- Mère suffisamment bonne
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La notion de mère suffisamment bonne[1] vient des théorisations de Donald Winnicott qui s'inspirait des idées de Mélanie Klein qui parlait elle « d'expériences suffisamment bonnes » pour l'enfant en désignait implicitement les soins maternels et la capacité de l'enfant à les recevoir. C'est une conception qui peut prendre une tournure moralisatrice hors des conceptions psychanalytiques et qu'il faut utiliser avec les précisions qui s'imposent.
Superficiellement on peut résumer la mère suffisamment bonne comme celle qui sait donner des réponses équilibrées aux besoins du nourrisson, ni trop ni trop peu. On l'oppose à une mère qui ne serait « pas assez bonne ». C'est-à-dire qui laisserait l'enfant en souffrance et dans l'angoisse néantisante. On l'oppose aussi à une mère qui serait « trop bonne ». C'est-à-dire qu'elle répondrait trop aux besoins de l'enfant, et ne le laisse pas assez ressentir le manque qui est également essentiel à sa constitution, plus précisément à l'identification du moi comme différencié de la mère. Ce trop maintient l'enfant dans une sensation de toute puissance et d'omnipotence.
Winnicott lie ces réponses de la mère à la constitution du soi en vrai ou en faux. En français, pour distinguer cette expression, on a gardé le terme anglais pour désigner le vrai et le faux self.
Cette notion s'oppose donc à celle de la « bonne mère » (si elle pousse vers le toujours plus), pour introduire l'idée d'une réponse qui doit être équilibrée, suffisante, mais pas « débordante ».
Ces principes ne font pas office de jugement et ne s'attachent pas à décrire la personne de la mère, mais le rapport de l'enfant à un objet maternel, qui peut en partie, mais pas nécessairement, être lié à la personne physique.
Notes et références
- Note de Michel Gribinski, traducteur : La traduction des fameuses "good-enough mother" et "not good-enough mother" est passée dans l'usage, à contresens. Good enough ne veut en effet pas dire "suffisamment bon". C'est, si on veut, un understatement, ou une litote. Ce repas que je viens de faire, si je réponds à mon hôte qu'il était good enough, il entendra que je l'ai trouvé précisément insuffisamment bon et que je m'en suis contenté, et il trouvera ma réponse particulièrement déplaisante. Dès lors, not good-enough, ne veut pas dire "insuffisamment bon", mais signifie que l'objet n'a pas même les qualités qui permettent qu'on s'en arrange à regrets. On aurait pu proposer "mère acceptable" et "mère inacceptable", en perdant deux jeux, soulignés quelques lignes plus bas par Winnicott : l'un, le dégagement que "suffisamment" (bonne) rend possible d'avec la bonne mère du "jargon kleinien" et sa sentimentalité [...] ; l'autre, également retrouvé en français, l'ambiguïté du enough, ce "suffisant" ou cet "assez" qui indique à la fois une satisfaction et l'atteinte d'une seuil à ne pas dépasser
Catégorie :- Concept de psychanalyse
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