Palika et de l'UNI, Paul Néaoutyine. Il dénonce alors l'autoritarisme dont ce dernier ferait preuve ainsi que la stratégie économique de contrôle des moyens de production mis en place par la Province, l'UC appelant plus à une économie participative. Il est alors battu par le patron du Palika, qui renforce même sa majorité au sein de l'Assemblée de Province avec 11 élus sur 22 contre 10 précédemment, mais la liste de Pascal Naouna arrive toutefois en seconde position avec 27,12 % des suffrages et 7 élus. Sur l'ensemble du Territoire, pour la première fois lors d'une élection provinciale l'Union calédonienne perd son statut de première force indépendantiste au profit de l'UNI, avec seulement 11,86 % des suffrages exprimés et toujours 7 sièges au Congrès contre 16,36 % et 8 élus parmi les partisans de Paul Néaoutyine. Quoi qu'il en soit, Pascal Naouna est réélu à l'Assemblée de la Province Nord et au Congrès où il devient co-président de la commission de la Législation et de la Réglementation relatives aux Affaires coutumières, conjointement avec Jean-Pierre Djaïwé, du Palika.
Il va alors adopter progressivement une stratégie plus conciliante à l'égard des anti-indépendantistes, en revenant tout d'abord à la vieille tradition de l'UC de modération quant à la forme que doit prendre l'indépendance défendue par le parti : en effet, lors d'un entretien accordé aux Nouvelles Calédoniennes à la veille du congrès du parti à Boulouparis le 9 novembre 2006, il parle de son souhait d'arriver à terme à une indépendance-association avec la France, sur le modèle du Commonwealth anglo-saxon, en déclarant que : « L’idée d’indépendance pure et simple évolue petit à petit vers l’idée d’un État associé à la France, pour tenir compte des réalités de la mondialisation »[1]. Il se rapproche également des dirigeants de l'UNI dans leur soutien commun au gel du corps électoral aux seules personnes présentes sur le Territoire depuis au moins 1998 pour les élections provinciales futures, gel qui est officialisé et inscrit dans la Constitution française par vote du Congrès du Parlement en février 2007.
Le rapprochement entre l'Union calédonienne et le Palika permet alors à ces deux formations de présenter des candidats communs dans les deux circonscriptions lors des élections législatives de 2007, soit Charles Washetine du Palika dans la première et Charles Pidjot de l'UC dans la seconde. Ce dernier, battu au second tour par le député sortant Pierre Frogier, entre ensuite en confrontation directe avec Pascal Naouna. Le congrès du 8 novembre 2007 aboutit à l'écartement de Pascal Naouna de la présidence du mouvement qui est emportée par Charles Pidjot[2].
Opposant interne à Charles Pidjot
Toutefois, Pascal Naouna reste une personnalité influente du parti, et est choisi pour être à la tête de la liste officiellement investie à Pouembout pour les élections municipales de 2008, contre celle du maire sortant qui n'est autre que son oncle Jean Naouna. Il arrive alors en 3e position du scrutin avec 20 % des suffrages et 3 sièges sur 15, à 10 voix derrière Jean Naouna (lui-aussi 3 élus) qui lui-même est devancé par la liste divers droite (proche de l'Avenir ensemble) de Robert Courtot (23 % et 4 conseillers municipaux). Finalement, le 14 mars 2008, Pascal Naouna et ses colistiers apportent leurs voix à Robert Courtot pour l'élection au fauteuil de maire contre Jean Naouna. Aux élections provinciales du 10 mai 2009, Pascal Naouna est en septième position sur la liste UC-FLNKS emmenée par le maire de Canala Gilbert Tyuienon dans le Nord : il est donc réélu à l'Assemblée provinciale (où sa formation a obtenu 8 élus) mais pas au Congrès.
Il s'oppose par la suite au rapprochement entamé par Charles Pidjot et la direction du parti avec le Rassemblement-UMP à sa droite à partir de 2010 (notamment par le biais de la proposition du député Pierre Frogier sur les deux drapeaux) mais aussi avec le Parti travailliste à sa gauche dès 2009. Il se présente contre Pidjot pour retrouver la présidence du mouvement lors du congrès de la tribu de Nékliai à Poya le 7 novembre 2010, avec le soutien d'une autre figure de l'UC dans le Nord, Bernard Lepeu. Il n'obtient toutefois que 36 voix sur 188 votants, contre 151 à Charles Pidjot[3].
Le 15 avril 2011, Pascal Naouna est présenté par le groupe UC à l'élection du 3e vice-président de l'Assemblée de la Province Nord, en remplacement de Cézelin Tchoeaoua porté pour sa part quelque jour plus tôt à la 1re vice-présidence pour y succéder à Gilbert Tyuienon, élu au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Il est désigné au troisième tour de scrutin avec 19 voix (les 8 de son groupe mais aussi les 9 de l'UNI, qui a retiré sa candidate Patricia Goa en sa faveur, et les deux anti-indépendantistes Léontine Ponga du Rassemblement-UMP, qui a voté pour lui depuis le premier tour, et Gérard Poadja de Calédonie ensemble) contre 3 au travailliste Rock Doui[4]. Il se rapproche alors du président de la province et dirigeant de l'UNI, Paul Néaoutyine, et marque de manière plus prononcée son opposition à la direction en place de l'Union calédonienne : il s'associe en effet au président Néaoutyine, au 2e vice-président Jean-Pierre Djaïwé et au chef du groupe UNI à la Province Victor Tutugoro (de l'UPM) pour déposer un recours auprès du Conseil d'État pour annuler l'élection, le 6 avril 2011, de Cézelin Tchoeaoua à la 1re vice-présidence, au motif que celui-ci n'a été déclaré élu dès le premier tour alors qu'il n'avait obtenu que 11 voix sur 22 (soit 1 de moins que la majorité absolue). La plus haute juridiction administrative leur donne raison le 18 juillet suivant[5].
Et lors du nouveau scrutin pour pourvoir la 1re vice-présidence, il vote en faveur de l'UNI Jean-Pierre Djaïwé contre Cézelin Tchoeaoua, permettant au premier d'être élu au 3e tour de scrutin et au bénéfice de l'âge. Il fait de même pour la désignation du nouveau 2e vice-président, se prononçant en faveur de Victor Tutugoro plutôt que pour Tchoeaoua[6].
Sources
- « Pascal Naouna : "On va vers un Etat associé" », Les Nouvelles Calédoniennes, 09/11/2006
- P. FRÉDIÈRE, « L’UC demande à l’Etat de réaffirmer son impartialité », Les Nouvelles Calédoniennes, 09/11/2007
- Y. MAINGUET, « Et le vainqueur est... Charles Pidjot », Les Nouvelles Calédoniennes, 08/11/2010, in Facebook
- M. BERNARD, « Les indépendantistes affichent leur unité », Les Nouvelles Calédoniennes, 16/04/2011, in « Revue de presse », site officiel du Haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie [PDF]
- S. RIBOT, GHM, « L'élection de Cézelin Tchoeaoua annulée », Les Nouvelles Calédoniennes, 20/07/2011.
- « La province Nord reprise en main par l’Uni », Les Nouvelles Calédoniennes, 11/08/2011
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