- Marché financier
-
Les marchés financiers sont un lieu géographique ou non où différents types d'acteurs s'échangent des capitaux au comptant ou à terme. Ce sont également les marchés où sont effectuées les transactions sur des actifs financiers et, de plus en plus, leurs produits dérivés.
Sommaire
Principaux marchés
Il s'agit, par ordre de volumes négociés décroissants :
- du marché des taux d'intérêt, c'est-à-dire du marché de la dette, qu'il est d'usage de séparer en :
- marché monétaire pour les dettes à court terme (moins d'un, deux ou même parfois trois ans à son émission) et
- marché obligataire pour les dettes originellement à moyen ou long terme ;
- du marché des changes, ou Forex, où l'on échange des devises les unes contre les autres ;
- du marché d'actions, c'est-à-dire des titres de propriété des entreprises ;
- et enfin, par tradition, à la frontière avec les marchés organisés de produits de base (en anglais : commodities), les marchés de deux métaux précieux, or et argent, bien que ceux-ci soient de moins en moins monétisés et que leurs marchés soient en fait minuscules en regard de la taille désormais atteinte par les autres marchés.
Types de transactions et d'acteurs
Les marchés financiers sont à la fois des marchés de gros et de détail, dont les participants sont des institutions financières (banques centrales, banques d'investissement, sociétés de gestion d'actifs, investisseurs institutionnels,assureurs, hedge funds), des sociétés (comme émetteurs, sur le marché primaire, ou comme investisseurs), et enfin les particuliers.
Le plus gros volume des échanges a maintenant lieu via des produits dérivés (forwards, futures, options, swaps, etc.) qui sont en forte croissance depuis le début des années 1980.
Les transactions ont lieu :
- soit sur des marchés organisés : marchés à terme et bourses, où les transactions sont effectuées sur des actifs standardisés et où la bourse ou le marché à terme s'interpose, comme contrepartie universelle, entre les acheteurs et les vendeurs,
- soit de gré à gré, entre participants ou entre un participant et une contrepartie centrale.
Le Forex est le plus interbancaire des trois grands marchés financiers et l'essentiel des transactions y a lieu de gré à gré. C'est le premier marché à avoir développé le trading électronique.
Dématérialisation
Les marchés financiers sont souvent dits "dématérialisés", à cause de leur caractère électronique: ils prennent la forme de réseaux informatiques entre institutions financières. Ainsi, les Bourses comme à Paris le palais Brongniart sont maintenant des bâtiments vides tandis que les sociétés qui gèrent les marchés organisés, comme Euronext, successeur de la Société des Bourses Françaises ou Deutsche Börse, successeur de la Bourse de Francfort, se considèrent dorénavant avant tout comme des prestataires de services informatiques.
La "dématérialisation" fait alors référence à la disparition du titre papier (coupon de papier de format A5) représentant physiquement une action de la société, au profit d'une inscription dans un compte bancaire appelé compte-titres, ainsi qu'au développement concomitant de l'ordre d'intervention (ordre de bourse) informatisé, avec l'apparition d'internet et sa banalisation. Il est ainsi non seulement possible mais également fort simple pour un particulier, aujourd'hui, d'avoir à son domicile l'équivalent d'une salle de marché permettant d'intervenir en direct sur le marché des devises à Paris, sur le marché des actions à New York ou sur le marché des matières premières à Chicago.
Le terme "dématérialisation" est cependant grossièrement inapproprié, car le support informatique n'est pas "immatériel" ou "moins matériel": il repose sur des infrastructures informatiques importantes, comme des parcs de serveurs, des dispositifs de transmission de données (lignes de transmission, antennes, satellites) et bien sûr, les multiples ordinateurs personnels, écrans, accessoires, etc. Le support papier a simplement été troqué contre un support plastique et métallique.
L'utilisation du terme "dématérialisation" peut également laisser entendre que l'existence et le fonctionnement des marchés financiers sont indépendants de l'économie dite matérielle, ce qui est évidemment faux.
Volumes
Taux d'intérêt
Il est difficile d'avoir une idée précise des volumes négociés globalement sur les marchés de taux d'intérêt. L'étude triennale de la Banque des règlements internationaux a montré qu'en 2004, les volumes quotidiens de produits dérivés de taux d'intérêt, et uniquement eux, étaient de l'ordre de 5.500 milliards de dollars US. Compte-tenu des différentes statistiques éparses dont on dispose par ailleurs, un volume global quotidien de l'ordre de 8.000 milliards de dollars semble réaliste.
Certes, il faut bien avoir conscience qu'on additionne ainsi des grandeurs presque aussi hétérogènes que des choux, des automobiles et des T-shirts: 10 millions d'euros d'obligations à 30 ans représentent le même risque de taux que 6 milliards d'euros de taux au jour-le-jour mais un risque de crédit bien moindre.
Forex
Les volumes quotidiens totaux du marché des changes étaient en 2004 de plus de 1.900 milliard de dollars dont 600 milliards au comptant et 1.300 milliard en produits dérivés. En 2007, ils atteignent, selon la dernière enquête de la BRI, 3210 milliards de dollars soit une augmentation de près de 65% par rapport à 2004. Cette augmentation est principalement due aux phénomènes de fusion-acquisition et aux mouvements spéculatifs. Le dollar est impliqué dans 86% des opérations (sur un total de 200%), l'euro dans 37%, le yen et la livre dans, respectivement, 16,5% et 15%[1]. Nous pouvons nous attendre à un changement des proportions des devises au regard du cours du dollar par rapport à l'euro; de plus les pays asiatiques et les pays du Golfe tendent à diminuer leurs réserves en dollars au bénéfice de l'euro.
Actions et indices boursiers
Les volumes quotidiens des marchés d'actions, d'indices boursiers et de leurs dérivés représentent largement moins de 500 milliards de dollars. Même si ceux-ci ont une volatilité naturelle légèrement supérieure à celle des autres marchés financiers, cela en fait tout de même un nain par rapport à eux.
Mais comme ce sont les seuls qui soient en fait ouverts aux particuliers, et qui donc aient réussi à capturer l'imagination du public, leur part dans le traitement de l'information par les médias est complètement disproportionnée par rapport à leur importance économique réelle.
Les raisons de la croissance des marchés financiers
Depuis les années 1930, le système financier était essentiellement bancaire. Le financement de l'économie s'effectuait quasi-uniquement via le bilan des banques. De plus, celles-ci contrôlaient souvent une partie du capital des grandes entreprises, particulièrement au Japon et en Allemagne. Les marchés financiers avaient du coup une importance très faible. Aux États-Unis, les banques de dépôt avaient même l'interdiction d'y participer depuis le Glass-Steagall Act de 1933, adopté en réaction au krach d'octobre 1929.
C'est dans les années 1970 que deux nécessités et trois événements ont contribué de manière décisive à la forte croissance des marchés financiers et au basculement vers le système actuel.
Il s'agit :
- de l'adoption du système des changes flottants en mars 1973 (voir : Dollar US), qui a donné naissance à un véritable marché des changes ;
- du gonflement de la dette publique des pays industrialisés, et en particulier des États-Unis, et la fin des politiques d'encadrement du crédit, qui ont donné naissance au marché des taux d'intérêt ;
ainsi que :
- du choix par les États-Unis de la retraite par capitalisation : l'ERISA (Employment Retirement Income Security Act) est adopté en 1974 ; cela crée donc une demande structurelle croissante de la part des fonds de pension en titres de placement à long terme, c'est-à-dire en obligations longues (10-30 ans) et en actions;
- de la suppression des commissions fixes sur les valeurs mobilières aux États-Unis le 1er mai (Mayday, en anglais) 1975, qui rend possible la liquidité des marchés d'actions et, surtout, d'obligations ;
- et enfin des très forts mouvements de taux d'intérêt à court terme (cf graphique ci-contre) décidés en octobre 1979 par la banque centrale américaine pour éradiquer l'inflation, qui vont créer pendant plusieurs années des mouvements désordonnés des taux d'intérêt réels et entrainer une activité considérable sur les marchés.
Principes généraux de fonctionnement
Le mécanisme sur lequel reposent les marchés est celui de la mutualisation de fait des risques : plus un marché est liquide et plus il y a d'intervenants divers, avec des vues différentes, pour essayer d'en profiter à court terme ou sur de petits écarts, et donc mieux sont absorbés les chocs importants.
Arbitrage et spéculation permettent tendentiellement de réduire le risque global et, en augmentant la volatilité à très court terme, permettent en fait :
- de réduire la volatilité à moyen terme
- et de donner un caractère continu et oscillatoire aux marchés, plutôt que des grandes ruptures univoques.
La permanence de la liquidité sur les marchés génériques les plus importants permet l'émergence, quasiment en permanence, de nombreux nouveaux instruments peu liquides mais spécifiques à certains besoins.
Ce type de fonctionnement s'interrompt pour de brèves périodes d'ajustement, certes généralement écartées de plusieurs années mais néanmoins dangereuses, marquées par une instabilité intense, la non-applicabilité des modèles mathématiques habituels et, dans les cas les plus graves, l'apparition d'un risque systémique causé de manière endogène.
Ces crises sont amenées par la nature partiellement autoréférentielle des processus de formation des prix et obéissent dans leur développement à des lois mathématiques bien différentes de celles utilisées dans la plupart des modèles de mathématiques financières, qui sont généralement basés sur la loi normale et sont bien adaptés à des périodes de calme relatif ou d'agitation moyenne, mais pas à de tels emballements.
Trois crises à développement endogène ont été particulièrement importantes depuis 1973 :
- le krach d'octobre 1987, qui fut un krach à la fois des marchés de taux et des marchés d'actions ;
- la quasi-faillite du hedge fund Long Term Capital Management en septembre 1998.
- La crise bancaire et financière de l'automne 2008
Toutes les deux ont causé des tensions extrêmes dans les relations entre les différents instruments financiers, susceptibles d'amener rapidement un éclatement du système financier international, et ont été résolues par une intervention vigoureuse de la banque centrale américaine, la Réserve fédérale des États-Unis.
D'autres crises graves ont été provoquées par des événements extérieurs, à commencer par les attentats du 11 septembre 2001, où le système des paiements interbancaires américains a été en partie détruit physiquement[réf. souhaitée].
Voir : Crises monétaires et financières et Mathématiques financières
Notes et références
Voir aussi
Liens internes
- Mondialisation financière
- Réglementation et contrôle des marchés financiers
- Forex
- Marchés d'actions
- Analyse technique
- Efficience du marché
- Salle de marché
- Finance de marché
- Marché monétaire
- Marché obligataire
- Marché dispensé
Liens externes
- du marché des taux d'intérêt, c'est-à-dire du marché de la dette, qu'il est d'usage de séparer en :
Wikimedia Foundation. 2010.