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Organisation de l'Empire ottoman
L’Empire ottoman a développé au cours des siècles une organisation de l’État qui reposait sur un gouvernement très centralisé avec le sultan comme dirigeant suprême, qui exerçait un contrôle effectif sur les provinces, les citoyens et les fonctionnaires. La richesse et la position sociale n’étaient pas nécessairement reçues en héritage, mais pouvaient être acquises par la reconnaissance des mérites. Cette évolution des positions sociales était marquée par l’attribution de titres tels que vizirs et ağas. Le service militaire était un élément clé de l’avancement dans la hiérarchie.
Historique
Les divisions administratives de l’organisation étatique de l’Empire ottoman ont été d’abord fondées sur une administration militaire, mais ayant aussi des fonctions exécutives civiles. En dehors de ce système ont été mis en place différents types d’États vassaux et tributaires. On considère généralement, du point de vue de l’organisation administrative de l’Empire, qu’il y a eu deux principales époques : la première fut celle de la mise en place du système qui a évolué avec la montée en puissance de l’Empire et la seconde fut celle qui résulta des vastes réformes administratives de 1864, qui préparèrent l'avènement de la Turquie moderne.
L'organisation initiale
La première organisation remonte aux débuts de l’histoire ottomane, lorsque les Ottomans n’étaient qu’un petit État vassal de l’empire seldjoukide (Uç Beyliği) dans le centre de l’Anatolie.
1299-1453 : Une structure administrative basée sur le système seldjoukide
29 mai 1453 : Avènement de l’empire ottoman et chute de l’empire romain d’Orient
Article détaillé : Chute de Constantinople.1453-1512 : Une structure administrative adaptée au fil des conquêtes
En 1457-1458, le sultan Mehmed II installe la capitale à Constantinople et promulgue le premier code de loi turque, le Kanun-name. Il jette les fondements de l’organisation de l’empire. Le gouvernement est dirigé par le grand vizir, nommé par le sultan et assisté de quatre vizirs, dont le reis ul kuttab (chef des secrétaires), le kahya bey (Intérieur) et le reis efendi (Affaires étrangères). Le divan, sorte de conseil des ministre, réunit quatre fois par semaine les vizirs, les aghas (chefs de troupes), le kapoudan pacha (grand amiral), les deux juges de l’armée (kadi 'asker), le nichandji (garde des Sceaux), les defterdar (chefs des impôts, un pour la Roumélie et un pour l'Anatolie), les deux beylerbey (gouverneur, répartis de la même manière). Les provinces (sandjak) sont administrées par des beys ou des pachas chargés de rendre la justice, de maintenir l’ordre, de percevoir l’impôt, de le faire parvenir au pouvoir central et de fournir le contingent militaire.
Il se développe à la fin du XVe siècle une classe de hauts fonctionnaires. La majorité sont des chrétiens convertit d’origine servile (les esclaves de la Porte, kapi kullari). Sous Bayezid II (1481-1512), ils deviennent prépondérants. Les Grands vizirs se recrutent presque toujours parmi eux. Ces esclaves de la Porte sont recrutés dans les Balkans (Serbes, Albanais, Croates) et le Caucase par le système du devchirmé, qui connaît son apogée au XVIe siècle. Coupés de leurs racines, ils sont dévoués au sultan [1].
Au sommet du système politique se trouve le sultan. Sa succession est réglée de manière sanglante : le fratricide institutionnalisé par décret sous Mehmed II. En effet, comme le droit turc ne reconnaît pas la primogéniture, le sultan a son avènement fait massacrer tous ses frères. Chaque changement de règne provoque de violents conflits de successions, auxquels participent activement le corps des janissaires. Le sultan est un monarque universel élu de Dieu. Il est choisit obligatoirement dans le clan turc des osmanli.
1512-1683 : Le siècle d’Or de l’empire ottoman
Les conquêtes de Selim Ier et de Soliman le Magnifique au XVIe siècle et de leurs successeurs au XVIIe siècle exigent une augmentation importante du nombre des unités administratives. À la fin du siècle, on compta jusqu'à 42 eyalets (territoires gouvernés par des pachas)
1683-1864 : Une lente décadence
Les réformes administratives de 1864
La structure administrative
Le découpage administratif de l’Empire ottoman en eyalet correspond au premier recensement moderne de l’Empire turc entrepris en 1831. Ce découpage est ensuite modifié pour être remplacé en 1864 par une division en vilayet. Chaque vilayet est une entité administrative correspondant à une province. Il est divisé en sandjak – départements –, les sandjak en caza ou qadaa ( (en) source - ou Kaza en translittération anglo-saxonne) – cantons ou districts –, les caza en nahié –, communes. Le vilayet est administré par un vali – gouverneur général – dont dépendent les administrateurs du sandjak, mutessarif – gouverneurs. Le mutessarif contrôle les kaïmakam – sous-gouverneurs du caza – et les mudir – maires des nahié.
Le statut des personnes
La société ottomane est divisé en asker (ou askeri) et re'aya (ou rayah). Les asker, souvent d’origine serviles travaillent dans l’armée et l’administration et sont exemptés d’impôts. Les plus nombreux, les re'aya constituent la masse des producteurs contribuables, qu’ils soient chrétiens, juifs ou musulmans. Parfois artisans dans les villes ils sont le plus souvent cultivateurs. Ces paysans n’ont que l’usufruit de la terre qu’ils cultivent. Ils ont la possibilité de la quitter, avec cependant des restrictions, pour aller s’installer ailleurs.
Le timar est à la base du système d’imposition. Son détenteur, le timariote, met en valeur des terres sur lesquelles il perçoit des revenus fiscaux qu’il est chargé de collecter. En contrepartie il doit entretenir une cavalerie mise à la disposition du sultan en cas de besoins.
La notion de Jaour ou Giaour (troupeau)
Les Giaour désignent dans l'empire ceux qui ne sont pas musulmans. Le mot est l'adaptation en turc du persan gdwr ou gbr. Le terme, péjoratif à l’origine, est devenu d’usage courant[2].
Aux XVe et XVIe siècles, le sultan ne favorise pas la conversion à l’islam des peuples de l’empire. Les non-musulmans, chrétiens et juifs (Gens du livre), majoritaires dans l’empire (58 % des foyers fiscaux dans les années 1500) sont soumis à des impôts supplémentaires, un impôt personnel, la jizya et un impôt foncier le kharadj, en échange desquels ils obtiennent le statut de protégés (dhimmis). Les législations coutumières sont conservées localement en complément de la loi islamique.
Le ramassage des enfants ou devchirmé et la création des Janissaires
Articles détaillés : Devchirmé et Janissaire.Les Ottomans prélevaient « l’impôt sur le sang » (ou devchirmé) sur les populations des territoires nouvellement conquis, que ce soit dans les Balkans, en Anatolie. Les adolescents ne devaient pas être trop jeunes, pour pouvoir supporter les longs déplacements, et pas trop âgés, pour qu’ils puissent perdre leur culture d’origine et changer de religion. Circoncis à leur arrivée, ils étaient convertis de force à l’islam et fanatisés. Les meilleurs éléments étaient intégrés dans le corps des janissaires (Yeni Ceri : « nouvelle troupe » - 12 000 à l’époque de Soliman le Magnifique (1520-1566), 48 000 sous Murad III (1574-1595) et 140 000 au XIXe siècle). Les plus brillants devenaient fonctionnaires.
C’est ainsi que sur les vingt-six Grands Vizirs dont nous connaissons l’origine, onze étaient albanais, six grecs, d’autres encore circassiens, arméniens, géorgiens, ou même italiens et seulement cinq turcs. Plusieurs d’entre eux marqueront leur période, parmi lesquels Mehmed pacha Sokolović, grand vizir de trois sultans successifs et d’origine bosniaque, Ali Pacha, d’origine dalmate, ou Ibrahim Pacha, grec de la côte adriatique.
Éducation des élites
Les Turcs sont exclus du pouvoir et celui-ci va être exercé par les Janissaires.
Règle de la cage d’or pour le sultan
À l’abolition de la loi de fratricide instaurée par mehmet II, qui autorisait le nouveau sultan a éliminer tous les prétendants mâles au trône, les héritiers sont placé dans « la cage d'or », une suite de trois pièces richement décorées, mais en vase clos, dès l’âge de sept ans, où ils ont leurs esclaves, leurs divetrissements, mais ne peuvent en aucun cas en sortir ou se méler de la vie extérieure. Ils n’en sortent que pour régner, la coutume aura court jusqu’à l’installation à Dolmabahçe. Dès lors, ils seront placés en résidences surveillés.
L’avènement de la Turquie moderne
La présence de cette administration déléguée sur les provinces non turques assimile l’Empire ottoman à un empire colonial occidental, dont la sphère d’influence serait restreinte aux zones de dar al-islam placées sous son obédience.
Exemple : nomination du dey d’Alger comme régent de cette province du Maghreb.En outre, l’empire ottoman se distingue par sa présence à la table des négociations de la conférence de Berlin parmi treize puissances occidentales dans leur configuration du XIXe siècle.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Notes et références
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