Mésothéliome

Mésothéliome
Classification internationale
des maladies
CIM-10 : C45
Scan thoracique montrant un mésothéliome dans le poumon droit (à gauche dans l'image).

Le mésothéliome est une forme rare et virulente de cancer des surfaces mésothéliales qui affecte le revêtement des poumons (la plèvre), de la cavité abdominale (le péritoine) ou l'enveloppe du cœur (le péricarde). Le mésothéliome pulmonaire est causée par l'exposition à des fibres minérales (comme l’amiante, ou l'érionite[1]).

Les études actuelles ne permettent pas d'affirmer la relation entre l'exposition à l'amiante et le développement d'un mésothéliome péritonéal même si les dernières données apparaissent l'établir, en particulier chez l'homme[2].

Certains individus y ont été exposés sur leur lieu de travail ; tandis que d’autres ont été exposés secondairement par des membres de la famille qui, à leur insu, ont ramené des fibres à la maison de leur travail dans leur vêtements ou leurs cheveux ou sur leur peau.

Sommaire

Mésothéliome pulmonaire

Définition

La survenue de cette maladie, parfois qualifiée de cancer de l'amiante, cette fibre étant le principal facteur de risque reconnu pour ce type de cancer, n'est pas indicative d'un seuil minimal d'exposition et son traitement médical a un impact limité sur l'espérance de vie des malades.

Les premières manifestations retrouvées à l'examen clinique sont des douleurs thoraciques, souvent associées à un essoufflement et à un épanchement pleural récidivant, en général hémorragique. Le temps de latence entre la première exposition et le développement du mésothéliome est rarement inférieur à 20 ans, souvent de l'ordre de 30 à 40 ans, voire plus. Il ne semble pas exister de valeur seuil d'exposition en rapport avec un risque d'apparition.

Il a été décrit des cas de mésothéliomes pleuraux survenant dans l'environnement familial proche des travailleurs exposés à l'amiante, les sujets étant exposés du fait de la contamination des locaux d'habitation ou lors de l'entretien de vêtements empoussiérés.

Le tabac ne semble pas augmenter le risque de survenue d'un mésothéliome alors qu'il est un facteur de risque supplémentaire pour le cancer broncho-pulmonaire (CBP)[3]

Signes et symptômes

Diagnostic

Quelques mots-clés : Radiographie du thorax, tests fonctionnels pulmonaires, CT-scan (ou CAT-scan) ou MRI cytologie si beaucoup de liquide, biopsie trans-thoracique, histopathologie, thoracoscopie, laparoscopie

Résultats immunohistochimiques typiques
Positif Négatif
EMA (epithelial membrane antigen = antigène épithélial membranaire) CEA (antigène carcino-embryonnaire)
WT1 (tumeur de Wilms 1) B72.3
Calrétinine MOC-3 1
Mésothéline-1 CD15
Cytokératine 5/6 Ber-EP4
HBME-1 (human mesothelial cell 1 = cellule mésothéliale humaine 1) TTF-1

Tests d'orientations

Il n'y a aucun protocole universellement reconnu pour le dépistage des personnes qui ont été exposées à l'amiante. Cependant certaines recherches indiquent que le niveau d'ostéopontine dans le sérum est utile dans le dépistage du mésothéliome chez les personnes exposées. Le niveau de la protéine soluble liée au mesothelin est élevée dans le sérum chez environ 75% des patients dont le diagnostic a été confirmé et on a suggéré qu'il pouvait être utile pour le dépistage[4].

Bilan et évaluation

Une fois que le diagnostic est confirmé, le médecin va devoir évaluer le grade pathologique de la tumeur pour établir une stratégie de traitement thérapeutique. Le mésothéliome est décrit comme localisé si le cancer est trouvé seulement sur la surface de la membrane pleurale où il a débuté. Il est classifié comme avancé s'il existe une extension au-delà de la surface originelle de la plèvre à d'autres parties du corps, telles que les ganglions lymphatique, les poumons, la paroi thoracique, ou les organes abdominaux.

Physiopathologie

Le mésothélium se compose d'une seule et mince couche de cellules cubiques formant un épithélium bordant les cavités séreuses du corps comprenant le péritoine, le péricarde et la plèvre pour former une cavité virtuelle. Le dépôt de fibres minérales dans le parenchyme pulmonaire peut avoir comme conséquence leur pénétration dans la plèvre viscérale d’où la fibre peut alors gagner la surface pleurale, et de ce fait conduire au développement des plaques mésothéliales malignes. Le processus menant au développement du mésothéliome péritonéal n'est pas encore connu. On a suggéré que des fibres d'amiante en provenance du poumon pourraient être transportées vers l'abdomen et les organes associés par l'intermédiaire du système lymphatique. En plus, les fibres minérales peuvent être déposés dans l'intestin après l'ingestion de crachats contaminés.

On a montré que la contamination de la plèvre par l'amiante ou d'autres fibres minérales, peut induire la cancérogenèse. Les longues et minces fibres d'amiante (amiante bleu, amphiboles) sont des carcinogènes plus efficaces que « les fibres plumeuses » du chrysotile (ou amiante blanc). Chez les rats le développement d’un mésothéliome a été provoqué par l'inoculation intra-pleurale de fibres phosphorylées de chrysotile. On a suggéré que chez l'homme, le transport des fibres jusqu’à la plèvre serait le stade critique dans la pathogénie du mésothéliome. Cette hypothèse est confortée par l’afflux observé d’un nombre significatif de macrophages et d'autres cellules du système immunitaire vers les lésions localisées provoquées par les fibres d'amiante accumulées dans les cavités pleurales et péritonéales des rats. Ces lésions continuent à attirer des macrophages en grand nombre pendant que la maladie progresse, et les changements cellulaires à l’intérieur de la lésion aboutissent à une tumeur dont la morphologie possède tous les caractères de malignité.

L'expérimentation suggère d’évidence que l'amiante agit en tant que carcinogène complet dans le développement du mésothéliome qui se produit par étapes séquentielles d’initiation et de promotion. Les mécanismes moléculaires sous-tendant la transformation maligne des cellules mésotheliales normales en présence de fibres d'amiante demeurent assez obscurs en dépit de la démonstration des possibilités oncogènes de la substance. Cependant, la transformation in vitro de cellules mésotheliales humaines normales en cellules de phénotype malin après exposition aux fibres d'amiante n'a pas été encore réalisée. Généralement on pense que les fibres d'amiante exercent leur effet cancérogène par l'intermédiaire d’ interactions physiques directes avec les cellules du mesothelium en conjonction avec des effets indirects avec interaction avec des cellules inflammatoires telles que les macrophages. Les études comportant l'inoculation intrapleurale ou intrapéritonéale de différents types de fibre d'amiante chez les rats et les souris ont établi que les fibres longues et minces sont responsables d’une incidence plus élevée du mésothéliome que les fibres courtes et que les cellules phagocytent et stockent les fibres les plus longues plus efficacement que des fibres courtes. De même, l’incubation de cellules de hamster Syrien avec de la fibre de verre dont la longueur moyenne était de 9.5µm a provoqué des transformations cellulaire avec une rapidité identique à celle de la crocidolite. Le réduction de la longueur de ces fibres pour obtenir une dimension approximative de 2,2 µm a réduit la capacité de transformation cellulaire d’un facteur 10 à 20 tandis qu’une réduction plus importante à moins d’1µm supprimait complètement la capacité de transformation cellulaire par les particules de fibre de verre.

L'analyse des interactions entre les fibres d'amiante et l'ADN a montré que les fibres phagocytées peuvent entrer en contact avec les chromosome s, les fibres adhérent souvent à la chromatine ou s’emmêlent dans le chromosome. Ce contact entre la fibre d'amiante et les protéines de de structure de la double hélice du chromosome peut induire des anomalies complexes. L'anomalie la plus commune est la monosomie du chromosome 22. D'autres anomalies fréquentes comprennent le réarrangement de la structure des bras de 1res, 3e, 6e, et 9e paires de chromosomes.

Les anomalies génétiques les plus communes dans les lignées cellulaires de mésothéliome comprennent la délétion des gènes suppresseurs de tumeurs suivants :

Il a également été montré que l'amiante pouvait servir de médiateur pour l'entrée d’ADN étranger dans les cellules cible. L'incorporation de cet ADN étranger peut provoquer des mutations et aboutir à l'oncogenèse par plusieurs mécanismes possibles :

  • Inactivation des gènes suppresseurs de tumeur
  • Activation de gènes oncogenes
  • Activation de proto-oncogenes en raison de l'incorporation d'ADN étranger contenant un gène promoteur
  • Activation des enzymes de réparation d'ADN, qui peuvent être enclins à des erreurs.
  • Activation de la télomérase
  • Prévention de l’apoptose

Il a été montré que les fibres d'amiante pouvaient changer la fonction et les propriétés sécrétoires des macrophages, créant finalement des conditions qui favorisent le développement du mésothéliome. Après avoir phagocyté les fibres d'amiante, les macrophages produisent des quantités accrues de radicaux hydroxyle qui sont les sous-produits normaux du métabolisme cellulaire anaérobie. Cependant, ces radicaux libres sont aussi connus comme clastogène et également agents ayant une action sur la membrane pour favoriser l’effet cancérogène de l'amiante. Ces oxydants peuvent participer au processus oncogène directement et indirectement en agissant sur l'ADN, en modifiant la membrane cellulaires par différents mécanismes, incluant l'activation d'oncogenes et la perturbation des défenses cellulaires antioxydantes. L'amiante peut également posséder des propriétés immunosuppressives. Par exemple, on a montré que les fibres de chrysotile diminuent la prolifération in vitro des lymphocytes périphériques stimulés par les phytohemagglutinines, suppriment la lyse des cellules tueuses naturelles et réduisent de manière significative la viabilité et le renouvellement des cellules tueuses activées PAR les lymphokines. En outre, les changements génétiques des macrophages activés par l’amiante peuvent avoir comme conséquence la production de substances mitogènes efficaces sur les cellules mesotheliales comme le facteur de croissance plaquettaire (PDGF) et le facteur de croissance de transformation - le β (TGF-β) qui a son tour, peut induire la stimulation chronique et la prolifération des cellules mesotheliales après des lésions provoquées par des fibres d'amiante.

Épidémiologie

Incidence

Bien que les taux d'incidence rapportés aient augmenté ces 20 dernières années, le mésothéliome est toujours un cancer relativement rare. L'incidence est approximativement d’un cas pour un million d’habitants. Par comparaison, les populations avec un niveau de tabagisme élevé peuvent atteindre l'incidence de plus de mille cancer du poumon par million d’habitants[5].

L'incidence du mésothéliome malin atteint actuellement un niveau d’environ 7 à 40 cas par 1 000 000 habitants dans les nations occidentales industrialisées, suivant l’importance de l'exposition des populations à l'amiante pendant les décennies passées[6]. On a estimé que l'incidence aux États-Unis a pu atteindre un à 15 pour 1 000 000 habitants en 2004. On s'attend à ce que l'incidence continue à augmenter dans d'autres régions du monde. Le mésothéliome se produit plus souvent chez les hommes que chez les femmes et le risque augmente avec l'âge, mais cette maladie peut apparaître chez des hommes ou des femmes à n'importe quel âge. Approximativement un cinquième à un tiers de tous les mésothéliomes sont des tumeurs péritonéales.

On peut noter qu'une épidémie de mésothéliome a été découverte dans trois villages turcs (Karain, Tuzkoy et Sarehidir) situés en Cappadoce. Elle est responsable aujourd'hui de 50% des décès là-bas[7].

Facteurs de risque

L’exposition professionnelle à l’amiante est le facteur de risque principal pour le mésothéliome. Un passé d'exposition à l'amiante existe dans presque tous les cas répertoriés. Cependant, le mésothéliome a été rapporté dans quelques cas d’individus sans exposition connue à l'amiante.

L'amiante est le nom d'un groupe de minerais qui se présentent naturellement sous la forme d’un agglomérat de fibres dures et flexibles qui peuvent être séparées en fils minces et être tissées. L'amiante a été employé couramment dans beaucoup de produits industriels, y compris le ciment, des garnitures de frein, bardeaux de toit, revêtement de sol, des textiles, et des produits d’isolation. Si de minuscules particules d'amiante flottent dans l’air, particulièrement pendant le processus de fabrication, elles peuvent être inhalées ou avalées, et poser de sérieux problèmes de santé. En plus du mésothéliome, l'exposition à l'amiante augmente le risque de cancer bronchique, provoque l'asbestose une fibrose pulmonaire( maladie chronique non cancéreuse), et d'autres cancers, comme les tumeurs du larynx et du rein. Pour une personne l’association du tabagisme et de l'exposition à l'amiante augmente de manière significative le risque de développer un cancer des voies aériennes supérieures ou un carcinome bronchique. La marque Kent a utilisé de l'amiante dans ses filtres pour cigarettes pendant quelques unes de ses premières années de production dans les années 1950 et quelques cas de mésothéliome en ont résulté. En dehors de ce cas particulier, le tabagisme ne semble pas augmenter le risque de mésothéliome. Quelques études suggèrent que le virus simien 40 (SV40) pourrait agir comme cofacteur dans le développement du mésothéliome[8].

Exposition à l'amiante

Les secteurs professionnels ayant conduit à des expositions à l'amiante concernaient les unités d'extraction, et les industries employant de l'amiante du fait de ses propriétés.

  • unités d'extraction (mines et moulins, afin de préparer des fibres de calibre donné),
  • fabrication de matériaux à base d'amiante : fabrication de fibrociment, de textile amiante, de matériaux de friction (freins, embrayages),
  • isolation (dans le bâtiment, dans la confection de fours industriels, dans la fabrication de matériel thermique et frigorifique, dans les chantiers navals) et calorifugeage (le flocage avec des produits contenant de l'amiante est interdit en France depuis 1997),
  • utilisation d'amiante comme protection contre la chaleur (gants, tabliers, cordons, couvertures...) dans diverses industries : chantiers navals, sidérurgie, fonderie, fabrication de verre, industrie du bâtiment, ...

Depuis l'interdiction de fabrication d'importation et de commercialisation de matériaux contenant de l'amiante en France (décret 96-1133 du 24/12/1996), c'est l'intervention sur des matériaux en place contenant de l'amiante qui constitue la préoccupation majeure, en particulier chez tous les professionnels du bâtiment (travaux de retrait d'amiante).

En 2011, 6 régions de France sont soumises à déclaration obligatoire des mésothéliomes, dans le cadre de la surveillance épidémiologique de l'InVS et du plan Cancer 2009-2013 Aquitaine, Auvergne, Ile-de-France (Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis), Lorraine, Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côte d'Azur (Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var. 1.090 décès ont été estimés dus à un mésothéliome pleural malin en 2005. Pour 80 % l'exposition aux fibres d'amiante était retrouvée et près de 70 % étaient des hommes. L'amiante serait encore responsable de 10 à 20 % des cancers du poumon, et pourrait causer 100.000 décès d'ici 2025, selon des données de l’ex-Agence sanitaire environnement et travail (Afsset). Depuis 2002, le Fonds d'indemnisation des victimes de l'amiante (Fiva), a versé près de 2,4 milliards d'euros à quelque 52.000 victimes[9],[10].

Traitement

Le traitement du mésothéliome par des thérapies conventionnelles n’a pas prouvé son efficacité et les patients ont une durée médiane de survie de 6 à 12 mois après le diagnostic. Le degré de malignité de la tumeur dépend de plusieurs facteurs dont la surface mesotheliale totale de la cavité pleurale dont l’importance favorise les métastases locales par le biais des cellules exfoliées, ainsi que l'invasion des tissus sous-jacents et d'autres organes dans la cavité pleurale. Un autre facteur qui intervient est la période de latence extrêmement longue entre l'exposition à l'amiante et le développement de la maladie.

Chirurgie

Il existe deux types de chirurgie. La pleurectomie partielle plus légère et la pleurotectomie élargie qui consiste à retirer la plèvre et un bloc pulmonaire. Dans certains cas, la chirurgie peut, de manière significative, augmenter l'espérance de survie.

Radiothérapie

Chimiothérapie

En février 2004, la Food and Drug Administration approuva l’utilisation du pemetrexed pour le traitement des mésothéliomes pleuraux malins. L'utilisation de cette drogue est autorisée en France depuis 2005. Le raltitrexed quant à lui est en cours d'enregistrement en France et devrait obtenir son AMM début 2011. L'ajout de bevacizumab, à la chimiothérapie (gemcitabine + cisplatine) se révèle être décevant[11]. Un essai européen (IFCT-0701 MAPS) est en cours pour évaluer l'intérêt du bevacizumb en association avec la chimiothérapie standard (pemetrexed + cisplatine). D'autres protocoles ont été essayés avec une efficacité modérée, la survie par rapport à un traitement plus classique ne dépassant pas quelques mois[12].

Immunothérapie

Les protocoles thérapeutiques comportant un traitement par immunothérapie ont donné des résultats variables. Par exemple, l'inoculation intrapleural de bacille Calmette-Guérin (BCG) afin d'essayer d'amplifier la réaction immunitaire, s'est avérée n’apporter aucun bénéfice au patient (tandis qu'elle peut améliorer l’état des patients atteints de cancer de la vessie). Il a été prouvé in vitro que les cellules de mésothéliome étaient détruites par des cellules lymphocytaires après activation par l’interleukine-2 (IL-2), mais les patients subissant cette thérapie particulière ont ressenti des effets secondaires majeurs. En effet, cet essai thérapeutique a été interrompu en raison des niveaux inacceptablement élevés de la toxicité de l’IL-2 et de la sévérité des effets secondaires tels que la fièvre et le cachexie. Néanmoins, d'autres essais utilisant l'interféron alpha se sont avérés encourageants avec 20% de patients présentant une réduction supérieure à 50% de la masse tumorale associée à des effets secondaires minimes.

Recherche

Historique

Un article publié par Wagner et coll en 1960 a établi pour la première fois que le mésothéliome était une maladie résultant de l'exposition à l'amiante sous forme de crocidolite[13]. L'article répertoriait plus de 30 cas des patients qui avaient présenté un mésothéliome en Afrique du Sud dont des expositions passagères et des cas concernant des mineurs.

En 1962, le Docteur McNulty a rapporté le premier cas de mésothéliome malin diagnostiqué en Australie chez un ouvrier exposé à l'amiante[14]. L'ouvrier avait travaillé dans le moulin à la mine d'amiante de Wittenoom de 1948 à 1950.

Dans la ville de Wittenoom, des déchets d’emballage d’amiante de la mine ont été recyclés pour le revêtement des cours de récréation et des aires de jeu.

En 1965 il a été établi dans un article paru dans le journal britannique de médecine du travail que des gens qui avaient vécu dans le voisinage des usines et des mines d'amiante, mais sans y travailler, avaient contracté un mésothéliome.

En dépit de la preuve que la poussière a associée à l'exploitation de la mine d’amiante et au broyage des fibres était bien la cause des maladies liées à l’amiante, l'extraction commencée à Wittenoom en 1943 a continué jusqu'en 1966.

Il est difficile de comprendre pourquoi on a permis à la mine et au moulin d’abord d'ouvrir puis de continuer à fonctionner sans à mesures adaptées pour maîtriser le risque ; et pourquoi rien à a été fait pour contraindre le propriétaire (CSR) à se mettre aux normes, à adopter des méthodes de travail plus sûres ou de mettre fin aux opérations.

En 1974 les premiers avertissements publics concernant les dangers de l'amiante bleu ont été publiés dans le bulletin d’un magazine australien sous forme d’un livre relié dont la couverture s’intitulait : « ce tueur est-il dans votre maison ? »

En 1978 le gouvernement de l'Australie occidentale a décidé de raser la ville de Wittenoom, après la publication d'un livret du service de santé, « le risque sanitaire à Wittenoom », contenant les résultats des prélèvements d'atmosphère et une évaluation des données médicales disponibles mondialement.

En 1979 les premières plaintes pour négligence à Wittenoom ont été lancées contre CSR et sa filiale ABA, et la société des maladies d'amiante a été constituée pour représenter les victimes de Wittenoom.

Mésothéliome Péritonéal

Définition

Le mésothéliome péritonéal est une tumeur maligne primitive caractérisée par l'envahissement diffus des surfaces péritonéales[15] (le péritoine possède deux feuillets, l'un viscéral tapissant l'extérieur des organes, l'autre pariétal tapissant la face interne des parois de l'abdomen.)

Epidémiologie

L'incidence des mésothéliomes péritonéaux a universellement augmenté depuis 1970. Dans les pays industrialisés, son incidence est estimée aujourd'hui de 0,5 à 3 cas par million d'habitants chez l'homme et de 0,2 à 2 cas par million chez la femme[16]. Le mésothéliome péritonéal représente 1/5 à 1/4 de toutes les formes cliniques de mésothéliome[17].

Etiologies

Un doute persiste encore aujourd'hui sur la relation entre l'exposition à l'asbestose et le développement d'un mésothéliome péritonéal. Des études récentes semblent établir ce lien chez l'homme[18]. Depuis le premier cas de mésothéliome pleural en relation avec une asbestose, plusieurs autres agents carcinogènes ont été identifiés[19]Ont été évoqués : le virus-40[20], la radiothérapie abdominale[21], les péritonites chroniques[22], l'exposition au mica[23] et l'administration de dioxyde de thorium[24]. Une susceptibilité génétique possible, à transmission autosomique dominante, après exposition à l'érionite, un autre agent carcinogène incriminé a également été rapportée par Roushdy-Hammady et al. dans le Cappadociène, une région de Turquie[25].

Diagnostic et Clinique

La découverte est souvent liée à une augmentation du volume de l'abdomen secondaire à une production d'ascite ou à une formation tumorale ainsi qu'à des douleurs abdominales non spécifiques. Dans 10% des cas est rapportée la formation d'une hernie symptomatique. Il s'agit du mode de découverte le plus fréquent chez l'homme. Chez la femme, la découverte fortuite au cours d'une laparoscopie est la plus fréquente.

Le scanner thoraco-abdomino-pelvien est aujourd'hui l'examen morphologique de référence pour le diagnostic, le bilan d'extension et la surveillance du mésothéliome péritonéal. Il ne permet cependant que de dépister les lésions de plus de 5 mm et il sous-estime largement l'extension intrapéritonéale de la maladie[26].

Traitement

Pendant très longtemps le traitement des mésothéliomes péritonéaux a été palliatif. Il associait une chirurgie palliative symptomatique et une chimiothérapie systémique. Aujourd'hui, un traitement plus agressif mis en place depuis une vingtaine d'années a considérablement modifié le pronostic de la pathologie. Cette technique consiste à associer des gestes de chirurgie de cytoréduction pour le traitement de la maladie macroscopique avec une chimiothérapie intrapéritonéale périopératoire : chimiothérapie post-opératoire immédiate et/ou chimiohyperthermie intrapéritonéale (CHIP) pour le traitement de la maladie microscopique.

Notes et références

  1. [Nature Reviews Cancer, Vol. 7, 2, pp. 147-154 (2007)]
  2. Nature Reviews Cancer, Vol. 7, 2, pp. 147-154 (2007), Welch LS, Acherman YI, Haile E, Sokas RK, Sugarbaker PH. Asbestos and peritoneal mesothelioma among college-educated men. Int J Occup Environ Health 2005; 11:254-8.
  3. Camille LARUE et Marie CARRIÈRE, Les nanoparticules dans l’écosystème sol ; Période : février 2010 à août 2010 CEA/ADEME – IRAMIS/SIS2M/LSDRM – Gif-sur-Yvette (Voir le chapitre intitulé Phénomènes précoces dans la cancérogenèse du mésothéliome)
  4. "Soluble mesothelin-related protein--a blood test for mesothelioma" by B. W. Robinson, J. Creaney, R. Lake, A. Nowak, A. W. Musk, N. de Klerk, P. Winzell, K. E. Hellstrom and I. Hellstrom in Lung Cancer (2005) volume 49, pages S109-S111.
  5. Le cancer inconnu du grand public : Mésothéliome (mesothelioma)
  6. General Review Article. "Advances in Malignant Mesothelioma" by Bruce W. S. Robinson and Richard A. Lake in The New England Journal of Medicine (2005) volume 353 pages 1591-1603.
  7. Bulletins Electroniques : Science-Société : avancées scientifiques et aménagements sanitaires et sociaux suite à la découverte d'une épidémie de mésothéliome en Cappadoce
  8. "SV40 in human tumors: new documents shed light on the apparent controversy" by D. S. MacLachlan in Anticancer Res (2002) volume 22, pages 3495-3499.
  9. Communiqué Invs, Déclaration obligatoire des mésothéliomes : démarrage le 1er janvier 2011 de la phase pilote dans six régions ; janvier 2011
  10. Sabine Casalonga Mésothéliomes: la déclaration obligatoire a débuté, Journal de l'environnement, 25 janvier 2011
  11. Karrison T, Kindler HL, Gandara DR, et als. Final analysis of a multi-center, double-blind, placebo-controlled, randomized phase II trial of gemcitabine/cisplatin (GC) plus bevacizumab (B) or placebo (P) in patients (pts) with malignant mesothelioma (MM), J Clin Oncol, 2007;25(18S):7526(abstr)
  12. Vogelzang NJ, Chemotherapy for malignant pleural mesothelioma, Lancet, 2008; 371:1640-1642
  13. "Diffuse pleural mesothelioma and asbestos exposure in the North Western Cape Province" by J. C. Wagner, C. A. Sleggs and P. Marchand in Br J Ind Med. (1960) volume 17, pages 260-271 Entrez PubMed 13782506.
  14. "Malignant pleural mesothelioma in an asbestos worker" by J. C. McNulty in Med J Aust (1962) volume 49, pages 953-954.
  15. Professeur Olivier Glehen, Docteur Eddy Cotte, association AMARAPE
  16. Boffetta P. Epidemiology of peritoneal mesothelioma: a review. Ann Oncol 2006.
  17. Sugarbaker PH, Yan TD, Stuart OA, Yoo D. Comprehensive management of diffuse malignant peritoneal mesothelioma. Eur J Surg Oncol 2006; 32:686-91.
  18. Boffetta P. Epidemiology of peritoneal mesothelioma: a review. Ann Oncol 2006 et Welch LS, Acherman YI, Haile E, Sokas RK, Sugarbaker PH. Asbestos and peritoneal mesothelioma among college-educated men. Int J Occup Environ Health 2005; 11:254-8.
  19. Wagner JC, Sleggs CA, Marchand P. Diffuse pleural mesothelioma and asbestos exposure in the North Western Cape Province. Br J Ind Med 1960; 17:260-71.
  20. Bocchetta M, Di Resta I, Powers A, Fresco R, Tosolini A, Testa JR et al. Human mesothelial cells are unusually susceptible to simian virus 40-mediated transformation and asbestos cocarcinogenicity. Proc Natl Acad Sci U S A 2000; 97:10214-9.
  21. Gilks B, Hegedus C, Freeman H, Fratkin L, Churg A. Malignant peritoneal mesothelioma after remote abdominal radiation. Cancer 1988; 61:2019-21.
  22. Peterson JT, Jr., Greenberg SD, Buffler PA. Non-asbestos-related malignant mesothelioma. A review. Cancer 1984; 54:951-60.
  23. Chahinian AP, Pajak TF, Holland JF, Norton L, Ambinder RM, Mandel EM. Diffuse malignant mesothelioma. Prospective evaluation of 69 patients. Ann Intern Med 1982; 96:746-55.
  24. Maurer R, Egloff B. Malignant peritoneal mesothelioma after cholangiography with thorotrast. Cancer 1975; 36:1381-5.
  25. Roushdy-Hammady I. Contested etiology: cancer risk among two Anatolian populations in Turkey and Europe. Cult Med Psychiatry 2004; 28:315-39.
  26. Glehen O MF, Gilly FN. Peritoneal carcinomatosis from digestive tract cancer: new management by cytoreductive surgery and intraperitoneal chemohyperthermia. Lancet Oncol. 2004; 5:219-28.

Liens externes



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