- Marius Daille
-
Marius Daille Marius Daille par Federico Beltrán Masses (musée savoisien, Chambéry)Naissance 1878
Les MollettesDécès 1978 (à 100 ans)
HyèresOrigine France Allégeance Armée française Arme Armée de Terre (Infanterie) Grade Général de corps d'armée Années de service 1898 - Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondialeCommandement 45e corps d'armée de Forteresse Faits d'armes Manœuvre de Montdidier 1918
Internement suisse en 1940Distinctions Légion d'honneur
Croix de guerre 1914-1918 4 palmes, 1 étoile de vermeil, 1 étoile d'argent
Croix de guerre 1939-1945 1 palme
Médaille Interalliée de la Victoire
Médaille Commémorative de la Grande GuerreFamille Neveu du romancier Paul Bourget (1852 - 1935) modifier Marius Daille est un Général de corps d'armée français, né en 1878 aux Mollettes et mort le 6 janvier 1978 à Hyères[1]. Il épouse en premières noces Germaine Gautrez (1886 - 1959), nièce du romancier Paul Bourget. En secondes noces, il se marie avec Marie-Thérèse Bouillon, née Metoz (1904 - 1982). Il est inhumé à Hyères, dans la chapelle privée du Plantier de Costebelle, aux côtés de sa seconde épouse.
Il est connu pour être entré en Suisse avec le 45e corps d'armée de Forteresse, en juin 1940[2], lors de la Bataille de France qui marque le début de l'invasion de la France par les troupes allemandes jusqu'à la signature de l'Armistice du 22 juin 1940.
Marius Daille est aussi le neveu par alliance et l'héritier du romancier et académicien français Paul Bourget (1852 - 1935) qui lui lègue sa propriété hyéroise et la collection de tableaux primitifs siennois qui intègre en 1980 les collections nationales.
Sommaire
Biographie
La carrière militaire
Marius Daille, fils de cultivateur, entre à Saint-Cyr en 1898, au sein de la 83e promotion (1898 – 1900, dite Promotion Marchand)[3], après des études au lycée de Chambéry puis au lycée de Grenoble[4]. Il est élève de l'École supérieure de guerre du 23 octobre 1906 au 21 octobre 1908[5]. Durant la Première Guerre mondiale, il prend une part active dans le conflit au sein des forces françaises mobilisées[6], notamment lors de la bataille de Montdidier en 1918. Marius Daille occupe la fonction d'Assistant Directeur du lycée des Hautes Études de Défense Nationale puis d'Assistant Inspecteur-Général de l'éducation militaire. Général de brigade le 8 juin 1934 et général de division le 26 septembre 1937, il est Adjoint au général inspecteur général des Centres d'enseignement militaire supérieur en 1937 – 1939. En 1939 – 1940, il est Général commandant la 7e Région Militaire à Besançon et en 1939 – 1940, Général commandant le Corps du Jura[7]. En 1940, Marius Daille a le grade de Général, commandant le 45e corps d'armée de Forteresse.
En mai 1937 à Hyères, un Comité en vue de l’érection d’un monument à la gloire de Paul Bourget est constitué et Marius Daille y participe activement[8]. Les membres de ce comité, outre le général, sont notamment : le comte de Beauregard, le vicomte de Noailles, le marquis de Tholozan, Mme Fournier (alors propriétaire de l’île de Porquerolles), Gustave Roux, Georges Simenon (homme de lettres), M. Slizewick (banque de Provence), Henri Bordeaux, Francis Carco, Claude Farrère (Académie française), Gérard Bauer. L’entrée en guerre de la France empêche ce projet d’être mené à son terme.
En juin 1940, le 45e corps d'armée du général Daille participe à la défense de la trouée de Belfort et stoppe dans un premier temps l'armée allemande qui déferle sur le plateau de Maîche et de Saint–Hippolyte à Damprichard[9]. Ce corps d'armée comprend des soldats français (67e division d'infanterie commandée par le général Boutignon), des soldats polonais de la 2e division d'infanterie polonaise (2e division de chasseurs) commandée par le général Bronisław Prugar-Ketling) et la 2e brigade de spahis commandée par le colonel de Torcy[10]. Il est encerclé par le corps blindé (Panzerdivision) du général allemand Heinz Guderian et acculé à l'Ajoie et au Jura neuchâtelois[11] alors qu'il tente de glisser le long de la frontière suisse en direction du sud de la France. Le 18 juin 1940, le général Daille met en place un ultime dispositif de couverture qui comprend le 7e régiment de spahis algériens. Le même jour, le Conseil fédéral l'autorise avec le 45e corps d'armée à entrer en Suisse auprès du poste douanier d'Epiquerez[12], en traversant le Doubs, pour des motifs humanitaires et en vertu du précédent de l'armée Bourbaki en 1870 – 71. La 2e division d'infanterie polonaise du général Prugar–Ketling entre aussi en Suisse à cette occasion[13] et les unités polonaises passent la frontière en ordre, défilant une dernière fois, baïonnette au canon devant leur chef, le général Daille.
Décorations
- Légion d'honneur : Chevalier (10/04/1915), Officier (16/06/1920), Commandeur (30/12/1938), Grand officier (01/09/1944).
- Croix de guerre 1914 – 1918 avec 4 palmes et 1 étoile de vermeil et 1 étoile d'argent.
- Croix de guerre 1939 – 1945 avec 1 palme.
- Médaille Interalliée de la Victoire.
- Médaille Commémorative de la Grande Guerre.
- Par la Belgique : Croix de guerre.
- Par l'Italie : Croix de guerre.
- Par la Pologne : Croix de guerre de 5e Classe décernée par le Général Wladyslaw Sikorski. Le général Daille déclare en personne le 21 juin 1970 lors de la cérémonie commémorant le 30e Anniversaire des combats de Damprichard dans le Doubs « il m'a fait décerner la plus haute distinction qui pourrait honorer un Chef de Guerre — cette Croix de guerre est réservée aux soldats — sur la liste des récipiendaires titulaires mon nom figure avant celui de Winston Churchill, mais pour moi cette distinction me fait devenir le frère du plus humble troupier polonais dont le nom est gravé dans la pierre de ce Mémorial. Adieu mes compagnons, mes frères d'armes ! »
La retraite hyéroise
Le général Marius Daille vit dans la propriété que Paul Bourget lui a légué, au Plantier de Costebelle, à Hyères (Var), à partir des années 1960. Originaire des environs de Chambéry, c'est avec le musée de cette ville qu'il organise la dation des tableaux primitifs siennois de l'écrivain[14]. Sa première épouse, Germaine Persinette-Gautrez, la nièce de Paul Bourget, est enterrée à Clermont Ferrand, probablement au cimetière des Carmes (?), dans la sépulture des Gautrez. Il épouse en seconde noce, en 1965, madame Bouillon, née Marie-Thérèse Metoz qu’il a connu dans sa jeunesse, originaire du Jura, et avec qui il est enterré dans la chapelle privée du Plantier de Costebelle. Le général n’a pas eu non plus de descendance directe avec sa seconde épouse. Il est Grand officier de la Légion d'honneur.
Il a toute sa vie entretenu le souvenir de Paul Bourget (dons au musée Condé, à la Bibliothèque nationale de France, à la Bibliothèque Fels, au musée de Chambéry, collaboration avec des hommes de lettres désireux d’écrire une monographie sur son illustre ancêtre, le professeur Michel Mansuy, par exemple). Après la Seconde Guerre mondiale, il entreprend la restauration du Plantier de Costebelle qui a subi les outrages de l’occupation puis les pillages de la Libération : la réquisition du domaine par les Allemands le 10 octobre 1943 a laissé la propriété très dégradée, les archives de Bourget jonchent le sol (archives municipales, Hyères, série 4 H 5). Des scellés sont posés au Plantier pour préserver les biens mobiliers en octobre 1944[15]. Le général se consacre aussi à la réhabilitation du parc, abîmé par les tranchées allemandes, les bombardements puis victime d’un incendie en 1964 qui ravage le versant est du mont des Oiseaux. En 1952, il participe à la cérémonie organisée à la mairie de Hyères et au Plantier pour célébrer le centenaire de la naissance de Paul Bourget, en présence de Gérard Bauer. Les copies de peintures italiennes exécutées par Camille pour son frère Paul Bourget étaient exposées au 98, rue de Varenne à Paris, chez le général. Il ne s’installe à demeure au Plantier que lorsqu’il prend sa retraite.
Héritier des biens de Paul Bourget et sans descendance, le général Marius Daille prend contact en 1972 avec le maire de Chambéry (ses racines familiales sont en effet savoyardes), Pierre Dumas, en vue d’envisager une donation de la collection de tableaux primitifs siennois du romancier Paul Bourget[16] , exposée dans sa maison varoise, notamment, le polyptyque du Retable de La Trinité de Bartolo di Fredi[17].
-
Le Retable de la Trinité de Bartolo di Fredi, école siennoise de 1397.
-
Fuite en Égypte de Beccafumi, XVIe siècle.
-
Sybille ou Vestale de Girolamo di Benvenuto, XVe–XVIe.
-
Vierge à l’Enfant entre deux Saints de Neroccio di Landi, XVe.
Marius Daille avait un frère ainé, Joseph Ambroise Daille (instituteur, Jacob-Bellecombette), père de deux fils : Amédée Daille, directeur des impôts de Savoie, maire de Chambéry en 1944 et Émile – Louis Daille, mort aux Dardanelles en 1918. Émile – Louis, époux de Clotilde Henriot (fille du secrétaire de Édouard Herriot), avait eu à son tour un fils, Gérard Daille (le futur amiral) et c’est à ce dernier que Marius Daille, sans descendance directe, songe pour sa succession[18].
Références
- Les grades de Marius Daille., consulté le 16 octobre 2010.
- André Lasserre, Frontières et camps. Le refuge en Suisse de 1933 à 1945, Éditions Payot, Lausanne, 1995, p. 150 – 158.
- La liste des membres de cette promotion figure dans l'Annuaire de la Saint – Cyrienne 1912.
- Judith de Botton, Denise Boucher de Lapparent, Le retable de la Trinité, Musée de Chambéry, 1987, p. 7.
- L'École supérieure de guerre, consulté le 25 juin 2011.
- Duffour (général), Daille (général M.), Hellot (général), Histoire de la Guerre Mondiale, tome 1 : Joffre et la Guerre de Mouvement, 1914, 432 pages ; Général M. Daille, Histoire de la guerre mondiale, tome 2 : Joffre et la guerre d'usure, 1915, 1916 – Avec onze croquis, 1936 ; Commandant Marius Daille, La Bataille de Montdidier, Paris Berger-Levrault, 1924, ouvrage contenant 15 croquis ou cartes hors texte.
- (en) Une rare photographie du général Daille., consulté le 16 octobre 2010.
- Hyères, série 1 M 31. Archives municipales,
- Claude Quillateau, « La Résistance polonaise en France », dans La Lettre de la Fondation de la Résistance, no 21, juin 2000, p. 6.
- Ouvrage collectif par le Service Historique de l'Armée de Terre, Les Grandes Unités Françaises de la Guerre 1939 – 1945, Historiques Succincts, Vincennes, S.H.A.T., 1967.
- Général Daille, La Suisse pendant la guerre et la France, La Revue, 1er et 15 février 1948, p. 448 – 460, 655 – 665, texte réédité sous forme de plaquette en 1952.
- Général Daille, La Suisse pendant la guerre et la France, Prison sans barreaux, Amicale des prisonniers de guerre internés en Suisse, 1952, p. 25, pour de rares photographies de la cérémonie d'inauguration du monument commémoratif de Brémoncourt – Lamotte en juin 1950.
- Edgar Bonjour, Histoire de la neutralité suisse (Traduction de Charles Oser), t. VI, Neuchâtel, La Baconnière, 1970, p. 41 – 95.
- Thierry Polliot, « Un somptueux cadeau de Noël », dans Lyon Matin, 14 décembre 1987, p. 29.
- série 4 H 5, no 47, lettre du 21 novembre 1942 et Archives municipales Hyères, Park Hotel, série 4 H 5, no 47, lettre du 6 juillet 1944. Archives municipales Hyères, Park Hotel,
- Ouvrage collectif, M.-G. Martin-Gistucci (dir.), Paul Bourget et l'Italie, Éditions Slatkine, 1985 (ISBN 2-05-100693-8), p. 13 et suivantes, article de Jean Aubert.
- Denise Boucher de Lapparent et Judith de Botton, « Le Retable de la Trinité de Bartolo di Fredi à Chambéry », dans Revue du Louvre, no 3, 1988, p. 218 à 229 (ISSN 0035/2608).
- L'Amiral Gérard Daille, consulté le 24 mars 2011.
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Catégories :- Général français du XXe siècle
- Naissance en 1878
- Décès en 1978
- Centenaire
- Grand officier de la Légion d'honneur
Wikimedia Foundation. 2010.