- Architecture Philippienne
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Architecture philippienne
Le terme « architecture philippienne » se rapporte à un modèle de fortifications érigées sous Philippe Auguste et ses successeurs, afin de remplacer les anciennes buttes à palissade. La principale caractéristique de ce modèle est le donjon circulaire[1](comme au Louvre ou au Château de Rouen) qui devient la règle après 1150. Il supplante peu à peu les tours quadrangulaires massives dont les premiers exemplaires apparaissent dans la vallée de la Loire (Langeais, à la fin du Xe siècle), à l'initiative du comte d'Anjou, Foulque Nerra (987-1040),[2] puis en Normandie, en Angleterre et en Allemagne au cours du XIe siècle.
Ce plan simple fut d'abord réalisé pour le Louvre à Paris, dont la tour fut vraisemblablement commencée en 1190 et achevée en novembre 1202[3]. D'autres tours furent par la suite construites dans le royaume, sur le même modèle rationnel, peu coûteux et efficace.
Sommaire
De la défense passive à la défense active
Ces innovations correspondent à une révolution des conceptions de l'architecture militaire, À partir de 1150, les techniques castrales s’adaptent aux progrès de la poliorcétique : alors qu'à la période précédente dite "romane" les forteresses toutes systématiquement implantées dans des endroits naturellement peu accessibles, collines, sommets, îles, presqu'îles, étaient conçues selon deux principes essentiels, la défense passive et la défense en profondeur. La défense passive consistait à opposer une masse inerte et solide devant un assaillant (un mur épais).[4] La défense en profondeur conduisait à multiplier les obstacles sur le parcours de l'assaillant. L'élément le plus puissant (la grosse tour) était construit au point le plus inaccessible.
On utilise massivement comme flanquements des tours pour mieux protéger les courtines. Ces tours apparaissent à partir de 1160, elles sont d'abord rectangulaires, semi-circulaires et enfin circulaires. Elles sont de plus en plus nombreuses et rapprochées. Les tours circulaires résistent mieux aux mangonneaux et ne laissent aucun angle de tir mort. Elles nécessitent moins de pierre pour leur construction. Elles étaient souvent surmontées d'échauguettes ou coiffées de toits coniques. L'homme d'armes peut ainsi participer activement à la défense, grâce aux archères percées dans ces flanquements qui apparaissent à la fin du XIIe siècle pour faciliter le tir à l'arbalète. On rompt ainsi avec la philosophie de la défense passive pour parler de défense active. Ainsi l'enceinte devient l'unique obstacle opposé à l'assaillant. C'est une défense linéaire qui rompt avec le vieux précepte de la défense en profondeur. Ainsi conçue, la forteresse peut désormais s'édifier en plaine, sur des terrains plats et découverts. Le donjon voit par conséquent sa fonction de défense se réduire. Mais il demeure le symbole du pouvoir seigneurial, même si le seigneur et sa famille ont tendance alors à quitter leurs appartements situés dans le donjon pour habiter dans un Logis seigneurial plus confortable situé contre l'intérieur de l'enceinte, avec les bâtiments de la basse-cour se regroupent contre la muraille. Les modèles philippiens sont imités par tous les riches bâtisseurs. Les châteaux dits " édouardiens ", construit par le roi d'Angleterre Edouard I (1272-1307) essentiellement au Pays de Galles, sont ainsi directement inspirés par les réalisations de Philippe Auguste.[5]
Variantes ultérieures
Philippe Auguste adopte par la suite l'idée d'un dispositif fortifié quadrangulaire autour du donjon, notamment dans le cas du Louvre, par un ajout effectué vers la fin du règne[6]. Le plan est alors flanqué de tours aux angles, l'accès se fait par un châtelet à deux tours. Ce plan quadrangulaire est aussi observé à Caen (dont le donjon est carré). Le château de Montreuil-sur-Mer (avant 1212) se présente sous la forme d'un polygone irrégulier. Le donjon peut dès lors être excentré en tant que tour d'angle (comme à Yèvre-le-Châtel et Dourdan).
Postérité du château philipien : Aménagements du XIIIe siècle
À l'époque postérieure le château fort se dote d'une double enceinte au XIIIe siècle : les deux remparts dégagent donc un espace intermédiaire appelé « lices », d'après un mot d'origine francisque (*listja), qui s'utilise généralement au pluriel, "les lices". Il se traduit par "barrière", "palissade".
Des tourelles sont construites pour ne pas laisser d'angles morts. Un chemin de ronde ainsi qu'un fossé plus large et plus profond sont aménagés. Pour se défendre contre les projectiles incendiaires, les toits sont couverts de plomb, les planchers sont remplacés par des voûtes de pierre. Cependant, le bois est toujours utilisé pour les défenses annexes : barbacanes, bretèches, hourds (remplacés plus tard par les Mâchicoulis).
Les princes et les rois font entourer leurs villes d'enceintes : Rouen, Paris, Laon, Aigues-Mortes, Provins, Angers…
Des forteresses philippiennes[7]
- Louvre
- Villeneuve-sur-Yonne
- Orléans
- Laon
- Péronne
- Gisors (tour du prisonnier)
- Falaise (tour Talbot)
- Rouen (tour Jeanne d'Arc)
- Vernon (tour des Archives)
- Verneuil (tour grise)
- Lillebonne
- Chinon (tour du Coudray)
- Beauvais
- Bourges
- Cappy
- Compiègne (tour de Beauregard)
- Corbeil
- Montargis
- Montdidier
- Druyes (château des comtes de Nevers)
Après Philippe Auguste
Notes
- ↑ John Baldwin, p.381
- ↑ Jean-Pierre Babelon (dir.), Le Château en France, page 33
- ↑ Alain Ermande-Brandenburg, p.601-602
- ↑ Châteaux forts : la période romane. Consulté le 5/03/2009
- ↑ Châteaux philipiens. Consulté le 5/03/2009
- ↑ John Baldwin, p.384
- ↑ John Baldwin, p.382
Bibliographie
- Alain Erlande-Brandenburg, « L'architecture militaire au temps de Philippe Auguste : Une nouvelle conception de la défense », in La France de Philippe Auguste. Le temps des mutations, Robert-Henri Bautier (dir.), Actes du Colloque organisé par le CNRS (Paris, 29 septembre - 4 octobre 1980), Paris, Éditions du CNRS, 1982 p.595-603
- John Baldwin, Philippe Auguste et son gouvernement - Les fondations du pouvoir royal en France au Moyen Âge, traduit de l'anglais par Béatrice Bonne, préface de Jacques Le Goff, Fayard, 1991 ; sur les forteresses : p.380-386
Voir aussi
Liens externes
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