Monarchie mixte

Monarchie mixte

Le Prince

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Le Prince

Illustration de Le Prince

Machiavel


Auteur Nicolas Machiavel
Genre traité politique
Version originale
Titre original Il Principe
Éditeur original Antonio Blado d'Asola
Langue originale Italien
Pays d'origine Italie Italie
Lieu de parution original Florence
Date de parution originale 1532
Version française
Traducteur Jacques Gohorry
Date de parution 1571

Le Prince est une œuvre de Nicolas Machiavel, homme politique et écrivain florentin. Ce traité politique a probablement été écrit en 1513, mais il n'a été publié qu'à partir de 1532, cinq ans après la mort de son auteur. L'objet de ce traité, écrit alors que l'Italie est divisée en multiples principautés, est d'exposer l'art et la manière de gouverner en jouant habilement des humeurs antagonistes du peuple et des grands, au moyen d'une politique sachant faire usage aussi bien des lois que de la force et de la ruse. Le Prince a souvent été accusé d'immoralisme, donnant lieu à l'épithète machiavélique, bien qu'il ait été aussi loué comme traité politique, par exemple par Jean-Jacques Rousseau, qui en faisait le « livre des républicains ».

Mis à l'index le 30 décembre 1559, Le Prince est censuré en Italie à partir de 1564 (date à laquelle l'index fut entériné par le Concile de Trente), avec les autres ouvrages de Machiavel.

Sommaire

Genèse

Machiavel, secrétaire des Dix de Liberté et de Paix de la République depuis le 23 mai 1498, est banni lors de la prise de pouvoir de Florence par les Médicis en 1512. Fonctionnaire déchu, il cherche à rentrer en grâce auprès des Médicis.

Il écrit et dédie ce traité dans un premier temps à Julien de Médicis, frère du pape Léon X, puis à Laurent de Médicis à la mort de celui-là en 1516. Celui-ci était plus amateur d'arts et de plaisirs de cour que d'art politique proprement dit. Machiavel entend mettre à sa disposition « la connaissance des actions des grands hommes, qu'il a acquise soit par une longue expérience des affaires des temps modernes, soit par une étude assidue de celle des temps anciens », tirant de l'histoire et du postulat d'un cycle éternel des gouvernements (tiré en particulier de Polybe et Platon) la possibilité d'extraire des leçons pour l'agir politique.

Composition

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Voir sur Wikisource : Le Prince.

Écrit en italien, l'ouvrage comporte 26 chapitres.

Dans le premier chapitre, les différents États sont classés selon deux grands types : les républiques et les monarchies, ces dernières étant soit héréditaires, soit nouvelles. À cette occasion, l'essai évoque les évènements récents qui agitent l'Italie au Quattrocento, notamment les agissements de César Borgia pour s'installer en Romagne et les intrigues des Sforza dans le Milanais visant à évincer les Visconti.

Dans les chapitres II à XI, l'auteur étudie les différents moyens de les conquérir et de les conserver.

Dans les chapitres XII à XIV, les questions militaires sont abordées, Machiavel se prononce notamment en faveur d'une conscription nationale au détriment de l'usage de mercenaires toujours susceptibles de causer plus de torts que de bien pour le prince.

Les chapitres XV à XXIII exposent l'essentiel de ce que la postérité a retenu sous le nom de « machiavélisme » : des conseils dénués de tout moralisme relatifs à la conservation du pouvoir.

Les chapitres XXIV à XXVI dévoilent les intentions de l'auteur : ces conseils doivent permettre de libérer et d'unifier l'Italie.

Signification

Contrairement à la plupart des traités traditionnellement destinés à l'édification morale du chef d'État, supposés l'encourager à l'usage vertueux et juste du pouvoir, Machiavel pose rapidement qu'il n'y a pas de pouvoir vertueux s'il n'y a pas de pouvoir effectif. Aussi la question fondamentale posée par « Le Prince » n'est pas « comment bien user du pouvoir selon les vertus morales et chrétiennes ? » mais « comment obtenir le pouvoir et le conserver ? »

Il ne s'agit pas de se référer à des valeurs morales transcendantes comme le faisait Platon dans La République, ni de poursuivre une utopie. La politique doit s'exercer en tenant compte des réalités concrètes, ce qui fait nécessairement passer la morale au second plan, et d'une marge de liberté entre la contingence de l'histoire (la fortuna) et le caractère cyclique et éternel de celle-ci.

Plutôt que de partir de ce qui devrait idéalement être, Machiavel se propose de partir de la « vérité effective » des choses. Or, en politique, celle-ci concerne avant tout le conflit entre les hommes et la nécessité de réguler par les moyens les plus efficaces leurs relations. Parmi ces moyens, la crainte qu'inspire le prince, par le déploiement de sa puissance, est un des plus adéquats. Celui-ci devra donc s'employer au premier chef à acquérir tous les moyens militaires, économiques et juridiques qui garantiront sa force. Il ne devra pas non plus hésiter à punir sévèrement ceux qui contestent son autorité, de préférence en s'employant à marquer les imaginations (tortures publiques par exemple), tout en se gardant d'être trop craint de tous, afin de ne pas s'attirer de haines trop dangereuses pour la stabilité de son pouvoir. Ainsi l'ordre sera préservé dans la cité et il lui rendra un bien meilleur service que si, par faiblesse ou « tolérance », il laissait s'installer la contestation et le désordre. De la sorte, il parviendra à être aussi bien craint qu'aimé pour ses qualités de chef. Dans une lettre à Piero Vettori du 16 avril 1527, Machiavel écrit ainsi :

« Moi (...) j'aime plus ma patrie que mon âme ; et je vous dis ça après l'expérience de ces soixante ans passés, pendant lesquels on a travaillé les questions les plus difficiles, où la paix est nécessaire mais où l'on ne peut pas abandonner la guerre, et avoir sous la main un prince qui, avec difficulté, peut accomplir seulement l'une ou l'autre[1]. »

La « vertu » (virtù) du prince n'est donc pas morale mais politique : c'est l'aptitude à conserver le pouvoir et à affronter les contingences de l'histoire (la fortuna) en sachant doser la crainte et l'amour qu'il peut inspirer de façon à maintenir l'ordre et l'unité de sa cité. L'originalité de la pensée de Machiavel est cependant de ne pas conseiller pour autant au prince de mépriser toute forme de moralité : pour s'assurer le soutien et l'appui de la population, le prince devra respecter publiquement, au moins en apparence, les règles de morale admises par son peuple. Peu importe qu'en privé, il méprise ces règles, et de fait il devra souvent aller contre la morale dans ses actions politiques secrètes, par exemple ne pas hésiter à trahir sa propre parole si c'est un moyen de conserver le pouvoir, mais publiquement il devra toujours être capable de « donner le change » afin que son peuple ne se retourne pas contre lui.

Enfin, un autre point important réside dans la division de la cité en deux humeurs antagonistes, celles du peuple et celles des grands. Or, Machiavel préconise au prince de s'appuyer sur le peuple plutôt que sur les grands afin de conserver son pouvoir, ce qui a été l'un des motifs permettant à un certain nombre d'auteurs (Rousseau ou, plus près de nous, Philip Pettit) de le classer parmi les républicains.

Réception de l'œuvre

L'ayant lu, Frédéric II de Prusse le décrira plus tard comme « un livre abominable » : Machiavel, en bon politicien habile à décrire les ressorts du pouvoir, ne se prive pas d'y écrire en effet que lors de la prise d'une principauté, il ne faut pas s'arrêter à la tête du gouvernant usurpé, il faut également noyer tous ses héritiers en bas âge, afin de mettre un terme à la branche dynastique du territoire conquis. Cela permet de se prémunir aussitôt que possible contre des prétendants nourris de haine, susceptibles qui plus est d'avoir pour eux l'appui populaire, une vingtaine d'années plus tard. Machiavel nous montre donc les parts d’ombre du pouvoir, un mal nécessaire, et cela dans une grande objectivité, appuyée sur de nombreux exemples historiques, mais aussi sur les travaux de grands auteurs comme Tacite, Plutarque et Sénèque.

Bibliographie

  • Machiavel, Le Prince, Traduction de V. Périès revue et corrigée par Joël Gayraud et Jérôme Vérain, postface de Joël Gayraud, éditions Mille et une nuits, Paris, 2003.
  • Il existe une édition de Jean de Bonnot du livre avec les commentaires de Napoléon Bonaparte, à différents moments de sa vie. Ces commentaires ont été trouvés dans le carrosse de l'empereur, pillés par les Prussiens à la bataille de Waterloo.

Références

  1. Cité par Eugenio Garin in Machiavel entre politique et histoire (Giulio Einaudi 1993, trad. fr. Edition Allia 2006), p.53

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